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Camps de Deir ez-Zor

Les camps de Deir ez-Zor sont des camps de concentration[1] situés en plein désert de Syrie et où des milliers de réfugiés arméniens ont été envoyés de force, au terme de marches de la mort, pendant le génocide arménien. Jesse B. Jackson, vice-consul des États-Unis à Alep, estime que les victimes arméniennes envoyées jusqu'à Deir ez-Zor et au sud de Damas comptaient 150 000 personnes, toutes pratiquement démunies[2].

Camps de Deir ez-Zor
Armrefugees.jpg
Réfugiés arméniens réunis autour du cadavre d'un cheval à Deir ez-Zor.
Présentation
Type Camps de concentration
Gestion
Créé par Gouvernement de l'Empire ottoman
Victimes
Type de détenus Déportés arméniens
Géographie
Pays Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman (à l'époque)
Drapeau de la Syrie Syrie (années 2000)
Région Désert de Syrie
Localité Deir ez-Zor
Coordonnées 35° 51′ nord, 38° 43′ est

Histoire

Le gouvernement de l'Empire ottoman persécute les Arméniens et force les populations à marcher jusqu'à la ville syrienne de Deir ez-Zor et le désert qui l'environne, sans proposer les installations et les provisions indispensables pour la survie de centaines de milliers de déportés arméniens pendant et après leurs marches forcées jusqu'à destination[3] - [4].

Les Arméniens qui ont survécu au génocide en 1915-1916 sont acheminés dans deux directions : soit vers Damas, soit le long de l'Euphrate jusqu'à Deir ez-Zor. Aux premiers stades du massacre, 30 000 Arméniens sont installés dans des camps autour de la ville de Deir ez-Zor. Ces réfugiés se trouvent sous la protection du gouverneur arabe Ali Suad Bey, puis les autorités ottomanes le remplacent par Salih Zeki Bey, connu pour ses actes cruels et barbares[5] - [6]. En arrivant à Deir ez-Zor, les réfugiés dont des femmes et des enfants cuisent de l'herbe et mangent des oiseaux morts[7]. À proximité d'un lieu appelé Deir ez-Zor se trouvait une grotte où étaient parqués les réfugiés au terme des marches de la mort en attendant qu'ils périssent de faim ; néanmoins, aucun « camp » n'a jamais été prévu pour les Arméniens[8].

D'après Minority Rights Group, « ceux qui avaient survécu au long voyage vers le sud étaient parqués dans d'immenses camps de concentration à ciel ouvert, dont le plus sinistre était celui de Deir-ez-Zor… où les victimes étaient réduites à la famine et tuées par des gardiens sadiques. Quelques victimes ont pu s'échapper grâce à la protection secrète d'Arabes alliés dans des villages au Nord de la Syrie »[9].

D'après Christopher J. Walker, « la "déportation" n'était que l'euphémisme d'une tuerie de masse. Il n'y avait aucune sorte d'approvisionnement prévu pour les réfugiés pendant leur trajet ou leur exil et, sauf quand ils parvenaient à corrompre les gardiens, l'accès à l'eau et à la nourriture était presque systématiquement refusé ». Les survivants des marches étaient envoyés entre Jarablous et Deir ez-Zor, « un camp de concentration à ciel ouvert, immense et horrible »[10].

Mémorial

Pèlerins arméniens commémorant le 94e anniversaire du génocide arménien dans le village syrien de Markada, près de Deir ez-Zor.

La ville de Markada, à 88 km de Deir ez-Zor, comporte une chapelle arménienne consacrée aux victimes du génocide[11].

Peter Balakian, dans The New York Times, déclare que « pour les Arméniens, Deir az-Zor revêt plus ou moins la même signification qu'Auschwitz. De manière différente, chacun de ces camps est l'épicentre de la mort et d'un processus systématique d'assassinat de masse, un lieu symbolique »[12].

Références

  1. (en) Rouben Paul Adalian (dir.), « American diplomatic correspondence in the age of mass murder: the Armenian Genocide in the US archives », dans Jay Winter, America and the Armenian Genocide of 1915, Cambridge University Press, , 317 p. (ISBN 978-0521829588, lire en ligne), p. 162
  2. (en) Anna Bramwell, Refugees in the Age of Total War, Routledge, 1988, p. 45
  3. (en) « Exiled Armenians starve in the desert; Turks drive them like slaves, American committee hears ;- Treatment raises death rate », The New York Times, (lire en ligne [archive du ]) (cited by (en) Justin McCarthy, The Turk in America: The Creation of an Enduring Prejudice, University of Utah Press, (ISBN 9781607810131, lire en ligne), p. 177)
  4. (en) Yael Danieli, International Handbook of Multigenerational Legacies of Trauma, Springer Science & Business Media, (ISBN 9780306457388, lire en ligne), p. 23 :
    « [Victims] were often held without food for days so they would be too weak to escape. »
  5. (en) Christopher J. Walker, Armenia: The Survival of a Nation, second edition, 1990, p. 223, 229
  6. (en) Hans-Lukas Kieser, Talaat Pasha: Father of Modern Turkey, Architect of Genocide, Princeton University Press, , 263 p. (ISBN 978-0-691-20258-7)
  7. A History of the Holocaust, by Saul S. Friedman, 2004, p. 330
  8. The First Moderns: Profiles in the Origins of Twentieth-century Thought, by William R. Everdell, University of Chicago Press, 1997, p. 124-125
  9. Merchants in Exile: The Armenians in Manchester, England, 1835-1935, by Joan George, Gomidas Institute (en), 2002, p. 164
  10. Armenia: The Survival of a Nation, by Christopher J. Walker, second edition, 1990, p. 210, 205
  11. Syria & Lebanon Handbook: The Travel Guide, by Ivan Mannheim, Footprint Travel Guides, 2001, p. 391
  12. Bones, by Peter Balakian, The New York Times, December 5, 2008

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Vahram Dadrian (trad. Agop J. Hacikyan), To the Desert : Pages from My Diary, Gomidas Institute Books, (1re éd. 2003), 428 p. (ISBN 978-1909382527)
  • (en) Hilmar Kaiser, Luther Eskijian et Nancy Eskijian, At the Crossroads of Der Zor : Death, Survival, and Humanitarian Resistance, Signalman Publishing, , 118 p. (ISBN 978-1940145723)
  • (en) Donald E. Miller et Lorna Touryan Miller, Survivors : An Oral History Of The Armenian Genocide, University of California Press, , 274 p. (ISBN 978-0520219564)

Documentaire

Liens externes

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