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Claude Gronfier

Claude Gronfier est un chronobiologiste et neurobiologiste français. Après un Doctorat à l'Université Louis Pasteur à Strasbourg, il est chercheur postdoctoral à l’École de Médecine de Harvard, et depuis 2003, chercheur à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) à Lyon [1]. Son domaine de recherche concerne la chronobiologie, et plus spécifiquement la synchronisation de l’horloge circadienne par la lumière, et le traitement d’anomalies du cycle circadien par des approches non-visuelles (photothérapie). Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, dont deux livres grand public traitant de la chronobiologie[2].

Claude Gronfier
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Biographie
Naissance
Formation
Harvard Medical School (postdoctoral research (d)) ( - )
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Centre de recherche en neurosciences de Lyon (d) (depuis le )
Délégation Rhône-Alpes, Auvergne (d) ( - )
Délégation Rhône-Alpes, Auvergne (d) ( - )

Éducation

Claude Gronfier est né en Saône-et-Loire en France. Après des études universitaires à Dijon, il obtient son doctorat en neuroscience en 1998 à l’Université Louis Pasteur à Strasbourg[3], où il a rédigé sa thèse sur la "sécrétion pulsatile des hormones antéhypophysaires et corticosurrénaliennes et leurs relations avec l'activité électroencéphalographique au cours du sommeil chez l'homme"[4]. En 1999, il rejoint l’équipe du docteur Charles Czeisler, chercheur en médecine du sommeil, à l’École de Médecine de Harvard, où il a travaillé sur la mise au point des techniques de synchronisation de l’horloge biologique par la lumière pour traiter les troubles du sommeil[5] et les rythmes circadiens chez les astronautes partant en missions spatiales de longues durées. Il a également dirigé l’Unité de Sommeil-Recherche à l'Université de Harvard[2]. Cette formation lui a permis de rejoindre, depuis 2003, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, où il poursuit ses recherches sur les mécanismes impliqués dans la synchronisation des rythmes circadiens pour traiter les troubles du sommeil[6]. Il a été membre du Conseil Scientifique de la Société Européenne de Recherche sur le Sommeil (ESRS)[2] de la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil, et il actuellement administrateur de l'Institut National du Sommeil et de la Vigilance, et vice-président de la Société Francophone de Chronobiologie (SFC).

Ses recherches

Claude Gronfier a participé à plus de 140 travaux de recherches au cours de sa carrière [5]. Il a dirigé 3 thèses et il a été le rapporteur de 7 thèses dans le domaine du sommeil et des rythmes circadiens[4]. Ses recherches les plus citées en collaboration avec plusieurs autres chercheurs sont les suivantes :

La différence de la période de l’horloge endogène d’environ 24h entre les hommes et les femmes

Claude Gronfier a participé à une étude démontrant une différence des rythmes circadiens de la mélatonine et de la température entre les hommes et les femmes dans un cycle L-D d’environ 24h. Pour cela, ses collaborateurs et lui ont analysé les rythmes circadiens endogènes de 157 participants, soit 52 femmes et 102 hommes, âgés de 17 à 74 ans, qui gardaient un cycle de réveil et sommeil constant. Ils ont remarqué que les rythmes circadiens de la mélatonine et de la température chez les femmes, en moyenne, sont significativement plus courts, soient de 24h09 pour la température et 24h05 pour la mélatonine, tandis que chez les hommes, en moyenne, les rythmes sont de 24h19 pour la température et 24h11 pour la mélatonine. Les conclusions de cette étude démontrent bel et bien qu’il y a une différence dans les rythmes endogènes de la mélatonine et de la température entre les hommes et les femmes. Cependant, les mécanismes neurobiologiques expliquant cette différence ne sont pas encore connus, bien qu’ils pourraient avoir des implications importantes dans la qualité du sommeil et le niveau d’énergie matinale chez les femmes. Pour conclure, cette différence dans la période a permis aux chercheurs de mieux comprendre le développement des troubles de sommeil liés aux rythmes circadiens ainsi que le taux élevé d’insomnie chez les femmes[7].

