Charles-Adzir Trouillot
Charles-Adzir Trouillot, né le à Burey-en-Vaux, mort le à Montmorency, est un sculpteur, modeleur et faïencier français.
Naissance | |
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Décès | |
Nationalité |
français |
Activité |
sculpteur, faĂŻencier |
Biographie
Charles-Adzir Trouillot est le fils de Jules-Nicolas Trouillot, tailleur d'habits, et de Françoise-Euphrasie Thouvenin. Il est apparenté par sa grand-mère paternelle à une famille de sculpteurs lorrains : les Toussaint. Le village de Mauvages, dans la Meuse, est le creuset de la famille Trouillot, tout au moins à partir du XVIIe siècle. L'étude généalogique révèle également une filiation avec la famille de Vouthon, patronyme de la mère de Jeanne d'Arc, en la personne d'Anne de Vouthon (1634-1724).
Le , Charles-Adzir Trouillot épouse Marie-Clarisse Stennevin, une jeune veuve de 26 ans, ouvrière en robes, rencontrée alors qu'il effectue son service militaire à Châlons-sur-Marne, sous l'uniforme du 106e régiment d'infanterie.
Le jeune couple s'installe à Châlons-sur-Marne. Charles-Adzir Trouillot exerce alors la profession de manouvrier, mais est passionné depuis toujours par le dessin et attiré par la sculpture.
C'est entre 1885 et 1890 que se manifeste la vocation artistique de Charles-Adzir Trouillot. En juillet 1890, la commission des beaux-arts de la ville se rend à l'atelier de l'artiste, 43 rue de l'Arquebuse à Châlons-sur-Marne. Le rapporteur de la Commission rédige un rapport enthousiaste[Note 1]. À la suite de cette visite et à la demande de la commission des beaux-arts, Trouillot écrit une lettre de présentation où il définit son approche artistique :
« L'idée de l'art a toujours été chez moi depuis mon plus jeune âge et n'ayant jamais eu les ressources nécessaires pour les poursuivre par des études, ce n'est qu'au commencement de l'année 1889 que je me suis hasardé à entreprendre sérieusement la sculpture après avoir fait quelques dessins de moi-même, toujours dans l'ombre, seul à moi-même sans maître ni principe. Ce n'est donc que par le travail et la passion de l'art que je suis parvenu à me perfectionner et à exécuter quelques bustes à Châlons… »
La médaille d'or décernée en 1890 par la commission des beaux-arts de Châlons-sur-Marne est la première d'une longue série. C'est le début de la notoriété de l'artiste. Les notables de la région, le « Comité du souvenir français » et l'État lui passent de nombreuses commandes.
Vers 1895, la famille s'installe à Dijon et l'artiste ouvre un atelier au 46 rue Monge. Cette même année, il expose au Salon de la Société des artistes français, à Paris, et se voit décerner la « Grande Médaille » de la Société pour une sculpture intitulée : Vas-y des dix !, suivie par une médaille d'or au Salon de la Société des Amis des Arts de Dijon, en 1897. Le tournant du siècle marque aussi un tournant dans la vie de l'artiste : à la suite de déboires conjugaux, Charles-Adzir Trouillot quitte la Bourgogne et s'établit en 1899 à Lunéville, où il apprend le métier de modeleur aux faïenceries Keller et Guérin. Remarié en 1910, Charles-Adzir Trouillot quitte Lunéville en 1911, à la suite du décès de sa nouvelle épouse.
Après un séjour à Amiens, où il tente une brève expérience de cabaretier vers 1912, c'est à Rouen que l'on retrouve l'artiste lorrain, en 1920, année où il dépose un brevet d'invention pour un procédé de «graphite cérame», un mélange original dans le domaine de la céramique. Il devient directeur technique et administrateur des « Établissements céramiques de Rouen », une entreprise dont il est également le cofondateur. La même année, il remporte une médaille d'or au Salon artistique de Rouen. Un nouveau brevet d'invention est déposé en 1923, relatif à un nouveau mélange pour produits céramiques.
Vers la fin de sa vie, Charles-Adzir Trouillot est toujours membre de la Société des Artistes Français. Il crée et dirige la « Société française des Céramiques Artistiques et Industrielles » à Saint-Denis. Il s'installe ensuite à Montmagny avec sa dernière compagne, mais les affaires périclitent et il meurt, ruiné, d'une crise d'urémie à l'hôpital de Montmorency le . Le lieu de sa sépulture reste un mystère.
