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Bataille d'Iconium (1190)

La bataille d'Iconium (parfois appelĂ©e bataille de Konya) s'est dĂ©roulĂ©e le 18 mai 1190 au cours de la Troisième Croisade, au cours de l'expĂ©dition de FrĂ©dĂ©ric Barberousse pour atteindre la Terre Sainte par voie terrestre via la Turquie. Elle aboutit Ă  une victoire des croisĂ©s allemands et hongrois, qui mettent Ă  sac la capitale du Sultanat de Roum.

Bataille d’Iconium
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille d’Iconium, par Hermann Wislicenus (1890)
Informations générales
Date 18 mai 1190
Lieu Iconium (moderne Konya)
Issue Victoire décisive des croisés[1] - [2]
L’armée principale des Seldjoukides est défaite.
La capitale du Sultanat de Roum est mise à sac ; les croisés s’emparent d’un butin important.
Qutb al-Din est remplacé par son père, qui accepte de laisser passer les Allemands et leur envoie des otages.
Belligérants
Saint-Empire romain germanique
Royaume de Hongrie
Sultanat de Roum
Forces en présence
Saint-Empire romain germanique : 15 000[3]
Royaume de Hongrie : 2 000[4]
Plus nombreux que les croisés[5]
Pertes
InconnuesLourdes

Troisième croisade

Batailles

CoordonnĂ©es 37° 52′ 00″ nord, 32° 29′ 00″ est

Contexte

Après la bataille de Hattin et le siège de JĂ©rusalem, une grande partie des territoires des Ă‰tats latins d'Orient est capturĂ©e par les forces de Saladin. Le pape GrĂ©goire VIII appelle alors Ă  une nouvelle croisade pour secourir le reste des forteresses encore aux mains des croisĂ©s et reconquĂ©rir JĂ©rusalem. FrĂ©dĂ©ric Barberousse rĂ©pond immĂ©diatement Ă  l'appel. Il prend la Croix Ă  la CathĂ©drale Saint-Martin de Mayence le et est le premier Ă  partir pour la Terre Sainte en mai 1189 avec une armĂ©e d'environ 100 000 hommes, dont 20 000 chevaliers[6] (certains historiens pensent nĂ©anmoins que ces chiffres sont exagĂ©rĂ©s et suggèrent plutĂ´t le chiffre de 15 000 hommes, dont 3 000 chevaliers). Il est Ă©galement rejoint par un contingent de 2 000 hommes du prince hongrois GĂ©za, le frère cadet du roi BĂ©la III de Hongrie.

Après avoir traversĂ© la Hongrie, la Serbie, la Bulgarie et l'Empire byzantin, les forces croisĂ©es arrivent en Anatolie, aux mains du sultanat Seldjoukide de Roum. Les Turcs proposent Ă  Barberousse de le laisser passer avec son armĂ©e Ă  travers leur territoire contre un tribut de 300 livres d'or et le « royaume armĂ©nien de Cilicie ». Barberousse refuse et aurait dĂ©clarĂ© : « Avec l'aide de notre Seigneur JĂ©sus-Christ, dont nous sommes les chevaliers, la route nous sera ouverte en croisant le fer, plutĂ´t qu'avec de l'or et de l'argent »[7].

Par consĂ©quent, les Turcs commencent Ă  harceler continuellement les forces allemandes, via des embuscades et des tactiques de guĂ©rilla. Les Allemands, Ă  leur tour, lancent des attaques contre toutes les forces turques qu'ils peuvent trouver sur leur passage. Le 7 mai, une armĂ©e turque est dĂ©truite par un dĂ©tachement croisĂ© conduit par le duc de Souabe et le duc de Dalmatie, près de Philomelium, causant semble-t-il 4 174 morts dans les rangs turcs. MalgrĂ© leur victoire, les croisĂ©s souffrent de problèmes logistiques. Les problèmes d'approvisionnement augmentent au fur et Ă  mesure de leur avancĂ©e et le moral est très bas. De nombreux soldats dĂ©sertent, quand d'autres meurent de dĂ©shydratation. MalgrĂ© cela, les croisĂ©s continuent leur marche jusqu'Ă  Iconium, oĂą ils arrivent le 13 mai.

