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Beamforming

Le Beamforming aussi appelĂ© filtrage spatial, formation de faisceaux ou formation de voies est une technique de traitement du signal utilisĂ©e dans les rĂ©seaux d'antennes et de capteurs pour l'Ă©mission ou la rĂ©ception directionnelle de signaux[1]. Ceci est rĂ©alisĂ© en combinant les Ă©lĂ©ments d'un rĂ©seau d'antennes Ă  commande de phase de telle façon que dans des directions particuliĂšres, les signaux interfĂšrent de façon constructive tandis que dans d'autres directions les interfĂ©rences soient destructives. Le beamforming peut ĂȘtre utilisĂ© du cĂŽtĂ© Ă©metteur ou du cĂŽtĂ© rĂ©cepteur pour obtenir une sĂ©lectivitĂ© spatiale. L'amĂ©lioration, comparĂ©e Ă  l'Ă©mission/rĂ©ception d'une antenne isotrope (omnidirectionnelle), s'appelle le gain (ou perte) d'Ă©mission/rĂ©ception.

Remarque: ci-dessous les termes anglais « beamformer/transmit beamformer » et « beamformee/receive beamformer » ont été traduits par « modeleur de faisceau » et « récepteur de beamforming ».

Le beamforming peut s'utiliser avec les ondes radio ou sonores. Il a de nombreuses applications dans les techniques de radar, sonar, sismologie, transmission sans fil, radioastronomie, acoustique, et la biomédecine. Le beamforming adaptatif est utilisé pour détecter et évaluer le signal utile à la sortie d'un réseau de capteurs, au moyen du filtrage spatial optimal (c'est-à-dire de moindres carrés) et de la réjection d'interférence. Pour les techniques d'imagerie acoustique, le beamforming constitue une méthode de traitement du signal élémentaire et trÚs répandue.

Généralités

Pour changer l'orientation du rĂ©seau d'Ă©mission, le modeleur de faisceau contrĂŽle la phase et l'amplitude relative du signal sur chaque Ă©lĂ©ment du rĂ©seau d'Ă©mission, crĂ©ant ainsi un motif d'interfĂ©rences constructives et destructives dans le front d'onde. À la rĂ©ception, l'information provenant des diffĂ©rents capteurs est combinĂ©e de telle maniĂšre que le signal attendu est mis en Ă©vidence.

Par exemple dans le sonar, pour envoyer une brusque impulsion de son sous-marin en direction d'un navire distant, se contenter d'Ă©mettre cette impulsion simultanĂ©ment sur tous les hydrophones du rĂ©seau, ne fonctionne pas, car le navire recevra d'abord l'impulsion de l'hydrophone le plus proche, puis successivement les impulsions des hydrophones plus Ă©loignĂ©s. La technique de beamforming suppose d'envoyer l'impulsion depuis chaque hydrophone en la dĂ©calant lĂ©gĂšrement dans le temps (l'hydrophone le plus Ă©loignĂ© du navire en premier), ainsi chaque impulsion touche le navire exactement au mĂȘme moment, en produisant le mĂȘme effet qu'une impulsion puissante issue d'un unique hydrophone. On peut rĂ©aliser la mĂȘme chose dans l'air avec des haut-parleurs, ou en radio et radar avec des antennes radio.

Dans le sonar passif, et en rĂ©ception dans le sonar actif, la technique de beamforming suppose de combiner les signaux des hydrophones en les retardant variablement (l'hydrophone le plus proche de la cible subira le plus long retard) de façon que chaque signal atteigne la sortie de l'antenne sonar exactement au mĂȘme moment, produisant un unique et puissant signal, comme s'il venait d'un unique hydrophone trĂšs sensible. Le beamforming en rĂ©ception peut aussi s'utiliser avec des microphones ou des antennes radar.

Dans les systÚmes à bande étroite, le retard est équivalent à un déphasage, c'est pourquoi dans ce cas le réseau d'antennes, chacune étant déphasée d'une petite valeur différente, est appelée 'réseau d'antennes à commande de phase' . Un systÚme à bande étroite, typique des radars, est un systÚme dans lequel la bande passante ne représente qu'une petite fraction de la fréquence centrale. Dans les systÚmes à large bande, cette approximation ne suffit pas, ce qui est typiquement le cas des sonars.

