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Beta-Gerät

Le Beta-Gerät, désigné officiellement 30,5 cm schwerer Küstenmörser L/8, est un mortier de siège développé par Krupp et l’Artillerie-Prüfungskommission de l’armée impériale allemande.

30,5 cm schwerer Küstenmörser L/8
Beta-Gerät
Image illustrative de l'article Beta-Gerät
Caractéristiques de service
Type mortier de siège
Utilisateurs Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Conflits Première Guerre mondiale
Production
Concepteur Krupp AG
Artillerie-PrĂĽfungskommission (APK)
Constructeur Krupp AG
Exemplaires produits 9
Caractéristiques générales
Poids du canon et de l'affĂ»t 30 tonnes
Longueur en calibre L/8
Support Affût sur fondations
Calibre 305 mm
Cadence de tir 15 coups/heure
PortĂ©e maximale 8 200 m
Alimentation manuelle

Historique

DĂ©veloppement initial

Au cours des années 1880, le général von Moltke alerte du fait que l’armée impériale allemande ne dispose pas d’artillerie capable de réduire les nouveaux forts français, belges et russes. Ainsi, l’alliance franco-russe met l’Allemagne en danger d’être enfermée par une ceinture hermétique de fortifications en cas de conflit[1]. Afin de résoudre ce problème, l’Artillerie-Prüfungskommission (APK), organisme supervisant le développement et la production de l’artillerie pour l’armée allemande conclu un partenariat avec l’entreprise Krupp pour mettre au point une série de pièces d’artillerie de siège[2].

Les recherches s’orientent en 1893 sur les KĂĽstenmörser, des mortiers qui avaient Ă©tĂ© conçus dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes pour dĂ©fendre les cĂ´tes contre les navires cuirassĂ©s. L’idĂ©e est que les projectiles de gros calibre tirĂ©s par ces mortiers pourraient tout aussi bien traverser la carapace en bĂ©ton d’un fort que le pont blindĂ© d’un cuirassĂ©. Le fruit de cette rĂ©flexion est un mortier de calibre 30,5 cm qui est acceptĂ© pour le service en 1897 sous le nom de schwerer KĂĽstenmörser L/8 Beta-Gerät, le but de cette dĂ©signation en tant que « mortier cĂ´tier lourd » et « Ă©quipement bĂŞta » Ă©tant de masque son vĂ©ritable rĂ´le[2].

Dès sa mise en service, de sérieux doutes existent dans l’armée allemande quant à la capacité du Beta-Gerät à détruire les forts modernes, les résultats des tests ayant été mitigés. Faute de mieux, six pièces sont tout-de-même produites en 1898. Quelques années plus tard, le siège de Port-Arthur pendant la guerre russo-japonaise montre que ce type d’artillerie permet de faciliter la prise de fortifications, ce qui incite les Allemands à se doter de trois pièces supplémentaires en 1906[3].

Amélioration du concept

Afin de rĂ©soudre les problèmes de performance, l’état-major demande en Ă  Krupp d’amĂ©liorer la pièce. Il en rĂ©sulte en 1909 le schwerer KĂĽstenmörser 09, ou Beta-Gerät 09. Celui-ci est de conception totalement diffĂ©rente, avec un affĂ»t plus grand, un nouveau système d’absorption du recul et un tube plus long. Si les performances balistiques du nouveau modèles sont meilleures, le calibre identique de 30,5 cm reste toutefois insuffisant pour pĂ©nĂ©trer le blindage des forts. En raison de ce problème, la production du Beta 09 est arrĂŞtĂ©e au printemps 1910, après que seulement deux exemplaires aient Ă©tĂ© construits. L’armĂ©e allemande se tourne alors vers le Gamma-Gerät, dont le calibre de 42 cm offre de meilleures chances de succès[4].

Organisation

Les Beta-Gerät ont été organisés en batteries appelées SKM, pour schwere Küstenmörser. Le nombre d’exemplaires produits a permis de constituer cinq batteries de deux pièces, les quatre premières étant équipées de Beta-Gerät et la cinquième de Beta-Gerät 09, tandis qu’une pièce a été conservée en réserve[5].

