Bataille de Palo Hincado
La bataille de Palo Hincado, le , fut le troisième grand affrontement militaire entre les troupes d'occupation françaises et les habitants de la colonie d'Hispaniola, menĂ©s par leur futur gouverneur Juan Sánchez RamĂrez, dĂ©montrant la volontĂ© de ces derniers de continuer Ă rester sous domination espagnole.
Date | |
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Lieu | Palo Hincado, près de Santa Cruz del Seibo |
Issue | Victoire espagnole |
Empire français | Royaume d'Espagne |
• Jean-Louis Ferrand †| • Juan Sánchez RamĂrez |
600 hommes | 2 000 hommes |
315 morts 100 prisonniers | 7 morts 45 blessés |
Guerre d'indépendance espagnole
Coordonnées | 18° 46′ 10″ nord, 69° 03′ 59″ ouest |
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L'occupation française depuis fin 1803
Après la débâcle de l'expédition de Saint-Domingue en , les Espagnols, afin de ménager Napoléon Bonaparte, tolèrent sur leur territoire la présence des troupes françaises sous les ordres des généraux Jean-Louis Ferrand et François-Marie Perichou de Kerversau. Ces troupes stationnent dans la partie est de l'île, l'actuelle République Dominicaine.
DĂ©buts de la Reconquista dans l'est
En 1808, dans le sud-ouest du pays opĂ©raient dĂ©jĂ , avec l'appui d'HaĂŻtiens, les meneurs Ciriaco RamĂrez et CristĂłbal Uber Franco, eux-mĂŞmes appuyĂ©s par le gouverneur de Porto Rico, le gĂ©nĂ©ral Toribio Montes. Le 17 septembre de cette mĂŞme annĂ©e, Juan Sánchez RamĂrez profita de l'arrivĂ©e d'un navire espagnol Ă Samaná pour Ă©crire et demander de l'aide au gouverneur Montes. Le 28 du mĂŞme mois arrivait, de Porto Rico, la goĂ©lette espagnole Monserrate avec la nouvelle de l'arrivĂ©e imminente du soutien sollicitĂ© par Sánchez. Alors que Ferrand, le gouverneur français, au courant des Ă©vĂ©nements, se prĂ©parait Ă mater la rĂ©bellion imminente, Sánchez RamĂrez gagnait une Ă une, pour la cause de la Reconquista, les autoritĂ©s crĂ©oles qui Ă©taient au service de la France dans la rĂ©gion orientale. Ensuite, il lui fut facile de prendre la Villa del Seibo le 26 octobre.
Le 29 octobre, Ă l'embouchure du RĂo Yuma (Boca de Yuma), arriva le soutien envoyĂ© par le gouverneur Montes depuis Porto Rico. Sánchez RamĂrez partit lui-mĂŞme l'accueillir Ă cheval. Le matĂ©riel qui avait Ă©tĂ© embarquĂ© dans une brigantine, une goĂ©lette et deux vedettes Ă©quipĂ©es de canons, consistait en quatre cents fusils avec baĂŻonnettes et deux cents sabres. En outre, il y avait aussi deux cents volontaires, pour la plupart Ă©migrĂ©s. La brigantine et la goĂ©lette, que l'on appelaient respectivement Federico et Render, devaient ensuite retourner Ă Porto Rico, chargĂ©es d'acajou.
C'est Ă ce moment que Ferrand partit pour El Seibo avec une armĂ©e respectable, dĂ©cidĂ© Ă mater la rĂ©volte. Le moment Ă©tait grave pour les rĂ©volutionnaires. Il Ă©tait urgent de faire de Samaná un bastion de la Reconquista, car sans la possession d'une place-forte portuaire, les vivres et renforts auraient du mal Ă ĂŞtre acheminĂ©s aux rĂ©voltĂ©s. Sánchez RamĂrez profita alors de la prĂ©sence de bateaux de guerre de la Royal Navy (Angleterre) au large des cĂ´tes et demanda au commandant Dashwood, de la frĂ©gate La Franchise, d'attaquer la garnison française de Samaná. En Ă©change, Sánchez RamĂrez lui assura qu'il pouvait compter sur la coopĂ©ration du commandant de Sabana de la Mar, Diego de Lira, dĂ©jĂ alliĂ© Ă la cause hispanique.
