Accueil🇫🇷Chercher

Cercle funéraire A

Le cercle funéraire A (en grec moderne : Ταφικός περίβολος A') est un cimetière royal du XVIe siècle av. J.-C. situé au sud de la porte des Lionnes, l'entrée principale de la citadelle de l'âge du bronze de Mycènes, dans le sud de la Grèce[1]. Ce complexe funéraire est initialement construit à l'extérieur des murs de Mycènes et finalement enfermé dans l'acropole lorsque la fortification est agrandie au XIIIe siècle av. J.-C.[1]. Le cercle funéraire A et le cercle funéraire B, trouvé à l'extérieur des murs de Mycènes, représentent l'une des caractéristiques importantes de la première phase de la civilisation mycénienne[2].

Cercle funéraire A
Image illustrative de l’article Cercle funéraire A
Cercle funéraire A (à gauche) et entrée de la citadelle (à droite)
Localisation
Pays Grèce
Périphérie Péloponnèse
District régional Argolide
Ville Mycènes
Type Cercle funéraire
Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Cercle funéraire A
Cercle funéraire A

Le cercle du site a un diamètre de 27,5 m et contient six tombes à fosse. La plus grande des tombes à fosse mesure environ 6,5 m de longueur et environ 4,1 m de largeur. Un total de dix-neuf corps d'hommes, de femmes et d'enfants sont enterrés ici, avec deux à cinq corps par fosse[3]. Il est possible qu'un monticule ait été érigé sur chaque tombe, ainsi que des stèles funéraires. Parmi les offrandes funéraires trouvées figuraient une série de masques mortuaires en or, des ensembles complets d'armes, des bâtons ornés, des bijoux en or, ainsi que des coupes en or et en argent. Les offrandes funéraires trouvées ici sont plus précieuses que celles du cercle funéraire B. Il est estimé que le cercle A contenait environ 15 kilos d'or au total (pas tous de haute pureté), quantité considérable, mais beaucoup moins que dans le seul sarcophage intérieur de Toutânkhamon[4].

Le site a été fouillé par l'archéologue Heinrich Schliemann en 1876, sur la base des descriptions d'Homère et de Pausanias. L'un des cinq masques mortuaires en or qu'il y a exhumés est désormais connu sous le nom du masque d'Agamemnon, roi de Mycènes dans la mythologie grecque[5]. Cependant, il est prouvé que les sépultures sont datées d'environ trois siècles avant qu'Agamemnon ne soit censé avoir vécu.

Les précieuses offrandes funéraires découvertes dans les tombes suggèrent que des chefs puissants ont été inhumés dans ce site. Bien qu'Agamemnon soit censé avoir vécu des siècles plus tard, ces tombes pourraient avoir appartenu à l'ancienne dynastie régnante de Mycènes - dans la mythologie grecque, les Perséides[6]. Dans la mythologie grecque ultérieure, Mycènes a connu une période où régnaient deux rois, et les archéologues supposent que ces doubles tombes pourraient correspondre aux deux rois régnant concurremment[7].

Contexte

Modèle de Mycènes. Le cercle funéraire A est situé à droite après l'entrée principale.

À la fin du 3e millénaire avant J.C., les populations grecques vivent une transition culturelle au contact des régions de l'Asie Mineure, les Cyclades, l'Albanie et la Dalmatie[8]. Les hauts personnages de l'âge du bronze sont équipés de chevaux, s'entourent de produits de luxe et construisent des tombes à fosse élaborées[9]. L'acropole de Mycènes, l'un des principaux centres de la culture mycénienne, située en Argolide, au nord-est du Péloponnèse, est construite sur une colline défensive à une altitude de 128 m et couvre une superficie de 30 000 m2[1]. Ces tombes trouvées à Mycènes sont des indicateurs de l'élévation d'une dynastie royale locale de langue grecque dont la puissance économique dépend du commerce maritime à longue distance[10] - [2].

Histoire

Diadème elliptique en or (gauche) et éléments de la stèle funéraire décrivant une scène avec chariot (droite).

