Accueil🇫🇷Chercher

Braquage de la banque de Tiflis

Un braquage de la banque de Tiflis survient le 13 juin 1907 ( dans le calendrier grégorien) dans la ville de Tiflis (aujourd'hui Tbilissi, capitale de la Géorgie). Une diligence de la banque, une filiale de la Banque d'État de l'Empire russe, est attaquée par les bolcheviks pour financer leurs activités révolutionnaires.

La place Erivan dans les années 1870 (aujourd'hui appelée place de la Liberté), lieu du braquage.

DĂ©roulement

Bien que les sociaux-dĂ©mocrates rejettent officiellement le terrorisme individuel et les attentats Ă  la bombe[1] - [N 1], l'attaque est orchestrĂ©e au plus haut niveau par des personnalitĂ©s bolcheviks, incluant LĂ©nine, Joseph Staline (qui a peut-ĂŞtre aussi participĂ© directement au braquage), Maxime Litvinov, Leonid Krassine et Alexandre Bogdanov, et effectuĂ©e par un groupe de rĂ©volutionnaires gĂ©orgiens menĂ©s par Kamo, compagnon et alliĂ© de Staline, et qui n'en Ă©tait pas Ă  son coup d'essai[2]. L'attaque est menĂ©e par un grand nombre d'assaillants (une trentaine). Elle tue quarante personnes et en blesse cinquante autres selon les archives officielles, pourtant peu suspectes d'exagĂ©ration[3]. Les braqueurs s'Ă©chappent avec 341 000 roubles. La police impĂ©riale annonça peu après que 100 000 roubles avaient Ă©tĂ© marquĂ©s[4]. LĂ©nine toucha au moins 140 000 roubles[5].

Conséquences

Selon l'historien britannique Simon Sebag Montefiore : « Le hold-up de Tiflis fit de Kamo un personnage de lĂ©gende, mais ses rĂ©percussions contribueraient Ă  Ă©branler le Parti social-dĂ©mocrate de Russie et, en 1918, elles menaceraient de porter encore atteinte Ă  Staline[6]. » L'affaire dĂ©clencha des jalousies et certains braqueurs exigèrent une restitution du butin, menaçant de s'en prendre Ă  un membre du comitĂ© central[5] s'ils n'obtenaient pas satisfaction. L'Ă©vĂ©nement frappe les esprits et trouve un Ă©cho dans la presse internationale, qui s'Ă©meut du carnage[7]. Un immense scandale Ă©branle Tiflis... et Saint-PĂ©tersbourg. La banque d'État ne savait pas elle-mĂŞme exactement combien on lui avait dĂ©robĂ© : 250 000 ou 350 000 roubles.

L'événement a aussi des répercussion dans le mouvement social-démocrate. Plusieurs commissions d'enquête sont nommées, en particulier par les mencheviks, pour déterminer qui est le véritable commanditaire du bain de sang. visant principalement Lénine et Staline qu'on n'arrive pourtant pas à relier directement au braquage. Staline devient personne non grata à Tiflis ; deux jours plus tard. il s'installe à Bakou.

Dès 1918, Staline fit tout pour étouffer le rôle qu'il avait joué dans ces « expropriations », et força les témoins au silence jusque dans les années 1930[8].

Le butin fut transféré à l'étranger. Simon Sebag Montefiore rapporte qu'une partie de la somme dérobée fut blanchie au Crédit lyonnais[9]. Pourtant, malgré une collaboration policière internationale, l'argent ne réapparut pas.

Notes et références

Notes

  1. Ce rejet de la violence terroriste n'est pas une simple gesticulation, mais repose sur des fondements théoriques défendus de longue date (Anna Geifman 1993, p. 84).

Références

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Roman Brackman, The Secret File of Joseph Stalin : a Hidden Life, Portland, Oregon, Psychology Press, (ISBN 978-0-7146-5050-0, lire en ligne)
  • (en) Anna Geifman, Thou Shalt Kill : Revolutionary Terrorism in Russia, 1894–1917, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, , 376 p. (ISBN 978-0-691-08778-8, lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Stephen F. Jones, Socialism in Georgian Colors : The European Road to Social Democracy, 1883–1917, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-01902-7, lire en ligne)
  • Simon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais par Jean-François SenĂ©), Le Jeune Staline, Paris, Calmann-LĂ©vy, , 501 p. (ISBN 978-2-7021-3926-4) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.