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Chartreuse du Mont-Dieu

L'ancienne chartreuse du Mont-Dieu était un monastère de moines chartreux fondé dans la forêt d'Ardenne, aujourd'hui: département des Ardennes (France). Construit à l'origine en 1132, il fut reconstruit au XVIIe siècle. Les moines en furent chassés lors de la révolution française et ses bâtiments servirent à divers usages tout au long du XIXe siècle. Les vestiges du monastère furent finalement classés comme monuments historiques en 1946.

Chartreuse du Mont-Dieu
Image illustrative de l’article Chartreuse du Mont-Dieu
Présentation
Type Monastère
Rattachement (anciennement) Ordre des Chartreux
Début de la construction (reconstruction) XVIIe siècle
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1927)
Logo monument historique ClassĂ© MH (1946)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Grand Est
DĂ©partement Ardennes
Ville Le Mont-Dieu
CoordonnĂ©es 49° 32′ 52″ nord, 4° 51′ 59″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Champagne-Ardenne
(Voir situation sur carte : Champagne-Ardenne)
Chartreuse du Mont-Dieu
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Chartreuse du Mont-Dieu

Localisation

SituĂ©e au cĹ“ur des Ardennes, la chartreuse du Mont-Dieu (dont le domaine Ă©tait très Ă©tendu) fut construite dans une vaste clairière, au milieu d'une forĂŞt de 1 123 hectares, pleine d'arbres sĂ©culaires (chĂŞnes de Montpy) et constellĂ©e de sources, alimentant jadis de nombreux Ă©tangs.

Information conduisant au monastère

Histoire

À la suite du concile de Reims de 1131, c'est dans la solitude des forêts d'Ardenne qu'est fondée en 1132[1] par Odon, abbé de Saint-Rémi, cette retraite où vivent et prient jusqu'à la Révolution française les moines chartreux suivant les Coutumes établies par Saint Bruno. Celui-ci avait été écolâtre à la cathédrale de Reims, avant de refuser d'en devenir archevêque, mais il avait laissé un grand souvenir dans le clergé de ce territoire. Il avait ensuite fondé une communauté de moines ermites dans le massif de la Chartreuse, qui devint le monastère de la Grande-Chartreuse. Ce monastère se trouvait dans le Dauphiné, alors hors du royaume de France. La Chartreuse du Mont-Dieu est la première chartreuse de France[2].

Le pape Innocent II en signe et confirme la charte de fondation dans la bulle du [3]. Et Guillaume de Saint-Thierry écrit à l'intention du prieur Haymon et des premiers moines, pionniers de cette nouvelle chartreuse, sa fameuse Lettre aux frères du Mont-Dieu sur la vie solitaire (dite également Lettre d'or)[4]. Ou comment l'esprit humain se dégage de l'animalité et traverse l'état raisonnable pour parvenir à la vie de l'esprit[5].

Bien que retirée et isolée au fond des forêts, la chartreuse est plusieurs fois saccagée et ravagée par les guerres qui dévastent la région. Les guerres de religion surtout l'ont beaucoup éprouvée. Le monastère est reconstruit en 1617, à l'époque de Louis XIII, avec des briques roses et noires et chainages en pierre taillée, dans le même style que la célèbre place Ducale de Charleville.

Après l'expulsion des moines à la Révolution, les bâtiments sont convertis en prison d'État pendant la Terreur[6] dont une liste est proposée par Jules Poirier[7], et les nombreuses propriétés et possessions de l'abbaye, réparties sur une quarantaine de villages, sont vendues comme biens nationaux en 1791.

Reconverties en filature, industrie importante dans la région de Sedan, les bâtiments, négligés et en ruines, sont au fil des temps démolis par leurs propriétaires successifs. Heureusement, André Poupart de Neuflize, Sedanais enrichi dans le commerce du drap, achète sous le Premier Empire, et sauve ce qui peut encore l'être de la magnifique chartreuse qui avait presque totalement disparu. En 1820, les édifices sont acquis par François-Xavier Camus, maire de Charleville, ancêtre du propriétaire actuel[2].

