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Auto-ethnographie

L'auto-ethnographie ou autoethnographie, est un travail de recherche qualitatif et rĂ©flexif axĂ©e sur le vĂ©cu singulier de l’individu[1] dans le but d'offrir une comprĂ©hension culturelle, politique et sociale plus large sur un sujet donnĂ©. Peu courante en francophonie Ă  l'exception du Canada, cette forme d'Ă©criture auto-rĂ©flexive, s'est dĂ©veloppĂ©e en littĂ©rature anglaise ou elle se pratique dans des disciplines trĂšs variĂ©es.

Une scÚne de l'auto-ethnographie qui consiste à faire un travail de recherche qualitatif et réflexif sur un individu

L’auto-ethnographie peut ĂȘtre dĂ©finie comme une narration de soi qui tient compte de la relation avec les autres dans des contextes culturels et sociaux. Elle est Ă  la fois une mĂ©thode et un texte Ă©crit provenant de diverses pratiques interdisciplinaires[2].

L'auto-ethnographie en science

L'autoethnographie est un terme utilisé pour indiquer que le chercheur ou la chercheuse est membre de la communauté qu'elle étudie et que son propre positionnement est utilisé dans la réflexion utile à la recherche, selon Loftsdóttir[3], cité par Lavanchy[4].

L'autoethnographie organisationnelle est l'Ă©tude d'une organisation dont on est membre. Sambrook et Herrmann[5] dĂ©finissent trois types d’autoethnographie organisationnelle : le cas d’une Ă©tude au sein mĂȘme du lieu de travail universitaire, le cas d’une Ă©tude chez un employeur simultanĂ© et le cas oĂč le chercheur devient membre d'une organisation et co-Ă©crit avec un collĂšgue bĂ©nĂ©ficiant d'anciennetĂ© le travail .

Critique dans le cadre littéraire

Rey Chow, spĂ©cialiste de la thĂ©orie postcoloniale, critique la maniĂšre dont certains artistes non-occidentaux ou membres de minoritĂ©s ethniques essaient dans leur Ă©vocation de leur propre culture de rendre leurs Ɠuvres exotiques et d'accentuer leur spĂ©cificitĂ© « ethnique » pour se conformer aux attentes d'un public occidental[6].

Selon Rey Chow, l'individu devient ethnique du fait de la pression exercĂ©e par les systĂšmes sociaux ; cette pression aurait favorisĂ© notamment l'Ă©mergence d'une littĂ©rature « auto-ethnographique » qui incite Ă  explorer sa propre ethnicitĂ©. Chow conteste l'idĂ©e admise selon laquelle ces Ă©crits autoethnographiques pourraient ĂȘtre libĂ©rateurs[7]. Dans son livre, The Protestant Ethnic and the Spirit of Capitalism, Chow Ă©crit :

Lorsque des individus appartenant Ă  des minoritĂ©s pensent qu'en se rĂ©fĂ©rant Ă  eux-mĂȘmes, ils se libĂšrent des pouvoirs qui les assujettissent, ils permettent en rĂ©alitĂ© Ă  ces pouvoirs de fonctionner de la maniĂšre la plus intime en pĂ©nĂ©trant leur cƓur et leur Ăąme, dans une sorte d'abandon volontaire de leur part qui est, en fin de compte, pleinement complice du verdict de culpabilitĂ© qui a Ă©tĂ© prononcĂ© Ă  leur encontre socialement, bien avant qu'ils ne prennent la parole[8]

Pour Chow donc, la littérature autobiographique permet à la culture hégémonique de renforcer l'image d'une ethnicité stéréotypée des individus.

Notes et références

  1. Karine Rondeau, « L'autoethnographie : une quĂȘte de sens rĂ©flexive et conscientisĂ©e au coeur de la construction identitaire », Recherches Qualitatives, ResearchGate, vol. 30(2),‎ , p. 48-70 (ISSN 1715-8702, lire en ligne)
  2. (en) Deborah Reed-Danahay, Auto/ethnography: rewriting the self and the social, Berg, (lire en ligne)
  3. (en) LoftsdĂłttir, K, « ‘The White Flesh of a Fish’ : Reflections about Whiteness and Methodologies », Graduate Journal of Social Science,‎ , p. 84-107
  4. Anne Lavanchy, « Taire la race pour produire une sociĂ©tĂ© incolore ? Les contours du rĂ©gime racial en Suisse », Sociologie et sociĂ©tĂ©s, vol. 50, no 2,‎ , p. 151–174 (ISSN 0038-030X et 1492-1375, DOI 10.7202/1066817ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Sally Sambrook et Andrew F. Herrmann, « Organisational autoethnography: possibilities, politics and pitfalls », Journal of Organizational Ethnography, vol. 7, no 3,‎ , p. 222–234 (ISSN 2046-6749, DOI 10.1108/JOE-10-2018-075, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. BÉNÉZET, Delphine, « De l’usage des prĂ©jugĂ©s et des clichĂ©s dans le cinĂ©ma de Tran Anh Hung »,www.post-scriptum.org (No 1, 2002)
  7. Bowman, « Rey Chow and Postcolonial Social Semiotics », Social Semiotics, vol. 20, no 4,‎ , p. 329–341 (DOI 10.1080/10350330.2010.494397)
  8. Chow in The Protestant Ethnic and the Spirit of Capitalism, 2002, 115 qtd. in Bowman "Rey Chow and Postcolonial Social Semiotics", 332.

Liens externes

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