La révolution s'organise
Des volontaires dĂ©barquĂ©s Ă Yuma, le seul vĂ©ritable militaire qui resta en terre dominicaine pour faire la campagne fut le lieutenant de milice Francisco DĂaz qui s'incorpora au contingent de Sánchez Ramirez en qualitĂ© de compatriote volontaire. Étant un des seuls qui avaient connaissance des tactiques militaires, Sánchez RamĂrez lui confia le commandement de la logistique jusqu'au Seibo. Il le chargea ensuite d'organiser la prĂ©paration militaire et le choix de la position la plus avantageuse pour attendre l'ennemi qui s'approchait. Après une Ă©tude de toute la zone, DĂaz choisit les environs de MagarĂn.
Ă€ HigĂĽey, le 3 novembre Ă l'aube, le caudillo dominicain, Ă la tĂŞte de ses hommes, organisait des compagnies et distribuait armes et munitions. Très tĂ´t, les troupes se rĂ©unirent au sanctuaire de Nuestra Señora de la Altagracia et Ă©coutèrent la messe. Au terme de la cĂ©rĂ©monie, on reçut la nouvelle que les Français Ă©taient très près du Seibo. Sánchez RamĂrez donna alors l'ordre d'entreprendre la marche vers l'Ouest, Ă la rencontre de l'ennemi. Le 5 novembre, Sánchez RamĂrez continua Ă organiser son armĂ©e improvisĂ©e en incorporant les volontaires qui continuaient Ă arriver. L'amĂ©nagement et la distribution des armes et des munitions Ă©tait Ă charge du lieutenant DĂaz.
Dans la nuit arriva une intimation du gĂ©nĂ©ral français Ferrand, dans laquelle il annonçait qu'il arriverait au Seibo le 7. Ă€ l'intimation de Ferrand, Sánchez RamĂrez rĂ©pondit qu'il Ă©tait disposĂ© Ă mesurer ses forces avec les Français. Ferrand prit cela comme une fanfaronnade et ne put s'empĂŞcher de sourire. De par son armement et la supĂ©rioritĂ© tactique de ses hommes, il se voyait sĂ»rement dĂ©jĂ en vainqueur face aux crĂ©oles, peu prĂ©parĂ©s et mal armĂ©s. Il ne fit pas cas des avertissements qui indiquaient qu'il ne fallait pas nĂ©gliger la valeur des soldats de Sánchez RamĂrez, surtout pas leur maniement de l'arme blanche et leur goĂ»t pour les combats.
Campagne révolutionnaire du Seibo
Le 6 novembre, Sánchez RamĂrez arriva Ă MagarĂn et il lui parut que l'emplacement n'avait pas Ă©tĂ© bien choisi par le lieutenant Francisco DĂaz. Il dĂ©cida alors que Palo Hincado, Ă l'ouest du Seibo, rĂ©unissait de meilleures conditions. Mais la pluie ne cessait pas, avec toutes ses consĂ©quences dĂ©favorables. Ă€ l'aube du 7 novembre, aux environs de Candelaria, les troupes de Sánchez RamĂrez durent Ă©tablir un campement afin de sĂ©cher les canons, les munitions et les troupes, et fournir des lances aux cavaliers. ArrivĂ© Ă Palo Hincado, entre neuf et dix heures du matin, il s'installa avec son Ă©tat-major au complet, dispensant ses ordres pour placer convenablement ses troupes.
Entre beaucoup d'autres dispositions, il prit celle d'ordonner au portoricain JosĂ© Rosa de se cacher avec trente fusiliers pour distraire l'attention de l'ennemi lorsque cesserait le feu Ă l'avant. Rosa faisait partie des troupes arrivĂ©es Ă Yuma le . SituĂ© au centre de son armĂ©e, il plaça Ă sa droite Manuel Carvajal et Ă sa gauche Pedro Vásquez. Miguel Febles lui servirait d'adjudant major. Sánchez RamĂrez recommanda d'assaillir Ă l'arme blanche après la première salve, pour Ă©viter que la tactique et le meilleur armement des Français ne prenne le dessus. Il termina la harangue en annonçant qu'il appliquerait la peine de mort au soldat qui tournerait en arrière la face ; au tambour qui sonnerait la retraite et Ă l'officier qui l'ordonnerait, mĂŞme lui-mĂŞme.