Les bâtiments sauvés connaissent encore bien des vicissitudes, particulièrement lors de la bataille de Stonne, en mai 1940, comme l'attestent les marques laissées par des éclats d'obus sur certaines façades. Après être passée entre les mains de différents propriétaires, ce qui reste de l'ancienne chartreuse du Mont-Dieu semble se rétablir peu à peu pour tenter de retrouver l'éclat de son âge d'or disparu.

Une partie de la chartreuse fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le après une première inscription le [8].

  • Blason et sceaux du Mont-Dieu,
    Blason et sceaux du Mont-Dieu,
  • son Ă©glise,
    son Ă©glise,
  • son cimetière,
    son cimetière,
  • la correrie.

Vestiges

  • Il ne subsisterait actuellement que moins de 20 % des bâtiments de l'ancien monastère. Mais les Ă©difices en place, au milieu de cet Ă©crin de forĂŞts, tĂ©moignent encore de ce que devait ĂŞtre la magnificence ancienne de cette citĂ© de Dieu oubliĂ©e dans la paix des champs et le silence...
  • InstallĂ© sur une terrasse et se reflĂ©tant dans ses douves, un grand Corps de logis, flanquĂ© des Pavillons Saint-Étienne et Saint-Bruno, d'une grande Ă©lĂ©gance, avec fenĂŞtres Ă  meneaux et bandeau de pierre, grande toiture d'ardoise Ă  lucarnes, pignon latĂ©ral Ă  redans, se donne des allures de château. Chaque pavillon d'angle est sommĂ© de grandes lucarnes cintrĂ©es qui surplombent les fenĂŞtres Ă  la manière de mâchicoulis.
  • Bâtiments d'Ă©curie, de marĂ©chalerie, grange sont rythmĂ©s d'ouvertures et de portes Ă  entourage de pierre.
  • En contrebas, animĂ© par 2 grandes niches vides de statues, le Pavillon d'entrĂ©e, traversĂ© par un porche-tunnel, Ă  corniche sommĂ©e d'un Ĺ“il-de-bĹ“uf encadrĂ© de sobres pots-Ă -feu de pierre, prĂ©sente une façade aveugle... avec, au large, Ă -demi enterrĂ©e dans un talus, la maison du jardinier.
  • Très Ă  l'Ă©cart, par-delĂ  des Ă©tangs assĂ©chĂ©s aux digues herbeuses, en bordure de route, la grange monumentale de la Correrie.
  • Tous ces si beaux bâtiments encore debout ne peuvent que faire regretter la disparition de l'Ă©glise, des cours, des grand et petit cloĂ®tres, et des maisonnettes oĂą travaillaient et mĂ©ditaient les ermites-chartreux.
  • Chartreuse du Mont-Dieu. Carte postale ancienne.
    Chartreuse du Mont-Dieu. Carte postale ancienne.
  • Le grand corps de logis
    Le grand corps de logis
  • Le pavillon d'entrĂ©e
    Le pavillon d'entrée
  • La forĂŞt autour de la Chartreuse
    La forĂŞt autour de la Chartreuse
  • La grange de la Correrie
    La grange de la Correrie

Arbres remarqués

  • Le chĂŞne de Montpy : 30 m de hauteur, 4,30 m de circonfĂ©rence.
  • Un Tulipier de Virginie, dans la pâture contigĂĽe Ă  la Chartreuse.
  • Un cèdre de l'Atlas, Ă  proximitĂ© de la Chartreuse.
  • La belle allĂ©e de tilleuls qui mène au pavillon d'entrĂ©e.

