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Chen v Home Secretary

Chen v Home Secretary est une dĂ©cision de la Cour de justice de l'Union europĂ©enne selon laquelle un mineur qui est un ressortissant d'un État membre de l'Union europĂ©enne a le droit de rĂ©sider dans l'Union avec ses parents qui sont ressortissants d'un pays tiers, Ă  condition que le mineur et ses parents disposent d'une assurance santĂ© et ne deviennent pas une charge pour les finances publiques de l'État membre de rĂ©sidence.

Faits

Kunqian Catherine Zhu est nĂ©e le 16 septembre 2000 Ă  Belfast (Irlande du Nord) de parents chinois qui habitaient au pays de Galles et travaillaient pour une sociĂ©tĂ© chinoise Ă©tablie au Royaume-Uni. La mère, Man Lavette Chen, avait choisi l'Irlande du Nord comme lieu de naissance de sa fille afin que cette dernière puisse acquĂ©rir la nationalitĂ© irlandaise. Puisque les parents de Catherine Ă©taient travailleurs migrants temporaires au Royaume-Uni, Catherine n'Ă©tait pas admissible Ă  la citoyennetĂ© britannique, vu que le Royaume-Uni ne confère pas le droit du sol.

Cependant, Ă  cette Ă©poque, toute personne nĂ©e sur l'Ă®le d'Irlande (y compris l'Irlande du Nord, qui appartient au Royaume-Uni) avait le droit automatique et illimitĂ© Ă  la citoyennetĂ© irlandaise. En vertu de sa naissance Ă  Belfast, Catherine avait le droit Ă  la citoyennetĂ© irlandaise, et Man Lavette Chen a procĂ©dĂ© Ă  l'obtention d'un passeport et donc la citoyennetĂ© irlandaise pour sa fille, avec l'intention d'utiliser le statut de cette dernière comme ressortissante de l'Union europĂ©enne pour s'Ă©tablir dĂ©finitivement au Royaume-Uni, Ă  Cardiff. Toutefois, les autoritĂ©s britanniques ont refusĂ© d'octroyer Ă  la famille des permis de sĂ©jour permanents. En appel, l'arbitre Michael Shrimpton de l'Immigration Appellate Authority a saisi la Cour europĂ©enne de justice de la dĂ©cision. La Cour a estimĂ© qu'en tant que citoyenne de l'Union europĂ©enne, Catherine Chen avait le droit, en vertu de l'article 18 du traitĂ© CE, de rĂ©sider n'importe oĂą dans l'Union, et que le refus de la rĂ©sidence Ă  ses parents Ă  un moment oĂą elle est incapable de prendre soin d'elle-mĂŞme serait en conflit avec ce droit fondamental.

L'avocat général Tizzano a déclaré que l'acte de tirer avantage des règles afférentes à la citoyenneté irlandaise ne constituait pas un abus de droits de l'UE parce qu'il appartient aux États Membres de décider s'ils confèrent ou non la citoyenneté à un individu spécifique.

ArrĂŞt

La Cour a estimé :

« L’article 1er, paragraphe 2, sous b), de la directive 90/364, qui garantit aux ascendants du titulaire du droit de sĂ©jour qui « sont Ă  sa charge Â», quelle que soit leur nationalitĂ©, le droit de s’installer avec ledit titulaire, ne saurait confĂ©rer un droit de sĂ©jour au ressortissant d’un État tiers se trouvant dans la situation de M me Chen ni en raison des liens affectifs liant la mère Ă  son enfant ni au motif que le droit d’entrĂ©e et de sĂ©jour au Royaume-Uni de la mère dĂ©pendrait du droit de sĂ©jour de cet enfant.

En effet, il ressort de la jurisprudence de la Cour que la qualité de membre de la famille «à charge» du titulaire résulte d’une situation de fait caractérisée par la circonstance que le soutien matériel du membre de la famille est assuré par le titulaire du droit de séjour.

Dans un cas comme celui de l’affaire au principal, c’est prĂ©cisĂ©ment la situation inverse qui se prĂ©sente, dans la mesure oĂą le titulaire du droit de sĂ©jour est Ă  charge du ressortissant d’un État tiers qui en assure effectivement la garde et qui dĂ©sire accompagner le premier. Dans ces conditions, M me Chen ne saurait se prĂ©valoir de la qualitĂ© d’ascendant « Ă  charge Â» de Catherine, au sens de la directive 90/364, en vue de bĂ©nĂ©ficier d’un droit de sĂ©jour au Royaume-Uni.

En revanche, le refus de permettre au parent, ressortissant d’un État membre ou d’un État tiers, qui a effectivement la garde d’un enfant auquel l’article 18 CE et la directive 90/364 reconnaissent un droit de séjour, de séjourner avec cet enfant dans l’État membre d’accueil priverait de tout effet utile le droit de séjour de ce dernier. En effet, il est clair que la jouissance du droit de séjour par un enfant en bas âge implique nécessairement que cet enfant ait le droit d’être accompagné par la personne assurant effectivement sa garde et, dès lors, que cette personne soit en mesure de résider avec lui dans l’État membre d’accueil pendant ce séjour. »

Signification

Cette affaire et d'autres cas similaires ont mené au vingt-septième amendement de la Constitution de l'Irlande, qui a aboli le droit de sol illimité. En 2004, 80 % des Irlandais votent en faveur de cette mesure[1].

Voir aussi

Notes et références

  1. Christophe Boltanski, « L'Irlande restreint le droit du sol », sur liberation.fr, (consulté le ).

Liens externes

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