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Colloque singulier

L'expression « colloque singulier » désigne en médecine la principale modalité de la relation médecin-patient, qui sous-tend une large part de la pratique médicale et protège en particulier le secret médical.

Histoire de l'expression

L'expression « colloque singulier » serait apparue sous la plume du médecin et écrivain Georges Duhamel en 1934 dans un article défendant la médecine libérale contre le risque d'une mainmise de l’État sur la profession. L'expression a été reprise après la seconde guerre mondiale par Louis Portes, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, qui la fait figurer dans le code de déontologie médicale en 1947[1].

Une relation bilatérale et protégée

Le colloque singulier est, dans son acception première, la relation bilatérale et protégée, en confiance, du médecin et de son patient. Selon une expression fréquemment prêtée à Louis Portes, il constitue "la rencontre d'une confiance et d'une conscience". Cette notion est essentielle dans la pratique hippocratique qui voit le médecin et le patient comme des alliés dans l'observation, le pronostic et éventuellement le traitement de la maladie perçue comme une crise dans la vie du patient.

Colloque singulier et évolution de la pratique médicale

En pratique, la fondation de la pratique médicale sur ce principe est souvent compliquée, du fait de plusieurs évolutions récentes de la pratique médicale :

  • d'une part la biologisation croissante de la mĂ©decine, surtout depuis le XIXe siècle, qui "objective" le corps du sujet et organise le diagnostic comme le soin autour d'actes scientifiques et souvent diffĂ©rĂ©s ;
  • d'autre part, l'Ă©volution de la pratique mĂ©dicale vers une collĂ©gialitĂ© accrue, notamment en système hospitalier, qui conduit Ă  tout le moins Ă  l'instauration d'un colloque pluriel entre un patient et une Ă©quipe de soin ;
  • l'Ă©mergence des droits des patients, et notamment en France, la loi Kouchner de 2002 qui permet en particulier au patient de dĂ©signer une personne de confiance pouvant l'appuyer, voire se substituer Ă  son incapacitĂ©, pour la prise de certaines dĂ©cisions le concernant ;
  • enfin, le dĂ©veloppement des technologies de l'information et de la communication appliquĂ©es Ă  la santĂ©, et notamment de l'appareillage Ă  domicile, dĂ©centre la santĂ© du système de soin au sens traditionnel et mobilise un nombre croissant de professionnels extĂ©rieurs au système de soins[2] - [3]. Apparait aussi un patient mieux informĂ© sur sa maladie grâce aux moteurs de recherche et Ă  l'internet, Ă©ventuellement influencĂ© par les rĂ©seaux sociaux, voire devenu patient-expert[4]

Acception du terme en Belgique

En Belgique l'expression "colloque singulier" revêt un autre sens. En effet, "traditionnellement", les entretiens entre le Roi et ses invités revêtent un caractère personnel. Ces rencontres étant interdites au public et à la presse, les échanges qui y ont lieu ne peuvent être divulgués[5].

Voir aussi

Références

  1. Hardy Anne-Chantal, « Du colloque singulier à l’éthique médicale », Travailler à guérir. Sociologie de l’objet du travail médical, sous la direction de Hardy Anne-Chantal. Rennes, Presses de l’EHESP, « Recherche, santé, social », 2013, p. 23-45.
  2. Henri Verdier, La fin du colloque singulier, 20/01/2010
  3. Les écueils I (2019) Comment les nouvelles technologies bouleversent-elles le colloque singulier ?. Santé, numérique et droit-s, 151 (résumé).
  4. Boudier F, Bensebaa F & Jablanczy A (2012) L'Ă©mergence du patient-expert : une perturbation innovante. Innovations, (3), 13-25.
  5. AFP-Publié le 05/05/2011 à 14:57: "Le roi des Belges dénonce la divulgation de ses conversations secrètes"

Articles connexes

  • Ă©thique mĂ©dicale

Bibliographie

  • Abecassis P & Coutinet N (2009) Le colloque singulier sur ordonnance des firmes pharmaceutiques. Journal d'economie medicale, 27(3), 146-164 (rĂ©sumĂ©).
  • Bergeron H (2007) Les transformations du colloque singulier mĂ©decin-patient: quelques perspectives sociologiques. Les droits des malades et des usagers du système de santĂ©, une lĂ©gislature plus tard, 39-51.
  • Bonnet M (2010) La difficultĂ© du dire dans le colloque singulier en onco-pĂ©diatrie. Journal des anthropologues. Association française des anthropologues, (122-123), 375-402.
  • Fainzang S (2014) Les inĂ©galitĂ©s au sein du colloque singulier: l'accès Ă  l'information. Les Tribunes de la santĂ©, (2), 47-52.
  • Lucas J (2019). Quelle dĂ©ontologie pour les mĂ©decins Ă  l’heure du numĂ©rique ?. SantĂ©, numĂ©rique et droit-s, 167.
  • Ortega, E. (2018). VĂ©cu et pratiques des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes concernant l'information mĂ©dicale dĂ©livrĂ©e au patient lors du colloque singulier (Doctoral dissertation).
  • Pascal C (2004) Du colloque singulier au colloque pluriel: le processus au service du mieux-faire ensemble (No. hal-00873727) (rĂ©sumĂ©).
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