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Charles Delorme

Charles Delorme, de Lorme ou de l’Orme, né le à Moulins où il est mort le , est un médecin français, premier médecin de trois rois de France, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV[1].

Charles Delorme
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait par Jacques Callot (1630).
Naissance
Moulins
Décès
Moulins
Nationalité Drapeau de la France France
Profession

Biographie

Affirmant descendre en ligne directe de Jacques de L’Orme, qui avait travaillé sur la réforme de la Coutume de Bourbonnais[2], il était le fils du professeur Jean Delorme de l’université de Montpellier et premier médecin de la reine Marie de Médicis. Grâce à l’influence de son professeur de père, il a appris le latin, le grec, l’espagnol et l’italien. Décrit comme doté d’un physique avantageux, d’un teint vif et d’une forte voix distincte, de Lorme possédait également une excellente volubilité de langage, une aisance élégante de la parole, et une bonne mémoire. Doué de beaucoup d’esprit, d’esprit généralement ouvert, il parlait avec autorité.

Sous l’influence de son père, Delorme s’est tourné vers l’étude de la médecine et prit ses degrés en médecine à l’université de Montpellier. En 1607, il y fut reçu licencié à l’âge de 23 ans, après avoir soutenu quatre thèses pour cette cérémonie :

  • Convient-il d’employer les mĂŞmes remèdes avec les amants qu’avec les dĂ©ments[3] ?
  • Une fièvre pestilente peut-elle ĂŞtre intermittente ?
  • La guimauve est-elle un ĂŞtre vivant, et a-t-elle les propriĂ©tĂ©s que lui accordent Dioscoride et Galien ?
  • La Danse après le repas est-elle salutaire[3] ?

Ces quatre thèses, dédiées au chancelier de Sillery, ont été rédigées après le [4].

  • La vie des rois, des princes et des grands est-elle moins exposĂ©e Ă  la maladie et plus longue que telle des gens du peuple et des paysans[5] ?
  • Les vĂ©sicants sont-ils bons pour les douleurs arthritiques ?
  • Peut-on prĂ©parer un poison qui tue Ă  une Ă©poque dĂ©terminĂ©e ?
  • Est-il permis, quand une femme enceinte souffre d’une maladie aiguĂ«, de lui prescrire des abortifs ?

Il a soutenu en tout neuf thèses différentes en latin et en grec, et qui parurent et furent vendues à Paris en 1608 en recueil sous le titre de Laureæ apollinares[4], Paris, 1608, in-8°.

MontĂ© Ă  Paris après l’obtention de son diplĂ´me pour exercer la mĂ©decine sous l’œil vigilant de son père, jusqu’à ce qu’il soit prĂŞt Ă  exercer la profession de mĂ©decin rĂ©gulier par lui-mĂŞme, il voyagea en Italie, pratiqua Ă  Padoue, Ă  Venise, qui lui confĂ©ra gratuitement le titre de noble vĂ©nitien, que cette rĂ©publique faisait payer alors cent mille Ă©cus. Peut-ĂŞtre Delorme se trouva-t-il ainsi noble vĂ©nitien, pour avoir guĂ©ri le Doge ou quelque membre du conseil des dix, d’une fièvre quarte. Il devint mĂ©decin ordinaire du roi, et fut très recherchĂ© par les malades et par ceux qui se portaient bien, donnant la santĂ© aux uns et inspirant la gaietĂ© aux autres. Exerçant sa profession avec un tel dĂ©sintĂ©ressement et une telle gĂ©nĂ©rositĂ©, que Henri IV, dont il Ă©tait premier mĂ©decin, disait de lui qu’il « gentilhommait Â» la mĂ©decine. Il se signala surtout dans la peste de Paris en 1619 avec l'invention du costume du mĂ©decin de peste. L’abbĂ© de Saint-Martin a rapportĂ© l’invention singulière que ce savant employa en cette occasion : « Il se fit faire un habit de maroquin, que le mauvais air pĂ©nètre très difficilement : il mit en sa bouche de l’ail et de la rue ; il se mit de l’encens dans le nez et dans les oreilles, couvrit ses yeux de bĂ©sicles, et en cet Ă©quipage assista les malades, et il en guĂ©rit presque autant qu’il donna de remèdes. » Le mĂŞme Saint-Martin cite le moyen qu’il employa huit ans après, au siège de la Rochelle, pour faire cesser le flux de sang : « Une infinitĂ© de soldats de l’armĂ©e du roi mouraient de cette maladie : de Lorme en guĂ©rit plus de dix mille en faisant faire du feu de vieilles savates sous des sièges sur lesquels il les faisait seoir tout nus, et il arrĂŞta tout Ă  fait le cours de ce mal dangereux. »

Médecin personnel de plusieurs membres de la famille royale de la maison de Médicis de 1610 à 1650, il devint le médecin principal à Louis XIII après le départ en retraite de son père. Devenu également le premier médecin au frère du roi Gaston, duc d’Orléans à compter de 1629[6] - [7] - [8] - [9], il remplit, en outre, quelques missions diplomatiques.

