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Carélien (cheval)

Le Carélien (en russe : карельская лошадь / Karel'skaya) est une race de poneys originaire de Carélie, une région d'Europe du Nord, entre le golfe de Finlande et la mer Blanche. Ce poney haut d'environ 1,40 m, à la grosse tête et au physique anguleux, appartient au groupe équin du Nord de la Russie. Réputé très rustique, il présente parfois des marques primitives sur sa robe.

Carélien
Carélien rouan de l'isthme de Carélie, type primitif haut de 1,30 m, photographié en 1909 pour le journal Karjalainen.
Carélien rouan de l'isthme de Carélie, type primitif haut de 1,30 m, photographié en 1909 pour le journal Karjalainen.
Région d’origine
Région Carélie Drapeau de la Finlande Finlande et Drapeau de la Russie Russie
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille Environ 1,40 m
Robe Rouan et marques primitives possibles
Caractère Rustique
Statut FAO (conservation) Éteinte
Autre
Utilisation traction

Il était autrefois employé dans l'agriculture et pour le transport, notamment à la traction de traîneaux. Intégré au système de croyances carélien, ce poney est perçu comme un animal sage doué d'une excellente mémoire. La race est désormais éteinte.

Terminologie

Ce poney est également nommé Karelian en anglais, la transcription de son nom en russe карельская лошадь étant Karel'skaya loshad'[1] - [2]. Une variété de cette race est connue sous le nom d'« Onega »[2] - [1]. En carélien (langue fennique), le mot heboińe désigne le cheval d'une manière plus générale[3].

Histoire

Cette race correspond vraisemblablement au cheval de type « Finlandais de l'Est » mentionné par les hippologues[4]. L'agronome Axel Alfthan (1862-1934) et le vétérinaire Kaarlo Gummerus (1840-1898) ont en effet caractérisé les chevaux de Finlande en deux types[4], celui de Finlande de l'Est ou Carélien, et le type central[5]. Ces deux types seraient restés identifiables jusqu’au début du XXe siècle[5].

Le Carélien n'a jamais disposé de registre généalogique[2]. Une chronique russe de 1338 mentionne la « Carélie des juments » (finnois : « Tamma-Karjala »), probablement pour indiquer un lieu d'élevage de chevaux de qualité[6] - [7].

La race est citée dans le récit de voyage du romancier britannique Andrew Soutar (en), comme étant un poney très courageux, facile à mener et infatigable ; l'auteur précise aussi que très peu de nourriture lui est fourni, et que sa capacité digestive est telle qu'il peut manger n'importe quoi et « aimer cela »[8]. En 1895, Annie Margaret Clive Bayley décrit aussi cette race dans son récit Vignette from Finland: Or, Twelve Months in Strawberryland, citant des trajets en traîneau et l'alimentation sommaire donnée à ces poneys[9].

Description

Le Carélien appartient au groupe des poneys du Nord de la Russie[2] - [10] - [1]. Au début du XXe siècle, sa taille moyenne est estimée à 1,40 m[4].

Il possède un corps robuste et anguleux, un garrot prononcé, une encolure courte et une grande tête[5].

La couleur de robe peut fortement varier[4]. Cependant, les poneys de Carélie ont la particularité, comme d'autres races autochtones du Nord de l'Europe, de pouvoir arborer des zébrures aux membres[11]. Ces poneys sont décrits comme forts et solides, rustiques, et de caractère têtu[4]. Leur capacité à se nourrir de peu a été soulignée[4].

Utilisations

Photo en noir et blanc montrant dans un paysage de neige des cheveux tirant des traineaux, au fond à droite des bâtiments
Traîneaux à Vyborg durant les années 1900.

Ces poneys servaient autrefois aux travaux agricoles dans les zones d'agriculture sur brûlis, où ils hersaient et labouraient le sol[4]. Ils étaient aussi mis à contribution pour le transport sur un territoire alors dépourvu de routes[4], en particulier pour tracter des traîneaux.

Les habitants de la Carélie recouraient historiquement à la marche à pieds ou bien au traîneau attelé en cas de besoin d'évacuation[12].

Diffusion de l'élevage

La race est indiquée comme locale, et comme native de l'ancienne URSS, dans la base de données DAD-IS[2]. Elle est, plus exactement, propre à la région de Carélie, situé à la frontière entre la Finlande et la Russie[13].

Les données de population les plus récentes, datées de 2006[2] et 2007[14], indiquent un effectif nul. L'étude menée par l'Université d'Uppsala, publiée en août 2010 pour la FAO, signale le Karelian Pony et l'Onega comme races de chevaux européennes locales et éteintes[15].

