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Auguste Jean Baptiste Bouvet de Cressé

Auguste-Jean-Baptiste Bouvet de Cressé, né le à Provins et mort le à Paris[1], est un littérateur et pédagogue français.

Auguste Jean Baptiste Bouvet de Cressé
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  71 ans)
Paris
Nationalité
Formation
Activités
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Arme

Biographie

Bouvet fit ses Ă©tudes chez les oratoriens, et les termina, en 1789, Ă  Sens, au collège royal[2]. Il servit ensuite dans le rĂ©giment du Roi, et s’enrĂ´la, au commencement de la RĂ©volution, dans les troupes de la marine Ă  Brest, obtint au concours la place de chef d’imprimerie de l’armĂ©e navale, et ne quitta le service qu’après s’être distinguĂ© par cette action mĂ©morable : le , la flotte française, aux ordres du contre-amiral Villaret-Joyeuse, partie du port de Brest, est rencontrĂ©e par l’escadre anglaise[2]. Le combat s’engage. Cinq vaisseaux ennemis enveloppent la Montagne, vaisseau amiral sur lequel Bouvet de CressĂ© Ă©tait embarquĂ©. La Montagne, après un long et rude combat, est dans l’état le plus dĂ©plorable, et, pour comble de malheur, le feu prend Ă  des caisses remplies de cartouches. Bouvet de CressĂ©, qui avait dĂ©jĂ  reçu trois blessures et dont le bras Ă©tait en Ă©charpe, conçut le dessein de sauver le vaisseau et ses dĂ©bris, et au moment oĂą l’amiral anglais s’approchait et se disposait Ă  tenter l’abordage, il demanda au contre-amiral la permission de balayer le pont du vaisseau amiral ennemi[2]. « Mais vous vous ferez tuer, rĂ©pondit Villaret-Joyeuse. — Tout pour la patrie, » rĂ©pondit Bouvet. Le contre-amiral lui serra la main[2]. Bouvet se glissa, monta en rampant de degrĂ© en degrĂ©, sans ĂŞtre intimidĂ© par les Anglais, qui, du haut des dunes, tiraient sur lui avec des espingoles et presqu’à bout portant. Les vĂŞtements criblĂ©s de balles, son chapeau percĂ© en trois endroits, et malgrĂ© cinq nouvelles blessures, il atteignit le but qu’il s’était proposĂ© en mettant le feu Ă  une caronade de 56 Ă  tribord, qui balaya le pont de l’amiral anglais, et le força de s’éloigner Ă  toutes voiles. Ce fait hĂ©roĂŻque fut constatĂ© dans un dĂ©cret de la convention nationale, en date du 8 ventĂ´se an II, mais laissĂ© sans rĂ©compense[2]. Par la suite, Bouvet sollicita de toutes manières une rĂ©munĂ©ration, soit auprès des divers pouvoirs exĂ©cutifs qui se sont succĂ©dĂ© depuis, et, en dernier lieu, sous la Restauration, par des pĂ©titions adressĂ©es aux chambres, mais toujours sans succès. Il eĂ»t Ă©tĂ© surtout flattĂ© d’obtenir la croix d’honneur[2].

