Boustan (Saadi)
Le Boustan (en persan : بوستان / Bustân [buːsˈtɒːn], « Jardin des fruits » ou « Verger »), aussi transcrit Boustân ou Bostan, est un recueil de poèmes et d'histoires écrit par le poète persan Saadi au XIIIe siècle. C'est son autre grande œuvre avec le Golestan (« Jardin des roses »).
Saadi a composé son Boustan peu après son retour à Chiraz, en 1257[1]. L'ouvrage est dédié, comme le Gulistan, à l'atabeg Abu Bakr ibn Saʿd (en)[2].
Contenu
Si le Golestan, malgré son originalité, a des précédents, le Boustan est unique en son genre[4]. Nasir al-Din Tusi a ouvert la voie à la littérature morale. Mais Saadi est le premier à en faire un genre poétique[5]. Son livre, qui adopte la forme poétique du masnavi[6], est composé en vers[7]. Sa'di choisit le même mètre que Firdousi dans son Chah Nameh, le mutaqārib, typiquement persan, mais pas forcément lié au genre de l'épopée héroïque[8]. Le Boustan comporte dix chapitres :
- Des devoirs des rois ; de la justice et du bon gouvernement ; règles de politique et de stratégie.
- De la bienfaisance.
- L'amour mystique et la voie spirituelle.
- De l'humilité.
- Résignation.
- Modération dans les désirs et renoncement.
- Influence de l'éducation.
- De la reconnaissance envers Dieu.
- Repentir.
- Prières et conclusion[9].
Chacun des chapitres est constitué de plusieurs hekayat, que l'on a traduit par « historiettes », « contes » ou « anecdotes »[10]. Ces poèmes et histoires de Saadi traitent de sujets comme l'amour, la piété, la générosité. Le poète persan critique l'épopée pour ses aspects violents et guerriers. La forme qu'il adopte dans le Boustan lui permet d'aborder des sujets variés, sans être tenu à un sujet directeur, comme ce serait le cas avec la forme épique[11]. Il se donne pour objectif d'édifier, de mener l'auditeur vers la sagesse. Alors que dans le Golestan, Saadi fait la part belle aux récits, qui illustrent son enseignement moral, dans le Boustan la prééminence est donnée à la dimension morale. De la sorte, le Boustan échappe à la facilité dans laquelle tombe parfois le Golestan, mais sa lecture est moins aisée[12] - [13].
Le Golestan est plus réaliste, et décrit la société réelle, tandis que le Boustan est plus idéaliste[14].
L'inspiration mystique y est plus prononcée que dans le Gulistan[15].
Postérité
Le Boustan n'a été connu en Europe que bien après le Golestan[15]. Il a été traduit pour la première fois en français, en intégralité, par Charles Barbier de Meynard en 1880, alors que le Golestan était connu depuis le XVIIe siècle[16].
Éditions
- Saâdi, Le Jardin des Fruits. Histoires édifiantes et spirituelles, Paris, Gallimard, « Folio Sagesses », 2015 (1915), trad. Franz Toussaint.
Notes et références
- (en-US) Paul Losensky, « Saʿdi », sur iranicaonline.org, (consulté le )
- Henri Massé, Essai sur le poète Saadi, suivi d'une bibliographie, Paul Geuthner, (lire en ligne), p. 79-80
- Miniature Painting - The David Collection.
- R. Davis. « Saʿdi » in The encyclopædia of islam, vol. 8, p. 720.
- Henri Massé, p. 262.
- Jan Rypka. « The poets and prose writers of the late saljuq and mongol periods » in The Cambridge history of Iran, vol. 5, chap. 8, p. 598.
- Arefeh Hedjazi, « Saadi, le poète humaniste du XIIIe siècle », La revue de Téhéran, (lire en ligne)
- (en) Gabrielle van den Berg, « Early Persian Verse Romances in Mutaqārib : Form, Structure, Contents », Iranian Studies, , p. 1–16 (ISSN 0021-0862 et 1475-4819, DOI 10.1017/irn.2022.39, lire en ligne, consulté le )
- Saadi et Charles Barbier de Meynard (traducteur), Le jardin des roses et des fruits, Libretto, (ISBN 978-2-36914-426-7)
- Adel KHANYABNEJAD, Saadi et son œuvre dans la littérature française du XVIIe siècle à nos jours, Université Sorbonne nouvelle, 2009 (lire en ligne), p. 27-28 et 31.
- Jan Rypka, p. 598.
- Henri Massé, p. 128-129.
- (en-US) G. Michael Wickens, « Būstān », sur iranicaonline.org, (consulté le )
- (fa) داريوش رحمانيان, « سعدي و سياست (« Saadi et la politique ») » [archive], sur www.mehrnameh.ir, (consulté le )
- Henri Massé, Essai sur le poète Saadi, suivi d'une bibliographie, Paris, paul Geuthner, (lire en ligne), p. 125
- Saʿadī (1193-1292?) Auteur du texte, Le Boustan, ou Verger : poème persan / de Saadi ; traduit pour la première fois en français, avec une introduction et des notes, par A.-C. Barbier de Meynard,..., (lire en ligne)