AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Chant liturgique Ă©thiopien

Le chant liturgique Ă©thiopien, appelĂ© Zema, est un chant liturgique chrĂ©tien pratiquĂ© dans l'Église orthodoxe Ă©thiopienne[1]. Il dispose d'un systĂšme de notation propre, appelĂ© melekket[2]. La tradition du zema, qui dĂ©bute au VIe siĂšcle, est attribuĂ©e Ă  saint Yared. Au cours de leur histoire, ces chants ont connu une Ă©volution similaire Ă  celle des chants liturgiques europĂ©ens.

Chant liturgique Ă©thiopien
Zema
Saint Yared chantant avec ses disciples.
DĂ©tails
Origines stylistiques
Origines culturelles
Instruments typiques
kÀbÀro, tambour, tsÀnatsel, sistre, mÀqwamya
ScÚnes régionales
Diaspora Ă©thiopienne

Étymologie

En guĂšze, la langue liturgique de l'Église orthodoxe Ă©thiopienne, le mot zema renvoie Ă  un son, une chanson ou une mĂ©lodie agrĂ©able[1] - [3] - [4].

Histoire

La naissance de la tradition du chant liturgique Ă©thiopien est attribuĂ©e Ă  saint Yared[5], qui vit en Éthiopie au VIe siĂšcle. Yared est le premier auteur de chants religieux et de compositions Ă©crites en Éthiopie[6]. Il invente trois formes de chant : l’ararai, l’ezil et le geeze[7]. Le synaxaire de l'Église orthodoxe Ă©thiopienne affirme que les chants liturgiques Ă©thiopiens, de nature divine, sont fidĂšles Ă  Yared[4].

L'Éthiopie est Ă©vangĂ©lisĂ©e au VIe siĂšcle, Ă  l'Ă©poque de Yared. À cette Ă©poque, l'Église orthodoxe Ă©thiopienne dispose dĂ©jĂ  d'un corpus de priĂšres. Les chants liturgiques sont crĂ©Ă©s plus tard. Ainsi, les deggwa (antiennes Ă©thiopiennes) datent de la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle[4]. Cependant, les habitants des plateaux d'Éthiopie, chrĂ©tiens miaphysistes depuis le IVe siĂšcle, chantent la liturgie en assemblĂ©e avec applaudissements, youyous et gestes rythmĂ©s. Ces Ă©lĂ©ments se retrouvent dans le zema[8]. Selon Ugo Monneret de Villard (it), le chant liturgique Ă©thiopien serait inspirĂ© des danses de l'Égypte antique[9].

Les chants liturgiques Ă©thiopiens sont basĂ©s sur des sources orales et Ă©crites[10], mais l'isolement gĂ©ographique de l'Éthiopie et la difficultĂ© Ă  retrouver les documents Ă©crits empĂȘchent de reconstituer avec prĂ©cision l'histoire de ces chants[9].

La notation musicale utilisĂ©e pour ces chants (melekket) est singuliĂšre, car elle ne reprĂ©sente pas les hauteur ni les mĂ©lodies. Elle est utilisĂ©e comme un moyen mnĂ©motechnique pour le chant. Plusieurs Ă©tudes montrent l'homogĂ©nĂ©itĂ© du chant liturgique Ă©thiopien Ă  partir du XVIe siĂšcle. Les chants liturgiques Ă©thiopiens ont suivi une Ă©volution similaire Ă  celle des chants d'Église europĂ©ens[2] - [10]. On suppose que les notations du chant Ă©thiopien se sont complexifiĂ©es au fil du temps. Les variantes rĂ©gionales auraient subi une standardisation au fil des siĂšcles, et les symboles de notation se sont faits plus nombreux[2].

Dans les annĂ©es 1950, une radio Ă©thiopienne enregistre un premier chant liturgique Ă©thiopien avec l'aide du prĂȘtre Mere Geta Lisanework[6].

Pratique

Audios externes
Audio
Abetu Fetariachin interprété par d'anciens membres de la chorale des Associations spirituelles Temero Mastemar et Meserete Haimanot, Londres (sur ethiopianorthodox.org, consulté le 1er avril 2017
Meskle Teshekemen interprété en l'église orthodoxe éthiopienne Sainte-Marie de Los Angeles (sur ethiopianorthodox.org, consulté le 1er avril 2017
Vidéos
[vidĂ©o] L'hymne de saint Yared pour la Saint-Étienne sur YouTube, enregistrĂ© par Beide Mariam Ejigu Retta en l'Ă©glise Saint-Étienne d'Addis Ababa (consultĂ© le 1er avril 2017)

Les personnes apprenant le chant liturgique Ă©thiopien Ă©tudient la langue guĂšze. Elles commencent gĂ©nĂ©ralement Ă  pratiquer le chant durant leur enfance. La formation au chant se fait dans des Ă©coles de danse liturgique. Le zema est souvent accompagnĂ© d'instruments traditionnels comme le kĂ€bĂ€ro, le tambour, le tsĂ€natsel, le sistre et le mĂ€qwamya. Les Ă©tudiants du chant (dĂ€qĂ€ mermur) deviennent ensuite des chanteurs (dĂ€btĂ€ra). Certains d'entre eux deviennent ensuite maĂźtres (mĂ€rigĂ©ta). Un Ă©tudiant est considĂ©rĂ© comme prĂȘt lorsqu'il maĂźtrise le qenĂ©, un genre rĂ©putĂ© complexe[4].