Caractéristiques

Description

Le Beta-Gerät est un mortier de calibre 30,5 cm Ă  chargement par la culasse et affĂ»t sur fondations. L’usage d’un tel affĂ»t s’explique par la masse de 30 t de la pièce, qui nĂ©cessite une prĂ©paration spĂ©ciale du terrain. Il s’agit de la première de gros calibre allemande Ă  ĂŞtre dotĂ©e d’un système d’absorption du recul, bien que celui-ci soit encore rudimentaire et fonctionne sur le principe de la gravitĂ©[2].

L’arme dispose d’un tube court d’environ 2,5 m et dispose ainsi d’une portĂ©e limitĂ©e Ă  8 200 m, soit moins que les armes lourdes des forts français[2]. Ă€ chaque tir, le canon est placĂ© Ă  l’horizontal et chargĂ© par la culasse avec l’obus, puis une douille en laiton contenant les charges propulsives, qui prennent la forme de petits paquets de poudre. La pièce est pointĂ©e en azimut par l’intermĂ©diaire d’une plaque tournante montĂ©e sur l’embase, puis en Ă©lĂ©vation entre 50° et 60°. La prĂ©cision est ensuite progressivement ajustĂ©e au fur et Ă  mesure des tirs par des corrections plus fines du pointage et l’ajustement de la portĂ©e par l’augmentation ou la rĂ©duction de la charge propulsive[6].

Malgré ses défauts, le Beta-Gerät a toutefois l’avantage d’être une arme simple et fiable, avec une bonne cadence de tir, à environ un obus toutes les quatre minutes, soit quinze par heure[3].

Transport et emplacement

La masse de la pièce réduit grandement sa mobilité. Pour pouvoir être transportée, celle-ci doit en effet être démontée en trois parties : le tube, l’affût et l’embase. En y ajoutant les matériaux nécessaires à la construction des fondations et les munitions, une seule pièce nécessite six wagons de chemins de fer pour être déplacée sur de longues distances et une batterie complète pas moins de trente-et-un wagons. Une fois arrivé au plus près par chemin de fer, les éléments sont transportés par un chemin de fer à voie étroite[6]. Pour tenter d’améliorer la mobilité, les batteries SKM 2 et SKM 5 sont dotés à partir de 1912 de tracteurs à vapeur permettant de déplacer les éléments par la route[5].

Une fois sur place, le terrain est dégagé de la végétation et nivelé. Une fosse est ensuite creusée et aménagée avec des poutres en bois. L’embase est alors boulonnée sur ces poutres, puis l’affût et le tube sont assemblés. En tout, la préparation du terrain et l’assemblage de l’arme prennent environ douze heures, si les conditions sont favorables[6].

Beta-Gerät 09

Bien qu’étant issu du mĂŞme projet, le Beta-Gerät 09 est très diffĂ©rent du Beta-Gerät original et plus proche du Gamma-Gerät, qui en est une version agrandie. En dĂ©pit d’un calibre identique, le Beta 09 dispose d’un affĂ»t plus grand et supportant un tube de 16 calibres, soit m de long. Par consĂ©quent, sa masse est considĂ©rablement plus Ă©levĂ©e et atteint 45 t, ce qui le rend encore plus difficile Ă  transporter. Ainsi, chaque pièce nĂ©cessite cinq wagons de chemin de fer et une batterie trente-sept[4].

Le Beta 09 bĂ©nĂ©ficie en revanche de performances balistiques amĂ©liorĂ©es : le tir est plus prĂ©cis et peut porter jusqu’à 12 000 m. Il dispose Ă©galement d’amĂ©liorations technologiques avec une fermeture de culasse Ă  vis et de freins de recul pneumatiques[4].

Références

  1. Romanych 2013, p. 6.
  2. Romanych 2013, p. 7.
  3. Romanych 2013, p. 7-8.
  4. Romanych 2013, p. 10.
  5. Romanych 2013, p. 11.
  6. Romanych 2013, p. 8.

Annexes

Bibliographie

  • (en) M. Romanych et M. Rupp, 42cm "Big Bertha" and German Siege Artillery of World War I, Londres, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-78096-017-3).
  • (de) Gerhard Taube, Die schwersten Steilfeuer-GeschĂĽtze, 1914-1945 : Geheimwaffen "Dicke Berta" und "Karl", Stuttgart, Motorbuch Verlag, , 157 p. (ISBN 978-3-87943-811-2).

Articles connexes

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