Bouvet de CressĂ© eut toujours, par ses manières excentriques, ses forfanteries, ses dĂ©clamations contre l’autoritĂ© qu’il adulait pourtant dans d’autres occasions, et par des habitudes trop souvent crapuleuses, le don d’écarter de lui la considĂ©ration et les protecteurs[2]. Plus d’une fois, on le vit, fortement alcoolisĂ©, haranguer du haut d’une table de cafĂ©. Cet homme qui « abordait Â» pĂ©damment les femmes, en leur citant Virgile et CicĂ©ron, Ă©tait, en un mot, d’un commerce fort incommode et de fort mauvaise sociĂ©tĂ©[2]. Ces dĂ©fauts ressortaient chez lui d’autant plus qu’il s’était consacrĂ© Ă  l’instruction de la jeunesse[2]. Après avoir quittĂ© le service, il avait ouvert Ă  OrlĂ©ans un externat, puis Ă  Paris dans la cour de la Sainte-Chapelle[2]. Aux fĂŞtes solennelles de l’Empire, il avait coutume d’arborer devant son enseigne un transparent avec cette devise en l’honneur de NapolĂ©on : Crescit eundo[2]. Les soins de son Ă©tablissement, qui, grâce Ă  son inconduite, ne fut jamais florissant, ne l’empĂŞchaient pas de se livrer Ă  la littĂ©rature[2]. « Ă‰crivain aussi fĂ©cond que mĂ©diocre[2] Â», il embrassa tous les genres et ne rĂ©ussit dans presque aucun[2]. Il dĂ©buta par deux romans, dont l’un ne manque pas d’un certain intĂ©rĂŞt[2]. Les Ă©vĂ©nements du règne de NapolĂ©on, et plus tard ceux de la Restauration, lui fournirent l’occasion de pièces latines[2]. Des diffĂ©rends qu’il eut avec Dussault, Hoffmann et Étienne, querelle oĂą il reçut force brocards, lui fournit I’occasion de publier un texte rempli de grossières injures[2]. Il fit, contre Geoffroy et les autres rĂ©dacteurs du Journal de l’Empire, une satire contenant des fragments du Folliculus de Luce de Lancival dont il n’avait obtenu la communication que par un abus de confiance[2]. En 1812, toujours Ă  l’affut des circonstances, il fit l’éloge en vers d'Hubert et de Matthieu Goffin[2]. Enfin, il a composĂ© plusieurs ouvrages d’éducation, tant en latin qu’en français[2]. Le style de tous ces ouvrages est souvent incorrect, ce qui jure avec la qualitĂ© de « professeur de belles-lettres Â» que prenait alors Bouvet, qui, depuis longtemps, avait arrĂŞtĂ© l’enseignement, faute d’élèves[2]. Cependant sur la fin de ses jours, il rouvrit un petit externat Ă  Paris, rue GĂ®t-le-CĹ“ur[2]. C’est lĂ  qu’il est mort dans la misère en 1843[2].

Le savant bibliographe QuĂ©rard l’a fort bien apprĂ©ciĂ© dans la France littĂ©raire : « Les productions de ce laborieux Ă©crivain, Ă©crit-il, se succèdent avec beaucoup de rapiditĂ©[2]. Il n’a pas encore mis la dernière main Ă  un ouvrage, qu’il en a trois ou quatre autres… en tĂŞte. » Le Martyrologe littĂ©raire (Paris, 1816, in-8°) dit : « Ce poète latin s’érigea en orateur, Ă  la salle Olympique, lors du couronnement des poètes laurĂ©ats ; mais, peu versĂ© dans la langue française, il bredouilla, balbutia, ennuya, et le parterre s’écria : Quand vous voudrez parler, commencez par vous taire[2]. Ex-prote Ă  l’imprimerie de Brest, M. Bouvet, par ses rares talents, s’éleva jusqu’au faĂ®te de la gloire littĂ©raire : car il est un des membres les plus honorables de l’illustre acadĂ©mie des sciences et arts de... Provins.

S’il n’y cueille pas des lauriers
Il y moissonnera des roses[2]. »

