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Boule de glu

En physique des particules, une boule de glu, ou glueball en anglais, est une particule composite hypothĂ©tique[1]. Elle serait constituĂ©e uniquement de gluons sans quarks de valence. Un tel Ă©tat est possible car les gluons sont porteurs d'une charge de couleur et soumis Ă  l'interaction forte. Comme elles se mĂ©langent avec les mĂ©sons ordinaires, les boules de glu sont extrĂȘmement difficiles Ă  identifier au sein des accĂ©lĂ©rateurs de particules[2].

Diagramme de Feynmann, exposant la désintégration d'une boule de glu en deux pions.

Les calculs thĂ©oriques montrent que des boules de glu devraient se former Ă  des Ă©nergies accessibles avec les collisionneurs actuels. Cependant, Ă  cause — entre autres — des difficultĂ©s mentionnĂ©es, elles n'ont Ă  ce jour (2013) toujours pas Ă©tĂ© observĂ©es et identifiĂ©es avec certitude[3]. La prĂ©diction de l'existence des boules de glu est l'une des plus importantes prĂ©dictions du modĂšle standard de la physique des particules qui n'a pas encore Ă©tĂ© confirmĂ©e expĂ©rimentalement[4].

Propriétés des boules de glu

En principe, il est possible de calculer exactement toutes les propriĂ©tĂ©s des boules de glu, directement Ă  partir des Ă©quations et des constantes fondamentales de la chromodynamique quantique (CDQ) sans avoir Ă  mesurer de nouvelles valeurs. Les propriĂ©tĂ©s supposĂ©es de ces particules hypothĂ©tiques peuvent ĂȘtre dĂ©crites avec un luxe de dĂ©tails en utilisant le modĂšle standard, modĂšle qui bĂ©nĂ©ficie d'une large acceptation au sein de la physique thĂ©orique. En pratique cependant, les calculs de CDQ sont si complexes qu'on a toujours recours Ă  des approximations numĂ©riques pour en dĂ©terminer les solutions (avec des mĂ©thodes trĂšs diffĂ©rentes). De plus les incertitudes considĂ©rables sur les mesures de certaines constantes physiques clĂ©s peuvent mener Ă  des variations dans les prĂ©dictions thĂ©oriques des propriĂ©tĂ©s des boules de glu telles que leur masse, leur rapport de branchement ou leur dĂ©sintĂ©gration.

Particules constitutives et charge de couleur

Les études théoriques des boules de glu se sont concentrées sur les boules composées de deux ou trois gluons par analogie avec les mésons et les baryons qui ont respectivement deux et trois quarks. Comme les mésons et les baryons, les boules de glu seraient neutres de couleur (c'est-à-dire d'isospin nul). Le nombre baryonique d'une boule de glu est 0.

Spin : Moment angulaire total

Les boules de glu Ă  deux gluons peuvent avoir un spin (J) de 0 (ce sont alors des scalaires ou des pseudo scalaires) ou de 2 (tenseurs). Les boules de glu Ă  trois gluons peuvent avoir un spin (J) de 1 (boson vecteur) ou 3. Toutes les boules de glu ont des spins entiers ce qui signifie que ce sont des bosons.

Les boules de glu sont les seules particules prédites par le modÚle standard avec un spin de 2 ou 3 dans leur état fondamental bien que des mésons faits de deux quarks avec J=0 et J=1 et des masses similaires ont été observés et des états excités d'autres mésons peuvent avoir une telle valeur de spin.

Des particules fondamentales avec un fondamental de spin 0 ou 2 sont faciles Ă  distinguer d'une boule de glu. L'hypothĂ©tique graviton, bien qu'ayant un spin de 2 serait de masse nulle et dĂ©nuĂ© de charge de couleur le rendant aisĂ©ment distinguable. Le boson de Higgs pour lequel une masse d'environ 125-126 GeV/c2 a Ă©tĂ© expĂ©rimentalement mesurĂ©e (bien que la particule observĂ©e n'a pas encore Ă©tĂ© dĂ©finitivement identifiĂ©e comme un boson de Higgs) est la seule particule fondamentale de spin 0 dans le modĂšle standard, elle n'a pas non plus de charge de couleur et n'est donc pas soumise Ă  l'interaction forte. Le boson de Higgs a en outre une masse 25 Ă  80 fois plus importante que les diffĂ©rentes boules de glu prĂ©dites par le modĂšle.

Charge Ă©lectrique

Toutes les boules de glu ont une charge Ă©lectrique nulle puisque les gluons eux-mĂȘmes n'ont pas de charge Ă©lectrique.

