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Cimetière militaire de Redipuglia

Le cimetière militaire de Redipuglia (en italien : sacrario militare di Redipuglia) est le plus grand cimetière militaire italien et l'un des plus grands au monde. ÉrigĂ© sur le territoire de la commune de Fogliano Redipuglia dans la province de Gorizia (Friuli-Venezia Giulia), rĂ©gion ethnico-culturelle de la Bisiacaria (it), sur un projet du sculpteur Giannino Castiglioni et de l'architecte Giovanni Greppi, il fut inaugurĂ© le . Il conserve les corps de plus de 100 000 morts tombĂ©s lors de la Grande Guerre.

Cimetière militaire de Redipuglia
Sacrario militare di Redipuglia
Le cimetière militaire de Redipuglia
Pays
Commune
Mise en service
Coordonnées
45° 52′ 00″ N, 13° 29′ 00″ E
Identifiants
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Personnalités enterrées
Emmanuel-Philibert de Savoie, second duc d'Aoste et 100 000 soldats et officiers morts au combat.

Le mausolée

« Tous les efforts pour esthétiser la politique culminent en un seul point. Ce point c'est la guerre. »

— Walter Benjamin[1] - [2]

L'ouvrage, réalisé dans le cadre d'un projet dirigé par le général it:Ugo Cei de monumentalisation des lieux de mémoire de la Première Guerre mondiale par le régime fasciste[3] et sur des plans de l'architecte Giovanni Greppi et du sculpteur Giannino Castiglioni, est érigé sur les pentes du monte Sei Busi, sommet du Carso âprement disputé[4] lors de la première phase de la Grande Guerre, actuellement situées sur le territoire de la commune de Fogliano Redipuglia[5] dans la province de Gorizia (Friuli-Venezia Giulia), région ethnico-culturelle de la Bisiacaria (it). La stèle commémorative scellée le , jour de l'inauguration indique :

« Regnando Vittorio Emanuele III capo supremo della guerra vittoriosa Benito Mussolini duce d'Italia e fondatore dell'impero questo sacrario di Redipuglia che attorno al condottiero della terza armata raccoglie i cento mila caduti delle dodici battaglie carsiche consegnava alla gloria e alla religione degli italiani 13 sett. 1938 XVI E.F. commissario del governo gen. di c. d'a. Ugo Cei progettisti scult. G. Castiglioni arch. G. Greppi[6] »

Une grosse chaĂ®ne d'ancre ayant appartenu au torpilleur Grado signale symboliquement l'entrĂ©e du sanctuaire. Au-delĂ  s'Ă©tend une vaste esplanade en lĂ©gère dĂ©clivitĂ©, pavĂ©e en pierre du Carso, traversĂ©e en son centre par la via eroica (la « voie hĂ©roĂŻque Â») qui court entre deux files de dix-neuf plaques de bronze, dont chacune porte le nom gravĂ© d'une localitĂ© oĂą la lutte fut la plus âpre et la plus sanglante. Face Ă  la via eroica s'Ă©lève, solennel, l'escalier formĂ© de vingt-deux paliers sous lesquels sont dĂ©posĂ©es les dĂ©pouilles mortelles de 39 857 hommes tombĂ©s au combat qui ont pu ĂŞtre identifiĂ©s. Leurs noms figurent, gravĂ©s en ordre alphabĂ©tique du bas vers le haut, complĂ©tĂ©s, lorsque cela a Ă©tĂ© possible, par les prĂ©nom, grade, compagnie et rĂ©compense militaire, sur un alignement de plaques bronze scellĂ©es au droit de chaque palier. Sur chaque contre marche se rĂ©pète Ă  l'infini, en grandes lettres de pierre, le mot : presente (« prĂ©sent Â») surmontant la liste des noms. Sur le dernier palier, dans deux grandes tombes situĂ©es de chaque cĂ´tĂ© d'une chapelle votive sumontĂ©e de trois grandes croix reposent les restes de 60 330 soldats inconnus[7]. Dans la chapelle et dans les deux salles adjacentes sont conservĂ©s des objets personnels des soldats italiens et austro-hongrois.

