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Caroline Branchu

Rose Thimoléone Caroline Branchu, née Marie Rose Chevalier à Paris le [1] et morte à Passy le [2], est une soprano française.

Caroline Branchu
Caroline Branchu dans le rĂ´le de Julie dans La Vestale de Spontini en 1807.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  71 ans)
Passy
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activités
Père
Jean-Joseph Chevalier de Lavit (d)
Enfant
Paméla Branchu (d)
Autres informations
Tessiture
Maîtres
Louis-Augustin Richer (en), François Lay, Dugazon
signature de Caroline Branchu
Signature
Tombeau de Mme Branchu au Père-Lachaise.

Formation

Ses remarquables dispositions musicales lui valent la protection du chevalier de Saint-George, célèbre violoniste qui la fait entrer au Conservatoire de Paris le . Elle en sort avec le premier prix de chant en et celui de déclamation lyrique en . Elle y a notamment pour professeurs Dugazon et Garat. Ce dernier, qui la tient en haute estime, écrit en : « Cette enfant a un instinct étonnant de la scène. Elle dépassera Madame de Saint-Huberty. C’est une âme de feu, ayant à son service une voix dont le timbre réveillerait Gluck. »

Débuts à l’Opéra

Engagée à l’Opéra, alors théâtre de la République et des Arts, elle débute le dans Œdipe à Colone de Sacchini[3], puis dans Iphigénie en Aulide de Gluck. Très vite, elle devient la coqueluche du public, suscitant l’inquiétude de ses rivales. Ainsi Mlle Maillard, première chanteuse de l’Opéra[4] : « Les voilà qui font jouer des sujets de leurs écoles et nous restons là. En effet, le 8, il doit y en avoir une, la nommée Chevalier, une mulâtre qui chante assez bien, a-t-on dit. » Peu de temps après, la future duchesse d’Abrantès écrit en effet[5] : « l'orchestre avait commencé son sabbat harmonique, donnant le diapason à Laforêt et Laîné qui criaient tous deux à qui mieux mieux, tandis que Mlle Maillard leur tenait tête avec des poumons dignes d’une Romaine des temps antiques, nous faisant regretter que Mlle Chevalier n’occupât point la scène. »

Le [6] elle épouse le danseur Isaac Branchu. En , elle se trouve à la 5e place, après Mmes Maillard, Latour, Henry et Armand, dans l’ordre des préséances des cantatrices.

Maîtresse de Napoléon ?

Ce serait dans le rôle d’Iphigénie, le , tout de suite après la paix d'Amiens, que Caroline aurait attiré l’attention de Napoléon et serait devenue sa maîtresse. En tout état de cause, sa carrière connaît alors une belle accélération : elle passe du 5e au 2e rang parmi les cantatrices de l’Opéra, derrière Mme Maillard[1].

Le , elle devient officiellement cantatrice de la musique particulière de NapolĂ©on, puis première chanteuse de la Chambre impĂ©riale, avec 3 000 francs de traitement, et 2 000 Ă  son mari, danseur intĂ©grĂ© dans le corps de ballet. Ă€ la retraite de Mme Maillard en , Caroline passe enfin au premier rang des cantatrices de l’OpĂ©ra.

Une diva avant l’heure

Elle tient durant sa carrière pas moins de 91 rôles et s'illustre dans ses interprétations de Gluck, Piccinni, Paisiello, Cherubini, Spontini. On compte parmi ses plus belles créations La Vestale, pour laquelle elle joue Julia lors de la première en [7], Fernand Cortez, Les Bayadères, Les Abencérages, La Jérusalem délivrée, Olympie.

Retraite

Caroline prend sa retraite le avec une reprĂ©sentation d’Olympie (recette : 12 300 francs environ). Elle s’enflamme alors pour un aventurier dĂ©sargentĂ©, de vingt ans son cadet, Claude-Charles Pierquin de Gembloux. On connaĂ®t le dĂ©roulement et la fin malheureuse de l’idylle par les billets Ă©changĂ©s par les amants, qui se piquaient tous deux de poĂ©sie, et par la correspondance entre Caroline, quand son compagnon l’abandonne pour se marier en 1832, et son amie Marceline Desbordes-Valmore. Les deux femmes sont en effet très liĂ©es et logent mĂŞme ensemble au 19 rue Buffault Ă  Paris[8] du 8 avril au 17 juin 1837, avant le dĂ©part de Caroline Branchu pour OrlĂ©ans[4].

Elle est inhumée dans la 23e division du cimetière du Père-Lachaise à Paris[9]. Son buste se trouve à l’Opéra, où se trouvait également, entre 1859 et l’incendie de 1873, un portrait peint par Isidore Péan du Pavillon, élève de David.

