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Chicken tax

La chicken tax, littĂ©ralement la « taxe du poulet », est la mise en place en 1963, aux États-Unis, d'un droit de douane de 25 % sur les importations de certains produits, en rĂ©ponse Ă  la taxation, par la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne et notamment la France et l'Allemagne de l'Ouest, des importations de volailles amĂ©ricaines[1]. Cette mesure de rĂ©torsion, mise en place sous la prĂ©sidence de Lyndon B. Johnson, porte sur les importations de fĂ©cules de pomme de terre, de dextrine, d'alcools de type cognac, ainsi que sur les vĂ©hicules utilitaires lĂ©gers[2]. Les tensions qui suivirent, en pleine pĂ©riode de guerre froide, sont connues sous le nom de Chicken War ou « guerre du poulet » en français.

La taxe sur les véhicules utilitaires légers, contrairement aux autres catégories de produit, est toujours en place aujourd'hui; elle oblige les constructeurs à faire passer les importations de véhicules à vocation utilitaire en importation de véhicules de passagers [3].

Origine de la crise

Principalement grĂące Ă  l'Ă©levage intensif de poulets pendant la Seconde Guerre mondiale et aux baisses de prix qui en dĂ©coulĂšrent, le poulet, autrefois une viande chĂšre devient un aliment de base aux États-Unis dans les annĂ©es 1960. À l'inverse, Ă  la mĂȘme Ă©poque le poulet est un produit raffinĂ© et cher en Europe. L'importation de poulet amĂ©ricain Ă  bas prix dans les annĂ©es 1960 affecte la consommation europĂ©enne en faisant chuter les prix. En 1961, la consommation de poulet par personne en Allemagne de l'ouest augmente ainsi de 23 %[4]. Le poulet amĂ©ricain occupe alors la moitiĂ© du marchĂ© europĂ©en.

Par la suite, les NĂ©erlandais accusent les AmĂ©ricains de baisser les prix du poulet sous les coĂ»ts de production. Le gouvernement français interdit la vente de poulet amĂ©ricain et Ă©met des doutes quant au danger que pourrait reprĂ©senter les hormones des poulets amĂ©ricains pour la virilitĂ©. Des associations allemandes de fermiers accusent les aviculteurs amĂ©ricains d'engraisser artificiellement leur poulet avec de l'arsenic. Dans les faits, les AmĂ©ricains, avec l'aval de la Food and Drug Administration (littĂ©ralement «Agence amĂ©ricaine des produits alimentaires et mĂ©dicamenteux») avaient traitĂ© la nourriture de leurs animaux avec de l'antimoine, des composĂ©s d'arsenic, ou des hormones Ă  l'estrogĂšne afin d’accĂ©lĂ©rer leur croissance.

Peu de temps aprĂšs la crise commerciale entre les États-Unis et le MarchĂ© commun, l'Europe dĂ©cida d'augmenter ses tarifs de douane, espĂ©rant par lĂ  dĂ©velopper l'autosuffisance de son agriculture mise Ă  mal par la guerre. La France fut la premiĂšre Ă  augmenter ses taxes, tentant dans le mĂȘme temps de convaincre l'Allemagne de l'Ouest de suivre son exemple - les Français espĂ©rant gagner des parts du marchĂ© avicole allemand aprĂšs le dĂ©part des poulets amĂ©ricains. L’Europe adopta en 1962 la Politique agricole commune, imposant un prix minimum sur tout poulet importĂ© tout en annulant les concessions tarifaires antĂ©rieures.

Au dĂ©but des annĂ©es 1962 les États-Unis accusĂšrent le marchĂ© commun europĂ©en d’empĂȘcher injustement l'entrĂ©e de leur volaille. En , les exportateurs amĂ©ricains avaient vu leurs ventes en Europe rĂ©duites de 25 %. La perte Ă©tait estimĂ©e alors de 26 Ă  28 millions de dollars pour l'industrie amĂ©ricaine ( 220 millions actuels).

En , J. William Fulbright, prĂ©sident du ComitĂ© des relations Ă©trangĂšres du SĂ©nat et sĂ©nateur dĂ©mocrate de l'Arkansas (un des principaux États amĂ©ricains producteurs de volaille), interrompit un dĂ©bat de l'OTAN sur l'armement nuclĂ©aire pour dĂ©noncer les sanctions Ă©conomiques sur le poulet amĂ©ricain, allant jusqu'Ă  menacer de retirer les troupes amĂ©ricaines des forces de l'OTAN. Konrad Adenauer, alors chancelier allemand, dira plus tard que lui et le prĂ©sident John F. Kennedy avaient beaucoup correspondu pendant deux ans Ă  propos de Berlin, du Laos, du dĂ©barquement de la baie des Cochons « et je crois qu'Ă  peu prĂšs la moitiĂ© de nos discussions Ă©taient Ă  propos de poulet »[4].

Notes et références

  1. (en) Eduardo Porter, « Trade Wars Can Be a Game of Chicken. Sometimes, Literally. » AccÚs libre, sur The New York Times,
  2. Daniel J. Ikenson, « Ending the "Chicken War": The Case for Abolishing the 25 Percent Truck Tariff », Trade Briefing Paper n⁰17, 18 juin 2003.
  3. Matthew Dollan, « To Outfox the Chicken Tax, Ford Strips Its Own Vans », Wall Street Journal, 23 septembre 2009.
  4. « L’étrange histoire de la «taxe du poulet» » AccĂšs libre, sur L'ActualitĂ©,
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