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Chemise de Saint Louis

La chemise de Saint Louis, aussi appelée tunique de Saint Louis, est une chemise vénérée comme une relique par certains catholiques, en raison de son appartenance supposée à Louis IX, dit Saint Louis, roi de France et saint catholique du XIIIe siècle.

Chemise de Saint Louis
La chemise et les autres trésors de Saint Louis, cathédrale Notre-Dame de Paris.
Caractéristiques
Matériau
Largeur
43 cm
Hauteur
111,4 cm
Conservation
Conservateur
Trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Statut patrimonial

Description

Fabriquée dans un tissu en lin blanc composé d'environ 31 fils de chaîne au cm2 pour 27 fils de trame, cette chemise est large de 43 cm et haute de 111,4 cm[1]. Une manche est manquante[1], et elle présente des traces de sang[2].

Un parchemin du XVe siècle[2] cousu à la chemise porte une inscription en écriture gothique l'attribuant à Louis IX[1].

Antoine-Pierre-Marie Gilbert la décrit en ces termes en 1821[3] - [4] :

« 9o. La chemise, dite de saint Louis, à laquelle est attachée une inscription écrite sur parchemin en caractères gothiques, et conçue en ces termes : C'est la chemise de Mons. sainct Loys, jadis roi de Fran., et n'y a que une manche.

« Cette chemise ressemble à celle d'une femme ; l'ouverture du poignet, qui est fort étroite, ne permet pas de croire qu'elle ait pu servir à tout autre usage. Les pointes, au lieu d'être sur les côtés, sont sur le devant et sur le derrière ; elle a 3 pieds 9 pouces de hauteur. L'ouverture de la gorge est taillée en forme de cœur. »

Histoire

Origine

L'âge exact de la chemise est incertain. Anciennement datée du XIIIe siècle, sa création remonterait en fait au XIIe siècle[1].

Elle est usuellement appelée chemise de Saint Louis[1] - [5] - [6] - [7] - [8] - [9] car elle est réputée avoir appartenu à Louis IX, qui fut roi de France au XIIIe siècle. Celui-ci étant considéré comme saint de son vivant, puis canonisé par l'Église catholique, sa chemise a été conservée et est vénérée comme une relique par certains fidèles.

Gilbert se demande si cette chemise ne serait pas celle que le « Vieux de la Montagne » a offerte à Louix IX lors de son séjour à Saint-Jean-d'Acre en 1250n. 1_10-0">[10] - [4]. Cet épisode de la septième croisade est rapporté par un Croisé ayant accompagné Louis IX, Jean de Joinville, dans sa biographie du roi :

« Dedans la quinzeinne revindrent les meſſages le Vieil en Acre, & apporterent au Roy la chemiſe du Vieil & diſtrent au Roy de par le Roy [variante : & disdrent au Roy de par le Viel], que c'eſtoit ſénefiance que auſſi comme la chemiſe eſt plus près du cors que nul autre veſtement, auſſi veult le Viex tenir le Roy plus près à amour que nul autre roy. »

— Jean de Joinville, Histoire de saint Louis, dans l'édition de 1761 citée par Gilbert[11]

« Dans la quinzaine, les messagers du Vieux de la Montagne revinrent en Acre, et apportèrent au roi la chemise du Vieux ; et ils dirent au roi de la part du Vieux que c'était signe que comme la chemise est plus près du corps que nul autre vêtement, de même le Vieux voulait tenir le roi plus près de son amour que nul autre roi. »

— Traduction de l'ancien français en français moderne par Natalis de Wailly en 1865[12]

Conservation

Quelle que soit son origine, la chemise apparaît pour la première fois en 1418 dans l'inventaire du trésor du roi Charles VI[13]. Après la mort de celui-ci, elle est mise en gage le pour financer ses funérailles ; elle est alors décrite dans le registre des comptes comme « la chemise Monseigneur Saint Louis dont il faut une manche » (c'est-à-dire « à laquelle il manque une manche »)[14].

Elle figure dans l'inventaire de la Sainte-Chapelle à partir de 1480[1]. Puis, le [1], Louis XVI ordonne son transfert à l'abbaye de Saint-Denis[13]. Elle fait ensuite partie des objets provenant de l'abbaye et apportés à la Convention nationale le 22 brumaire an II ()[15]. Le Moniteur universel du 28 brumaire (), rendant compte du conseil général de la Commune de Paris du 26 brumaire ()[16], rapporte :

« La Section des Quinze-Vingts apporte des ornemens de culte, et entre autres reliques la fameuſe chemiſe de St Louis, laquelle, examen fait, ne ſe trouve être qu'une chemiſe de femme.