Le sanctuaire se prĂ©sente comme une formation militaire avec Ă  sa base, entre l'espalanade et l'escalier monumental, le tombeau d'Emmanuel-Philibert de Savoie, commandant de la 3e ArmĂ©e, aux cĂ´tĂ©s duquel sont placĂ©es les tombes de ses gĂ©nĂ©raux. Le duc d'Aoste, mort en 1931, a sollicitĂ© l'honneur d'ĂŞtre inhumĂ© au milieu des soldats qui perdirent la vie par milliers sur le champ de bataille. Sa tombe est surmontĂ©e d'un monolithe de porphyre de soixante-quinze tonnes. Le majestueux escalier-mausolĂ©e Ă  la base duquel est Ă©rigĂ© le tombeau du commandant de la 3e ArmĂ©e, flanquĂ© des tombes de ses gĂ©nĂ©raux morts au combat, semble ainsi incarner le puissant et parfait ordonnancement d'une immense unitĂ© de 100 000 soldats.

  • Tombe commune contenant les corps de 30 000 soldats inconnus
    Tombe commune contenant les corps de 30 000 soldats inconnus
  • Tombe du duc d'Aoste
    Tombe du duc d'Aoste
  • Entre chaque marche sont gravĂ©s les noms de chaque disparu auquel rĂ©pond le mot « presente »
    Entre chaque marche sont gravés les noms de chaque disparu auquel répond le mot « presente »
  • Stèle de l'inauguration
    Stèle de l'inauguration

Le musée à ciel ouvert

Le grand mausolĂ©e a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© face au premier cimetière de guerre de la 3e armĂ©e sur la colline Sant'Elia qui est aujourd'hui un musĂ©e Ă  ciel ouvert, le parco della Rimembranza (« parc du Souvenir Â»)[8]. Le long de l'allĂ©e bordĂ©e de hauts cyprès, le chemin est parsemĂ© de bornes en pierre carsique prĂ©sentant les reliques et les Ă©pigraphes des tombes du premier sanctuaire. Au sommet de la colline, un fragment de colonne romaine, provenant des fouilles d'Aquileia, cĂ©lèbre la mĂ©moire des morts de toutes les guerres, « senza distinzione di tempi e di fortune » (« sans distinction de temps ni d'origine Â»).

Annexes

Notes et références

  1. Walter Benjamin, « L'Ĺ’uvre d'art Ă  l'Ă©poque de sa reproductibilitĂ© technique Â» traduction de (de) Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit (1935), Maurice de Gandillac et Rainer Rochlitz (trad.), Paris, Allia, 2003, 78 p. (Extrait de Ĺ’uvres, III, Paris, Gallimard, 2000) (ISBN 2-84485-107-X). Lire en ligne (XIX)
  2. (it) Daniele Pisani, « Dalla guerra alla guerra », mémoire cité.
  3. (it) Daniele Pisani, « Ugo Cei e i sacrari fascisti » mémoire cité.
  4. (fr) La grande attaque du Carso, Robert Vaucher, L'Illustration no 3836 du 9 septembre 1916, sur le site greatwardifferent.com
  5. (it) Du slovène sredij polije, « terre du milieu » - Source : ministère de la défense italien sur le site esercito.difesa.it)
  6. « Sous le règne de Victor Emmanuel III chef suprĂŞme de la guerre victorieuse Benito Mussolini duce d'Italie et fondateur de l'empire livrait Ă  la gloire et Ă  la religion des italiens le 13 septembre 1938 ce sanctuaire de Redipuglia qui autour du chef de la troisième armĂ©e recueille les cent mille morts au combat dans les douze batailles carsiques XVI E.F. commissaire du gouvernement gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e Ugo Cei auteurs du projet G. Castiglioni sculpteur G. Greppi architecte Â»
  7. (it) Chiffres sur le site turismofvg.it
  8. (it) Fiche sur le musée sur le site grandeguerrafvg.org
(it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Sacrario militare di Redipuglia » (voir la liste des auteurs).

Bibliographie

  • (it) Patrizia Dogliani, « Redipuglia », dans Mario Isnenghi (it) (dir.), I luoghi della memoria. Simboli e miti dell’Italia unita, Rome, Bari, Laterza, 1996, p. 375-389 (ISBN 9788842050438)
  • Mario Isnenghi, « La mĂ©moire assujettie au rĂ©gime Â» dans Mario Isnenghi (dir.) L'Italie par elle-mĂŞme, lieux de mĂ©moire italiens de 1848 Ă  nos jours, traduction synthĂ©tique de I luoghi della memoria, Gilles Ferragu (trad.), Gilles PĂ©cout (prĂ©f.), Paris, ENS Rue d'Ulm, 2006, p. 327-328 (ISBN 2728803528)

Liens externes

Articles connexes

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