Masse et parité

La chromodynamique quantique prĂ©dit des boules de glu massives, bien que les gluons eux-mĂȘmes soient de masse nulle au repos dans le modĂšle standard. Des boules de glu avec les quatre combinaisons possibles de nombres quantiques P (paritĂ©) et C (paritĂ© C (en)) pour chaque moment angulaire total (J) ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es produisant ainsi une quinzaine d'Ă©tats possibles pour les boules de glu incluant les Ă©tats excitĂ©s ayant des nombres quantiques similaires mais des masses diffĂ©rentes. Les Ă©tats les plus lĂ©gers auraient des masses aussi faibles que 1,4 GeV/c2 (boule de glu d'Ă©tat quantique J=0, P=+, C=+), et les plus lourdes atteindraient 5 GeV/c2 (Ă©tat quantique J=0, P=+, C=-)[5].

Ces masses sont du mĂȘme ordre de grandeur que celles de nombreuses particules observĂ©es expĂ©rimentalement : mĂ©sons, baryons, lepton tau, quark charm, quark bottom et certains isotopes de l'hydrogĂšne ou de l'hĂ©lium.

Stabilité et mode de désintégration

À l'instar de tous les mĂ©sons et baryons du modĂšle standard, Ă  l'exception du proton, toutes les boules de glu prĂ©dites seraient instables lorsqu'elles sont isolĂ©es. DiffĂ©rents calculs de chromodynamique quantique prĂ©disent les largeurs de dĂ©croissances totales (une quantitĂ© liĂ©e Ă  la demi-vie) pour diffĂ©rents Ă©tats des boules de glu. Ces calculs font aussi des prĂ©dictions sur les motifs de dĂ©croissances[6] - [7]. Par exemple, les boules de glu ne peuvent pas se dĂ©sintĂ©grer par radiation ou en Ă©mettant deux photons, mais pourraient se dĂ©sintĂ©grer en Ă©mettant une paire de pions, une paire de kaons ou une paire de mĂ©sons ĂȘta[6].

Impact sur la physique macroscopique des basses Ă©nergies

Comme les boules de glu prĂ©dites par le modĂšle standard sont extrĂȘmement Ă©phĂ©mĂšres (elles se dĂ©sintĂšgrent presque immĂ©diatement en des produits plus stables) et ne sont gĂ©nĂ©rĂ©es que dans une physique des hautes Ă©nergies, les boules de glu ne peuvent ĂȘtre produites que synthĂ©tiquement dans des conditions aisĂ©ment observables sur Terre. Elles sont donc scientifiquement importantes car elles fournissent une prĂ©diction vĂ©rifiable du modĂšle standard et non pas pour leur impact sur les processus macroscopiques.

Simulations de chromodynamique sur réseau

La thĂ©orie des champs sur rĂ©seau (en) fournit une mĂ©thode pour Ă©tudier thĂ©oriquement le spectre des boules de glu Ă  partir des principes fondamentaux. Certaines des premiĂšres quantitĂ©s calculĂ©es en utilisant les techniques de chromodynamique quantique sur rĂ©seau (en 1980) Ă©taient des estimations de la masses des boules de glu[8]. Morningstar et Peardon[9] calculĂšrent en 1999 la masse des boules de glu les plus lĂ©gĂšres sans quark dynamique. Les trois Ă©tats les plus lĂ©gers sont donnĂ©s ci-dessous. La prĂ©sence de quarks dynamiques modifierait lĂ©gĂšrement ces valeurs mais rendrait les calculs plus difficiles encore. Depuis, les calculs de chromodynamique (sur rĂ©seau avec rĂšgles additives) ont trouvĂ© que les boules de glu les plus lĂ©gĂšres sont des scalaires de masses comprises entre 1 000 et 1 700 MeV[10].

JP'C masse
0++ 1 730 Â± 80 MeV/c2
2++ 2 400 Â± 120 MeV/c2
0−+ 2 590 Â± 130 MeV/c2

Candidats expérimentaux

Les expĂ©riences menĂ©es sur des accĂ©lĂ©rateurs de particules sont souvent capables d'identifier des particules composites instables et de leur attribuer une masse avec une prĂ©cision de l'ordre du MeV/c2 sans pour autant ĂȘtre capables de dĂ©terminer immĂ©diatement toutes les propriĂ©tĂ©s correspondantes Ă  la rĂ©sonance observĂ©e. Si les particules dĂ©tectĂ©es dans certaines expĂ©riences sont indubitables, d'autres restent encore hypothĂ©tiques. Certaines de ces particules candidates pourraient ĂȘtre des boules de glu bien que les preuves ne soient pas irrĂ©futables. On compte notamment :

