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Centrale nucléaire de Forsmark

La centrale nucléaire Forsmark est située dans la localité de Forsmark sur la côte est de l'Uppland, à 150 km de Stockholm, en Suède. C'est l'une des trois centrales nucléaires suédoises en fonctionnement : elle produit environ un sixième de l'électricité suédoise.

Centrale nucléaire de Forsmark
Centrale nucléaire de Forsmark.
Administration
Pays
Province
Comté
Commune
Coordonnées
60° 24′ 12″ N, 18° 10′ 00″ E
Propriétaire
Forsmarks Kraftgrupp (d)
Opérateur
Construction
1973
Mise en service
1980
Statut
Opérationnelle
Direction
Björn Linde
Effectifs
1200
RĂ©acteurs
Fournisseurs
Type
2 x BWR-2500
1 x BWR-3000
RĂ©acteurs actifs
Puissance nominale
2 x 1 010 MW
1 x 1 190 MW
Production d’électricité
Production annuelle
25,5 TWh (2021)
Production moyenne
21 TWh Ă  25 TWh
Production totale
884,9 TWh (2021)

Source froide
Site web
Localisation sur la carte de Suède
voir sur la carte de Suède
Schéma du fonctionnement d'un réacteur.

La centrale dispose de 3 réacteurs nucléaires du type réacteur à eau bouillante (BWR):

Nom du réacteur Modèle Puissance Brut(MW) Puissance Nette(MW) Début de construction Raccordement au réseau Mise en service commerciale
Forsmark-1[1] AA-III, BWR-2500 1027 990 01.06.1973 06.06.1980 10.12.1980
Forsmark-2[2] AA-III, BWR-2500 1157 1118 01.01.1975 26.01.1981 07.07.1981
Forsmark-3[3] AA-IV, BWR-3000 1195 1172 01.01.1979 05.03.1985 18.08.1985

En 2013, la production annuelle des trois réacteurs de Forsmark s'élève à 25,5 TWh, et la Suède couvre environ 43 % (64 TWh(e)) de ses besoins électriques à partir de l'énergie nucléaire provenant des trois centrales (Forsmark, Oskarshamn, Ringhals) dont elle dispose, et qui alignent au total dix réacteurs . Deux autres centrales avec trois réacteurs ont déjà été arrêtées[4].

L'exploitant de Forsmark est la société Forsmark Kraftgrupp, une filiale du groupe Vattenfall.

Les principaux événements

DĂ©couverte de la catastrophe de Tchernobyl

C'est grâce aux capteurs de radioactivité disposés dans la centrale nucléaire pour détecter les fuites locales, que Forsmark a été, le 27 avril 1986, le premier site en dehors de l'URSS où les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sont devenues apparentes. Des ouvriers de la centrale nucléaire suédoise de Forsmark ont été détectés "positifs" à la radioactivité lors d'un contrôle à leur prise de service, le matin du lundi 28 avril 1986[5]. Il est apparu que la source de rayonnement n'était pas dans la centrale : les experts de l’Autorité suédoise de sûreté radiologique croient d'abord aux retombées d’un lointain essai atomique mais les preuves pointent rapidement vers l’Union soviétique. Les autorités suédoises demandent des explications au gouvernement soviétique qui admet, le 28 avril, vers 13 heures, qu'il y a bien eu un incident nucléaire quelque part en Union soviétique, sans autre précision ; les autorités suédoises alertent ensuite l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de la pollution radioactive[6] - [7]. L’agence de presse suédoise envoie ses premiers télex au monde entier ; l’agence soviétique Tass confirme l’information[7].

Présentation

Le 25 juillet 2006, le réacteur Forsmark-1 a été sujet à un incident (niveau 2 selon l'échelle INES), quand survint une panne de courant conjuguée à une indisponibilité partielle (selon un article de Libération[8]) ou totale (selon un article de Radio France internationale[9]) des générateurs de secours du système de refroidissement.

La cause de la panne électrique est attribuée à un court-circuit hors de la centrale, sur le réseau d'évacuation d'énergie en 400 kV, provoqué par des travaux de terrassement effectués par un engin de travaux public [8] - [10].

Les trois réacteurs de la centrale ont alors été mis à l'arrêt, nécessitant dès lors un refroidissement moindre (évacuation de la puissance résiduelle des cœurs).

Cependant, sur l'une des trois tranches, le système de refroidissement en principe alimenté électriquement par quatre générateurs de secours n'a pas pu opérer normalement.

Rappels généraux sur les réacteurs à eau

Même si la réaction nucléaire en chaîne a été arrêtée (généralement par insertion de barres de contrôle dans le cœur), l'insuffisance de réfrigération d'un réacteur à eau (bouillant ou pressurisé) peut mener à terme à la fusion du cœur de celui-ci.

Toutefois la fusion (partielle) du combustible survient (commence) uniquement si le combustible se trouve dénoyé (absence d'eau liquide au contact du combustible) durablement (plusieurs minutes). Si le combustible est maintenu sous eau liquide, il peut s'échauffer mais ne fond pas et ni le combustible ni la gaine en zirconium ne sont endommagés.