Le Carélien, incluant sa variété Onega, est également indiqué comme éteint dans la dernière édition de l'encyclopédie de CAB International (2016)[13], ainsi que dans l'encyclopédie Tous les chevaux du monde (2014) de Delachaux et Niestlé[16], dans le Guide des chevaux d'Europe (paru en 2016 chez le même éditeur)[17], enfin dans le dictionnaire de CAB International (2016)[13].

Dans la culture

Bien que la région soit théoriquement christianisée, les habitants de Carélie conservent, au XIXe siècle, des éléments de croyance plus anciens[18]. Maltraiter un cheval est très mal vu, car cela peut causer une vengeance du cheval ou de son esprit gardien, haltija[18]. Le cheval est par ailleurs localement perçu comme un animal sage et doué d'une excellente mémoire, capable d'un attachement important envers son lieu de vie (kotipaikkauskollinen, soit « loyal au lieu de son foyer ») et envers la famille qui s'en occupe, au point de percevoir à distance la mort de son maître[18]. Ces croyances influent sur le commerce des chevaux, car il est vu comme préférable de vendre un cheval lorsqu'il est très jeune[19]. Après une transaction impliquant un animal adulte, il était courant de faire appel à un rituel magique destiné à empêcher que l'animal puisse fuir son nouveau lieu de vie[19]. Le cheval est enfin perçu comme un animal en contact avec l'autre monde[19].

Notes et références

  1. Porter 2002, p. 185.
  2. DAD-IS.
  3. (en) M. Palander et H. Riionheimo, Imitating Karelian. On the Border of Language and Dialect, vol. 21, Finnish Literature Society, , p. 100.
  4. Leinonen 2017, p. 2.
  5. Ojala 1995, p. 48.
  6. Talaskivi 1977, p. 77-81.
  7. Arppe et Ristonmaa 1968, p. 9-12.
  8. (en) Andrew Soutar, With Ironside in north Russia, Arno Press, coll. « Russia observed », , 250 p., p. 210.
  9. (en) Annie Margaret Clive Bayley, Vignette from Finland : Or, Twelve Months in Strawberryland, Low, Marston, Limited, , 301 p., p. 188 ; 279.
  10. Porter et al. 2016, p. 479.
  11. (en) J. A. Lusis, « Striping patterns in domestic horses », Genetica, vol. 23, no 1, , p. 31–62 (ISSN 0016-6707 et 1573-6857, DOI 10.1007/bf01763802, lire en ligne, consulté le ).
  12. Anna-Kaisa Kuusisto-Arponen, « The mobilities of forced displacement: commemorating Karelian evacuation in Finland », Social & Cultural Geography, vol. 10, no 5, , p. 545–563 (ISSN 1464-9365, DOI 10.1080/14649360902974464, lire en ligne, consulté le ).
  13. Porter et al. 2016, p. 491.
  14. « Extinct breeds list », Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, (consulté le ).
  15. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 59 ; 66.
  16. Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5).
  17. Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Guide des chevaux d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02437-9).
  18. Leinonen 2017, p. 4.
  19. Leinonen 2017, p. 5.

Annexes

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • [Arppe et Ristonmaa 1968] (fi) Pentti Arppe et Simo Ristonmaa, Suomen raviurheilu [« Courses de chevaux finlandais »], K.J.Gummerus,
  • [Leinonen 2017] (en) Riitta-Marja Leinonen, « Living with Horses : Horse Agency in Human–Horse Cohabitation in Nineteenth-Century Finnish Swidden Culture », dans Shared Lives of Humans and Animals: Animal Agency in the Global North, Routledge, (DOI 10.4324/9781315228761-6, lire en ligne)
  • [Ojala 1995] (fi) Ilmari Ojala, Suomenhevonen : Alkuperän monet mahdollisuudet [« Cheval finlandais - ses nombreuses possibilités d'origine »], Tammen Suuri hevoskirja (Tammi), (ISBN 951-3-10515-6), p. 48–52
  • [Porter 2002] (en) Valerie Porter, « Karelian pony », dans Mason's World Dictionary of Livestock Breeds, Types and Varieties, CABI, (ISBN 085199430X et 9780851994307)
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453, lire en ligne), « Karelian pony », p. 471-472. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Talaskivi 1977] (fi) Soini Talaskivi, Suomalainen hevoskirja : hevoset ja ratsastus [« Livre finlandais des chevaux »], Otava, , 401 p. (ISBN 951-1-11242-2)
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