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Colloque de Montbéliard

Le colloque de Montbéliard est une conférence qui se tint du 21 au à Montbéliard afin de tenter d’y élaborer une forme de communion commune à l’Église réformée et à la confession d'Augsbourg.

Le château de Montbéliard où se tint le colloque du 21 au 29 mars 1586.

Contexte

Lorsque le comte Frédéric Ier, après avoir fait ses études à Tübingen, prit possession, en septembre 1577, du comté de Montbéliard, son premier acte administratif fut de publier dans ses États la formule de Concorde, qui fixait le corpus doctrinaire luthérien.

Cette publication, qui fut lue et publiée solennellement au château de Montbéliard le en présence du comte Frédéric, des membres de son conseil et de tout le corps des pasteurs du comté et des seigneuries, et dont la seule lecture dura de sept heures du matin jusque assez avant dans la soirée, ralluma les dissensions dans les églises montbéliardes. Non seulement plusieurs pasteurs refusèrent de la signer, mais le magistrat de la ville lui-même déclara nettement que la ville n’approuverait et ne recevrait jamais le livre dernièrement signé par la plupart des ministres et des seigneurs, « qu’elle ne voulait ni entendait non plus condamner aucune église réformée, quelque part quelle pût être. »

MĂ©content de cette rĂ©sistance, le comte FrĂ©dĂ©ric, finit par sĂ©vir contre les opposants qui furent tous destituĂ©s le . On cite parmi ces derniers cinq maĂ®tres d’école et six pasteurs, savoir : Jean Brulley, d’Allenjoie ; Claude Morel, d’Exincourt ; Pierre Ballot, de Brevilliers ; Jean Aubert, de Seloncourt ; Jean Notelet, de Saint-Julien, François Clergat, de Villars-les-Blamont. La plupart d’entre eux se retirèrent dans leur patrie d’origine, en France. Quant au maĂ®tre bourgeois Faillart et au ministre destituĂ© Floret, qui Ă©taient allĂ©s en mission auprès du SĂ©nat de Berne, pour le consulter Ă  ce sujet, ils avaient Ă©tĂ© impitoyablement incarcĂ©rĂ©s, au retour de leur mission, au château de Blamont et y avaient Ă©tĂ© dĂ©tenus pendant quelques jours, en janvier 1578. Toutes ces rigueurs rĂ©unies amenèrent une fermentation si violente Ă  MontbĂ©liard que le comte FrĂ©dĂ©ric, ne se croyant plus en sĂ»retĂ© dans son château, jugea nĂ©cessaire de s’enfuir de la ville, au milieu mĂŞme des prĂ©paratifs d’une fĂŞte.

Les esprits épris de paix, cherchant alors les moyens de la ramener à tout prix à Montbéliard, songèrent à provoquer une conférence entre quelques théologiens et jurisconsultes de renom, dans le but de rapprocher les esprits et de n’avoir à Montbéliard qu’une seule forme de communion, de manière que la Cène selon l’Évangile puisse réunir enfin tous les chrétiens séparés du culte et des doctrines de l’Église catholique romaine.

Frédéric Ier de Wurtemberg.

Ils s’adressèrent à cet effet au comte Frédéric et le prièrent de bien vouloir réunir un colloque à Montbéliard, afin d’arriver à une entente si désirable à tous égards. Le comte, qui était rentré à Montbéliard, et qui désirait lui-même beaucoup voir revenir la paix et la tranquillité dans ses États, se préparait à faire droit à leur demande, lorsque le baron de Claireaut lui fit, au nom de Henri de Navarre, une proposition dans le même sens.

Le colloque

En conséquence, le , il ouvrit un colloque dans une des salles du château en présence des commissaires de Wurtemberg, le baron de Anweil et Schutz, docteur en droit. Ce fut Théodore de Bèze, qui, dans cette tentative de conciliation, fut le principal champion de l’Église réformée, contre lequel Jacques Andreae, chancelier de l’université de Tübingen, soutint les dogmes luthériens.

La personne du Christ, le baptême, l’eucharistie, la prédestination et la grâce, les orgues, les images, les autels dans les temples, furent discutés mais on ne réussit pas mieux à s’entendre que dans les autres conférences ecclésiastiques du XVIe et du XVIIe siècle de telle sorte que l’assemblée se sépara le 29 mars sans avoir pu tomber d’accord.

Postérité

Si ce colloque ne produisit pas l’effet escompté, il laissa néanmoins dans les esprits des traces profondes qui favorisèrent pour un peu de temps le rétablissement de la paix dans les églises de Montbéliard. Théodore de Bèze, qui s’était montré pendant le colloque le champion de la conciliation, engagea encore avant de partir les Français réfugiés « à participer à la table sainte avec les chrétiens de la confession d'Augsbourg, si on voulait les y recevoir sans exiger de leur part rien qui ressemblât à une abjuration. »

Ceux-ci Ă©coutèrent ses conseils pleins de sagesse et de modĂ©ration ; l’ancien ministre Floret entra en nĂ©gociation avec Richard Dinoth et Samuel Caucel, ministres de Saint-Martin ou de l’église française de MontbĂ©liard, et bientĂ´t les fidèles des deux communions cĂ©lĂ©brèrent ensemble.

Les actes du colloque de Montbéliard ont été publiés à Montbéliard avec une traduction du latin en français, 1 vol. in-4° de 557 pages, avec une préface signée du comte Frédéric, par Jacques Foillet, de Tarrare, près de Lyon. Ce fut le premier ouvrage à sortir de ses presses en 1587.

Source

  • F. Mabille, Histoire succincte de la rĂ©forme au pays de MontbĂ©liard, Genève, Ramboz et Schuchardt, 1873, p. 46-8.
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