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Bataille du cap de Palos

La bataille du cap de Palos fut le plus important des combats navals livrés durant la guerre d'Espagne. Il opposa 2 croiseurs légers et 5 destroyers républicains à une force nationaliste composée de 2 croiseurs lourds et 1 croiseur léger. Elle se déroula du 5 au , à quelque 70 milles marins à l'est du cap Palos, au sud de la péninsule Ibérique dans la région de Murcie. Elle se conclut par une victoire républicaine.

Bataille du cap de Palos
Description de cette image, également commentée ci-après
Le destroyer Lepanto.
Informations générales
Date du au
Lieu à 70 milles marins à l'est du cap Palos, près de Carthagène
Issue Victoire républicaine
Le croiseur Baleares est coulé par les républicains
Commandants
Luis González Ubieta (es) Manuel de Vierna (es) †
Forces en présence
Armada républicaine
• 2 croiseurs légers
• 5 destroyers
Armada nationaliste
• 2 croiseurs lourds
• 1 croiseur léger
Pertes
aucune1 croiseur lourd
entre 727 et 785 morts

Guerre d'Espagne

CoordonnĂ©es 37° 52′ 18″ nord, 0° 52′ 00″ est

Contexte

Conditions stratégiques

Lors de l'éclatement de la guerre civile, la marine espagnole se partagea entre les deux camps. Le camp républicain réussit à conserver la plus grande partie des destroyers, tandis que les nationalistes gagnaient à leur camp deux croiseurs lourds dont la construction était presque achevée, le Canarias et le Baleares, sur la base navale d'El Ferrol au nord de la Galice.

Dans le camp républicain, la direction des navires fut enlevée aux officiers, suspects pour la plupart d'être proches des rebelles, et confiée à des comités de marins. Le plus souvent, les officiers sont exécutés sommairement[1] Donc, rapidement, le manque d'officiers suffisamment formés finit par être un problème croissant. De plus, les approvisionnements en équipements, comme les torpilles, étaient irréguliers. La flotte républicaine souffrait donc d'un moral bas, d'un manque d'initiative et passait faiblement à l'action[2].

L'armada nationaliste, en revanche, était militairement soutenue par l'Italie et l'Allemagne. Elle souffrait en revanche d'un manque de navires prêts à opérer.

Forces en présence



Navires républicains Type Navires nationalistes Type
Libertad Croiseur léger Baleares Croiseur lourd
Méndez Núñez Croiseur léger Canarias Croiseur lourd
Gravina Destroyer Almirante Cervera Croiseur léger
Lazaga Destroyer Umbe-Mendi Navire de commerce
Sánchez Barcaiztegui Destroyer Aizkori-Mendi Navire de commerce
Lepanto Destroyer
Almirante Antequera Destroyer

Combats

Carte de la bataille du cap de Palos

Arrivée des navires

Le samedi , la flotte républicaine quitta le port de Carthagène pour une attaque contre les installations nationalistes du port de Palma de Majorque : le plan prévoyait de couler trois torpilleurs qui mouillaient dans ce port. Elle était composée de deux croiseurs légers, l'un récent (le Libertad), l'autre plus ancien (le Méndez Núñez), et de cinq destroyers[3].

Le mĂŞme jour, les deux croiseurs nationalistes de classe Canarias, le Canarias et le Baleares, quittaient le port de Palma sous le commandement de l'amiral Manuel de Vierna, accompagnĂ©s par le croiseur lĂ©ger Almirante Cervera et trois destroyers, le Velasco et deux autres de classe Teruel[3]. Ils Ă©taient chargĂ©s d'escorter un convoi qui transportait du matĂ©riel depuis l'Italie, chargĂ© sur plusieurs navires de commerce, le Umbe-Mendi et l’Aizkori-Mendi. Le Baleares, accueillant normalement 800 marins, embarquait ce jour-lĂ  1 223 hommes, car plusieurs devaient ĂŞtre dĂ©barquĂ©s Ă  Cadix : il y avait des travailleurs de la SociĂ©tĂ© espagnole de construction navale (Sociedad Española de ConstrucciĂłn Naval) et des jeunes de l'organisation marine de la Phalange espagnole, les Flechas Navales.

