Autel des frères Philènes
L'autel des frères Philènes est un lieu marquant selon les Anciens la limite entre les Carthaginois et les populations grecques de Cyrène, qui aurait rappelé le sacrifice des frères Philène.
Localisation
La localisation précise du site reste discutée. Mais, à la suite Richard George Goodchild[1], les archéologues s'accordent pour l'identifier au site du Graret Gser et-Trab, lieu-dit localisé à 6 km de la côte et à 2 km au sud de Bir Umm el-Garanigh, dans une légère dépression au nord du plateau du djebel el-Ala[2] - [3].
Histoire
Pour décider d'une frontière avec la colonie grecque de Cyrène (actuelle Libye), et au lieu de se lancer dans un nouveau conflit armé, les deux cités seraient convenu que chacune devait envoyer le même jour une expédition qui se devait de longer la côte, la frontière devant se situer au point de rencontre.
Les Carthaginois, conduits par les frères Philène, marchent jour et nuit, si bien qu'ils rencontrent les Cyréniens beaucoup plus près de Cyrène que de Carthage, au fond du golfe de la Grande Syrte, dans l'actuelle Libye. Les Cyréniens les accusent d'être partis avant la date convenue. Enfin, ils déclarent qu'ils ne reconnaîtront cette frontière que si les frères Philène se font enterrer vivants sur place[4].
Par dévouement envers leur cité, ceux-ci acceptent, acte que Salluste signale par la présence de l'autel des frères Philène, autels qui n'ont pas laissé de traces et pour lesquels de nombreux débats ont eu lieu dès l'Antiquité, certains auteurs comme Strabon évoquant des colonnes[5], d'autres comme Pline l'Ancien évoquant des structures naturelles[6] - [7].
La frontière politique et économique fut durablement établie là, même si les Ve et IVe siècles virent un approfondissement de l'occupation côtière en deçà de celle-ci[8]. La frontière perdurera comme limite interne à l'Empire romain, la représentation du lieu sur la table de Peutinger « étant [pour sa part] purement théorique »[9]. Les autels des Philènes séparèrent la province d'Afrique de la province de Crète et Cyrénaïque (Creta et Cyrenaica), puis la province de Tripolitaine de la province de Libye supérieure (Libya superior) ou pentapole (Libya pentapolis), ainsi que le diocèse d'Afrique du diocèse d'Orient puis, après la partition de celui-ci, du diocèse d'Égypte.
Sources antiques
- Pseudo-Scylax, Périple, 109[10] - [11] - § 3_12-0">[12]
- Polybe, Histoires, p. III, 39, 2[10] - [11] - § 3_12-1">[12] - p. 222,_
n. 9 _13-0">[13] et X, 40, 7[10] - [11] - Ptolémée, Géographie, p. IV, 36§ 3_12-2">[12]
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, p. V, 4§ 3_12-3">[12] et 28[10]
- Salluste, Guerre de Jugurtha, p. 79, 19[10] - [11] - [11] - § 2_14-0">[14] - p. 222,_
n. 10 _15-0">[15] - Valère Maxime, Faits et dits mémorables, p. V, 6, ext. 4[10] - p. 126,_
n. 46 _16-0">[16] - p. 222,_n. 10 _15-1">[15] - Pseudo-Hégésippe, Histoires, p. II, 9, 1p. 127,_
n. 47 _17-0">[17] - Pomponius Mela, Chorographie, p. I, 7[10] et 38p. 222,_
n. 10 _15-2">[15] - Silius Italicus, Guerre punique, p. XV, 700-701[10] - p. 222,_
n. 10 _15-3">[15] - Strabon, Géographie, p. III, 5, 5 et XVII, 3, 20[10] - p. 224,_
n. 14 _18-0">[18] - Stadiasme, 83[10]
- Table de Peutinger[10]
Notes et références
- Richard George Goodchild, « Arae Philaenorum and Automalax », Papers of the British School at Rome (PBSR), XX, 1952, pp. 94-110, réédité dans : Joyce M. Reynolds (éd.), Libyan Studies : Selected papers of the late R. G. Goodchild, London, Éd. Paul Elek, 1976, pp. 155-172.
- Brouquier-Reddé 1992, p. 128.
- Laronde 1987, p. 199.