Publications

  • Ferval, ou le Gentilhomme rĂ©mouleur, roman, Paris, 1802, in-12.
  • Oncle, Nièce et Neveu, Paris, 1802, in-12.
    Roman dans lequel se trouvent des personnalités contre plusieurs habitants de Provins. Les événements du règne de Napoléon, et plus tard ceux de la restauration, excitèrent sa verve poétique.
  • Sur les batailles d’Austerlitz et d’IĂ©na, pièce latine, Paris, 1806, in-8° de 8 p.
  • RomĹ“ regis Ortu, carmen, Paris, imprim. de Brasseur, 1810, in-8°.
    Réimprimé dans les Hommages poétiques.
  • Épithalame en vers hexamètres et pentamètres, sur le mariage du duc de Berri, Paris, 1816, in-8°.
    Réimprimé dans le Moniteur et dans l’Hermes Romanus de Barbier-Vémars.
  • La StĂ©phanĂ©ide ou Conaxa, les deux Gendres et le Journal de Paris, suivis d’un Fragment de lettre Ă  M. Étienne, envoyĂ©e au Journal de l’Empire avec des notes pour l’intelligence du texte, Paris, Dentu, 1812, in-8° de 20 p.
  • Les Gouttes d’Hoffmann Ă  l’usage des journalistes petits-maitres, ou Suite provisoire de la StĂ©phanĂ©ide, Paris, Dentu, 1812, in-8° de 8 p.
  • Folliculi, ou les Faiseurs de rĂ©putations, satire, 1815, in-8°.
    On y trouve des fragments du Folliculus de Luce de Lancival, satire dirigée contre Geoffroy et les autres rédacteurs du Journal de l’Empire.
  • Éloge de Hubert et de Matthieu Goffin, poĂ«me, 1812, in-8°.
  • Specimen virtutum, ouvrage d’éducation, Paris, 1810, in-12.
  • Histoire abrĂ©gĂ©e de la Grèce, avec une introduction et des notes historiques, gĂ©ographiques, mythologiques, extraites du Voyage du jeune Anacharsis de BarthĂ©lemy, Paris, 1819, in-18.
    Traduction de l’Epitome HistoriĹ“ grĹ“cao de Siret ; 2e Ă©dition, Paris, 1821.
  • Panorama historique de l’univers, ou les Mille et une BeautĂ©s de l’histoire universelle, Paris, 1824, in-12, avec fig.
  • RhĂ©torique en 28 leçons, Paris, 1825, in-12.
  • Le Sully de la jeunesse, suivi de l’Eloge de Sully, par Thomas, Paris, 1825, in-12.
  • Agriculture et Jardinage enseignĂ©s en 12 leçons, 1827, in-12.
  • Manuel des grands et petits sĂ©minaires, Paris, 1826, in-12.
  • Dictionnaire de morale chrĂ©tienne, ou Choix de dictĂ©es et d’analyses sur toutes sortes de sujets, Ă  l’usage des maisons d’éducation des deux sexes, Paris, 1827, in-12.
  • Tableau littĂ©raire de la France dans le 18e siècle, Paris, 1810, in-18.
  • PrĂ©cis du règne de Louis XVIII (extrait des Tablettes universelles), Paris, 1822, in 8° de 8 p.
    Ce ne sont que deux fragments d’un ouvrage que l’auteur se proposait de publier, mais qui n’a pas paru.
  • PrĂ©cis des victoires et conquĂŞtes des Français dans les deux mondes, de 1792 Ă  1815, avec la campagne d’Espagne en 1825, Paris, 1825, 2 vol. in-12, fig.
  • Éloge historique de Louis XVIII, surnommĂ© le DĂ©sirĂ©, roi de France et de Navarre, 1824, broch. in-8°.
  • Histoire de la catastrophe de St. Domingue, avec la correspondance des gĂ©nĂ©raux Leclerc (beau-frère de Bonaparte), Henri Christophe (depuis roi d’HaĂŻti), Hardy, Vilton, etc., certifiĂ©e conforme aux originaux dĂ©posĂ©s aux archives par le lieutenant gĂ©nĂ©ral Rouanez jeune, Paris, 1824, in-8°.
  • Histoire de la marine de tous les peuples, depuis la plus haute antiquitĂ© jusqu’à nos jours, Paris, A. AndrĂ©, 1824, 2 vol. in-8°.
    Cet ouvrage, si important par son sujet, a Ă©tĂ© entièrement manquĂ© par l’auteur ; il abandonne Ă  chaque instant son sujet pour se livrer Ă  d’oiseuses digressions. Ainsi, Ă  la fin du règne de Louis XlV, il raconte en dĂ©tail la bataille de Denain, la paix d’Utrecht, la rĂ©gence du duc d’OrlĂ©ans, et, dans l’espace d’environ quatre-vingts pages, il perd tout Ă  fait de vue la marine. Enfin, dans ces deux gros volumes, anecdotes, sarcasmes, notes en vers ou en prose, calembours mĂŞme, tout se trouve, exceptĂ© ce que l’auteur avait promis.
  • Histoire de Louis XVI, roi de France et de Navarre, Paris, 1825, in-12.
  • Voyage Ă  Reims Ă  l’occasion du sacre et du couronnement de S. M. Charles X, prĂ©cĂ©dĂ© d’une notice historique sur la ville de Reims, Paris, 1825, in-18, fig.
  • RĂ©sumĂ© de l’histoire des papes, dĂ©diĂ© aux mânes de ClĂ©ment XIV, Paris, 1826, in-18.
    Dans cet ouvrage, l’auteur se déclare chrétien de bonne foi, et se montre zélé gallican.
  • PrĂ©cis de l’histoire gĂ©nĂ©rale des jĂ©suites depuis la fondation de leur ordre, le jusqu’en 1826, Paris, 1826, 2 vol. in-8°.
    Une note de ce livre fut incriminée par l’autorité, mais l’auteur offrit au tribunal de la changer et fit faire un carton.

Notes et références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 32/51.
  2. Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne ou histoire par ordre alphabétique, de la vie privée et publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée d’articles omis ou nouveaux, t. 5, Paris, Ch. Delagrave,, , 696 p. (lire en ligne), p. 358-60.

Sources

  • Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne ou histoire par ordre alphabĂ©tique, de la vie privĂ©e et publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs Ă©crits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : nouvelle Ă©dition, revue, corrigĂ©e et considĂ©rablement augmentĂ©e d’articles omis ou nouveaux, t. 5, Paris, Ch. Delagrave, , 696 p. (lire en ligne), p. 358-60.

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