Dans les rĂ©cepteurs de beamforming le signal de chaque antenne peut ĂȘtre amplifiĂ© selon un « poids » diffĂ©rent. Des arrangements variĂ©s des poids (c.Ă .d. Dolph-Chebyshev) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour obtenir les motifs de sensibilitĂ© dĂ©sirĂ©s. Un lobe principal est produit simultanĂ©ment Ă  des lobes nuls et secondaires. En plus de contrĂŽler le niveau du lobe principal (le faisceau) et des lobes secondaires, on peut contrĂŽler aussi la position des nuls. Ceci peut servir Ă  ignorer le bruit ou brouillage radio dans une direction choisie, tout en Ă©coutant ce qui provient d'autres directions. Un rĂ©sultat similaire peut ĂȘtre obtenu en transmission.

Pour les détails mathématiques du guidage des faisceaux d'ondes en utilisant les amplitudes et les déphasages, voyez la section mathématique dans l'article 'réseau d'antennes à commande de phase'.

Dans les grandes lignes les techniques de beamforming peuvent ĂȘtre divisĂ©es en deux catĂ©gories :

  • beamforming conventionnel (fixe ou commutĂ©)
  • beamforming adaptatif ou rĂ©seau d'antennes Ă  commande de phase
    • Mode de maximisation du signal dĂ©sirĂ©
    • Mode de minimisation ou d'annulation du signal interfĂ©rent

Le beamforming conventionnel utilise un ensemble fixe de poids et de retards (ou dĂ©phasages) pour combiner les signaux des capteurs du rĂ©seau, en utilisant essentiellement les seules informations d'emplacement des capteurs dans l'espace et des directions des ondes intĂ©ressantes. À l'opposĂ©, les techniques de beamforming adaptatif combinent gĂ©nĂ©ralement cette information avec les propriĂ©tĂ©s des signaux effectivement reçus des capteurs, typiquement pour amĂ©liorer la rĂ©jection de signaux indĂ©sirables venant d'autres directions. Ce processus peut ĂȘtre mis en Ɠuvre dans le domaine-temps ou dans le domaine frĂ©quentiel.

Comme son nom l'indique un systĂšme de beamforming adaptatif (en) peut s'adapter automatiquement Ă  diffĂ©rentes situations. Des critĂšres, par exemple la minimisation du bruit total en sortie, doivent ĂȘtre dĂ©finis pour permettre l'adaptation. Dans les systĂšmes Ă  large bande, du fait de la variation du bruit avec la frĂ©quence, il peut ĂȘtre souhaitable de procĂ©der dans le domaine frĂ©quentiel.

Le beamforming peut ĂȘtre gourmand en capacitĂ© de calcul. Le dĂ©bit de donnĂ©es d'une antenne Sonar est suffisamment faible pour ĂȘtre traitĂ© en temps rĂ©el par logiciel, lequel est assez souple pour Ă©mettre et recevoir simultanĂ©ment dans plusieurs directions. À l'opposĂ©, le dĂ©bit de donnĂ©es du rĂ©seau d'antennes Ă  commande de phase d'un radar est tellement Ă©levĂ© qu'il nĂ©cessite habituellement un traitement par composant matĂ©riel, qui est bloquĂ© pour Ă©mettre et/ou recevoir dans une seule direction Ă  la fois. Cependant, les FPGA sont maintenant suffisamment rapides pour supporter les donnĂ©es radar en temps rĂ©el, et peuvent ĂȘtre rapidement reprogrammĂ©s comme du logiciel, rendant floue la distinction entre le matĂ©riel et le logiciel.

Spécificités pour le Sonar

Le Sonar lui-mĂȘme a de nombreuses applications, telles que la recherche et la tĂ©lĂ©mĂ©trie Ă  longue distance ou l'imagerie sous-marine avec le sonar latĂ©ral (en) et les camĂ©ras acoustiques (en).

Dans le sonar la mise en Ɠuvre du beamforming utilise les mĂȘmes techniques gĂ©nĂ©rales mais diffĂšre significativement dans les dĂ©tails des implĂ©mentations dans les systĂšmes Ă©lectromagnĂ©tiques. Les applications commencent Ă  1 Hz et peuvent aller jusqu'Ă  2 MHz, et les Ă©lĂ©ments du rĂ©seau peuvent ĂȘtre gros et peu nombreux, ou ĂȘtre trĂšs petits et se compter par centaines. Ceci va significativement influencer l'effort de conception du beamforming dans les sonars, depuis le besoin de composants frontaux de systĂšmes (transducteurs, prĂ©amplificateurs et numĂ©riseurs) jusqu'en aval avec le matĂ©riel effectif de calcul du beamforming. Les sonars haute frĂ©quence, ceux Ă  faisceau concentrĂ©, les sonars multi-Ă©lĂ©ments pour la recherche et l'imagerie, les camĂ©ras acoustiques, mettent souvent en Ɠuvre du calcul spatial du cinquiĂšme degrĂ© qui place sur les processeurs des contraintes Ă©quivalentes aux exigences des radars Aegis.

