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Comet Interceptor

Comet Interceptor (« Intercepteur de comète ») est une mission de l'Agence spatiale européenne dont le lancement est prévu en 2029. Elle a pour objectif d'étudier au cours d'un survol une comète dans son état d'origine ou bien, même si la probabilité est plus faible, un objet provenant d'un autre système solaire. Il s'agit d'une première car, jusque là, toutes les comètes observées par des missions spatiales (Giotto, Rosetta, ...) avaient effectué auparavant plusieurs passages près du Soleil qui avaient profondément transformé ces objets composés en grande partie de volatiles. L'objectif scientifique est de disposer de nouvelles données sur le processus de formation du système solaire et sur les matériaux de la nébuleuse solaire.

Comet Interceptor
Sonde spatiale
Données générales
Organisation Drapeau de l’Union européenne Agence spatiale européenne
Drapeau du Japon JAXA
Programme Cosmic Vision
Domaine Étude des comètes
Type de mission Survol
Statut En développement
Lancement 2029
Lanceur Ariane 62 (Ă  confirmer)
Site http://www.cometinterceptor.space/
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 600 kg
Source d'Ă©nergie Panneaux solaires
Principaux instruments
CoCa Caméra haute résolution
MIRMIS Spectromètre infrarouge
DFP (x2) Mesure des champs et poussière
HI Caméra ultraviolet
PS Mesure du plasma
WAC Caméra grand angle
OPIC Caméra visible et infrarouge
MANIaC Spectromètre de masse
EnVisS Caméra

Comet Interceptor a été sélectionné en juin 2019. C'est la première mission dite rapide (classe F) du programme scientifique de l'agence spatiale Cosmic Vision. La sonde spatiale d'une masse inférieure à 1 tonne emporte 10 instruments scientifiques : caméras fonctionnant dans différentes longueurs d'onde, spectromètres, instruments de mesure des champs. Elle comprend deux sous-satellites qui seront largués peu avant le survol pour fournir des données tridimensionnelles de la comète. Comet Interceptor doit être lancée en 2028 avec la mission de classe moyenne (classe M) ARIEL qui pour sa part étudiera les exoplanètes.

La sonde spatiale doit être placée au point de Lagrange L2 en position d'attente. Des moyens d'observation terrestres puissants, comme l'observatoire terrestre Vera Rubin (ex LSST) opérationnel en 2023, seront utilisés pour détecter une cible et son orbite suffisamment à l'avance pour que la sonde spatiale puisse se placer sur une trajectoire d'interception avant que l'objet céleste s'approche du Soleil.

Historique

Le projet de mission Comet Interceptor a Ă©tĂ© soumis Ă  l'Agence spatiale europĂ©enne (ESA) en mars 2019 en rĂ©ponse Ă  un appel Ă  propositions lancĂ© par l'ESA qui souhaitait sĂ©lectionner la première mission dite rapide (classe F pour l'anglais fast) de son programme scientifique Cosmic Vision. Les missions de cette catĂ©gorie ont une durĂ©e du dĂ©veloppement infĂ©rieure Ă  8 ans et une masse infĂ©rieure Ă  1000 kg. La proposition a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e en juin 2019 et est rentrĂ©e Ă  cette date dans une phase d'Ă©tude dĂ©taillĂ©e[1]. La mission doit ĂŞtre confirmĂ©e en juin 2022 Ă  l'issue de la phase de faisabilitĂ©[2].

Objectifs de la mission

L'objectif de la mission est d'étudier les caractéristiques d'une comète ou d'un objet interstellaire n'ayant jamais approché le Soleil et dont les caractéristiques sont donc similaires à celles de leur origine qui remonte à la formation du système solaire. La mission doit mesurer la composition de la surface, la forme de la comète, sa structure ainsi que la composition de sa chevelure. Le recours à trois engins différents doit permettre d'obtenir plusieurs points de vue des interactions entre le vent solaire et la comète. Un objectif secondaire est l'étude du vent solaire en plusieurs endroits dans les phases antérieures et postérieures au survol de la comète[3].

Architecture de la mission

Survoler une comète n'ayant jamais approché le Soleil est un objectif difficile car celle-ci n'est découverte que lorsqu'elle s'approche de l'astre ce qui laisse peu de temps pour préparer et lancer la mission[4]. La seule méthode permettant de survoler une comète ou un objet interstellaire (comme 1I/ʻOumuamua observé en 2017) avant son premier passage près du Soleil (passage sans doute unique dans le cas d'un objet interstellaire) est de détecter celui-ci suffisamment tôt pour pouvoir lancer une sonde spatiale sur une trajectoire d'interception. Jusqu'à récemment la découverte de nouvelles comètes était réalisée très peu de temps avant son passage près du Soleil (de quelques mois à un an) ce qui ne permettait pas de préparer une mission d'interception. Des programmes d'observation du ciel entier comme Pan-STARRS, ATLAS mais surtout l'observatoire terrestre Vera Rubin qui doit être inauguré au Chili en 2023 permettent de détecter beaucoup plus tôt l'arrivée de nouveaux objets célestes. La comète à période longue comme C/2017 K2 a ainsi été détectée par Pan-STARRS au delà de l'orbite de Saturne dès 2017 alors qu'elle ne doit passer près du Soleil qu'en 2022[5].

La sonde spatiale sera placée au point de Lagrange L2 du système Terre/Soleil prête à être lancée sur une trajectoire d'interception, une fois l'orbite de la cible mesurée avec précision. L2 est une position d'attente à la fois proche de la Terre et située hors du puits gravitationnel de la Terre.