À la tombée de la nuit, les destroyers nationalistes rentrèrent à leur base, tandis que les deux croiseurs continuaient leur patrouille.

Premier assaut

Les deux flottes se rencontrèrent par hasard, en pleine nuit. À 0 h 38, le Baleares aperçut, à 330° à bâbord, les silhouettes de plusieurs navires. Les deux flottes naviguant dans le noir, il ne faisait pas de doute que les nationalistes venaient de tomber sur des navires ennemis. Le destroyer républicain Sánchez Barcaiztegui lança deux torpilles contre le croiseur Almirante Cervera mais manqua son coup. Les nationalistes préférèrent s'écarter, pensant qu'à l'aube ils pourraient profiter de leur supériorité de feu, et les deux flottes se perdirent de vue. Les nationalistes engagèrent plusieurs manœuvres afin de se retourner . Vers 2h00, les flottes se trouvaient de nouveau au contact.

Deuxième assaut

L'assaut fut dĂ©cidĂ© Ă  2h14. Les croiseurs nationalistes ouvrirent le feu sur le Libertad, Ă  5 000 mètres. Le Libertad rĂ©pliqua, mais ce combat de croiseurs ne donna rien, en partie Ă  cause du manque d'expĂ©rience au combat de nuit des Ă©quipages nationaliste et rĂ©publicain. Profitant de ces combats entre croiseurs, les destroyers rĂ©publicains SanchĂ©z Barcáiztegui, Lepanto et Almirante Antequera s'approchèrent Ă  3 000 mètres. Ils reçurent l'ordre d'attaquer et lancèrent douze torpilles[4]. Ă€ 2h20, deux ou trois de ces torpilles, probablement celles du Lepanto, touchèrent le Baleares, endommageant gravement sa coque Ă  hauteur du pont, du cĂ´tĂ© oĂą se trouvaient les rĂ©serves de munitions. Cela dĂ©clencha une grande explosion, suivie de plusieurs autres[3]. Le navire se retrouva sans direction et sans Ă©lectricitĂ©, alors que le feu continuait Ă  se propager au reste du bateau.

L'amiral de Vierna ordonna aux autres navires nationalistes, l’Almirante Cervera et le Canarias, de poursuivre leur route, abandonnant le Baleares, qui commençait à sombrer. Les navires républicains rentrèrent, eux, à Carthagène, où ils arrivèrent à 7h50.

Sauvetage des survivants

À 40 milles marins du combat patrouillaient les destroyers britanniques HMS Boreas et HMS Kempenfelt, représentant les forces du traité de non-intervention. Ils rejoignirent le plus vite possible l'épave fumante du Baleares. Arrivés sur place, ils essayèrent de secourir les marins naufragés, alors que, à 5h10, le Baleares sombrait définitivement. Ils en secoururent 435, mais 786 moururent dans les eaux : l'amiral Manuel de Vierna en faisait partie[3]. Durant le sauvetage, les destroyers britanniques furent pris pour cible par l'aviation républicaine : à 8h58, neuf Tupolev SB-2 attaquèrent les navires, faisant un mort et quatre blessés sur le Boreas[5].

Les blessés furent ensuite transférés sur les croiseurs nationalistes, revenus entre-temps. De là, ils furent ramenés à Palma, où ils arrivèrent dans la journée du , à 15h45. Quatre blessés moururent des suites de leurs blessures.

Conséquences

Monument aux morts du Baleares Ă  Palma de Majorque.

Bien que la bataille du cap Palos fut la plus importante bataille navale de la guerre civile, elle n'eut que peu d'impact sur le cours de la guerre, les nationalistes conservant le contrôle du littoral espagnol[3]. De plus, les enjeux principaux se jouaient sur terre : le , les nationalistes lançaient une vaste offensive en Aragon, balayant les forces républicaines et coupant la zone républicaine, isolant la Catalogne du reste de l'Espagne et condamnant le gouvernement de la République[3]. De plus, la perte du Baleares fut compensée quelques mois plus tard par la sortie du croiseur Navarra des chantiers navals en .