Le conſeil arrête que ce linge ſera brûlé ; ce qui eſt exécuté à l'inſtant. »

Cependant, elle se retrouve plus tard au Cabinet des médailles de la Bibliothèque de la Nation (actuelle Bibliothèque nationale de France). Certaines sources indiquent qu'elle y est transférée en [1], voire le [5]. D'autres sources relèvent que l'état des objets remis au Cabinet des médailles le 18 brumaire an IV () liste au no 17 « une chemise que portait saint Louis dans sa captivité »[17] - [13].

Elle est transférée le [18] - [19] à la cathédrale Notre-Dame de Paris[1] à l'occasion du sacre de Napoléon Ier le dans cette cathédrale[20]. Elle y est conservée dans la vitrine XIX[1].

Elle présente un certain intérêt pour l'histoire du costume au Moyen Âge[21]. Aussi est-elle classée monument historique au titre objet le [1], puis restaurée en 2014 par Chevalier-conservation[1].

Elle est présentée au public lors de plusieurs expositions :

  • d' à , à la salle des gens d'armes de la Conciergerie, pour le 7e centenaire de la mort de Saint Louis[5] ;
  • du au , au Musée du Louvre[6] ;
  • du au , à la Conciergerie pour le 8e centenaire de la naissance de Saint Louis[8] - [22] - [23].

Le , elle est sauvée de l'incendie de Notre-Dame[24], en même temps que la Sainte Couronne et d'autres reliques, notamment grâce au prêtre Jean-Marc Fournier, aumônier des pompiers de Paris[25] - [26].

Notes et références

  1. « Chemise de saint Louis », notice no PM75000850, base Palissy, ministère français de la Culture.
  2. (en) E. Jane Burns, « Why Textiles Make a Difference », dans E. Jane Burns (dir.), Medieval Fabrications : Dress, Textiles, Clothwork, and Other Cultural Imaginings, Palgrave Macmillan, coll. « The New Middle Ages », (ISBN 978-1-4039-6186-0 et 978-1-4039-6187-7), p. 8–9 [lire en ligne] et n. 34-35, p. 212–213 [lire en ligne].
  3. Gilbert 1821, p. 356–357.
  4. Louis Le Rouzic, Le Trésor de Notre-Dame de Paris, Lyon, M. Lescuyer, , 158 p. (BNF 32376310), p. 54.
  5. Babelon 1970.
  6. Desrosiers et Gaborit-Chopin 2001.
  7. Anderlini, Bernard et Schmuziger 2011.
  8. Yves Chenal, « Saint Louis - 800e anniversaire », sur Herodote.net (version du 14 avril 2015 sur Internet Archive).
  9. Gauffre-Fayolle 2007.
  10. n. 1-10" class="mw-reference-text">Gilbert 1821, n. 1, p. 358.
  11. Jean de Joinville, Guillaume de Nangis, Guillaume de Saint-Pathus, Anicet Melot (éditeur scientifique), Claude Sallier (éditeur scientifique), Jean Capperonnier (éditeur scientifique) et Denis Dominique Cardonne (trad. des manuscrits arabes), Histoire de saint Louis, par Jehan, sire de Joinville ; les Annales de son règne, par Guillaume de Nangis ; sa vie et ses miracles, par le Confesseur de la Reine Marguerite. Le tout publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque du Roi et accompagné d'un glossaire, Paris, Imprimerie royale, , 558 p. (BNF 30923340), p. 96 [lire en ligne].
  12. Jean de Joinville (trad. Natalis de Wailly), Histoire de saint Louis par Joinville, Paris, Hachette, , p. 202 [lire en ligne].
  13. Anderlini 2015, p. 50.
  14. Régine Pernoud, Saint Louis et le crépuscule de la féodalité, Paris, Albin Michel, coll. « L'Homme et l'événement », , 241 p. (ISBN 2-226-02483-2), p. 216 [lire en ligne].
  15. Paul Lacroix, « Inventaires du trésor de l'abbaye de Saint-Denis en 1793 : II. Extrait du procès-verbal d'inventaire des effets provenant de la ci-devant Sainte-Chapelle, existant dans le Trésor de la ci-devant abbaye de Franciade, apportés à la Convention nationale, le duodi 22 brumaire de l'an second de la République une et indivisible », Revue universelle des arts, vol. IV,‎ , p. 129–130. Franciade est le nouveau nom de Saint-Denis depuis 1793.
  16. « Commune de Paris : Conseil général — Du 26 brumaire », Gazette nationale, ou Le Moniteur universel, no 58, 28 brumaire an II (), p. 233.
  17. Desrosiers et Gaborit-Chopin 2001, p. 233.
  18. Chanoine d'Astros, chap. 498 « : Récépissé délivré par le chanoine d'Astros des reliques déposées au Cabinet des médailles », dans Alexandre Vidier, Le trésor de la Sainte-Chapelle : Inventaires et documents, Paris, , 617 p. (BNF 34219212), p. 604–605 [lire en ligne], extrait des Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, t. XXXVII, 1910, p. 358–359 [lire en ligne].
  19. Gilbert 1821, p. 354.
  20. Louis Constant Wairy, Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'Empereur, vol. 2, Paris, Ladvocat, , p. 117–118 [lire en ligne].
  21. Gilbert 1821, p. 358 : « La chemise dont il s'agit est peut-être la seule que l'on puisse produire d'une époque aussi reculée ; sous ce rapport elle devient fort intéressante pour l'histoire de l'habillement, dont elle a toujours été une partie essentielle. On verra sans doute avec une sorte d'intérêt la forme que l'on donnoit aux chemises sous le règne de saint Louis. »
  22. Florence Evin, « La modernité en marche, au temps de Saint Louis », Le Monde, .
  23. Christophe Dard, « Saint Louis à la Conciergerie », sur Toute la culture, .
  24. « Raretés - Couronne d'épines, tunique de Saint Louis... Les trésors de Notre-Dame de Paris », La Montagne, (consulté le ).
  25. « Jean-Marc Fournier, pompier, prêtre et héros de Notre-Dame », Courrier international, (consulté le ).
  26. Esther Paolini, « Jean-Marc Fournier, prêtre et aumônier des pompiers de Paris et sauveur de la couronne d'épines à Notre-Dame », BFM TV, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Sources anciennes :

