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Batteur d'or

Le batteur d’or est une personne dont le métier est de fabriquer des feuilles d’or très fines[1], qui serviront à orner des monuments ou des objets.

Atelier de batteur d’or au XVIIIe siècle.
Statue représentant un batteur d’or, à Schwabach, Allemagne

L’or battu en feuilles existe depuis longtemps, c’est un matériau noble qui s’est imposé, au fil du temps, pour la décoration de sarcophages, de manuscrits, de meubles, de porcelaines, les stupas des temples Birmans…
En 2011, il n’existe plus qu'une cinquantaine de batteurs d’or dans le monde dont sept en Allemagne, trois en Italie, un en Angleterre, quelques dizaines en Birmanie dans la ville de Mandalay.

La dernière entreprise française, le batteur d'or Dauvet[2], a fermé ses portes en 2018.

Traditionnellement, le batteur d'or Ă©tait aussi tireur d'or, c'est-Ă -dire qu'il fabriquait des fils d'or, et Ă©cacheur d'or, lorsqu'il fabriquait des lames d'or[3].

Formation

Une difficulté existe : le maintien de cette profession, car il n’existe toujours pas de cursus scolaire pour devenir batteur d’or[1], le savoir-faire s’acquiert au contact de la matière, aux côtés de professionnels. Le métier s’apprend sur le tas, on se forme au contact de professionnels et par l’héritage du savoir-faire.

Ce métier a été reconnu comme éligible à la distinction de maître d’art.

C’est un mĂ©tier qui a très peu Ă©voluĂ© dans le temps. MĂŞme si aujourd’hui quelques machines ont permis de faciliter l’activitĂ©, on ne peut pas parler de grandes rĂ©volutions dans ce mĂ©tier. Cependant, il est plus courant de voir des femmes – six Ă  huit femmes pour un homme – du fait de la prĂ©cision que chaque geste requiert pour transformer un lingot de un kilogramme en milliers de petites feuilles d’une Ă©paisseur d’environ un dixième de micromètre[4] soit 0,000 1 mm.

Fabrication des feuilles d’or

Gustav Klimt, portrait d’Adèle Bloch-Bauer avec inclusion de feuilles d’or.

Plusieurs phases successives décomposent le travail ; au fil des siècles, ces étapes sont restées les mêmes.

  • Tout commence par la prĂ©paration d’un alliage. Du cuivre et de l’argent sont ajoutĂ©s Ă  l’or pur pour le durcir et lui donner la nuances de couleur souhaitĂ©e[5]. Seize tons sont ainsi proposĂ©s, allant d’un or rougeoyant (avec une plus grande quantitĂ© de cuivre) Ă  l’or blanc (une plus grande quantitĂ© d’argent).
  • Cet alliage est fondu Ă  une tempĂ©rature de 1 200 °C afin d’obtenir un petit lingot de dix centimètres de long sur quatre de large et une Ă©paisseur de cinq millimètres. Il est ensuite passĂ© dans un laminoir pour ĂŞtre Ă©tirĂ©. L’opĂ©ration est rĂ©alisĂ©e plusieurs fois jusqu’à obtenir une bande d’environ 40 mètres de long. Cette bande est dĂ©coupĂ©e et battue par un marteau mĂ©canique, ce qui a pour rĂ©sultat de l’écraser mais aussi de l’agrandir. Ă€ dĂ©faut de marteau mĂ©canique, les batteurs utilisaient autrefois trois sortes diffĂ©rentes de marteaux, dits « marteau Ă  chasser », « marteau Ă  commencer » et « marteau Ă  achever »[6]. On rĂ©alise plusieurs fois cette opĂ©ration pour obtenir finalement 9 000 feuilles d’or.
  • Ensuite, il faut placer ces feuilles dans des carnets. Avec une grande prĂ©cision, les ouvrières rĂ©cupèrent, grâce Ă  de fines pinces en roseau, chaque feuille coupĂ©e au millimètre, dĂ©froissĂ©e par un lĂ©ger souffle et soigneusement glissĂ©e dans son carnet. Cette manipulation engendre de grosses pertes. Mais ces dĂ©chets se recyclent puisqu’ils seront refondus pour rĂ©aliser de nouvelles feuilles.

Le laminoir, constitué initialement de deux rouleaux d’acier poli, s’appelait aussi un moulin à battre.

Utilisation des feuilles d’or

Feuille d’or.

Les feuilles d’or sont principalement utilisées par les doreurs sur bois, les bronziers d’art, les restaurateurs d’œuvres d’art et de monuments historiques, etc. qui utilisent la technique de dorure à la feuille.

De nouveaux débouchés sont apparus dans l’agro-alimentaire, et 25 % des ventes sont à présent réalisées dans ce secteur, particulièrement chez les chocolatiers, les traiteurs ou pour certaines eaux minérales, limonades et alcools de luxe, avec l’utilisation de paillettes d’or en suspension.

Notes et références

  1. Batteur d’or, métier du secteur : Bijouterie joaillerie orfèvrerie horlogerie, sur le site de l’Institut des métiers d’art, consulté le 10 janvier 2012.
  2. Il s’agit de l’entreprise Dauvet à Excenevex en Haute-Savoie, fondée en 1834.
  3. Tireur Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
  4. Sophie Flouquet, « Profession, batteur d’or », Le Journal des Arts, n° 260, 25 mai 2007.
  5. Fiche Métier batteur d'or Site de l'institut National des métiers d'art
  6. Planches d'illustration sur les outils du batteur Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers

Voir aussi

Articles connexes

Vidéographie

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