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Bataille d'Hawija

La bataille d'Hawija a lieu lors de la seconde guerre civile irakienne. Elle débute le par une offensive des forces irakiennes et alliées pour reprendre la ville et la région d'Hawija, occupée par l'État islamique depuis juin 2014. La ville d'Hawija est elle-même reprise le . L'opération s'achève le avec la reconquête des derniers villages tenus par les djihadistes dans la région.

Bataille d'Hawija
Description de cette image, également commentée ci-après
Des miliciens chiites de Saraya al-Khorasani au cours de l'offensive contre Hawija, le 27 septembre 2017.
Informations générales
Date –
(20 jours)
Lieu Hawija
Issue Victoire de l'Irak et de la coalition
Commandants
Drapeau de l'Irak Abdelamir Yarallah
Forces en présence
Drapeau de l'Irak
inconnues
Drapeau de l'État islamique
1 000 hommes[1]
Pertes
Drapeau de l'Irak
inconnues
Drapeau de l'État islamique
1 316 morts
8 prisonniers
(selon l'armée irakienne)[2]

1 000 prisonniers
(selon le gouvernement régional du Kurdistan)[3] - [4]
Civils : 12 500 dĂ©placĂ©s[5]

Seconde guerre civile irakienne

CoordonnĂ©es 35° 19′ 24″ nord, 43° 46′ 26″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Irak
(Voir situation sur carte : Irak)
Bataille d'Hawija

Prélude

En 2017, après les victoires des forces irakiennes et de ses alliés à Mossoul en juillet et à Tall Afar en août, l'État islamique ne tient plus en Irak que la poche d'Hawija dans la province de Kirkouk et la poche d'al-Qaïm, dans la province d'al-Anbar[6] - [7].

La ville d'Hawija est peuplĂ©e de 70 000 habitants, en grande majoritĂ© Arabes sunnites[7]. Après 2003, lors de la guerre d'Irak, les forces insurgĂ©es irakiennes, baasistes puis djihadistes, sont très actives dans la rĂ©gion, qui est surnommĂ©e le « Kandahar irakien Â» par les AmĂ©ricains[8] - [1]. C'est Ă  Hawija qu'en 2013, des manifestations sunnites contre la politique sectaire du premier ministre chiite Nouri al-Maliki sont rĂ©primĂ©es par les forces gouvernementales irakiennes, faisant 50 Ă  240 morts et provoquant le dĂ©but de la seconde guerre confessionnelle irakienne[7] - [9] - [10].

Forces en présence

Miliciens chiites de Saraya al-Khorasani tirant au mortier contre des positions de l'État islamique, le 27 septembre 2017.

La poche d'Hawija est dĂ©fendue par environ 1 000 djihadistes[1] ; large de 9 000 kilomètres carrĂ©s[11], elle se situe Ă  l'intĂ©rieur d'un triangle dĂ©limitĂ© par Kirkouk au nord-est, Al-Charqat au nord-ouest et BaĂŻji au sud. Les peshmergas du Gouvernement rĂ©gional du Kurdistan (GRK) sont postĂ©s au nord, tandis que les forces irakiennes sont dĂ©ployĂ©es au sud[8]. Des cheikhs et des responsables de tribus sunnites ont Ă©galement pris les armes contre l'État islamique ; certains se sont alliĂ©s avec les Kurdes et d'autres avec les milices chiites[8]. L'offensive est menĂ©e par l'armĂ©e irakienne, la police fĂ©dĂ©rale et les milices des Hachd al-Chaabi — dont l'Organisation Badr, la Division de combat d'al-Abbas[12], AsaĂŻb Ahl al-Haq[13], le Harakat Hezbollah al-Nujaba[13], Saraya al-Khorasani[14] et le Liwa Ali al-Akbar[15] — ; ces forces sont placĂ©es sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Abdelamir Yarallah[16]. La France[17], le Royaume-Uni[18] et l'Australie[19] engagent aussi leur aviations. L'armĂ©e française dĂ©ploie Ă©galement les CAESAR de la Task force Wagram[17] - [20]. Les peshmergas se contentent quant Ă  eux de tenir leurs positions au nord[21] - [22]. Selon l'ONG International Rescue Committee, 85 000 civils, dont 40 000 enfants, sont aussi prĂ©sents dans la poche d'Hawija[16].