Ĺ’uvres dans les collections publiques
- Musée des beaux-arts et d'archéologie de Châlons-en-Champagne
- L'Abbé Champenois, 1890, terre cuite
- Dr Charles Mohen, 1891, terre cuite
- Général Lochet, 1893, terre cuite
- Général Camus, 1893, terre cuite
- La Marseillaise, vers 1893, terre cuite
- Général de Liniers, 1893, terre cuite
- Général Le Fol, 1894, terre cuite
- Général Tirlet, 1894, terre cuite
- DĂ©part d'Ogier d'Anglure pour la croisade (bas-relief), 1894, terre cuite
- Général Mayran de Chamisso, 1894, terre cuite
- Vas-y des dix, groupe, vers 1895, terre cuite
- Charles Picot, 1895, terre cuite
- Dr Dorin, 1895, terre cuite
- Jules Garinet, 1895, terre cuite
- Musée de l'Histoire de France du Château de Versailles
- Général Faidherbe, 1891, marbre
- Eugène Bethmont, 1892, marbre[1]
Notes et références
Notes
- « la commission s'est trouvée en présence d'œuvres véritablement remarquables… Les onze bustes soumis à notre examen se recommandent par des qualités artistiques incontestables… Un portrait de femme a particulièrement attiré l'attention des membres de la Commission, non seulement par l'expression vraie de la physionomie, mais aussi par les détails accessoires dont l'agencement et le fini révèlent le goût et le talent de l'artiste… Nous reconnaissons que sous la main habile du modeleur, l'argile s'est en quelque sorte animée et nous offre un groupe de personnes, les unes en costume militaire, les autres revêtues de la toge ou de la robe sacerdotale, avec lesquelles on serait tenté de lier conversation, tant la ressemblance est grande et l'illusion complète… À côté de ces bustes-portraits se trouvent installées d'autres œuvres parmi lesquelles nous distinguons une baigneuse, un « rêve de printemps », un jeune saltimbanque et une statue représentant le Temps, allégorisé sous la figure d'un vieillard sec et décharné, ayant deux grandes ailes au dos, une faux à la main, appuyé sur le zodiaque décoré de ses douze signes. Le sujet est fort bien traité, tant au point de vue de la composition que des détails techniques, et nous avons constaté que l'artiste s'était particulièrement attaché à rendre avec vérité les veines, les articulations et tous les reliefs anatomiques des membres du vieillard. Cette pièce maîtresse fait le plus grand honneur à son auteur… Mais de l'œuvre, il paraît indispensable de remonter à l'artiste et le faire connaître malgré sa modestie… En effet, nous ne sommes point ici en présence de l'un de ces élèves dont l'apprentissage s'est fait assez joyeusement à l'École des Beaux-Arts ou dans l'atelier d'un maître déjà en possession de la célébrité. M. Trouillot, malgré la passion de l'art et le goût inné pour la sculpture, a été de bonne heure aux prises avec les nécessités de la vie matérielle, et ce n'est qu'à un âge déjà avancé que devaient enfin se manifester, après une longue incubation, des tendances et des aptitudes longtemps contenues et refoulées. Ajouterai-je que M. Trouillot, ce fils de ses œuvres, dans toute l'acception du mot, ne peut, avec le modique salaire que lui procurent ses travaux, se créer des ressources suffisantes pour élever ses sept jeunes enfants, et qu'il se trouve dans une situation aussi précaire que digne d'intérêt. Dans ces circonstances, je n'hésite pas à vous proposer d'accorder à M. Trouillot, à titre de récompense et d'encouragement, une médaille d'or de 200F dont la valeur pourra être convertie en numéraire et concourir ainsi au soulagement d'une infortune imméritée. »
Références
- « Buste de Bethmont Eugène », notice no 000SC013286, base Joconde, ministère français de la Culture
Autres sources
- Archives DĂ©partementales de la Marne
- Musée des Beaux-Arts et d'Architecture de Châlons-en-Champagne
- Archives DĂ©partementales de la Meuse
- Pierre Monier, Charles-Adzir Trouillot, fils de ses œuvres, publié à compte d'auteur par Liv'Editions, 2012.