  • X(3020) observĂ©es par la collaboration BaBar pourraient ĂȘtre une boule de glu d'Ă©tat 2-+, 1+- ou 1-- avec une masse autour de 3,02 GeV/c2[4].
  • f0(500)/σ -- les propriĂ©tĂ©s de cette particule pourraient ĂȘtre celles d'une boule de glu de masse entre 1 000 et 1 500 MeV/c2[11].
  • f0(980) -- la structure de cette particule composite est en adĂ©quation avec l'existence d'une boule de glu lĂ©gĂšre[11].
  • f0(1370) -- l'existence de cette rĂ©sonance est discutĂ©e, mais elle pourrait ĂȘtre une candidate pour une boule de glu-mĂ©son d'Ă©tats mĂ©langĂ©s[11].
  • f0(1500) -- l'existence de cette rĂ©sonance est largement acceptĂ©e, mais sa validation comme boule de glu-mĂ©son d'Ă©tats mĂ©langĂ©s ou pure n'est pas fermement Ă©tablie[11].
  • f0(1710) -- l'existence de cette rĂ©sonance est largement acceptĂ©e, mais sa validation comme boule de glu-mĂ©son d'Ă©tats mĂ©langĂ©s ou pure n'est pas fermement Ă©tablie[11].
  • Les jets de gluons de l'expĂ©rience du LEP sont en excĂšs de clusters Ă©lectromagnĂ©tiques neutres de 40 % par rapport aux prĂ©dictions thĂ©oriques ce qui suggĂšre que des particules Ă©lectromagnĂ©tiques neutres attendues dans des environnements riches en gluons telles que les boules de glu pourraient y ĂȘtre prĂ©sentes[11].

Nombre de ces candidats font le sujet de recherches actives depuis le milieu des années 1990[6]. L'expérience GlueX (en), prévues pour 2014, a été conçue pour produire des preuves expérimentales définitives sur l'existence des boules de glu.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Glueball » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Frank Close et Phillip R. Page, "Glueballs", Scientific American, vol. 279 no 5 () p. 80–85.
  2. (en) Vincent Mathieu, Nikolai Kochelev et Vicente Vento, « The Physics of Glueballs », International Journal of Modern Physics E (nl), vol. 18,‎ , p. 1-49 (DOI 10.1142/S0218301309012124, arXiv 0810.4453).
  3. (en) Wolfgang Ochs, "The Status of Glueballs" J.Phys.G: Nuclear and Particle Physics 40, 67 (2013) DOI 10.1088/0954-3899/40/4/043001 lire en ligne[PDF].
  4. (en) Y.K. Hsiao, C.Q. Geng, "Identifying Glueball at 3.02 GeV in Baryonic B Decays" (Version 2: ) lire en ligne.
  5. (en) Wolfgang Ochs, "The Status of Glueballs" J.Phys.G: Nuclear and Particle Physics 40, 6 (2013) DOI: 10.1088/0954-3899/40/4/043001 lire en ligne[PDF].
  6. (en) Walter Taki, "Search for Glueballs" (1996) lire en ligne[PDF].
  7. (en) See, e. g., Walaa I. Eshraim, Stanislaus Janowski, "Branching ratios of the pseudoscalar glueball with a mass of 2.6 GeV", prepared for Proceedings of Confinement X - Conference on Quark Confinement and the Hadron Spectrum (Munich/Germany, 8-12 October 2012) (pre-print published January 15, 2013) lire en ligne.
  8. (en) B. Berg. Plaquette-plaquette correlations in the su(2) lattice gauge theory. Phys. Lett., B97:401, 1980.
  9. (en) Colin J. Morningstar et Mike Peardon, « Glueball spectrum from an anisotropic lattice study », Physical Review D, vol. 60, no 3,‎ , p. 034509 (DOI 10.1103/PhysRevD.60.034509, Bibcode 1999PhRvD..60c4509M, arXiv hep-lat/9901004).
  10. (en) Wolfgang Ochs, "The status of glueballs" Source: JOURNAL OF PHYSICS G-NUCLEAR AND PARTICLE PHYSICS Volume: 40 Issue: 4 Article Number: 043001 DOI: 10.1088/0954-3899/40/4/043001 Published: APR 2013.
  11. (en) Wolfgang Ochs, « The status of glueballs », Journal of Physics G (en), vol. 40, no 4,‎ , p. 043001 (DOI 10.1088/0954-3899/40/4/043001, Bibcode 2013JPhG...40d3001O, arXiv 1301.5183).

Voir aussi

Articles connexes

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