L'offensive est également lancée quatre jours avant la tenue du référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, dans un contexte de grande tension entre le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan (GRK)[1] - [23]. Bagdad est fermement opposé à la tenue de ce référendum ; le 19 septembre, le premier ministre irakien Haïder al-Abadi menace même le président du GRK Massoud Barzani de mener une opération militaire au Kurdistan si des violences devaient éclater à Kirkouk : « si la population irakienne était menacée par l'usage de la force en dehors de la loi, nous interviendrons militairement »[24] - [25] - [26].

DĂ©roulement

Carte de l'offensive Ă  Hawija :
  • Zone contrĂ´lĂ©e par le gouvernement irakien
  • Zone contrĂ´lĂ©e par les peshmergas

Le , le premier ministre Haïder al-Abadi annonce le début de l'offensive contre l'État islamique à Hawija[6]. Le premier jour, les combats se concentrent à l'ouest, du côté d'Al-Charquat : 20 villages sont repris selon le général Yarallah[16].

Selon des djihadistes faits prisonniers, les chefs de l'État islamique et les combattants étrangers prennent la fuite avant même le début de l'offensive ; ils se replient par petits groupes vers les monts Hamrin, où ils disposent de camps et de tunnels, abandonnant sur place les combattants locaux[27].

Le 29 septembre à l'aube, les forces irakiennes lancent la deuxième phase de leur offensive visant à reprendre le centre de Hawija et les localités environnantes de Rachad, Ryad et Abassi[28]. Abassi, situé à 10 kilomètres au sud-ouest d'Hawija, est repris en fin d'après-midi[28].

Le mĂŞme jour, Ali Jabbar al-Salahi, dit « Abou Tahsine Â», surnommĂ© aussi le « cheikh des snipers », est tuĂ© au combat dans la montagne de Hamrine, près de Hawija. Ă‚gĂ© de 63 ans et membre du Liwa Ali al-Akbar, il revendiquait la mort de plus de 320 djihadistes de l'État islamique[15].

Le 3 octobre, les troupes irakiennes s'emparent de la centrale électrique de Harayat et du pont al-Fatha, à l'est de Baïji[29]. Le 4 octobre, elles prennent le contrôle de l'autoroute reliant Tikrit à Kirkouk et entrent dans la ville d'Hawija[29] - [30]. Le 5 octobre, elles reprennent entièrement le contrôle de la ville[29] - [31].

Le village de Ryad est reconquis le lendemain de la prise d'Hawija, mais quelques localités au nord et à l'est de la ville demeurent aux mains des djihadistes[12].

Le 11 octobre, l'armée irakienne annonce la fin des opérations à Hawija et affirme que tous les villages de la région ont été libérés[32].

Les pertes

Selon l'armĂ©e et le ministère irakien de la DĂ©fense, 1 316 djihadistes de l'État islamique ont Ă©tĂ© tuĂ©s et huit autres faits prisonniers au cours des opĂ©rations[2].

Selon les déclarations à l'agence Reuters d'un responsable de la sécurité du Kurdistan irakien, un millier de personnes se rendent aux peshmergas, dont plusieurs centaines de combattants de l'EI[3] - [4]. Les habitants de la région ont préféré se rendre aux Kurdes, sunnites, plutôt qu'à l'armée et aux milices, chiites[33]. Peu de combattants étrangers se sont rendus, certains se sont enfuis, les autres ont combattu jusqu'à la mort[33].

Suites

Le , les autorités irakiennes annoncent la découverte à la base militaire d'al-Bakara, à trois kilomètres au sud-ouest d'Hawija, de plusieurs charniers contenant les corps de plus de 400 personnes exécutées par les djihadistes de l'État islamique pendant la période où ils occupaient la région[34].

