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Benjamin Tarnowsky

Benjamin MikhaĂŻlovitch Tarnowsky (en russe : Đ’Đ”ĐœĐžĐ°ĐŒĐžĐœ МохаĐčĐ»ĐŸĐČоч ĐąĐ°Ń€ĐœĐŸĐČсĐșĐžĐč) est un mĂ©decin vĂ©nĂ©rologue et sexologue russe nĂ© le Ă  Koursk et mort le [1] Ă  Paris. Bien qu’il soit aujourd’hui trĂšs oubliĂ©, il fut en son temps une sommitĂ© mondialement reconnue dans les domaines de la vĂ©nĂ©rĂ©ologie et de la sexologie.

Benjamin Tarnowsky
Portrait de Benjamin Tarnowsky
Biographie
Naissance
Koursk
DĂ©cĂšs (Ă  68 ans)
8e arrondissement de Paris
Nationalité Russe
Conjoint Pauline Tarnowsky (d)
Thématique
Formation Université impériale de Moscou (en)
Profession Médecin, sexologue, psychiatre, essayiste (en), psychologue, vénérologue (d) et professeur d'université (d)
Employeur Académie médicale militaire S.M. Kirov (en)

Biographie

AprĂšs ses Ă©tudes mĂ©dicales Ă  l’universitĂ© de Moscou en 1859, il se marie[2] et se rend Ă  Paris oĂč, auprĂšs de Ricord, il se spĂ©cialise en urologie et en vĂ©nĂ©rĂ©ologie, approfondissant particuliĂšrement l’étude de la syphilis. De retour en Russie en 1860, il s’installe comme mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Ă  Saint-PĂ©tersbourg, tout en travaillant Ă  l’hĂŽpital municipal Kalinkin. Ses mĂ©thodes hĂ©tĂ©rodoxes de traitement de la syphilis lui valent l’incomprĂ©hension de ses confrĂšres plus ĂągĂ©s, mais il gagne rapidement une certaine rĂ©putation. En 1865, afin de se rendre compte de l’état sanitaire des populations du point de vue vĂ©nĂ©rien, il organise et dirige personnellement une visite mĂ©dicale systĂ©matique des populations des districts de Vitebsk et de Pskov.

En 1868, Tarnowsky passe son doctorat d’État sur la thĂšse Sur le diagnostic des maladies vĂ©nĂ©riennes chez les femmes et les enfants et est nommĂ© chargĂ© de cours Ă  l’AcadĂ©mie de mĂ©decine militaire de l’universitĂ© de Saint-PĂ©tersbourg. En mĂȘme temps, avec l’appui du prince Souvorov, gouverneur de Saint-PĂ©tersbourg, il fonde Ă  l’hĂŽpital Kalinkin une Ă©cole de formation sur la syphilis, l’école Souvorov, rĂ©servĂ©e aux sages-femmes. Celles-ci avaient pour mission de diffuser les mĂ©thodes de prĂ©vention de la maladie dans les rĂ©gions rurales de Russie oĂč la syphilis faisait de terribles ravages. « La mission du mĂ©decin, disait-il, n’est pas seulement de soigner la maladie, il est aussi, par l’observation des causes, de rechercher et de faire connaĂźtre tous les moyens de la prĂ©venir. »

En 1871, il fonde Ă  l’universitĂ© de Saint-PĂ©tersbourg la premiĂšre chaire de vĂ©nĂ©rĂ©ologie de Russie. Son caractĂšre d’une rare amabilitĂ©, ainsi que ses dons d’orateur et la qualitĂ© de son enseignement lui attirent l’admiration et l’affection de ses Ă©tudiants. Sa rĂ©putation s’étend bientĂŽt aux milieux mĂ©dicaux de toute la Russie. Fort des avancĂ©es pastoriennes, il conteste les rĂ©sultats de VĂ©rĂ©-Delisle[3] et entreprend divers essais de traitement de la syphilis par sĂ©rothĂ©rapie, injection de suppurations, etc. DĂšs 1861, il avait publiĂ© Sur le traitement de la syphilis par la vaccination selon la mĂ©thode d’Eltsin puis, en 1868 Sur le traitement de la syphilis par les injections sous-cutanĂ©es selon la mĂ©thode de Levin.

DĂšs la crĂ©ation des CongrĂšs de mĂ©decin russe, en 1885, il est chargĂ© de l’organisation et de la direction de la section Dermatologie et VĂ©nĂ©rĂ©ologie. Cette mĂȘme annĂ©e, il fonde la SociĂ©tĂ© russe de syphiliologie dont il est prĂ©sident jusqu’à 1902, lorsque des problĂšmes de santĂ© le contraignent Ă  dĂ©missionner ; il est alors nommĂ© prĂ©sident honoraire perpĂ©tuel. Il participe aux CongrĂšs de Londres en 1896 et de Paris l’annĂ©e suivante. C’est en 1897 qu’il parvient Ă  rĂ©unir un CongrĂšs de vĂ©nĂ©rĂ©ologie de toute la Russie, rĂ©unissant les mĂ©decins spĂ©cialisĂ©s venus du pays tout entier. Il prononce Ă  l’ouverture de ce congrĂšs un discours mĂ©morable[4].

On reconnaissait Ă  Tarnowsky, aussi bien dans ses cours que dans ses Ă©crits, un style particuliĂšrement clair, prĂ©cis, logique et Ă©lĂ©gant. À la demande du Haut-Commandement militaire, il Ă©crit La MaturitĂ© sexuelle, ouvrage Ă  l’intention des jeunes conscrits en particulier et des jeunes gens en gĂ©nĂ©ral, et destinĂ© Ă  « donner Ă  la jeunesse des notions justes sur la vie sexuelle et les dangers auxquels elle s’expose ». Dans le mĂȘme registre de la vulgarisation, Tarnowsky publie un ouvrage d’hygiĂšne sexuelle pour les jeunes gens, devenu extrĂȘmement populaire : La PubertĂ©, son Ă©volution, ses anomalies et ses affections.

