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Auguste Corthay

Auguste Corthay est un fabricant de boĂ®tes de conserve, un inventeur, un Ă©crivain technique et un rĂ©dacteur spĂ©cialiste des conserves de la fin du XIXe-dĂ©but du XXe siècle. Il Ă©crit en 1891 un traitĂ©, La Conserve alimentaire. TraitĂ© pratique de fabrication[1], et fonde en 1903 un journal Ă©ponyme, La Conserve alimentaire : bulletin mensuel de vulgarisation thĂ©orique et pratique de fabrication[2] (1903-1914).

Auguste Corthay
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Biographie
Activité
Fabricant
Période d'activité
XIXe siècle-XXe siècle

Il n’y a pas beaucoup d’élĂ©ments sur sa vie : en effet il n’apparaĂ®t dans aucun dictionnaire biographique. La plupart des renseignements sur sa vie sont donnĂ©s dans ses Ă©crits : cela signifie qu’aucune information n’a pu ĂŞtre rĂ©coltĂ©e sur lui avant 1891, et après 1914[3]. Les historiens le considèrent comme un "porte-parole" de l'industrie de la boĂ®te de conserve[4].

Un industriel

Sur la page de titre de son traitĂ©, Auguste Corthay se prĂ©sente comme un « ex-officier de bouche de S.M. le roi d’Italie Â». La pĂ©riode oĂą il occupait cette charge n’est pas prĂ©cisĂ©e : on peut seulement en conclure que son dĂ©part est antĂ©rieur Ă  1891, date de parution du traitĂ©. Il fabrique des boĂ®tes de conserve comme il l’explique dans la prĂ©face : « Depuis longtemps dĂ©jĂ , lorsque j’étais Ă  la cour d’Italie, oĂą j’avais installĂ© un laboratoire pour cette fabrication oĂą tout se faisait, depuis la boĂ®te mĂ©tallique dĂ©coupĂ©e et montĂ©e jusqu’à la soudure finale, je voulais publier ce petit recueil […] Â»[5]. Sa production semble toutefois restreinte Ă  la cour d’Italie.

Il dirige ensuite une usine de conserves alimentaires Ă  Callosa de Segura, une ville espagnole. Comme pour son expĂ©rience prĂ©cĂ©dente, on ne connaĂ®t pas ses dates d’activitĂ©s. Comme cette usine n’est pas mentionnĂ©e dans le traitĂ©, il semble qu’il n’exerce pas son activitĂ© en 1891. Corthay dirige cette usine en 1884 : des informations sont donnĂ©es dans Le journal des confiseurs-pâtissiers[6] Ă  l’occasion de la nĂ©crologie de sa femme. Sa production tourne autour des conserves de fruits, comme mentionnĂ© dans la publicitĂ© de ce mĂŞme journal[7].

Un inventeur

Auguste Corthay a publiĂ© trois brevets, le premier en Espagne et les deux derniers en France auprès de l’ONPI. Pour ces deux derniers, Corthay produit un argumentaire Ă  la fois dans les brevets et dans les journaux : le point commun est leur application possible dans les usines. Pourtant il ne les exploite pas lui-mĂŞme : en effet, il ne semble pas travailler dans une usine au dĂ©but du XXe siècle.

Le premier brevet concerne un processus chimique sur les pommes de terre. Il est enregistrĂ© le 5 septembre 1898 sous le titre « Un procedimiento para la extracciĂłn del ácido hidrato de amilo de las patatas Â»[8], qui peut se traduire par « un procĂ©dĂ© pour l’extraction de l’acide hydrate d’amyle des pommes de terre Â». On ne sait pas s’il s’agit d’une invention de Corthay ou s’il dĂ©pose en Espagne un système existant et Ă©tant brevetĂ© dans un autre pays.

Le deuxième brevet dĂ©posĂ© par Corthay, dĂ©livrĂ© le 3 aoĂ»t 1906, est le « dispositif de sĂ©choir-cuiseur-fumoir, pour la prĂ©paration des conserves de poissons Â»[9]. Il en fait la promotion dans de nombreux articles de La Conserve alimentaire en 1906[10]. