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Charte de Victoria

La Charte de Victoria était un ensemble d'amendements à la Constitution du Canada proposés en 1971. Ce document représentait une tentative du premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau de rapatrier la constitution et d'y ajouter une charte des droits et libertés, qui fut vouée à l'échec; il réussit finalement en 1982, sans l'accord du Québec, avec la promulgation de la Loi constitutionnelle de 1982.

Composition

La premiĂšre partie de la Charte Ă©tait consacrĂ©e aux libertĂ©s politiques. Les libertĂ©s fondamentales - libertĂ© de conscience et de religion, libertĂ© d'expression et libertĂ© d'association - sont garanties (art. 1), tout comme le droit de vote universel (art. 4), qui ne peut ĂȘtre limitĂ© en vertu de principes discriminatoires tels que la race, la religion ou le sexe (art. 5). La Loi peut encadrer les libertĂ©s fondamentales lorsque l'intĂ©rĂȘt public l'exige et selon des balises justifiables dans une sociĂ©tĂ© libre et dĂ©mocratique (art. 3). Les mandats parlementaires de la Chambre des communes et des LĂ©gislatures provinciales sont limitĂ©s Ă  cinq ans maximum (art. 6 et 7).

La deuxiĂšme partie est consacrĂ© aux droits linguistiques. L'anglais et le français sont les deux langues officielles du Canada (art. 10). Les deux langues peuvent ĂȘtre utilisĂ©es au Parlement du Canada, ainsi que dans les LĂ©gislatures de sept provinces (art. 11). Les lois sont publiĂ©es en français et en anglais ; si une seule version existe, le gouvernement du Canada en produit la traduction qui aura aussi valeur officielle (art. 12-13). La Cour suprĂȘme du Canada ainsi que les tribunaux du QuĂ©bec, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve exercent leurs travaux Ă©galement dans les deux langues officielles (art. 14). Tout individu peut ĂȘtre servi en français ou en anglais, Ă  son choix, lorsqu'il communique avec l'administration du Canada ou celle de cinq des dix provinces canadiennes (art. 15).

La troisiĂšme partie indique que le Canada se compose de dix provinces et deux territoires (art. 20).

La quatriĂšme partie porte sur la Cour suprĂȘme du Canada. Celle-ci se compose d'un juge en chef et de huit autres juges (art. 23). Trois de ces juges au moins doivent avoir prĂ©cĂ©demment Ă©tĂ© admis au Barreau du QuĂ©bec (art. 25). Nul ne peut ĂȘtre nommĂ© juge sans l'accord commun du Procureur gĂ©nĂ©ral du Canada et du Procureur gĂ©nĂ©ral de la province dont il est issu (art. 28). Si une question relevant du Code civil du QuĂ©bec est soumise Ă  la Cour suprĂȘme, celle-ci est alors Ă©tudiĂ©e par un groupe restreint de 4 ou 5 juges, dont obligatoirement trois juges admis prĂ©cĂ©demment au Barreau du QuĂ©bec (art. 39).

La cinquiĂšme partie maintient le pouvoir du Parlement du Canada de crĂ©er des tribunaux infĂ©rieurs Ă  la Cour suprĂȘme (art. 43).

La neuviÚme partie porte sur le processus de modification de la Constitution du Canada. Pour procéder à une révision constitutionnelle, il faudrait obligatoirement l'accord du Sénat, de la Chambre des communes ainsi que d'une majorité de provinces dont :

  • Toutes provinces comptant ou ayant comptĂ©es 25 % de la population canadienne (QuĂ©bec et Ontario) ;
  • Au moins deux provinces maritimes ;
  • Au moins deux provinces de l'Ouest, dont la population combinĂ©e reprĂ©sentent au moins 50 % de la population totale de l'ensemble de ces quatre provinces (art. 49).

Rejet par le gouvernement du Québec

La Charte fut ultimement rejeté par le gouvernement du Québec. Le premier ministre Robert Bourassa a fait savoir qu'il ne pouvait recommander à l'Assemblée nationale du Québec d'approuver ce projet de modification constitutionnelle pour les raisons suivantes :

  • Aucun nouveau partage des pouvoirs constitutionnels n'Ă©tait prĂ©vu dans la Charte[1],
  • Des doutes subsistent par rapport aux articles portant sur la sĂ©curitĂ© du revenu, ouvrant la porte Ă  de frĂ©quentes contestations judiciaires[2].

Estimant nĂ©cessaire «de convenir dans toute la mesure du possible de textes constitutionnels clairs et prĂ©cis Ă©vitant ainsi de transporter au pouvoir judiciaire la responsabilitĂ© qui appartient avant tout au pouvoir politique, c’est-Ă -dire aux Ă©lus du peuple[2]» et sensibles aux pressions des milieux nationalistes au sein de son cabinet et dans la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise en gĂ©nĂ©ral, Bourassa dĂ©cida ultimement de rĂ©voquer l'accord initial qu'il avait donnĂ© au nom du gouvernement quĂ©bĂ©cois.

Références

  1. Le gouvernement fédéral et les provinces avaient remis de telle préoccupations à plus tard, qui seraient soumises au nouveau processus d'amendement.
  2. Déclaration de M. Robert Bourassa, premier ministre du Québec, concernant la Charte constitutionnelle de Victoria, Assemblée nationale du Québec, 23 juin 1971.

Liens externes

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