L’influence de la privation de sommeil et du changement du rythme circadien endogène sur le niveau de cortisol et la quantité des protéines pro-inflammatoire et anti-inflammatoire

Claude Gronfier a également participé à une étude visant à tester l’effet d’un changement chronique du rythme circadien, pendant 25 jours, et l’effet d’absence de sommeil, pendant 40 heures consécutives, sur le niveau de cortisol, le niveau de stress et la quantité de protéines pro-inflammatoires et anti-inflammatoire des sujets. Ils ont utilisé 17 sujets, hommes et femmes en bonne santé, âgés de 20 à 41 ans. Après avoir maintenu pendant trois semaines un rythme constant à la maison, les rythmes circadiens endogènes d’environ le tiers des sujets furent, en laboratoire, chroniquement désaccordés du cycle circadien Jour/Nuit de l’environnement. Certains des autres sujets furent privés de sommeil pendant 40 heures consécutives. Ils ont pu conclure grâce à leurs résultats que les sujets n’ayant pas subi de changement de rythme circadien ont eu de mineurs changements du niveau de cortisol et leurs niveaux de stress est resté bas. Les sujets ayant été privés de sommeil pour une nuit ont vu leurs niveaux de cortisol augmenter tout comme leurs niveaux de stress. Par contre, pour les sujets qui ont subi des changements chroniques dans leur rythme circadien endogène, les taux de cortisol ont diminué, les niveaux de stress ne furent pas changés de façon significative et les niveaux de protéine anti-inflammatoire, cytokine IL-10, et des protéines pro-inflammatoires, TNF-α et CRP, ont augmenté. Les chercheurs ont conclu que l’augmentation de cortisol et de stress lors d’une privation de sommeil semble être le résultat d’une réponse physiologique du métabolisme. De plus, la diminution de cortisol lors d’un changement du rythme circadien semble être liée à un mécanisme d’adaptation inconnu et l’augmentation de la quantité de protéines anti-inflammatoires et pro-inflammatoires semble être le résultat d’un mécanisme d’équilibre inflammatoire[8].

L’entraînement de l’horloge circadienne chez l’humain pour une durée de plus de 24h

Une autre recherche importante à laquelle Claude Gronfier a participé est une étude cherchant à démontrer la capacité d’une exposition modulée de la lumière (MLE) à entraîner les individus à un cycle τ+1h (24h+1h), soit 1 heure de plus que leur période circadienne endogène. Pour ce faire, 12 individus ont été exposés pendant 30 jours à 3 conditions de luminosité différentes : 25 lux, 100 lux et MLE (25 lux suivis de 100 lux, suivi de deux pulsations de lumière brillante de 9500 lux avant de dormir). À la suite de l’expérience, les conclusions sont les suivantes : 25 lux est insuffisant pour l’entraînement de l’ensemble des individus, alors que 100 lux et MLE sont suffisants pour l’entraînement de l’ensemble des individus. De plus, les chercheurs ont conclu que l’exposition modulée de la lumière (MLE) pourrait être utilisée plus efficacement pour l’entraînement de l’horloge, car l’angle de phase est peu affecté par le MLE, alors que la lumière de 100 lux résulte en un angle de phase plus large. Ainsi, MLE pourrait être efficace pour synchroniser une horloge circadienne lors de deux conditions défavorables, soit lorsque le cycle diffère de 24h ou lorsque l’exposition à la lumière est inadéquate. MLE pourrait donc être appliquée sur les individus avec un travail posté, ou même sur les astronautes[9].

Influence du sommeil et de la température corporelle sur la variation circadienne et ultradienne de la concentration de leptine, chez des hommes sains sous une nutrition entérale