Notes et références

  1. Thierry Oberlé, « Irak: veillée d'armes pour les Kurdes de Kirkouk », Le Figaro, (consulté le )
  2. Nehal Mostafa, « Islamic State controls 2.9% of Iraqi lands: Commander », Iraqi News,
  3. Maher ChmaĂŻtelli, En Irak, des centaines de membres de l'EI se sont rendus aux Kurdes, Reuters, 10 octobre 2017.
  4. Rod Nordland, ISIS Fighters, Having Pledged to Fight or Die, Surrender en Masse, New York Times, 8 octobre 2017.
  5. Luc Mathieu, Hawija, l'un des derniers bastion de l'EI en Irak, est tombé, Libération, 5 octobre 2017, consulté le 9 mai 2020.
  6. Le Monde avec AFP, « Irak : l’offensive pour reprendre Hawija, bastion de l’EI, a débuté », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. AFP, « Hawija, dernière grande ville d'Irak avec al-Qaïm aux mains de l'EI », L'Express, (consulté le )
  8. Allan Kaval, « Irak : Kirkouk, la guerre d’après », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Bertrand Badie et Dominique Vidal (direction), Nouvelles guerres, l'Ă©tat du monde 2015, La DĂ©couverte, , p. 204-205. Contribution de Pierre-Jean Luizard.
  10. AFP, « Irak: l'assaut est lancé contre Hawija, l'un des deux derniers bastions de l'EI », L'Express, (consulté le )
  11. AFP, « Après Tal Afar, l'Irak lancera la bataille contre l'EI à Hawija », sur Le Point, Le Point, (consulté le )
  12. AFP, « L'Irak en passe de chasser l'EI de toute la région de Hawija », L'Express, (consulté le )
  13. (en-US) Bill Roggio, « Iraqi troops, Iranian-backed militias eject Islamic State from Hawija | FDD's Long War Journal », The Long War Journal, (consulté le )
  14. (en) « Iran-backed Militia Taking Leading Role in Operation for Iraq's Hawija », sur VOA (consulté le )
  15. « Le «cheikh des snipers» anti-EI tué à Hawija », Tribune de Genève,‎ (ISSN 1010-2248, lire en ligne, consulté le )
  16. AFP, « Syrie: combats à Raqa pour réduire les dernières poches jihadistes », L'Express, (consulté le )
  17. Laurent Lagneau, « Irak : L'aviation française concentre ses efforts contre les positions tenues par l'EI à Hawijah », Zone Militaire, (consulté le )
  18. (en) « RAF air strikes in Iraq and Syria: September 2017 », Ministry of Defence, (consulté le )
  19. [PDF] Operation OKRA – ADF Airstrikes for the period 22 Sep – 05 Oct 17, Headquarters Joint Operations, 10 octobre 2017.
  20. « CHAMMAL : la TF Wagram maintient la pression sur Daech dans la bataille d’Hawija », Ministère de la Défense, (consulté le )
  21. Oriane Verdier, Les forces irakiennes veulent déloger les derniers jihadistes d’Hawija, RFI, 4 octobre 2017.
  22. Oriane Verdier, « Les forces irakiennes veulent déloger les derniers jihadistes d’Hawija », RFI, (consulté le )
  23. « Irak : les forces de l'armée irakienne et les peshmerga à l'assaut d'Hawija », France 24, (consulté le )
  24. Georges Malbrunot, « Bagdad menace de recourir à la force contre les Kurdes », Le Figaro, (consulté le )
  25. Ammar Karim, « Référendum: le ton se durcit entre Bagdad et Erbil après une décision de justice », sur fr.news.yahoo.com, AFP (consulté le )
  26. AFP, « Irak: le Premier ministre Haider al-Abadi rejette toute forme de référendum sur le Kurdistan », sur 45eNord.ca, (consulté le )
  27. Allan Kaval, « En Irak, les « petites mains » du « califat » abandonnées par l’organisation Etat islamique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. AFP, « Les forces irakiennes cherchent à briser les lignes jihadistes à Hawija », Le Point, (consulté le )
  29. AFP, « L'EI perd son dernier grand centre urbain en Irak », L'Express, (consulté le )
  30. AFP, « Les forces irakiennes entrent dans Hawija, le dernier bastion nordiste de l'EI », L'Express, (consulté le )
  31. Luc Mathieu, « Hawija, l'un des derniers bastion de l'EI en Irak, est tombé », Libération, (consulté le )
  32. (en) « Iraqi army declares completion of Hawija operation », sur www.rudaw.net, (consulté le )
  33. Scott Atran, « L’EI vaincu ? Pas si vite… », Libération, (consulté le )
  34. Avec AFP, « Irak : 400 corps découverts dans des charniers », France 24, (consulté le )
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