Les tombes à fosse mycéniennes sont essentiellement une variante argienne de la tradition funéraire helladique moyenne avec des caractéristiques dérivées du début de l'âge du bronze développées localement en Grèce continentale[11]. Le cercle funéraire A, formé vers 1600 avant J.C., semble être la continuation du cercle B, plus ancien[12]. Le site fait partie d'un site funéraire plus important de la période helladique moyenne. Au cours de la fin de l'ère helladique (1600 avant JC)[2], un palais non fortifié pourrait avoir été construit à Mycènes[6], tandis que les tombes de la famille régnante mycénienne restent à l'extérieur des murs de la ville[13]. Il n'y a aucune preuve d'un mur circulaire autour du site pendant la période des enterrements[14]. La dernière inhumation a eu lieu vers 1500 av J.C.[15].

Immédiatement après la dernière inhumation, les souverains locaux abandonnent les fosses funéraires au profit d'une forme nouvelle et plus imposante de sépulture se développant déjà en Messénie, au sud du Péloponnèse, la tholos[16]. Vers 1250 av. J.-C., lorsque les fortifications de Mycènes s'aggrandissent, le cercle des tombes est inclus à l'intérieur du nouveau mur. Un mur de péribole à double anneau est construit autour de la zone[17]. Il semble que le site devienne un temenos (enceinte sacrée), tandis qu'une construction circulaire, peut-être un autel, est trouvée au-dessus d'une tombe[18]. Le lieu de sépulture est réaménagé en monument, une tentative des dirigeants mycéniens du XIIIe siècle av. J.-C. de s'approprier le possible passé héroïque de l'ancienne dynastie régnante[19]. Dans ce contexte, le terrain est construit pour créer une enceinte pour les cérémonies et l'érection de stèles. Une nouvelle entrée, la porte des Lionnes, est construite à proximité du site[15].

Trouvailles

Masque d'Agamemnon (gauche) et épées (droite)
Anneau avec scène de bataille
Croquis du motif de l'anneau.

Le cercle funéraire A, d'un diamètre de 27,5 m, est situé sur l'acropole de Mycènes au sud-est de la Porte des Lionnes. Le cercle funéraire contient six tombes, dont la plus petite mesure m sur 3,5 m et la plus grande mesure 4,50 m sur 6,40 m (la profondeur de chaque fosse varie de m à m). Au-dessus de chaque tombe se trouvent un monticule et des stèles[20]. Ces stèles sont probablement érigées à la mémoire des souverains mycéniens enterrés là-bas ; trois d'entre elles représentent des scènes de char[2].

Au total, dix-neuf corps – huit hommes, neuf femmes et deux enfants [14] – sont retrouvés dans les fosses. Les fosses contiennent de deux à cinq corps chacune, à l'exception de la tombe II, qui est une sépulture unique[2]. Entre les tombes IV et V, cinq masques dorés sont mis au jour, dont le masque d'Agamemnon découvert dans la tombe V. Des défenses de sangliers sont retrouvées dans la tombe IV. De plus, des coupes en or (dont la célèbre « coupe de Nestor ») et en argent sont découvertes, ainsi que plusieurs bagues, boutons et bracelets en or[2]. La plupart des tombes sont équipées d'ensembles complets d'armes, en particulier d'épées[21] et les représentations figuratives des objets montrent des scènes de combat et de chasse. Le sexe des personnes enterrées ici est distingué en fonction des objets funéraires avec lesquels ils sont enterrés. Les hommes sont retrouvés avec des armes tandis que les femmes avec des bijoux[22].

De nombreux objets désignent le rang social du défunt, par exemple les poignards décorés, qui sont des objets d'art et ne peuvent être considérés comme de véritables armes. Des bâtons ornés, ainsi qu'un sceptre de la tombe IV, indiquent clairement un statut très significatif du défunt[23]. Des objets tels que des têtes de taureaux avec une double hache affichent des influences minoennes claires[24]. Au moment de la construction du cercle funéraire, les Mycéniens n'ont pas encore conquis la Crète minoenne. Il semble qu'ils reconnaissent les Minoens comme les fournisseurs du meilleur design et de l'artisanat[25] puisque la plupart des objets enterrés dans le cercle funéraire A sont décorés dans le style minoen. En revanche, des motifs spécifiques tels que des scènes de combat et de chasse sont clairement de style mycénien[26]. La combinaison de produits de luxe trouvés sur ce site représente de nombreuses sociétés d'époques différentes. Cela signifie que les pays utilisent la technologie de base d'une société et la modifient pour l'adapter à l'image de leur société[27].

Fouilles

Scène de chasse sur lame (à gauche) et tête de taureau (à droite).