Famille

Son père, le capitaine Jean-Joseph Chevalier de Lavit (1753-1809)[10], fils du colonel Jean Joseph de Lavit (1703-1782) et de l'esclave qu'il avait affranchie Martonne Valentin[11], épouse Madeleine Brocard en 1777. Le couple a une autre fille, Laure, qui épouse en 1800 le peintre Jean Koechlin[12]. Née en 1778 à Paris, Caroline Branchu laissait dire, comme Pauline Duchambge, qu'elle était née aux Antilles[4] et a affirmé s'être mariée à 17 ans[13]. Plusieurs biographies fournissent des éléments d'état civil erronés[14] - [3] - [15] - [16].

Avec son mari Isaac Branchu, ils ont deux enfants, Henri (mort en mai 1818) et Paméla[17] - [18] - [19]. Isaac Branchu est atteint de démence[20] et meurt en novembre 1824 à Montmartre[4].

Jugements

  • Berlioz qui voyait en elle « la tragĂ©die lyrique incarnĂ©e », louait « le type de ces voix de soprano, pleines et retentissantes, douces et fortes, capables de dominer les chĹ“urs et l’orchestre et pouvant s’éteindre jusqu’au murmure le plus affaibli de la passion timide, de la crainte et de la rĂŞverie. »
  • Le critique musical François-Joseph FĂ©tis Ă©crit, en 1860 : « Toutes les qualitĂ©s se trouvaient rĂ©unies en elle… la puissance, l’étendue de la voix, un large et beau mĂ©canisme de chant, un sentiment expressif et dramatique, enfin un jeu de physionomie intelligent et passionnĂ©, tels Ă©taient les avantages par lesquels elle conquit d’abord la faveur du public. L’impression qu’elle produisait Ă©tait irrĂ©sistible dans son rĂ´le de dĂ©but (Didon), dans ceux d’Alceste, de la Vestale, d’Ipermestre dans les DanaĂŻdes. Quels que fussent ses succès, elle ne les considĂ©ra que comme des engagements envers le public. Ses Ă©tudes ne se ralentirent pas et jusqu’à la fin de sa carrière, elle reçut les conseils de Garat qui lui avait transmis ses belles traditions. »

Sources

  • Francis Ambrière, Le Siècle des Valmore, Seuil, Paris, 1987.
  • Francis Ambrière, Marceline Desbordes-Valmore et les siens, Seuil, Paris, 1987.
  • Patrick Barbier, La Vie quotidienne Ă  l’opĂ©ra au temps de Rossini et Balzac, Hachette, Paris, 1987.
  • AndrĂ© Rouanet de Vigne-Lavit, Caroline Branchu de Lavit, diva de l’OpĂ©ra et amie de NapolĂ©on, Centre de gĂ©nĂ©alogie et d’histoire des Isles d’AmĂ©rique, Cahier no 40, .

Notes et références

  1. Acte naissancearchives.paris.fr (p. 10/51)
  2. Acte décès archives.paris.fr (p. 70/300)
  3. André Gavoty, « La cantatrice Branchu et le premier consul », Revue des Deux Mondes (1829-1971),‎ , p. 126–135 (ISSN 0035-1962, lire en ligne, consulté le )
  4. Francis Ambrière, Le siècle des Valmore : Marceline Desbordes-Valmore et les siens, Seuil, (ISBN 2-02-009629-3 et 978-2-02-009629-4, OCLC 17805911, lire en ligne)
  5. Laure Junot, duchesse d'Abrantès, Mémoires de Madame la duchesse d'Abrantès, ou Souvenirs historiques sur Napoléon : la Révolution, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Restauration, 1831-1835 (lire en ligne), Tome 3, p. 195
  6. Acte de mariage archives.paris.fr (p. 39/49)
  7. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 1443
  8. Eugène Vial, Marceline Desbordes-Valmore et ses amis lyonnais, d'après une série de lettres inédites, Paris, La Connaissance, (lire en ligne), p. 96
  9. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Paris, Mémoire et Documents, Versailles, , 870 p., 25 cm (ISBN 978-2-91461-148-0, OCLC 470550471), p. 146
  10. « Jean-Joseph Chevalier de Lavit », sur sites.rootsweb.com (consulté le )
  11. « Martonne Valentin », sur sites.rootsweb.com (consulté le )
  12. « Jean Koechlin », sur www.koechlin.net (consulté le )
  13. Caroline Branchu, [Biographie] (manuscrit autographe) (lire en ligne), p. 3
  14. L’Assemblée nationale, (lire en ligne)
  15. Société internationale de musique, Section de Paris, « Le Mercure musical », sur Gallica, (consulté le ), p. 365
  16. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire & documents, (ISBN 2-914611-48-X et 978-2-914611-48-0, OCLC 84152187, lire en ligne)
  17. « Caroline Chevalier de Lavit », sur sites.rootsweb.com (consulté le )
  18. « Fiche individuelle », sur flembrez.free.fr (consulté le )
  19. Fabrice Lembrez, « Caroline Chevalier de Lavit », sur Geneanet (consulté le )
  20. José Pons, Caroline Branchu à son zénith, dans Les Bayadères de Catel (Palazzetto Bru Zane, collection Opéra français, 2014).

Liens externes

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