Bourbon (1719)
Le Bourbon est un navire de guerre français en service de 1719 à 1741. C'est un vaisseau de troisième rang, portant 74 canons sur deux ponts. Il fait partie de ce petit nombre de bâtiments lancés dans les vingt-cinq premières années du règne de Louis XV, période de paix marquée par de faibles crédits pour la Marine[2]. Bien que portant 74 canons, il n'a rien à voir avec la classe dite des « vaisseaux de 74 canons » sortie des arsenaux à partir de 1743-1744 et dont la conception est très différente. Comme les autres vaisseaux de guerre lancés à cette époque, il passe le plus clair de son temps à quai. Il est perdu par naufrage en 1741, au retour d'une mission dans les Antilles.
Bourbon | |
Le Bourbon (sans date précise) | |
Type | Vaisseau de ligne |
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Histoire | |
A servi dans | Marine royale française |
Commanditaire | Royaume de France |
Chantier naval | HĂ©lie, Brest |
Lancement | 1719 |
Statut | Perdu corps et biens Ă hauteur d'Ouessant le [1] |
Équipage | |
Équipage | 700 hommes environ |
Caractéristiques techniques | |
Tonnage | 1 500 tonneaux |
Propulsion | Voile |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 74 canons : 26 canons de 36 livres, 28 canons de 18 livres, 16 canons de 8 livres, 4 canons de 4 |
La carrière du vaisseau
En 1739, vingt ans après son lancement, le Bourbon appareille pour sa première mission. Il est décrit comme ayant de bonnes qualités nautiques[3]. Le marquis d'Antin, vice-amiral du Ponant, le prend comme navire de commandement d’une division de quatre vaisseaux à destination de la mer Baltique[4]. Elle mouille successivement à Stockholm et à Copenhague. Il s’agit d’une mission de représentation diplomatique auprès des cours de Suède et du Danemark afin de leur témoigner les sentiments de sympathie de la cour de France. Cette mission dure de mai à [4].
En 1740, alors que la tension monte de nouveau entre la France et l'Angleterre, le bâtiment est envoyé aux Antilles dans l'escadre de d'Antin pour y faire une démonstration de force. Le Bourbon est placé sous les ordres du marquis de Boulainvillier[1]. L'expédition est un succès car elle oblige les Anglais à suspendre leurs opérations militaires contre les Espagnols. Cependant, le Bourbon, comme le reste de l'escadre est miné par l’épidémie de fièvre tropicale qui décime les équipages.
Le vaisseau, déjà ancien, fait beaucoup d'eau. Au retour sur Brest, la situation s'aggrave. Le , il devient impossible de faire fonctionner les pompes[1]. Se rendant compte que le navire est perdu, son commandant fait mettre à l'eau la chaloupe et le canot sur lesquels embarquent 23 officiers et marins sous prétexte d'aller chercher du secours. Pour ne pas créer de mouvement de panique, Boulainvilliers n'embarque pas, mais réussit à faire monter son fils sur la chaloupe[1]. Une demi-heure après, sous les yeux de ce petit groupe d'hommes, le Bourbon sombre avec son commandant et le reste de l'équipage à hauteur d'Ouessant[1].
TĂ©moignage sur la fin du Bourbon
Une quarantaine d'années après le naufrage, le comte d’Estaing rend une note qui lui a été inspirée par le témoignage de Boulainvilliers de Croy, devenu entre-temps capitaine de pavillon sur le Languedoc, l'un des vaisseaux de son escadre en Amérique. Il y rappelle :
« la conduite de son père qui s’immola sur le Bourbon, qui ne voulut point abandonner ce vaisseau coulant sous ses pieds, qui nomma froidement ceux qu’il arrachait à une mort certaine en les faisant embarquer dans le canot ou dans la chaloupe où il ne voulut point entrer, parce que son devoir de capitaine l’en empêchait, et parce que, s’il eût abandonné son vaisseau, la foule qu’il n’aurait pu contenir aurait submergé les deux embarcations[5]. »
Notes
- Lacour-Gayet 1910, p. 138-139.
- Meyer et Acerra 1994, p. 80.
- Dans le Journal d'un militaire y ayant embarqué en 1739. Lacour-Gayet 1910, p. 139.
- Lacour-Gayet 1910, p. 120.
- Cité par Lacour-Gayet 1910, p. 139.
Source
- Archives nationales de France, Marine G-24, Liste des vaisseaux du Roy au .
- Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325)
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
- Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, (1re éd. 1902) (lire en ligne).
- Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)