Bataille du Maigrit
La bataille du Maigrit a lieu lors de la chouannerie. Le 10 et le , les Républicains gagnent Buléon afin d'effectuer des réquisitions de grains, mais ils sont repoussés par les Chouans.
RĂ©publicains | Chouans |
Pierre Guillemot |
200 hommes[1] | inconnues |
5 Ă 60 morts[1] | inconnues |
Coordonnées | 47° 56′ 08″ nord, 2° 40′ 32″ ouest |
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La bataille
Le , une colonne mobile républicaine sortie de Josselin se porte dans les campagnes de Buléon. Les soldats se dispersent dans les villages pour réquisitionner les grains et capturer des suspects. Cependant l'armée chouanne du colonel Pierre Guillemot se déploie sur les landes du Resto et du Maigrit. L'armée se divise en trois colonnes, l'une porte des uniformes bleus, une autre rouges. Disséminés dans les différents villages pour effectuer les réquisitions, les Républicains ne peuvent opposer de résistance et prennent aussitôt la fuite, les Chouans se lancent à leur poursuite et la cavalerie sabre les fuyards. Après une débandade sur une lieue, les Républicains parviennent à se rallier et à repousser la cavalerie des Chouans[2] - [1].
Le lendemain, après avoir reçu des renforts venus de Ploërmel, les Républicains tentent de prendre leur revanche. Les Chouans campent au même endroit que la veille et le combat s'engage à nouveau. Les deux camps échangent une longue fusillade sans grand résultat, finalement les Républicains se replient sur Josselin et les Chouans sur Bignan[2] - [1].
Julien Guillemot, le fils de Pierre Guillemot évoque le combat dans ses mémoires. Alors enfant au moment des évènements, il indique que les Républicains étaient présents au Maigrit et au Resto, près de Kerohi. Il fixe la date du combat au mois d'avril 1794, cependant selon Jules Le Falher, Julien Guillemot se trompe dans les dates et c'est en réalité le combat de mars 1796 qu'il mentionne dans ses mémoires[3] - [1].
Les pertes
Selon le rapport du district de Josselin rédigé le 13 mars 1796, les pertes des Républicains sont de 60 hommes. Mais selon une lettre d'Elie écrite par la suite en germinal au département, la colonne républicaine était forte de 200 hommes et la cavalerie chouanne comptait 40 hommes. Selon lui, les pertes républicaines sont de 5 morts, dont le lieutenant des grenadiers du 9e bataillon de Paris et le guide Trévalinet, ainsi que 4 blessés[1].
L'état des pertes du 9e bataillon des volontaires de Paris, n'indique que deux morts lors du combat du 9 mars, à Buléon ; le lieutenant de grenadiers Gaquer et Michel Vieilleville, caporal des grenadiers, tués par un coup de feu[4].
« Notre colonne mobile essuya jeudi dernier, 20 ventôse, un déroute complète dans laquelle nous n'avons perdu que soixante hommes, du nombre desquels se trouvent le malheureux Trévalinet, père de famille, réfugié à Guégon. Le commandant de la place qui avait parcouru les communes voisines sans rien rencontrer, croyant qu'il pouvait également marcher dans tout le District sans voir de Chouans, se dirigea sur la commune de Buléon, canton de Bignan, pour y prélever les grains dus pour la contribution en nature. Les Chouans y étaient en forces et attendaient, nous a-t-on dit, nos troupes depuis plusieurs jours. Ils apparaissent en se déployant sur trois colonnes, dont celle du centre était les bleus, et une seconde de rouges, qui, lorsque notre troupe fut divisée pour parcourir les différents villages, tombèrent en masse et en très bon ordre sur nos détachements. Dispersés, ne firent pas la moindre résistance et prirent la fuite. Ce ne fut qu'à plus d'une lieue de là que le commandant put rallier sa troupe et arrêter par un feu très vif la cavalerie des Chouans qui les chargeaient vigoureusement dans leur fuite, sans perte parce qu'ils évitaient les routes. Le lendemain la même colonne retourna avec une augmentation de force venue de Ploërmel. Bientôt elle aperçut les Chouans qui étaient encore dans la même position où ils avaient été vus la veille et rangés en bataille. Ils se contentèrent les uns et les autres de se provoquer, sans oser en venir à une attaque, parce que les Chouans, que notre troupe supposa en très grand nombre, se repliaient toujours en ordre sur Bignan, voulant sans doute attirer les nôtres dans une embuscade d'où ils auraient eu la peine de se tirer avec avantage[1]. »
— Rapport du district de Josselin au département.
« Au commencement du mois d'avril 1794, nous fûmes presque témoins d'un combat. Les Bleus étaient au Maigrit et au Resto, vis-à -vis et à une portée de canon de Kerohi; les Chouans du canton de Bignan passèrent auprès de nous, vers dix heures du matin, et un instant après l'attaque commença d'abord par quelques coups de fusil, et ensuite par un feu roulant. Ma mère était très-effrayée; cependant, il se trouvait autour de nous un grand nombre de personnes à prier Dieu qui avaient aussi des parents au combat. Bientôt nous entendîmes le bruit des coups de fusil s'éloigner dans la direction de Josselin, et nous apprîmes alors la défaite des Bleus[3]. »
— Julien Guillemot, Lettre à mes neveux.
Bibliographie
- François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, éditions Terre de Brume, , 598 p. (ISBN 978-2-86847-908-2), p. 98.
- Jules Le Falher, Le Royaume de Bignan, 1789-1805, Éditions Jeanne Laffite, , p. 498-499.
- Charles-Louis Chassin et LĂ©on Hennet, Les volontaires nationaux pendant la RĂ©volution, t. II, L. Cerf (Paris), , p. 20. lire en ligne sur gallica
- Julien Guillemot, Lettres Ă mes neveux sur la Chouannerie, , p. 19-20. lire en ligne sur google livres