Jouissant d’une excellente rĂ©putation de mĂ©decin[10], Après avoir Ă©tĂ© l’ami du cardinal Richelieu et le chancelier SĂ©guier, qui lui accorda une pension[10], il se trouva liĂ© avec les ennemis de cardinal Mazarin, et entraĂ®nĂ© dans la Fronde. PrivĂ© des faveurs de la cour sous la minoritĂ© de Louis XIV, Il quitta dès lors Paris, et alla se fixer Ă  Bourbon-l’Archambault, dont les eaux jouissaient alors d’une grande rĂ©putation. Le père de Charles Delorme Ă©tait l’un des deux mĂ©decins de Moulins qui avaient fait de Bourbon-Lancy une ville thermale d’Europe. On ignore les raisons pour lesquelles Charles, qui Ă©tait l’hĂ©ritier des intĂ©rĂŞts de son père dans cette ville, prĂ©fĂ©ra faire la promotion de la ville thermale rivale de Bourbon-l’Archambaud. Il en profita nĂ©anmoins grandement, au point d’être accusĂ© par le proverbe d’y « avoir pris pension des habitants pour y faire aller bien du monde Â». Son engouement pour la station thermale de Bourbon-l’Archambault rivale de Moulins lui donna une excellente rĂ©putation dans les classes supĂ©rieures europĂ©ennes[8].

Delorme s’est enrichi grâce Ă  la prescription d’un mĂ©lange d’antimoine[11] Ă  Henri IV, Louis XIII, le cardinal Mazarin et Marie de SĂ©vignĂ© comme prĂ©servatif de santĂ©, restauratif de santĂ© et Ă©lixir de jouvence[12]. Pour vanter son Ă©lixir, il revendiquait que « qui plus en boira, plus il vivra[13] Â». Parmi les patients Ă  qui il a prescrit cette prĂ©paration, Guez de Balzac, qui a vĂ©cu jusqu’à l’âge de 70 ans, Boileau, qui a vĂ©cu jusqu’à l’âge de 75 ans, et Daniel Huet, qui a vĂ©cu jusqu’à l’âge de 91 ans. Delorme faillit lui-mĂŞme devenir centenaire[14].

Delorme fut marié trois fois, ayant épousé à quatre-vingt-six ans une jeune fille morte en un an[15], à laquelle il survécut encore huit ans jusqu’à sa quatre-vingt-quatorzième année.

Références

  1. « We now understand why Moliere mocked the doctors of his day. A special journal, "La Chronique MĂ©dicale, " informs us that in the seventeenth century a physician named Charles de Lorme was attached to the person of three kings— Henri IV, Louis XIII and Louis XIV. This physician enjoyed great renown and he owed this to his essays. Â» The Cincinnati Lancet-Clinic, vol. 89, 1903, p. 317.
  2. Bernardin, p. 1-2.
  3. Delorme répond par l’affirmative.
  4. Bernardin, p. 3-7.
  5. Delorme biaise pour terminer sa dissertation par une prière pour la conservation des jours d’Henri IV.
  6. Tibayrenc, p. 680-681.
  7. Paul Delaunay, La Vie médicale aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, p. 274, Genève, Slatkine, 2001, (ISBN 9782051017329).
  8. L. W. B. Brockliss, « The development of the spa in seventeenth-century France Â», , Medical History, supplĂ©ment no 10, 1990, p. 23-47.
  9. Thomas, p. 796.
  10. Joseph Thomas, Universal Pronouncing Dictionary of Biography and Mythology, vol. 1, p. 796.
  11. Ou « stibine Â», ingrĂ©dient utilisĂ© dans certains produits cosmĂ©tiques oculaires.
  12. Sneader, p. 57.
  13. Antimony, p. 124.
  14. (en) Thomson St Clair, Antimonyall Cupps: Pocula Emetica, Or Calices Vomitorii, The British Medical Journal, vol. 1, no 3406 (avr. 10, 1926), p. 669-671, BMJ Publishing Group.
  15. Astruc, p. 363.

Sources

  • Jean Astruc, MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire de la FacultĂ© de mĂ©decine de Montpellier, Paris, P. G. Cavelier, 1767.
  • NapolĂ©on-Maurice Bernardin, Hommes et mĹ“urs au dix-septième siècle, Paris, Lecène, 1900.
  • François-Xavier de Feller, Biographie universelle ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom, vol. 5, Bruxelles, J. Leroux, 1849, p. 293.
  • (en) Walter Sneader, Drug discovery : a history, Hoboken, John Wiley and Sons, 2005, (ISBN 9780471899792).
  • (en) Joseph Thomas, Universal Pronouncing Dictionary of Biography and Mythology, vol. 1, Philadelphie, J.B. Lippincott & Co., 1878.
  • (en) Michel Tibayrenc, Encyclopedia of infectious diseases : modern methodologies, Wiley-Liss, 2007, (ISBN 9780471657323).
  • Georges Touchard-Lafosse, La Loire historique, pittoresque et biographique, Tours, Lecesne, 1851, p. 367.

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