Pena de la vida al que volviere la cara atrás, pena de la vida al tambor que tocare retirada, y pena de la vida al oficial que lo mandare aunque sea yo mismo. Juan Sánchez RamĂrez | Mort Ă celui qui retourne la face en arrière, mort au tambour qui sonne la retraite, et mort Ă l'officier qui le lui a ordonnĂ©, mĂŞme si c'est moi-mĂŞme. Juan Sánchez RamĂrez |
De cette manière il obligea tout le monde, lui y compris, à penser qu'il était mieux de mourir en combattant qu'en se déshonorant. Son exclamation finale fut un vivat à Ferdinand VII, le prince qui à ce moment personnifiait les meilleurs espoirs espagnols.
Bataille de Palo Hincado
La bataille allait ĂŞtre dĂ©cisive, puisque le gouverneur lui-mĂŞme venait avec le plus gros des forces dont il disposait et sa dĂ©faite signifierait le triomphe de la campagne. Les Français commencèrent les hostilitĂ©s vers les environs de midi. La cavalerie française s'avança pour couper l'aile gauche hispanico-crĂ©ole. Les cavaliers dirigĂ©s par le capitaine Antonio Sosa coururent Ă la rencontre de ceux-ci, les obligeant Ă tirer sur leurs brides. Ce premier choc corps Ă corps fut sanglant. Sánchez RamĂrez donna alors l'ordre d'avancer Ă la cavalerie de son aile droite, dirigĂ©e par le capitaine Vicente Mercedes, opĂ©ration qui fut exĂ©cutĂ©e avec une grande rapiditĂ©, en enroulant l'ennemi. Dix minutes de lutte suffirent pour que le champ de bataille soit couvert de cadavres français.
La tactique de Sánchez RamĂrez consista, comme consignĂ©e dans son Journal, Ă transformer rapidement le duel des tirs Ă distance en combats au corps Ă corps, dans lequel les dominicains Ă©taient experts. Ils l'exĂ©cutèrent avec une telle prestance et audace qu'il y eut seulement sept morts de leur cĂ´tĂ©. Parmi ceux-ci, significativement, les chefs des deux corps de cavalerie, les capitaines Antonio Sosa et Vicente Mercedes.
Conséquences
En voyant dĂ©faits ses bataillons, le gĂ©nĂ©ral Ferrand s'enfuit prĂ©cipitamment en direction de Santo Domingo avec un groupe d'officiers survivants, poursuivis par un escadron commandĂ© par le colonel Pedro Santana, père homonymique du futur prĂ©sident de la RĂ©publique. Les fugitifs gagnèrent du terrain et traversèrent une rivière. L'escadron arrĂŞta lĂ la poursuite, de peur d'ĂŞtre vulnĂ©rable en terrain dĂ©couvert, Ă la merci de tireurs embusquĂ©s les attendant. Ce qui permit aux fugitifs de s'arrĂŞter et de se reposer dans la vallĂ©e de GuaiquĂa. Ă€ cet endroit, Ferrand, malheureux et dominĂ© par le dĂ©couragement, se suicida d'un coup de pistolet dans la tĂŞte.
Sources
- Delafosse, Lemonnier. Seconde Campagne de Saint Domingue (Guerre Franco-Dominicaine de 1808), 1946.
- Guillermin, Gilbert. Journal Historique de la révolution de la partie espagnole de Saint Domingue, Imp. P.V. Lafourcade, Philadelphie, USA 1810.
- Sánchez RamĂrez, Juan. Diario de la Reconquista, Editora Montalvo, Santo Domingo (R.D.) 1957.
- Troncoso Sánchez, Pedro. El drama de la idea nacional en Santo Domingo y su relación con Puerto Rico, Acad. de Ciencias de República Dominicana, 1977.