Caractéristiques techniques

La sonde spatiale d'une masse de l'ordre de 600 kilogrammes (initialement 1000 kg mais réduite à la demande de l'agence spatiale) est composée de trois sous-ensembles qui resteront solidaires jusqu'à quelques semaines ou quelques jours du survol de la comète. La sonde spatiale est composée d'une plateforme principale (vaisseau A développé par l'Agence spatiale européenne) chargée des communications avec la Terre et de deux sous-satellites B1 (développé par l'agence spatiale japonaise) et B2 (développée par l'Agence spatiale européenne) dont la masse est de l'ordre de 30 kg. A bord des trois éléments l'énergie est fournie par des panneaux solaires[5] - [2].

Instrumentation scientifique

La charge utile est constituée de 10 instruments répartis entre les trois engins qui forment la sonde spatiale[3] :

  • Plateforme principale A
    • La camĂ©ra CoCa (Comet Camera) fournira des images du noyau de la comète avec une rĂ©solution spatiale Ă©levĂ©e et dans plusieurs longueurs d'onde.
    • Le spectromètre imageur MIRMIS (Multispectral InfraRed Molecular and Ices Sensor) mesure le rayonnement thermique dĂ©gagĂ© par le noyau et fournit la composition molĂ©culaire des gaz de la queue de la comète.
    • L'instrument DFP (Dust, Field, and Plasma) doit effectuer des mesures des gaz chargĂ©s, des atomes Ă©nergĂ©tiques neutres, du champ magnĂ©tique et de la poussière entourant la comète.
  • Sous-satellite B1 (Agence spatiale japonaise)
    • La camĂ©ra ultraviolet HI (Hydrogen Imager) Ă©tudie le nuage d'hydrogène qui entoure la comète.
    • L'instrument PS (Plasma Suite) Ă©tudie les gaz chargĂ©s et le champ magnĂ©tique autour de la comète
    • La camĂ©ra grand angle WAC (Wide Angle Camera) prend des images du noyau durant le survol rapprochĂ© de la comète.
  • Sous-satellite B2 (Agence spatiale japonaise)
    • La camĂ©ra OPIC (Optical Imager for Comets ) cartographie le noyau et les jets de poussière dans diffĂ©rents longueurs d'onde en lumière visible et infrarouge.
    • Le spectromètre de masse MANIaC (Mass Analyzer for Neutrals and Ions at Comets) dĂ©finit les caractĂ©ristiques des gaz qui s'Ă©chappent de la comète.
    • La camĂ©ra EnVisS (Entire Visible Sky coma mapper) cartographie l'espace autour de la tĂŞte de la comète et dans les parties rapprochĂ©es de la queue pour identifier les structures changeant au sein de la poussière, des gaz neutres et des gaz ionisĂ©s.
    • L'instrument DFP est similaire Ă  l'instrument du mĂŞme nom emportĂ© par la plateforme A.

DĂ©roulement de la mission

Comet Interceptor doit ĂŞtre lancĂ© vers 2029 par une fusĂ©e Ariane 62 qui emportera Ă©galement le tĂ©lescope spatial europĂ©en ARIEL dont la mission est d'Ă©tudier l'atmosphère des exoplanètes. Les deux engins spatiaux seront placĂ©s au point de Lagrange L2 situĂ©s Ă  1,5 million de kilomètres Ă  l'opposĂ© du Soleil par rapport Ă  la Terre. La sonde spatiale Comet Interceptor arrivera dans cette position avant que sa cible ne soit connue et elle se mettra en attente de sa dĂ©couverte par les instruments terrestres. L'observatoire terrestre Vera Rubin qui doit entrer en opĂ©rations en 2023 devrait accroitre les probabilitĂ©s de dĂ©couvertes prĂ©coces de nouveaux corps comĂ©taires. Une fois la cible dĂ©couverte et sa trajectoire connue la sonde se propulsera alors par elle-mĂŞme depuis le point L2 jusqu'Ă  sa destination de manière Ă  couper la trajectoire de l'objet cĂ©leste avant que celui-ci n'atteigne le Soleil. Cette interception aura forcĂ©ment lieu près de l'orbite terrestre et près du plan de l'Ă©cliptique car le système de propulsion de la sonde spatiale ne dispose que d'un delta-V de 1,5 km/s (capacitĂ© de changement de vitesse). Dans l'hypothèse la plus dĂ©favorable (orbite de la comète rĂ©trograde) la vitesse de survol pourrait atteindre 80 km/s mais elle pourrait ĂŞtre Ă©galement de l'ordre de 10 km/s. Les trois modules formant la sonde spatiale se sĂ©pareront un jour avant d'atteindre leur point d'arrivĂ©e pour pouvoir s'Ă©carter suffisamment les uns des autres afin de fournir des points d'observation bien distincts. La module principal (A) devrait passer Ă  plus 1000 kilomètres du noyau pour Ă©viter un impact avec les Ă©jectas de la comète. Cette distance pourrait ĂŞtre rĂ©duite si la comète n'est pas active. La sonde auxiliaire B1 doit Ă©tudier le noyau et la queue de la comète tandis que B2, qui passera particulièrement près du noyau, Ă©tudie la structure de la queue interne. L'architecture de la mission prĂ©voit que les deux sondes auxiliaires puissent ne pas survivre Ă  ce survol. Le survol aura lieu entre 2030 et 2035[4] - [2].

Références

  1. (en) « Vision », sur Comet Interceptor (consulté le )
  2. (es) Daniel Marin, « Estado de la misión Comet Interceptor, la primera sonda que podría visitar un objeto procedente de otra estrella », sur eureka,
  3. (en) « Science », sur Comet Interceptor (consulté le )
  4. (en) « ESA'S New mission to intercept a comet », sur ESA : Space Scioence, Agence spatiale européenne,
  5. (en) « Mission », sur Comet Interceptor (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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