Gronfier et ses collaborateurs ont cherché à étudier l’influence des rythmes circadiens, du sommeil et de la température sur la variation de concentration plasmatique de leptine, une hormone impliquée dans la satiété. En maintenant les sujets dans des conditions constantes, les résultats démontrent que durant leur sommeil nocturne (23h00-7h00), la concentration de leptine augmente à son maximum, soit de 40% au-dessus de la moyenne du cycle, et ensuite elle diminue pour atteindre son point le plus bas en après-midi. Pour ce qui est du sommeil diurne (7h00-15h00), la concentration de leptine a augmenté durant la nuit (après 23h00), confirmant l’existence d’une horloge circadienne endogène. Elle a légèrement augmenté une deuxième fois durant leur sommeil diurne et finalement, elle a atteint son minimum en après-midi. De plus, ils ont noté que les variations de la température corporelle des sujets reflétaient les mêmes variations des concentrations de leptine. En effet, il existe une corrélation entre la concentration de leptine et les oscillations cycliques de la température corporelle pendant un cycle de 24h. L’étude conclut que la concentration plasmatique de leptine est contrôlée par une horloge endogène et elle est également influencée par le sommeil, ce qui pourrait expliquer pourquoi les troubles de sommeil, souvent associés au surpoids, peuvent perturber le rythme normal de leptine[10].

Projets en cours

Claude Gronfier travaille actuellement[11] sur divers projets tels que :

  • La description des propriĂ©tĂ©s et des voies de rĂ©ponses de la mĂ©lanopsine chez l'humain
  • Les impacts de l’altĂ©ration des photorĂ©cepteurs sur le fonctionnement et la synchronisation de l’horloge rĂ©tinienne et centrale
  • Le rĂ´le de la synchronisation de la lumière sur les rythmes circadiens et le sommeil chez l’humain: l’effet de l’âge et des pathologies rĂ©tiniennes
  • Les mĂ©canismes impliquĂ©s dans les effets non-visuels de la lumière

Ouvrages

Il est co-auteur de plusieurs ouvrages, autant scientifiques qu'accessibles au grand public.

Notes et références

  1. « Claude Gronfier - CV - PhD Neuroscience, Senior Research Scientist (~Associate Professor), tenure », sur cvscience.aviesan.fr (consulté le )
  2. « Biographie et actualités de Claude Gronfier France Inter - Page 1 », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  3. Association Française de l'éclairage (AFE), « Un énergéticien succède à un ophtalmologue », sur afe-eclairage.fr, 259, 6-7, (consulté le )
  4. Amandine Descamps Lefebvre, « Évolution des mécanismes de production et de régulation du sommeil paradoxale au cours du vieillissement chez le rat : implication de la NO-synthase inductible : conséquences sur la réponse au stress : rétablissement de la réponse au stress par un antidépresseur », Université Lumière-Lyon-II (thèse),‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Time World, « Claude Gronfier », sur timeworld2019.com, (consulté le )
  6. Claude Gronfier, « Claude Gronfier », sur linkedin.com, s.d. (consulté le )
  7. (en) Jeanne F. Duffy, Sean W. Cain, Anne-Marie Chang et Andrew J. K. Phillips, « Sex difference in the near-24-hour intrinsic period of the human circadian timing system », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 108, no Supplement 3,‎ , p. 15602–15608 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 21536890, DOI 10.1073/pnas.1010666108, lire en ligne, consulté le )
  8. Kenneth P. Wright, Amanda L. Drake, Danielle J. Frey et Monika Fleshner, « Influence of sleep deprivation and circadian misalignment on cortisol, inflammatory markers, and cytokine balance », Brain, Behavior, and Immunity, sleep, Brain, Behavior, and Immunity, vol. 47,‎ , p. 24–34 (ISSN 0889-1591, DOI 10.1016/j.bbi.2015.01.004, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Claude Gronfier, Kenneth P. Wright, Richard E. Kronauer et Charles A. Czeisler, « Entrainment of the human circadian pacemaker to longer-than-24-h days », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 104, no 21,‎ , p. 9081–9086 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 17502598, DOI 10.1073/pnas.0702835104, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) C. Simon, C. Gronfier, J. L. Schlienger et G. Brandenberger, « Circadian and Ultradian Variations of Leptin in Normal Man under Continuous Enteral Nutrition: Relationship to Sleep and Body Temperature », The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, vol. 83, no 6,‎ , p. 1893–1899 (ISSN 0021-972X, DOI 10.1210/jcem.83.6.4864, lire en ligne, consulté le )
  11. « Département de Chronobiologie Inserm », sur SFRMS (consulté le )

Liens externes

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