Colisée-Gaumont
Le Colisée est une salle de cinéma en activité de 1913 à 1988 et située au 38, avenue des Champs-Élysées, à Paris dans le 8ème arrondissement.
Elle est renommée pour avoir fait la promotion du cinéma d'avant-garde à sa création, puis celle du cinéma dit d'auteurs, essentiellement américains et français, qu'elle complète à l'occasion d'une programmation documentaire plus élitiste.
Elle ne doit pas être confondue avec la salle Gaumont Champs-Élysées, en activité en 2021, qui est située au 27-33 de l'avenue des Champs-Élysées et qui était autrefois le cinéma Marignan.
Histoire
De style Louis XVI, elle est inaugurée le 6 juin 1913 par Jules Flasschoen dit Castillan, antiquaire distingué de l'avenue Kléber et par l'architecte Jacques Marcel Auburtin[1].
Jules Flasschoen est conscient que le cinéma est encore mal jugé à l'époque et il décide de mettre en avant une programmation hybride Cinéma et Théâtre:
« Ce sera le Cinéma des gens chics... Ils y viendront parce que, avec un programme cinématographique hors de pair, choisi parmi les meilleures marques du monde, ils verront toujours un spectacle littéraire de premier ordre (...) »
— Castillan, mai 1913, pour la promotion de l'inauguration[2]
Il y organise des rendez-vous qui sont à la croisée des genres - des conférences jouées sur les thèmes du théâtre ou de la danse: Les Mercredis Frou-Frou[3], des ciné-conférences - ainsi que des projections documentaires[4], des projections de fictions à sensations[5] et des programmes familiaux[6] qui garantissent à la salle une bonne fréquentation et lui attribuent une identité singulière.
La salle est plébiscitée par les membres de la première avant-garde du cinéma français qui y projettent de nombreux films[7], et par Louis Delluc qui, s'il réserve avant tout la primeur de ses premières à la Salle-Marivaux, fréquente beaucoup ce lieu où il tient des conférences[8], où il diffuse certains de ses films[9] et dont il loue le mérite de participer activement pas ses choix de programmation au débat qui accompagne la naissance et la popularisation d'un cinéma proprement français[10].
C'est au Colisée que lui sera rendu un hommage public le 3 avril 1924, la semaine suivant son décès, avec l'organisation par Le Club Français du Cinéma de la projection à titre posthume de son dernier film l'inondation[11].
La salle va faire une prestigieuse carrière.
En 1930, le "Colisée" se voit apposé le nom de "Théâtre Jacques-Haïk", du nom du producteur et distributeur de films, également créateur des cinémas parisiens "Olympia" et "Rex"
En 1933, le cinéma intègre le circuit "Gaumont".
L'établissement est transformé en 1947, avec une nouvelle façade monumentale et une nouvelle salle de 735 places.
Il est rebaptisé "Colisée-Gaumont"
À la fin de l'année 1976, le cinéma est transformé en complexe de 3 salles (602, 293 et 99 places), mais fort heureusement la grande salle avec son balcon reste intacte.
Le cinéma, devenu "Gaumont-Colisée", continuera sa carrière prestigieuse jusqu'au 30 mars 1988, date à laquelle il ferma et sera rasé dans le cadre d'une opération immobilière.
Notes et références
- « Excelsior, 7 juin 1913 - page 8 - 4ème colonne bas - "Cinémas" », sur Retronews
- J'accuse d'Abel Gance, 2ème épisode« L'Intransigeant, 28 mai 1913 - page 3 - bandeau central », sur Retronews
- « Comoedia , 10 décembre 1913 - page 1 - 3ème colonne 3ème tiers - "Les Mercredis Frou-Frou" », sur Retronews
- « Le Journal, 20 septembre 1913 - page 1 - 6ème colonne 3ème tiers - "Au Colisée:..." », sur Retronews
- « Le Journal, 3 novembre 1913 - page 3 - 6ème colonne bas - "Le Colisée" », sur Retronews
- « Excelsior, 25 décembre 1913 - page 8 - 4ème colonne milieu - "Cinémas" », sur Retronews
- J'accuse d'Abel Gance, 2ème épisode« Le Siècle, 5 mai 1919 - page 2 - 4ème colonne - "Cinéma" - "Cette semaine: J'accuse..." », sur Retronews
- « Le Crapouillot, 15 janvier 1921 - page 19 - 2ème colonne - "Au Colisée" », sur Retronews
- « Comoedia , 8 septembre 1922 - page 3 - 2ème colonne bas - encart "La Femme de Nulle Part" », sur Retronews
- « L'Événement (1872-1956), 9 juillet 1919 - page 2 - 4ème colonne - "Cinéma" - "Rose-France" », sur Retronews
- « Mercure de France (1890-1965), 1 août 1924 - page 220 - bas », sur Retronews