  • Antoine-Pierre-Marie Gilbert, « Notice des reliques et autres monumens d'antiquité recueillis au Trésor de Saint-Denys en 1793, par le Comité d'inspection de cette ville ; placés depuis au Cabinet des antiques de la Bibliothèque du Roi, et remis à la disposition du cardinal de Belloy, archevêque de Paris, le , par ordre du ministre de l'intérieur, pour être placés dans l'Église métropolitaine », dans Description historique de la basilique métropolitaine de Paris, Paris, Adrien Le Clère, , 448 p., p. 356–358 [lire en ligne].

Sources contemporaines :

  • (en) Dorothy K. Burnham (en), Cut My Cote, Toronto, Musée royal de l'Ontario, , 34 p. (LCCN 75325218), p. 12.
  • (en) Heather Rose Jones (en), « Another Look at St. Louis's Shirt », Tournaments Illuminated, no 137,‎ , p. 22–23 (lire en ligne).
  • Nadège Gauffre-Fayolle, « Une définition du sous-vêtement médiéval à partir de la comptabilité de la cour de Savoie », dans Micrologus : Natura, Scienze e Società Medievali, vol. 15 : Le corps et sa parure, The Body and its Adornment, Florence, SISMEL, Edizioni del Galluzo, , 552 p. (OCLC 493195121), p. 313 et fig. 4.
  • Tina Anderlini, Gaelle Bernard et Thomas Schmuziger, « La chemise de Saint Louis, nouveaux regards », Moyen Âge, no 84,‎ , p. 46–59.
  • (en) Tina Anderlini, « The Shirt Attributed to St. Louis », dans Robin Netherton (dir.) et Gale Owen-Crocker (en) (dir.), Medieval Clothing and Textiles, vol. 11, Woodbridge, The Boydell Press, , 189 p. (ISBN 978-1-78327-002-6), p. 49–78 [lire en ligne].
  • (en) Elizabeth Coatsworth et Gale Owen-Crocker (en), chap. 4.5 « Shirt of St Louis », dans Clothing the Past : Surviving Garments from Early Medieval to Early Modern Western Europe, Leyde et Boston, Brill, , 454 p. (ISBN 978-90-04-28870-6), p. 175–178 [lire en ligne].

Catalogues d'exposition :

Articles connexes

Liens externes

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