De nombreux systÚmes de sonar, tels que ceux des torpilles, sont constitués de réseaux allant jusqu'à 100 éléments qui doivent pouvoir orienter un faisceau avec un angle de vision de plus de 100 degrés et fonctionner à la fois en mode actif et passif.

Les réseaux d'hydrophones s'utilisent aussi bien en mode actif que passif en matrices à 1, 2 et 3 dimensions.

  • 1 dimension : les rĂ©seaux « linĂ©aires » sont habituellement dans des systĂšmes passifs multi-Ă©lĂ©ments remorquĂ©s derriĂšre un bateau et dans les sonars latĂ©raux (en) Ă  un ou plusieurs Ă©lĂ©ments.
  • 2 dimensions : les rĂ©seaux « plans » sont courants dans les sonars actifs ou passifs installĂ©s dans les coques de bateaux et dans certains sonars latĂ©raux (en).
  • 3 dimensions : les rĂ©seaux « sphĂ©riques » et « cylindriques » s'utilisent dans les « coupoles sonar » des bateaux et sous-marins modernes.

Le sonar diffĂšre du radar en ce qu'en certaines applications comme la recherche Ă  longue portĂ©e, on doit souvent observer, et parfois Ă©mettre, dans toutes les directions simultanĂ©ment. Aussi un systĂšme Ă  plusieurs faisceaux est-il nĂ©cessaire. Dans le rĂ©cepteur sonar Ă  bande Ă©troite les phases de chaque faisceau peuvent ĂȘtre entiĂšrement manipulĂ©es par du logiciel de traitement de signal, Ă  comparer aux systĂšmes radar actuels qui utilisent du matĂ©riel pour « Ă©couter » dans une seule direction Ă  la fois.

Le sonar utilise aussi le beamforming pour compenser l'important problÚme de la vitesse de propagation du son, plus lente que celle des ondes électromagnétiques. Dans les sonars latéraux, la vitesse du remorqueur ou du véhicule de transport du sonar est suffisante pour déplacer le sonar hors de la zone de retour de l'écho. En plus d'algorithmes de focalisation prévus pour améliorer la réception, de nombreux sonars latéraux utilisent aussi le guidage de faisceau pour regarder en avant et en arriÚre et « récupérer » les impulsions qui auraient été manquées par un faisceau latéral unique.

Formalisation

Le principe de la formation de voies peut s'exprimer dans le domaine temporel ou dans le domaine fréquentiel dans des formulations équivalentes.

Expression temporelle de la formation de voie en champ libre 3D

On considÚre un réseau de capteurs. Chaque capteur reçoit un signal temporel noté . On va utiliser ce réseau de capteurs pour « focaliser » le signal en un point de l'espace. L'amplitude du signal focalisé sera ainsi un indicateur de la présence réelle d'une source à la position scrutée.

Dans le cas oĂč l'on suppose que l'onde parcourant la distance de la source au rĂ©seau de capteurs suit une propagation de champ libre 3D, le signal temporel focalisĂ© est

oĂč est la distance gĂ©omĂ©trique de chaque capteur Ă  la position scrutĂ©e, est le retard Ă  appliquer au signal du capteur pour compenser sa propagation. Dans le cas de la propagation de champ libre 3D, on a simplement oĂč est la cĂ©lĂ©ritĂ© des ondes dans le milieu. Le facteur de normalisation .

Si une source est effectivement prĂ©sente Ă  l'endroit scrutĂ© et gĂ©nĂšre un signal , chaque capteur reçoit le signal propagĂ© , et on constate que le signal focalisĂ© est Ă©gal au signal source . Il s'agit donc d'une mĂ©thode de traitement du signal permettant de retrouver le signal source. Si l'on focalise le rĂ©seau Ă  une position oĂč il n'y a pas de source, l'amplitude du signal focalisĂ© est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă  ce niveau. En scannant un ensemble de point de l'espace, on est ainsi en mesure d'Ă©valuer la prĂ©sence d'une source Ă  partir des mesures d'un rĂ©seau de capteurs.

