Bataille de l'Utus
La bataille de l'Utus voit s'affronter les Huns d'Attila aux troupes romaines du général Arnegiscle sur les bords de la rivière Utus (en bulgare Вит, Vit) en Dacie ripuaire (actuelle Bulgarie) en 447. Il s'agit du dernier affrontement entre les Huns et l'Empire romain d'Orient, dans la tentative de ce dernier d'empêcher une invasion hunnique. La bataille est sanglante et le nombre de victimes élevé dans chaque camp ; cependant la défaite romaine est totale. Le magister militum Arnegiscle est tué les armes à la main. Les Huns en profitent pour piller toute la Thrace mais les lourdes pertes subies et la reconstruction en hâte des murs de Constantinople les dissuadent d'assiéger la ville.
Date | 447 |
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Lieu | près de la rivière Vit (actuellement en Bulgarie) |
Issue | Victoire hunnique |
Empire romain d'Orient | Huns |
Arnegiscle †| Attila |
Importantes | Importantes |
Coordonnées | 43° 36′ 36″ nord, 24° 40′ 48″ est |
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Les détails sur la campagne d'Attila qui culmine avec la bataille de l'Utus, ainsi que les évènements qui suivent, sont incertains. Seulement quelques courts passages de sources byzantines (Romana de Jordanès, la chronique du comte Marcellin et la Chronicon Paschale) nous sont parvenues. Comme pour l'ensemble des activités des Huns d'Attila dans les Balkans, les indices fragmentaires ne permettent pas une reconstruction indiscutable des évènements[1].
Contexte
En 443, à la suite de l'arrêt du tribut leur étant versé par l'Empire romain d'Orient, les Huns d'Attila envahissent et ravagent les régions balkaniques de l'Empire. En 447, Attila envahit à nouveau la région.
Bataille
Une puissante force romaine, sous les ordres du magister utriusque militiae[2] de Thrace Arnegiscle, quitte sa base à Marcianopolis et se dirige vers l'ouest. Elle affronte l'armée hunnique aux bords de l'Utus, dans la province romaine de Dacie ripuaire[3]. Arnegiscle est l'un des commandants romains battus lors de la campagne d'Atilla en 443[4].
Les Romains, selon la plupart des historiens modernes, sont vaincus lors de la bataille[3] - [4] - [5] - [6] - [7] - [8], mais il semble que les pertes aient été sévères des deux côtés[3] - [4] - [7]. Son cheval ayant été tué, Arnegiscle continua à se battre à pied jusqu'à ce qu'il soit abattu par les Huns[5].
Conséquences
Après la bataille, la ville de Marcianopolis est détruite par les Huns. La ville reste ravagée jusqu'à ce que l'empereur Justinien la restaure un siècle plus tard[4]. Pire encore, Constantinople, la capitale de l'Empire romain d'Orient, est sous la menace directe des Huns, car ses murs ont été en partie détruits lors d'un tremblement de terre en [9]. Contre toute attente, le préfet du prétoire de l'Empire Romain d'Orient, Constantin, parvient néanmoins à réparer les murs en seulement deux mois en mobilisant la main-d'œuvre de la ville, avec l'aide des factions de l'hippodrome [note 1]. Ces réparations hâtives, combinées au transfert en hâte d'un corps de soldats isauriens à Constantinople et les lourdes pertes subies par l'armée des Huns durant la bataille d'Utus, dissuadent Attila d'assiéger Constantinople.
Attila marche plutôt vers le sud et dévaste les provinces balkaniques sans défenses (dont l'Illyrie, la Thrace, la Mésie, la Scythie et les deux provinces romaines de Dacie) jusqu'à être refoulé aux Thermopyles. Callinicus de Rufinianae écrit dans sa Vie de Saint Hypatius, qui vit toujours en Thrace à cette époque, que « plus de mille villes furent capturées, Constantinople fut presque en danger et la plupart des hommes l'ont fui » ; ce témoignage est probablement exagéré[4]. La paix n'est restaurée qu'à la signature d'un traité un an plus tard, en 448. Par ce traité, l'empereur d'Orient Théodose II accepte de payer à Attila un tribut ponctuel de 6 000 livres d'or et assortie d'une nouvelle livraison de 2 000 livres chaque année[6]. De plus, un no man's land en territoire romain est créé, servant de zone tampon ; il s'étend sur 300 miles de Singidunum à Novae, avec une profondeur de 100 miles, soit l'équivalent d'un trajet de cinq jours au sud du Danube[4] - [11] - [12].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of the Utus » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Les Bleus et les Verts.[10]
Références
- Williams et Friell 1999, citation 9, p. 250.
- Martindale 1980, p. 151.
- Williams et Friell 1999, p. 79.
- Thompson 1999, p. 101–102.
- Heather 2010, p. 309.
- Kim 2015, p. 94.
- Maas 2014, p. 201.
- Rouche 2009, p. 165.
- Thompson 1999, p. 99–100.
- Thompson 1999, p. 100.
- Kim 2015, p. 95.
- Williams et Friell 1999, p. 80.
Voir aussi
Articles connexes
Sources modernes
- Edina Bozoky, Attila et les Huns : Vérités et légendes, Perrin, .
- István Bóna (trad. Katalin Escher), Les Huns : Le grand empire barbare d'Europe, Errance, . Traduit du hongrois A hunok és nagykirályaik.
- Katalin Escher et Iaroslav Lebedynsky, Le dossier Attila, Errance, .
- (en) Peter Heather, The Fall of the Roman Empire : A New History of Rome and the Barbarians, Pan Macmillan, , 592 p. (ISBN 978-0-330-52983-9, présentation en ligne).
- (en) Hyun Jin Kim, The Huns, Routledge, (ISBN 978-1-317-34091-1).
- (en) Maas Michael, The Cambridge Companion to the Age of Attila, Cambridge University Press, , 504 p. (ISBN 978-1-107-02175-4, présentation en ligne).
- (en) J. Martindale, The Prosopography of the Later Roman Empire, AD 395-527, vol. II, Cambridge, Cambridge University Press, , 1342 p. (ISBN 978-0-521-20159-9, présentation en ligne).
- Michel Rouche, Attila : La violence nomade, Fayard, .
- (en) Edward Arthur Thompson, The Huns, Blackwell, , 340 p. (ISBN 978-0-631-21443-4).
- (en) Stephen Williams et Gerard Friell, The Rome that Did Not Fall : The Survival of the East in the Fifth Century, Routledge, , 282 p. (ISBN 978-0-415-15403-1, présentation en ligne).