Personnalités

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Notes et références

  1. Elizé de Montagnac, Les Ardennes Illustrées, tome I, Éditions Hachette, 1870
  2. Le Monde 1996.
  3. François Ganneron, Centuries du pays des Essuens, 1639, p.273
  4. Guillaume de Saint-Thierry, Un traité de la vie solitaire: Lettre aux frères du Mont-Dieu, traduction française précédée d'une introduction et de notes par Marie-Madeleine Davy, Paris, 1946. Nouvelle traduction faite par Jean-M. Déchanet et publiée dans Sources chrétiennes (N°223), en 1975 (réimpression en 2004), 440p. Dans la Patrologie latine de Migne: Epistola ad Fratres, 307-364.
  5. Introduction de Marie-Madeleine Davy à la traduction du latin au français de l'ouvrage de Guillaume de Saint-Thierry, Un traité de la vie solitaire: Lettre aux frères du Mont-Dieu, p. 39, Paris, 1946
  6. Charles Pilard, Souvenirs d’un vieux Sedanais. Sedan sous la première Révolution. D'abord paru en feuilleton de 1875 à 1878 dans L'Écho des Ardennes (14 fascicules). Réédité en 1988 par la Société d'Histoire et d'Archéologie du Sédanais (ISBN 2-649-00117-8)
  7. Les Prisonniers de la Chartreuse du Mont-Dieu pendant la Terreur : documents pour servir Ă  l'histoire de la Terreur, G.Kleiner, Paris, 1903.
  8. Notice no PA00078465, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. Patrick Demouy, Genèse d'une cathédrale: les archevêques de Reims et leur église aux XIe et XIIe siècles, Éditions Guéniot, 2005

Voir aussi

Bibliographie

Classement par date de parution.

  • AbbĂ© Joseph Gillet, La Chartreuse du Mont-Dieu au Diocèse de Reims, Reims, H. Lepargneur, , 659 pages (lire en ligne).
  • Dom Guyton, Voyage littĂ©raire de Dom Guyton en Champagne (1744-1749), Éditions HonorĂ© Champion, , 13-14 p. (lire en ligne).
  • Dom Ganneron, Annales de dom Ganneron. Les antiquitĂ©s de la chartreuse du Mont-Dieu, Éditions Picard, . —— L'on peut en lire de larges extraits dans la Revue de Champagne et de Brie, Arcis-sur-Aube, 1892, T.4, XIIe siècle p. 266-312 ; XIIIe siècle p. 661-695 ; XIVe siècle, p. 781-819 — 1893, t.5, pour le XVe siècle : p. 82-110 ; pour le XVIe siècle, p. 207-268 ; pour le XVIIe siècle, p. 608-668 & p. 735-755 & p. 861-65 .
  • Ernest Henry, « Les prisonniers du Mont-Dieu pendant la RĂ©volution », La Revue d'Ardenne et d'Argonne, vol. 14,‎ 1906-1907, p. 1-20, 39-57, 73-87, 107-124, 141-155, 169-179, 196-217 (lire en ligne).
  • Ernest Henry, « Les prisonniers du Mont-Dieu pendant la RĂ©volution : additions et rectifications », La Revue d'Ardenne et d'Argonne, vol. 16,‎ 1908-1909, p. 160-165 (lire en ligne).
  • Henri Manceau, « Grandeurs et misères des vieilles pierres ardennaises : le Mont-Dieu », L'automobilisme ardennais, no 90,‎ .
  • Édith Brayer, « Un copiste de manuscrits Ă  la Chartreuse du Mont-Dieu, Henri Waghers », Études Ardennaises, no 5,‎ , p. 9-15.
  • Hubert Collin, Les Églises anciennes des Ardennes, Édition de l'office dĂ©partemental du tourisme des Ardennes, , 178 p., p. 83-85.
  • RĂ©daction Le Monde, « Chronologie », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Raymond Hardy, « La Chartreuse du Mont-Dieu », Le Curieux Vouzinois, no hors sĂ©rie n°7,‎ .
  • Patrick Demouy, Genèse d'une cathĂ©drale : Les archevĂŞques de Reims et leur Église aux XIe et XIIe siècles, Langres, Éditions Dominique GuĂ©niot, , 814 p. (ISBN 2-87825-313-2).

Articles connexes


Liens externes

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