Bataille

Le 14 mai, les CroisĂ©s rencontrent et battent la principale armĂ©e turque, qu'ils mettent en dĂ©route. Les sources turques attribuent la victoire des croisĂ©s Ă  une charge fulgurante de la cavalerie lourde croisĂ©e, composĂ©e de 7 000 lances[8]. FrĂ©dĂ©ric Barberousse insiste pour prendre la ville. Ainsi, le 17 mai, l'armĂ©e croisĂ©e campe dans les « jardins et terrains d'agrĂ©ment du sultan », Ă  l'extĂ©rieur de la ville. Pendant ce temps, Qutb al-Din regroupe ses forces après cette première dĂ©faite et contre-attaque le 18 mai. En face de lui, Barberousse divise ses forces en deux : une partie, commandĂ©e par son fils FrĂ©dĂ©ric VI de Souabe, mènera l'assaut contre la ville, tandis que l'autre, qu'il commande personnellement, fera face Ă  l'armĂ©e turque[9]. Le duc FrĂ©dĂ©ric lance ses troupes Ă  l'assaut de la ville, qui tombe rapidement. Les soldats chargĂ©s de dĂ©fendre offrent peu de rĂ©sistance. Incapable de soutenir le combat, la garnison se rend.

La bataille rangĂ©e avec l'armĂ©e turque s'avère beaucoup plus difficile, et il faut toute l'Ă©nergie de l'empereur lui-mĂŞme pour que l'armĂ©e principale des Turcs soit dĂ©faite[9]. Il aurait dit Ă  ses soldats : « Mais pourquoi tardons-nous, de quoi avons-nous peur ? Le Christ règne. Le Christ vainc. Le Christ commande »[10]. MalgrĂ© l'intensitĂ© des combats, les Allemands arrivent finalement Ă  Ă©craser les Turcs sans trop de difficultĂ©[11]. Les Seldjoukides sont dĂ©faits une nouvelle fois, laissant la ville Ă  la merci des croisĂ©s.

Conséquences

Après leur victoire, les croisĂ©s font une halte de cinq jours dans la ville pour se reposer, puis poursuivent leur marche le 23 mai en emportant avec eux des otages turques qui pourront servir de monnaie d'Ă©change en cas de besoin. Le succès de l'armĂ©e impĂ©riale inquiète fortement Saladin, qui commence Ă  dĂ©manteler les murs des ports syriens, de sorte qu'ils ne puissent ĂŞtre utilisĂ©s par les croisĂ©s contre lui. Cette prĂ©caution s'avère nĂ©anmoins inutile. le 10 juin, FrĂ©dĂ©ric Barberousse se noie en traversant la rivière Saleph. La majeure partie de son armĂ©e se disperse. Le fils de Barberousse, FrĂ©dĂ©ric VI de Souabe, continue sa marche avec les restes de l'armĂ©e allemande, accompagnĂ© de l'armĂ©e hongroise conduite par le prince GĂ©za, afin d'enterrer l'Empereur Ă  JĂ©rusalem, mais leurs efforts pour conserver le corps de l'Empereur dans le vinaigre Ă©chouent. Son corps est inhumĂ© dans l'Ă©glise Saint Pierre Ă  Antioche, ses os dans la cathĂ©drale de Tyr, et son cĹ“ur et les organes internes Ă  Tarse.

Notes et références

  1. Tyerman 2006, p. 426 : « La victoire d'Iconium et le pillage de la capitale seldjoukide sauvèrent militairement les croisés, en plus de les réapprovisionner en nourriture, fournitures et argent. »
  2. Jonathan Phillips, The Crusades 1095-1197, (Routledge, 2002), 140.
  3. Konstam, Historical Atlas of the Crusades, 162
  4. Konstam, Historical Atlas of The Crusades, 124
  5. Tyerman, p. 426 : « Après un combat désespéré contre les croisés menés par l'empereur lui-même, les Trucs combattant à l'extérieur de la ville furent vaincus, malgré leur supérieure numérique apparente, laissant Iconium à la merci des Allemands et du pillage. »
  6. Tyerman 2006, p. 418
  7. Wolff 1975, p. 112
  8. Wolff 1975, p. 111
  9. Tyerman 2006, p. 426
  10. Wolff 1975, p. 113
  11. Wolff 1975, p. 116 : « Bien que l'armée allemande soit affaiblie et décimée, elle réussit à disposer des Sedjoukides d'Iconium avec une relative facilité. »

Bibliographie

  • (en) Christopher Tyerman, God's war : a new history of the Crusades, Cambridge, Mass, Belknap Press of Harvard University Press, , 1023 p. (ISBN 978-0-674-02387-1 et 978-0-674-03070-1, lire en ligne)
  • (en) Kenneth Setton (general editor), Robert Lee Wolff et Harry W. Hazard, A history of the Crusades, vol. 2 : the later Crusades 1189- 1311, Madison, University of Wisconsin Press, (rĂ©impr. 2005, 2017) (1re Ă©d. 1962), 871 p. (ISBN 978-0-299-06670-3, lire en ligne)

Articles connexes

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