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Autoportrait (Rembrandt, Indianapolis)

Autoportrait ou Autoportrait avec hausse-col et bĂ©ret[1] est un autoportrait de Rembrandt rĂ©alisĂ© vers 1629. Il fait actuellement partie de la collection du Fonds Clowes du MusĂ©e d'Art d'Indianapolis.

Autoportrait
Artiste
Date
Vers
Type
Huile sur bois
Dimensions (H Ă— L)
44,45 Ă— 34,29 cm
Mouvement
Propriétaire
George H. A. Clowes (d)
No d’inventaire
C10063
Localisation

Description

C'est un portrait d'une spontanĂ©itĂ© travaillĂ©e. Les lèvres entrouvertes, la tĂŞte inclinĂ©e, et la position penchĂ©e Ă©voquent un moment de surprise et d'animation subite, et Ă©tablissent une relation dramatique avec le spectateur. Le peintre est costumĂ© d'accessoires extraits de la collection de son atelier : une Ă©charpe, un bonnet rabattu vers le bas dont l'ombre couvre son front, et un hausse-col en acier oĂą se dĂ©tache un rivet. Rembrandt n'a jamais servi dans la milice, et la collerette n'a pas de valeur symbolique.

L'artiste n'a que vingt-trois ans quand il peint cet autoportrait, mais utilise et maîtrise déjà un large éventail de procédés artistiques pour susciter l'émotion et un effet dramatique. L'éclairage et l'atmosphère dense qui seront caractéristiques de son œuvre sont déjà présents dans ce tableau. Les teintes presque monochromatiques; un travail du pinceau incisif, la séparation de mèches de cheveux par des rayures faites dans la peinture humide, contribuent à la charge émotionnelle. Il reprendra par la suite ces procédés dans ses grandes œuvres, pour rendre avec authenticité les sentiments[2].

Histoire

Lorsqu'il peint cet autoportrait, Rembrandt Ă©tait encore un jeune peintre de sa ville natale, Leyde, sans renommĂ©e. MaĂ®tre d'un petit atelier, il y perfectionne son art, et ouvre dans son Ĺ“uvre ce genre, qui sera ensuite prisĂ© par les collectionneurs. Il peut s'agir d'un moment de son apprentissage : Samuel van Hoogstraten, qui a Ă©tudiĂ© avec Rembrandt, Ă©crira plus tard un manuel de peinture prĂ´nant l'autoportrait pour apprendre Ă  capturer l'Ă©motion[3]. Une autre explication, plus prosaĂŻque, de la peinture de ses premiers autoportraits par Rembrandt est qu'il lui Ă©vitent d'embaucher un modèle, Ă©conomie interessante pour un jeune peintre en lutte contre l'adversitĂ©[4].

Controverse d'attribution

Rembrandt a souvent utilisĂ© ses autoportraits comme support d'enseignement Ă  ses Ă©lèves, leur en faisant peindre  plusieurs copies et variantes, Ă  la fois pour leur apprentissage, et parce qu'ils se vendaient assez bien. Il y a ainsi au moins cinq exemplaires de cette peinture, ce qui a conduit Ă  un doute sur son attribution au maĂ®tre. L'historien de l'Art Abraham Bredius, qui l'a dĂ©couvert dans un château près de Lvov, en 1897, l'a d'abord prĂ©sentĂ© comme un Rembrandt authentique, mais a changĂ© d'opinion en 1969. Les chercheurs sont ensuite restĂ©s partagĂ©s, avant et après le nettoyage fait en 1966. Mais des examens plus poussĂ©s, dont une radiographie en 1979 ont conduit Ă  ce que l'autoportrait soit considĂ©rĂ© comme de Rembrandt. La radiographie a ainsi rĂ©vĂ©lĂ© des repentirs et changement dans les angles des Ă©paules, de la tĂŞte et du chapeau : le tableau est donc une composition originale et non une simple copie.

Par ailleurs, le tableau porte le monogramme RHL, qui est celui utilisĂ© par Rembrandt au cours de ses annĂ©es Ă  Leyde. Ces initiales ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es lorsque la peinture Ă©tait encore humide, et n'apparaissent pas sur les copies. Enfin, le portrait comporte plusieurs dĂ©fauts sur le menton du peintre. Le peintre n'a jamais masquĂ© ses rides et les imperfections de son visage, alors que ses Ă©lèves avaient tendance Ă  les dissimuler[5].

Acquisition

Le tableau a Ă©tĂ© achetĂ© par G. H. A. Clowes en 1951, mettant fin Ă  sa circulation entre familles nobles de Pologne. La famille Clowes de la famille l'a donnĂ© au MusĂ©e d'Art d'Indianapolis en 1959. Il porte le numĂ©ro d'ordre C10063 et peut ĂŞtre vu dans le pavillon Clowes[6].

Notes et références

  1. White et Buvelot 1999, p. 100.
  2. Holliday T. Day, Indianapolis Museum of Art Collections Handbook, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-20-4).
  3. Ellen Wardwell Lee et Anne Robinson, Indianapolis Museum of Art : Highlights of the Collection, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-77-8).
  4. Jeanne Ivy, « Self-Portrait as Self-Study », The Exploration of Self: What Artists Find When They Search in the Mirror, sur The Exploration of Self: What Artists Find When They Search in the Mirror, University of Maryland, Baltimore County (consulté le ).
  5. Stephanie S. Dickey, Rembrandt Face to Face, Indianapolis, Indianapolis Museum of Art, (ISBN 978-0-936260-83-9).
  6. (en) « Self-Portrait », sur Indianapolis Museum of Art Online Collection (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Christopher White (coord.), Quentin Buvelot (coord.), Ernst van de Wetering, Volker Manuth, Marieke de Winkel, Edwin Buijsen, Peter Schatbron, Ben Broos et Ariane van Suchtelen (trad. Jean Raoul Mengarduque), Rembrandt par lui-mĂŞme, Paris, Flammarion, (ISBN 978-90-400-9330-2 et 9782080104083, BNF 37047607), p. 100-101.

Article connexe

Liens externes

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