Le site de Mycènes est le premier en Grèce à faire l'objet d'une fouille archéologique moderne[28]. L'archéologue allemand Heinrich Schliemann le fouille en 1876[15]. Schliemann, inspiré par les descriptions d'Homère dans l'Iliade qui évoque Mycènes comme gorgée d'or, y commence la prospection[28]. Il suivait également les récits de l'ancien géographe Pausanias qui décrit le site autrefois prospère et le mentionne selon une tradition locale au IIe siècle après JC. La tombe d'Agamemnon comprend ses partisans, son aurige Eurymédon et les deux enfants de Cassandre, tous enterrés dans la citadelle[29]. Ce que Schliemann découvre dans ses fouilles confirme à la fois son opinion sur l'exactitude historique d'Homère et sa quête de trésors précieux[28]. Schliemann a dégagé cinq fosses et les identifie comme les tombes mentionnées par Pausanias. Il s'arrête après la fouille de la cinquième sépulture, croyant qu'il a fini d'explorer le cercle des tombes. Une sixième tombe est cependant découverte un an plus tard par Panayótis Stamatákis[30].

Depuis, il a été démontré que les sépultures du cercle A datent du XVIe siècle av. J.-C., avant la guerre de Troie (XIIIeXIIe siècle av. J.-C.), à laquelle Agamemnon est censé avoir participé[28].

Notes et références

  1. (en) « The Bronze Age on the Greek Mainland: Mycenaean Greece – Mycenae », Athènes, Foundation of the Hellenic World, 1999–2000 (consulté le ).
  2. Komita 1982, p. 60.
  3. Pedley 2012, p. 86.
  4. Hood, 23
  5. Morris et Powell 2010, p. 60.
  6. Castleden 2005, p. 42.
  7. Neer 2012.
  8. Pullen 2008, p. 36 ; Forsén 1992, p. 251–257.
  9. Hielte 2004, p. 27–94.
  10. Dickinson 1977, p. 53, 107; Anthony 2007, p. 48
  11. Dickinson 1999, p. 103, 106–107.
  12. Heitz 2008, p. 21.
  13. Burns 2010, p. 80.
  14. Gates 2003, p. 133.
  15. Geldard 2000, p. 157.
  16. Castleden 2005, p. 97.
  17. Bennet 1997, p. 516.
  18. Antonaccio 1995, p. 49.
  19. Fields et Spedaliere 2004, p. 25.
  20. Komita 1982, p. 59–60.
  21. Graziadio 1991, p. 403–440.
  22. Neer 2012, p. 48.
  23. Graziadio 1991, p. 406.
  24. Heitz 2008, p. 24.
  25. Heitz 2008, p. 25.
  26. Gates 2003, p. 134.
  27. Neer 2012, p. 47–52.
  28. Sansone 2004, "Greece in the Bronze Age", pp. 7–8.
  29. Mylonas 1957, p. 122.
  30. Mylonas 1957, p. 8.