À la fin du XIXe siĂšcle, la « dĂ©gĂ©nĂ©rescence », ou altĂ©ration de la « race Â», est une cause communĂ©ment admise des maladies vĂ©nĂ©riennes et des comportements sexuels dĂ©viants. Les Ă©tudes de Tarnowsky s’inscrivent dans ce schĂ©ma. Il analyse la transmission hĂ©rĂ©ditaire de la syphilis (La Famille syphilitique) ; les effets psychiatriques de la syphilis (L’Aphasie syphilitique ; Des effets de la syphilis sur le systĂšme nerveux central).

L’approfondissement des causes des maladies vĂ©nĂ©riennes vues sous l’angle de la « dĂ©gĂ©nĂ©rescence Â» le conduisent Ă  s’intĂ©resser aux comportements sexuels. AprĂšs l’étude de l’abolition de la prostitution en Italie, il publie La Prostitution et son abolition dans laquelle il apparaĂźt comme un adversaire de l’abolition de la prostitution : celle-ci, bien contrĂŽlĂ©e est, selon lui, un meilleur obstacle Ă  la contagion vĂ©nĂ©rienne qu’une interdiction sans contrĂŽle[5].

En 1886 paraĂźt Ă  Berlin son ouvrage L’Instinct sexuel et ses manifestations morbides au double point de vue de la jurisprudence et de la psychiatrie, publiĂ© en russe quelques mois avant la Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing et qui constitue la premiĂšre Ă©tude scientifique de sexologie et de pathologie sexuelle ; en 1898 il publie, toujours Ă  Berlin, Études anthropologiques et mĂ©dico-lĂ©gales sur la pĂ©dĂ©rastie en Europe qui, malgrĂ© son titre est consacrĂ©e essentiellement Ă  l’étude de la pĂ©dĂ©rastie en Russie. Si ces Ă©tudes sont aujourd’hui considĂ©rĂ©es comme dĂ©suĂštes[6], elles demeurent d’un intĂ©rĂȘt considĂ©rable pour le matĂ©riau documentaire qu’elles contiennent ainsi que pour l’histoire des idĂ©es.

Tarnowsky possĂ©dait Ă  Yalta une merveilleuse rĂ©sidence oĂč il passait les hivers. TrĂšs diminuĂ© par une faiblesse cardiaque, il vint passer l’hiver 1905-1906 Ă  Nice, espĂ©rant y recouvrer des forces ; c’est Ă  Paris oĂč il s’était arrĂȘtĂ© pour un bref sĂ©jour lors de son retour vers la Russie qu’il mourut le . Il est enterrĂ© au cimetiĂšre de Yalta.

Bibliographie

  • Ouvrages accessibles en français :
    • L’Aphasie syphilitique (trad. B. Tarnowsky), in-8o, 131 p., Librairie Delahaye, 1870 ;
    • Discours inaugural du CongrĂšs de vĂ©nĂ©rĂ©ologie des mĂ©decins de Russie, 1897, sur le site BibliothĂšque inter-universitaire de mĂ©decine et d’odontologie de l’universitĂ© Paris-Descartes ;
    • La Famille syphilitique et sa descendance, Ă©tude biologique, in-8o, 209 p., Imp. d’Aix, Clermont (Oise), 1904 ;
    • L’Instinct sexuel et ses manifestations morbides au double point de vue de la jurisprudence et de la psychiatrie (prĂ©face par le professeur Lacassagne), Paris, Charles Carrington, 1904.
  • Ouvrage accessible en anglais :
    • Anthropological, Legal and Medical Studies on Pederasty in Europe (« Étude anthropologique et mĂ©dico-lĂ©gale de la pĂ©dĂ©rastie en Europe »), Fredonia Books, Amsterdam, 2001.
  • Ouvrage accessible en allemand :
    • Prostitution und Abolitionismus (« La prostitution et son abolition »), Leopold Voss, Hamburg/Leipzig, 1890.

Sources

Notes et références

  1. Les dates sont donnĂ©es dans le calendrier grĂ©gorien. On trouve souvent dans les ouvrages russes des dates correspondant au calendrier julien, le calendrier grĂ©gorien n’ayant Ă©tĂ© adoptĂ© en Russie qu’en 1918.
  2. Sa femme Pauline se fit Ă©galement connaĂźtre par des Ă©tudes en anthropologie et en criminologie. Voir par exemple son ouvrage : Dr Pauline Tarnowsky, Étude anthropomĂ©trique sur les prostituĂ©es et les voleuses, Lecrosnier et BabĂ©, Paris, 1890.
  3. Revue mĂ©dicale française et Ă©trangĂšre : journal des progrĂšs de la mĂ©decine hippocratique, Chez Gabon et compagnie, 1830. Accessible en ligne sur Google-books.
  4. Accessible en ligne, en français sur le site de la BibliothĂšque inter-universitaire de mĂ©decine et d’odontologie de l’universitĂ© Paris-Descartes.
  5. O.v. Petersen NĂ©crologie
  6. La distinction entre sexe et genre : une histoire entre biologie et culture, Ilana Löwy et HélÚne Rouch, 258 pages, L'Harmattan, 2003, (ISBN 978-2-7475-4601-0).

Liens externes

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