Aujourd'hui, les chrĂ©tiens orthodoxes reprĂ©sentent environ 43,5 % de la population Ă©thiopienne[11]. La musique liturgique Ă©thiopienne reste Ă©troitement liĂ©e aux communautĂ©s orthodoxes et est rarement jouĂ©e par des personnes Ă©trangĂšres Ă  ces communautĂ©s. Elle demeure trĂšs prĂ©sente au sein de la diaspora Ă©thiopienne[12].

Aux États-Unis

Depuis le milieu des annĂ©es 1970, une forte Ă©migration a permis la formation de communautĂ©s Ă©thiopiennes aux États-Unis. Les immigrĂ©s ont apportĂ© avec eux leur traditions musicales sĂ©culiĂšres et liturgiques. La capitale fĂ©dĂ©rale Washington compte une forte concentration de prĂȘtres (qes) et de musiciens (dĂ€btĂ€ra) Ă©thiopiens. Toutefois, les petites communautĂ©s prĂ©servent difficilement leurs traditions liturgiques et musicales[12].

SystĂšme de notation

Notation du tempo[7]
1. Mereged Comparable au largo et au grave. TrĂšs lent.
2. Nuis-mereged Comparable Ă  l'adagio. Lent.
3. Abiy-tsefat Comparable à l'allegretto. Modéré.
4. Tsefat Comparable Ă  l'allegro. Rapide.
5. Arwasti Comparable au prestissimo. TrĂšs rapide.
Symboles de notation[7] (ቅርጜ)
1. Yizet (ይዘቔ) ᎐ Comparable au staccato.
2. Deret (ደሚቔ) ᎑ Chant grave et lent. Atteint les gammes les plus graves de la voix masculine.
3. Kinat (ቅናቔ) ᎕ Comparable au glissando vers le haut.
4. Chiret (ጭሚቔ) ᎖ Comparable au glissando vers le bas.
5. Difat (ዔፋቔ) ᎔ Signale gĂ©nĂ©ralement le passage Ă  l'octave infĂ©rieure.
6. Kurt (ቁርጄ) ᎙ Comparable au coda.
7. Rikrik (ርክርክ) ᎓ Comparable au tremolo.
8. Hidet (ሂደቔ) ᎗ Comparable Ă  l'accelerando, au crescendo et au portamento.


Notes et références

  1. (en) « Ethiopian chant – vocal music », Encyclopaedia Britannica (consultĂ© le ).
  2. (en) Gabe F. Scelta, Ethiopian Christian Liturgical Chant & Historical Context, University of London, (lire en ligne [PDF]).
  3. Jacob Olupona et Regina Gemignani, African Immigrant Religions in America, NYU Press, (ISBN 978-0-8147-6212-7, lire en ligne), p. 213.
  4. « ChƓur Saint-Yared: Chants de L'Ă©glise Éthiopienne » [« Choir of Saint Yared: Songs of the Ethiopian Church »], Maison des Cultures du Monde (consultĂ© le ).
  5. (en) Sarah Howard, Ethiopia : Culture Smart! : The Essential Guide to Customs & Culture, Kuperard, , 168 p. (ISBN 978-1-85733-620-7, lire en ligne), p. 64.
  6. (en) « Zema for Christ » (consulté le ).
  7. (en) « The Ethiopian Orthodox Tewahedo Church » (consulté le ).
  8. (en) Tania Tribe, « Ethiopian Christian Liturgical Chant », Journal of Religion in Africa/Religion en Afrique, Leiden, no 487,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Taddesse Tamrat, « A short Note on the Ethiopian Church Music », Annales d'Éthiopie, vol. 13, no 1,‎ , p. 137–143 (DOI 10.3406/ethio.1985.928, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. (en) Kay Kaufman Shelemay, Peter Jeffery et Ingrid Monson, Oral and Written Transmission in Ethiopian Christian Chant, vol. 12, Cambridge University Press, (DOI 10.1017/S0261127900000140, lire en ligne [PDF]).
  11. (en) « 2007 Ethiopian census, first draft », Agence centrale de la statistique d'Éthiopie (version du 4 juin 2012 sur Internet Archive).
  12. (en) Kay Kaufman Shelemay, Music in the Ethiopian American Diaspora : A Preliminary Overview, Trondheim, université norvégienne de sciences et de technologie, (lire en ligne [PDF]).

Bibliographie

  • (en) Ashenafi Kebede, « The Sacred Chant of Ethiopian Monotheistic Churches: Music in Black Jewish and Christian Communities », The Black Perspective in Music, vol. 8, no 1,‎ , p. 20–34 (DOI 10.2307/1214519)
  • (en) Ayele Bekerie, « St. Yared: The Great Ethiopian Composer », Tadias Magazine,‎ (lire en ligne)
  • (en) Ethiopian Christian liturgical chant : An Anthology : Part 1: General introduction ; Dictionaries of notational signs, A-R Editions, Inc., , 125 p. (ISBN 978-0-89579-285-3, lire en ligne)
  • (en) Ethiopian Christian liturgical chant : an anthology : Part 2: Performance Practice; The Liturgical Portions, A-R Editions, Inc., , 103 p. (ISBN 978-0-89579-294-5, lire en ligne)
  • (en) Ethiopian Christian liturgical chant : An anthology : Part 3 : History of Ethiopian Chant, A-R Editions, , 125 p. (ISBN 978-0-89579-285-3, lire en ligne)
  • (en) MiloĆĄ Velimirović, The New Oxford History of Music : The Early Middle Ages to 1300, vol. 2, Oxford University Press, (ISBN 0-19-316329-2), « Christian Chant in Syria, Armenia, Egypt, and Ethiopia »
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.