Sources

  • (en) Carla Maria Antonaccio, An Archaeology of Ancestors: Tomb Cult and Hero Cult in Early Greece, Lanham, MD, Rowman and Littlefield Publishers, Incorporated, (ISBN 978-0-8476-7942-3, lire en ligne)
  • (en) John Bennet, A New Companion to Homer, Leiden, New York and Köln, Brill, , 511–534 p. (ISBN 978-90-04-09989-0, lire en ligne), « 23. Homer and the Bronze Age »
  • Bryan E. Burns, Mycenaean Greece, Mediterranean Commerce, and the Formation of Identity, New York, NY, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-11954-2, lire en ligne)
  • (en) Rodney Castleden, Mycenaeans, London and New York, Routledge, (ISBN 978-0-415-36336-5, lire en ligne)
  • (en) Oliver Dickinson, « Invasion, Migration and the Shaft Graves », Bulletin of the Institute of Classical Studies, vol. 43, no 1, , p. 97–107 (DOI 10.1111/j.2041-5370.1999.tb00480.x)
  • (en) Oliver Dickinson, The Origins of Mycenaean Civilization, Götenberg, Paul Aströms Förlag,
  • (en) Arthur J. Evans, The Palace of Minos: a comparative account of the successive stages of the early Cretan civilization as illustred by the discoveries at Knossos (Band 3): The great transitional age in the northern and eastern sections of the Palace (London, 1930), London, (lire en ligne)
  • (en) Nic Fields et Donato Spedaliere, Mycenaean Citadels c. 1350-1200 BC, Oxford, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-84176-762-8, lire en ligne)
  • (en) Jeannette Forsén, The Twilight of the Early Helladics, Partille, Paul Aströms Förlag, (ISBN 978-91-7081-031-2, lire en ligne)
  • (en) Charles Gates, Ancient Cities: The Archaeology of Urban Life in the Ancient Near East and Egypt, Greece, and Rome, New York, New York, Routledge, (ISBN 978-0-415-12182-8, lire en ligne)
  • (en) Richard G. Geldard, The Traveler's Key to Ancient Greece: A Guide to Sacred Places, Wheaton and Chennai, Quest Books Theosophical Publishing House, (ISBN 978-0-8356-0784-1, lire en ligne)
  • (en) Giampaolo Graziadio, « The Process of Social Stratification at Mycenae in the Shaft Grave Period: A Comparative Examination of the Evidence », American Journal of Archaeology, vol. 95, no 3, , p. 403–440 (DOI 10.2307/505489, JSTOR 505489, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  • (en) Christian Heitz, « Burying the Palaces? Ideologies in the Shaft Grave Period. », University of Heidelberg, , p. 1–38 (DOI 10.11588/propylaeumdok.00000089, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Maria Hielte, « Sedentary versus Nomadic Life-Styles: The 'Middle Helladic People' in southern Balkan (late 3rd & first Half of the 2nd Millennium BC) », Acta Archaeologica, vol. 75, no 2, , p. 27–94 (DOI 10.1111/j.0065-001X.2004.00012.x)
  • (en) Hood, Sinclair, The Arts in Prehistoric Greece, 1978, Penguin (Penguin/Yale History of Art), (ISBN 0140561420)
  • (en) Nobuo Komita, « The Grave Circles at Mycenae and the Early Indo-Europeans », Research Reports of Ikutoku Technical University, no A-7, , p. 59–70 (lire en ligne)
  • Ian Morris et Barry B. Powell, The Greeks: History, Culture, and Society, Boston, Columbus, Indianapolis, New York and San Francisco, Prentice Hall, (ISBN 9780205697342, lire en ligne)
  • (en) M.A. Littauer et J.H. Crouwel, « Robert Drews and the Role of Chariotry in Bronze Age Greece », Oxford Journal of Archaeology, vol. 15, no 3, , p. 297–305 (DOI 10.1111/j.1468-0092.1996.tb00087.x)
  • (en) George Emmanuel Mylonas, Ancient Mycenae: The Capital City of Agamemnon, Princeton, NJ, Princeton University Press, (lire en ligne)
  • (en) Richard T. Neer, Greek Art and Archaeology: A New History, c. 2500-c. 150 BCE, New York, NY, Thames & Hudson, (ISBN 978-0-500-28877-1, OCLC 745332893, lire en ligne)
  • (en) John Griffiths Pedley, Greek Art and Archaeology, Upper Saddle River, NJ, Prentice Hall, (ISBN 978-0-205-00133-0, lire en ligne)
  • (en) Daniel Pullen, The Cambridge Companion to the Aegean Bronze Age, Cambridge and New York, Cambridge University Press, , 19–46 p. (ISBN 978-0-521-81444-7), « The Early Bronze Age in Greece »
  • (en) David Sansone, Ancient Greek Civilization, Malden, Oxford and Carlton, Blackwell Publishing Ltd, (ISBN 978-0-631-23236-0, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • (en) Sharon R. Stocker et Jack L. Davis, « The Combat Agate from the Grave of the Griffin Warrior at Pylos », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, vol. 86, no 4, , p. 588–589 (DOI 10.2972/hesperia.86.4.0583, JSTOR 10.2972/hesperia.86.4.0583)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) David W. Anthony, The Horse, the Wheel, and Language: How Bronze-Age Riders from the Eurasian Steppes Shaped the Modern World, Princeton, NJ, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-05887-0, lire en ligne)
  • (en) John Chadwick, The Mycenaean World, Cambridge, UK, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-29037-1, lire en ligne Inscription nécessaire)
  • (en) Elizabeth B. French, Mycenae: Agamemnon's Capital, Stroud, Tempus, (ISBN 978-0-7524-1951-0, lire en ligne)
  • (en) George E. Mylonas, Mycenae Rich in Gold, Athens, Ekdotike Athenon,
  • (en) Alan John Bayard Wace, Mycenae: An Archaeological History and Guide, New York, Biblo and Tannen, (lire en ligne)

 

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.