Chaussée romaine de Djerba
La chaussée romaine de Djerba ou chaussée d'El Kantara est une route terrestre d'une longueur de 7,5 kilomètres, construite par les Romains à la fin du IIe siècle et reliant Zarzis à l'île de Djerba au niveau de la ville d'El Kantara.
En 2006, un pont en béton armé de 160 mètres de long est construit[1] en remplacement d'un ancien pont de 13,7 mètres de long. Le nouveau pont surélevé, contrairement à l'ancien pont-digue envasé, permet le passage de l'eau, des poissons et des navires[2] et oxygène ainsi la mer intérieure de Boughrara[3]. En 2021, un second pont est construit en parallèle pour permettre le dédoublement[4] de ce qui est désormais la route régionale 117.
Histoire
Époque antique
Cette route est construite sous l'Empire romain à la fin du IIe siècle, probablement sur les vestiges d'une ancienne chaussée punique[5] qui avait une longueur de sept kilomètres[6]. Elle reliait l'antique Meninx (Djerba) à Pons (ou Ponte) Zitha sur la terre ferme[7].
Au cours des siècles suivants, un gué, appelé « route des chameaux », est aménagé près des ruines de l'ancienne voie romaine[8].
Enjeu de batailles des Hafsides aux Ottomans
En 1432, la route romaine est restaurée sous le règne du sultan hafside Abû Fâris `Abd al-`Azîz al-Mutawakkil[1], avant l'expédition de 1432, menée par Alphonse V. Rompue pendant la bataille contre Alphonse V, restaurée par le sultan après sa victoire, il semble pourtant que les Djerbiens la coupent peu après, vu que les sources nous indiquent qu'elle est reconstruite à la fin du règne du calife Abou Amr Uthman (1435-1488) et rompue de nouveau par les habitants de l'île à sa mort :
« Après la mort du roi Hutmen, comme ses successeurs manquaient d'autorité, l'île revendiqua sa liberté et le peuple coupa aussitôt le pont qui reliait l'île à la terre ferme, par crainte de voir arriver des troupes par voie de terre. »
Début , excédés par le corsaire Dragut qui conduit ses expéditions au départ de Djerba, l'armée espagnole et ses alliés commencent le blocus de l'île[9]. Pour échapper à la flotte de Giovanni Andrea Doria[10], Dragut fait creuser un chenal du côté du golfe peu profond de Boughrara vers El Kantara, fait couper la chaussée et permet à sa flotte de s'échapper vers la haute mer le en direction de Tripoli, dont il s'empare en [9].
Époque moderne
Les voyageurs européens, comme Heinrich Barth en 1850 ou Alphonse Rousseau en 1851, signalent la présence de ruines du pont antique de Pons Zitha ou des ouvrages défensifs ultérieurs de Borj El Bab, mais passent en bateau sur les hauts-fonds et les pierres qui affleurent à marée basse et tendent à s'enfoncer au cours du temps[3].
La restauration de la chaussée romaine est entreprise en 1953 pour en faire à nouveau un pont[3].
Références
- « Pont de la chaussée romaine de l'île de Djerba-Zarzis », sur structurae.net (consulté le ).
- (ar) Youssef Ben Mohamed El Barouni, جزيرة جربة في موآب التاريخ [« L'île de Djerba dans le cortège de l'histoire »], Djerba, Saïd Ben Youssef El Barouni, , 197 p. (lire en ligne), p. 10.
- Virginie Prevost, « La chaussée d'al-Qanṭara, pont entre Djerba et le continent », dans Laurence Denooz et Xavier Luffin, Autour de la géographie orientale… et au-delà : en l'honneur de J. Thiry, Louvain, Peeters, coll. « Lettres orientales » (no 11), (lire en ligne), p. 165-188.
- Rania Ben Slimane, « Médenine : la ministre de l'Équipement suit le projet de doublement de la route régionale 117 », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
- Ch. Charreton, « La restauration de l'ancienne chaussée d'El Kantara », Bulletin économique et social de la Tunisie, no 73, , p. 36 (lire en ligne, consulté le ).
- « Histoire et patrimoine », sur commune-djerbamidoun.gov.tn, (consulté le ).
- (en) D. J. Mattingly (en), « Causeway connecting Meninx (Gerba) to mainland », sur pleiades.stoa.org, (consulté le ).
- Salah-Eddine Tlatli, Djerba, l'île des lotophages, Tunis, Cérès, , 191 p., p. 20.
- Pol Trousset, Jean Despois, Robert Mantran et Salem Chaker, « Djerba », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, vol. 16 : Djalut – Dougga, Aix-en-Provence, Édisud, (ISBN 2-85744-828-7, lire en ligne), p. 2452–2460.
- Armand Brulard, Monographie de l'île de Djerba, Besançon, Delagrange, , 60 p. (lire en ligne), p. 41.