Rappels généraux sur le réacteur à eau bouillante

Dans le cas des REB tels que ceux de Forsmark, la réaction en chaine supposée arrêtée et les vannes vapeur fermées, l'absence de réfrigération du circuit primaire conduit à l'élévation de température et pression dans la cuve pouvant conduire au soulèvement des soupapes de sûreté primaires. La décharge de vapeur via lesdites soupapes conduit à un abaissement du niveau d'eau liquide dans la cuve pouvant conduire à terme au dénoyage de la partie supérieure du combustible. Le séquencement temporel des évènements (délais et autres) est essentiellement variable ; il dépend entre autres étroitement du niveau de puissance résiduelle du cœur au moment de l'arrêt de la réaction nucléaire en chaîne.

Analyse de l'incident

Les comptes rendus divergent :

  • L'AutoritĂ© de suretĂ© nuclĂ©aire suĂ©doise prĂ©cise dans le rapport sur l'incident que le court-circuit apparu sur le rĂ©seau d'Ă©vacuation 400 kV a mis hors service deux des quatre systèmes d'alimentation Ă©lectrique sans interruption (UPS basĂ©es sur des batteries) qui Ă  leur tour ont empĂŞchĂ© la connexion de deux des quatre gĂ©nĂ©rateurs de secours. Ces deux gĂ©nĂ©rateurs ont pu ĂŞtre reconnectĂ©s après 22 minutes. Les UPS sont utilisĂ©es pour dĂ©marrer rapidement les gĂ©nĂ©rateurs de secours. Si elles ne fonctionnent pas les exploitants peuvent dĂ©marrer les groupes en utilisant le rĂ©seau Ă©lectrique de distribution en 20 minutes environ. Il est prĂ©cisĂ© dans le rapport que mĂŞme si plus de deux UPS n'avaient pas fonctionnĂ©, il demeurait une large marge de sĂ©curitĂ© avant la fusion du cĹ“ur.
  • Selon LibĂ©ration, deux des gĂ©nĂ©rateurs ont fonctionnĂ© normalement et les deux autres n'ont pu ĂŞtre dĂ©marrĂ©s qu'au bout de 21 minutes et 41 secondes[8].
  • Selon RFI, aucun des quatre gĂ©nĂ©rateurs n'a fonctionnĂ© immĂ©diatement et il a fallu une vingtaine de minutes pour dĂ©marrer deux d'entre eux[9].
  • Le Monde et le quotidien allemand TAZ adoptant des formulations plus ambigĂĽes[10] - [11].

Lars-Olov Höglund, un ingénieur qui a participé à la construction de la centrale de Forsmark et cité par TAZ, estime qu'il ne restait que 7 minutes avant la fusion du cœur[10] - [note 1] L'inspection de la sûreté nucléaire suédoise (SKI) et le directeur de la centrale nucléaire de Forsmark rejettent cette analyse et déclarent que la description fournie par Höglund est incorrecte et qu'il n'y a pas eu de risque de fusion du cœur[12], tandis qu’une analyse de l'incident réalisée par KUS (Kärnkraftsäkerhet och Utbildning AB) explique que dans la pire des situations, soit le non-démarrage des quatre diesels et l'incapacité des opérateurs à les démarrer, la fusion du cœur aurait eu lieu dans les 8 heures[13] - [note 2].

L'analyse de l'incident a mis en exergue le défaut d'un élément des générateurs de secours et deux autres réacteurs suédois ont été arrêtés temporairement à la Centrale nucléaire d'Oskarshamn (ainsi que d'autres dans d'autres pays) afin de changer la pièce incriminée[8].

Notes et références

Notes

  1. On remarque qu'il s'agit vraisemblablement d'une valeur théorique, 7 minutes (avant fusion) plus 23 minutes (d'indisponibilité -partielle ou totale- des générateurs selon l'article de TAZ qui le cite) donnant un chiffre rond de 30 minutes et cette personne n'ayant par ses fonctions aucune raison d'avoir été présente lors de l'évènement. Par ailleurs, l'article mentionne une destruction du réacteur précédant d'une heure et demie la fusion du cœur ce qui est une incohérence manifeste.
  2. La différence d'ordre de grandeur entre les estimations peut s'expliquer par le fait qu'Höglund a pu oublier de prendre en compte l'extinction du réacteur, qui abaisse la quantité d'énergie nécessaire à son refroidissement d'environ 97%.

Références

  1. « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
  2. « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
  3. « PRIS - Reactor Details », sur pris.iaea.org (consulté le )
  4. (en) AIEA: Power Reactor Information System, Select country: Sweden, Kingdom of
  5. « FAQ Accident de Tchernobyl », sur irsn.fr (consulté le ).
  6. « La centrale nucléaire suédoise qui a prévenu de la catastrophe de Tchernobyl / Actualité / Parlement européen », sur europa.eu, (consulté le ).
  7. « Contactez-nous - Red On Line (FR) », sur Red On Line (FR) (consulté le ).
  8. « La Suède refroidie par ses réacteurs », sur http://www.sortirdunucleaire.org, (consulté le )
  9. Colette Thomas, « Une panne nucléaire fait des remous en Europe », sur http://www.rfi.fr/, (consulté le )
  10. « Nur wenige Minuten vor dem GAU », sur http://www.taz.de, (consulté le )
  11. Antoine Jacob, « Incident "sérieux" dans une centrale nucléaire suédoise », sur http://www.sortirdunucleaire.org, (consulté le )
  12. Sveriges Television: SKI: Ingen risk för härdsmälta (Swedish)
  13. (en) Carl Erik Wikdahl, « The Forsmark incident 25th July 2006 », Bakgrund (analysgruppen), vol. 20, no 1,‎ (lire en ligne [PDF])

Annexes

Liens externes

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