Expression fréquentielle

  • Un modeleur de faisceau conventionnel peut ĂȘtre un simple modeleur connu sous le nom de « modeleur retardateur-sommateur (en) ». Les poids de tous les Ă©lĂ©ments du rĂ©seau d'antennes peuvent avoir la mĂȘme grandeur. Le faisceau d'onde est orientĂ© dans une direction prĂ©cise uniquement en rĂšglant la phase appropriĂ©e pour chaque antenne. Si le bruit n'est pas corrĂ©lĂ© et qu'il n'y a pas d'interfĂ©rences directionnelles, le rapport signal sur bruit d'un rĂ©cepteur de beamforming ayant antennes et recevant un signal de puissance est , oĂč est la variance du bruit ou puissance du bruit.
  • Null-steering beamformer (en)
  • Frequency domain beamformer (en)

Histoire du beamforming dans les normes de téléphonie cellulaire

Les techniques de beamforming dans les standards de téléphonie mobile ont progressé au fil des générations en utilisant des systÚmes de plus en plus complexes pour obtenir de plus grandes densités de cellules, avec des débits plus importants.

  • Mode passif : solutions (quasiment) non standardisĂ©es
    • Le Wideband Code Division Multiple Access (W-CDMA) supporte le beamforming basĂ© sur la direction d'arrivĂ©e du signal (en) (DOA) ;
  • Mode actif : solutions standardisĂ©es
    • 2G — GSM : SĂ©lection de l'antenne d'Ă©mission pour du beamforming simplifiĂ© (1 seul faisceau par cellule radio) ;
    • 3G — W-CDMA / UMTS : beamforming Ă  matrice d'antennes d'Ă©mission (TxAA) ;
    • 4G — LTE[2] : Multiple input multiple output (MIMO) beamforming optionnel Ă  base de prĂ©-codage avec Space-division multiple access (en) (SDMA) ;
    • Au-delĂ  de la 4G (4G+, 5G, 
) — pour supporter le SDMA, on prĂ©voit des solutions de beamforming plus avancĂ©es telles que le beamforming rĂ©troactif et le beamforming multi-dimensionnel permis par du MIMO massif.

Beamforming pour le son parlé

On peut utiliser le beamforming pour tenter de repérer la source des sons dans une piÚce, par exemple s'agissant de plusieurs orateurs dans l'effet cocktail party. Pour cela il faut connaßtre à l'avance la position des orateurs, par exemple en utilisant le temps de propagation de la source aux microphones du réseau, et en en déduisant les positions à partir des distances.

On peut utiliser des rĂ©seaux de filtres (en) spĂ©cialisĂ©s pour sĂ©parer les bandes de frĂ©quence avant le beamforming. En effet des frĂ©quences diffĂ©rentes ont des filtres de beamforming optimaux diffĂ©rents, et peuvent ainsi ĂȘtre traitĂ©s comme des problĂšmes diffĂ©rents (i.e. appliquer de nombreux filtres en parallĂšle, puis recombiner les bandes de frĂ©quence). Des filtres standards comme les FFT sont moins optimisĂ©s pour cet usage car ils ne sont pas conçus pour isoler les bandes de frĂ©quence. Par exemple, la FFT suppose implicitement que les seules frĂ©quences prĂ©sentes dans le signal sont exactement les harmoniques prĂ©sentes en tant qu'harmoniques FFT. Typiquement, les frĂ©quences intermĂ©diaires entre ces harmoniques activeront tous les canaux de la transformĂ©e de Fourier, ce qui n'est pas l'effet recherchĂ© pour une analyse de beamforming. À la place, on peut concevoir des filtres dans lesquels seules les frĂ©quences locales sont dĂ©tectĂ©es par chaque canal. La propriĂ©tĂ© de recombinaison est aussi nĂ©cessaire : il doit y avoir assez d'information dans les champs de rĂ©ception pour reconstruire le signal. Ces bases sont typiquement non-orthogonales, contrairement aux bases issues d'une FFT.

Voir aussi

Solutions de beamforming

Solutions de beamforming (liens vers le Wikipedia anglais)

Sujets connexes (certains liens vont vers le Wikipedia anglais)

Références

  1. B.D. Van Veen et K.M. Buckley, « Beamforming: A versatile approach to spatial filtering », IEEE ASSP Magazine, vol. 5, no 2,‎ , p. 4 (DOI 10.1109/53.665, lire en ligne)
  2. (en) [PDF] LTE Transmission Modes and Beamforming Rohde-schwarz.com, mai 2014

Articles et ouvrages en anglais

Liens externes

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