- M.G. Amadasi-Guzzo, Carthage, 2007, p. 31
- Strabon, III, 5, 5
- Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, V, 28, 2
- S. Lancel, Carthage, p. 132-133
- S. Lancel, Carthage, p. 133
- René Rebuffat, Autel des frères Philènes, Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique [sous la dir. d'E. Lipinski], 1992, p. 351
- Brouquier-Reddé 1992, p. 129.
- Devillers 2000, p. 119.
- § 3-12" class="mw-reference-text">Camps 1990, § 3.
- p. 222,_
n. 9 -13" class="mw-reference-text">Malkin 1990, p. 222, n. 9. - § 2-14" class="mw-reference-text">Camps 1990, § 2.
- p. 222,_
n. 10 -15" class="mw-reference-text">Malkin 1990, p. 222, n. 10. - p. 126,_
n. 46 -16" class="mw-reference-text">Devillers 2000, p. 126, n. 46. - p. 127,_
n. 47 -17" class="mw-reference-text">Devillers 2000, p. 127, n. 47. - p. 224,_
n. 14 -18" class="mw-reference-text">Malkin 1990, p. 224, n. 14.
Voir aussi
Bibliographie
- [Brouquier-Reddé 1992] Véronique Brouquier-Reddé (préf. de Marcel Le Glay), Temples et cultes de Tripolitaine (monographie, texte remanié de la thèse de 3e cycle en archéologie préparée sous la direction de René Rebuffat et soutenue publiquement en à l'université Paris-IV sous le titre Cultes et lieux de cultes en Libye antique), Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Études d'antiquités africaines » (no 1992/1), , 1re éd., 1 vol., 352, in-4o (22 × 28 cm) (ISBN 2-222-04665-3 et 978-2-222-04665-3, OCLC 489608796, BNF 35533950, SUDOC 002699699, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Devillers 2000] Olivier Devillers, « Regards romains sur les autels des frères Philènes », dans Mustapha Khanoussi, Paola Ruggeri et Cinzia Vismara (éd.), L'Africa romana. Geografi, viaggiatori, militari nel Maghreb : alle origini dell'archeologia nel Nord Africa [« L'Afrique romaine. Géographes, voyageurs, militaires au Maghreb : aux origines de l'archéologie en Afrique du Nord »], vol. 1 (actes du 13e Congrès international d'études sur l'Afrique romaine, tenu à Djerba du au ), Rome, Carocci, coll. « Collana del dipartimento di storia dell'Università degli studi di Sassari. Nuova serie / L'Africa romana » (no 6 / XIII), , 1re éd., 21 cm (ISBN 88-430-1647-4 et 978-88-430-1647-1, OCLC 490482177, BNF 37710808, SUDOC 055468586, lire en ligne), p. 119-144.
- [Camps 1990] Gabril Camps, « Autel », dans Gabriel Camps (dir.), Encyclopédie berbère, t. VIII : Aurès – Azrou, Aix-en-Provence, Édisud (publié avec le concours et sur la recommandation du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines), , 1re éd., 1 vol. (p. 1097-1287), 190, 24 cm (ISBN 2-85744-461-3 et 978-2-85744-461-9, SUDOC 001692836, présentation en ligne, lire en ligne), art. A326, p. 1170-1175, § 2-3 (« Les Autels des Philènes »).
- [Laronde 1987] André Laronde (préf. de François Chamoux), Cyrène et la Libye hellénistique – Libykai Historiai – de l’époque républicaine au principat d’Auguste (monographie), Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Études d'antiquités africaines » (no 1987/2), , 1re éd., 1 vol., 524-[2], in-4o (22 × 28 cm) (ISBN 2-222-03746-8 et 978-2-222-03746-0, OCLC 18897446, BNF 34927326, SUDOC 001229222, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Malkin 1990] Irad Malkin, « Territorialisation mythologique : les "autels des Philènes" en Cyrénaïque », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 16, no 1, , p. 219-229 (DOI 10.3406/dha.1990.1465, lire en ligne, consulté le ).
- [Rebuffat 1993] René Rebuffat, « Philènes (autel des frères) », dans Edward Lipiński (dir.), Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, Turnhout, Brepols, , 1 vol., XXII-502-XVI, 16,5 × 23,5 cm (ISBN 2-503-50033-1 et 978-2-503-50033-1, OCLC 411193953, BNF 36664674, SUDOC 00289632X, présentation en ligne).