Souvenir

Neuf jours après la bataille du cap Palos, le journal nationaliste La Ultima Hora lança une campagne de souscriptions afin que soit Ă©levĂ© un monument en souvenir du croiseur Baleares. Des contributions vinrent aussi bien d'Espagne que d'Italie ou d'Allemagne. Le projet fut confiĂ© aux architectes majorquins Francisco et JosĂ© Roca SimĂł, aidĂ©s du sculpteur JosĂ© Oertells Cabanellas. Le budget fut bouclĂ© Ă  100 000 pesetas, pour un ensemble de 22 mètres de haut, reprĂ©sentant une ancre accompagnĂ©e de marins blessĂ©s. Il fut prĂ©vu que le monument serait Ă©levĂ© dans le centre de la ville de Palma de Majorque, dans le parc « Sa Feixina Â», et fut inaugurĂ© le par Francisco Franco lui-mĂŞme. Le monument fut, pour des raisons politiques, diverses fois vandalisĂ©. Quoique restaurĂ© plusieurs fois, il reste en mauvais Ă©tat.

D'autres monuments furent élevés en divers lieux. Dans la ville basque d'Ondárroa, d'où étaient originaires une cinquantaine de marins, furent également dressés deux monuments, un sur le port et un dans le cimetière. Il y en avait également dans les villes de Llerena, au musée de la Marine de Madrid, à Saint-Sébastien et à Algésiras.

Références

  1. « utl-morlaix.org/2017/10/01/lat… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  2. Helmut Pemsel, Seeherrschaft, p. 509
  3. Hugh Thomas, La guerre d'Espagne, p. 613.
  4. Ramón Salas Larrázabal et Jesús Salas Larrázabal, Historia general de la Guerra de España, p. 315.
  5. Jorge Peñalva, « El hundimiento del crucero Baleares », sur le site RevistaNaval.com.

Voir aussi

Source

TĂ©moignage

  • (es) Bruno Alonso, La Flota Republicana y la Guerra Civil de España. Memorias de su Comisario General, SĂ©ville, 2006 (ISBN 8496133753)

Ouvrages généraux

  • Guy Hermet, La guerre d'Espagne, Paris, Ed. du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 124), , 346 p. (ISBN 978-2-02-010646-7)
  • Hugh Thomas (trad. de l'anglais par Jacques Brousse, Lucien Hess et Christian Bounay), La guerre d'Espagne juillet 1936-mars 1939, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (rĂ©impr. 2003 2009), 1026 p. (ISBN 978-2-221-08559-2 et 978-2-221-04844-3)
  • (es) RamĂłn Salas Larrazábal et JesĂşs Salas Larrazábal, Historia general de la Guerra de España, Madrid, Rialp, , 435 p. (ISBN 978-84-321-2340-5)

Ouvrages spécialisés

  • (es) Diego Carmona Quevedo, « Marzo 1938. Hace 60 Años : el Hundimiento del Crucero Baleares », Defensa. Revista internacional de Ejercitos, Armamento y TecnologĂ­a, no 239, Madrid, 1998, p. 60-64
  • (es) Ricardo Cerezo MartĂ­nez, Armada Española Siglo XX, vol. IV, Ed. Poniente, Madrid, 1983 (ISBN 8485935136)
  • (es) Jeroni Fullan Martoli, Daniel Cota LĂłpez et Eduardo J. Connolly de Pernas, El crucero Baleares (1936-1938), Palma de Majorque, 2000
  • (de) Helmut Pemsel, Seeherrschaft. Eine maritime Weltgeschichte von den Anfängen der Seefahrt bis zur Gegenwart, Ă©d. Bernard & Graefe Verlag, Coblence, 1985 (ISBN 3-7637-5420-2)

Articles connexes

Liens externes

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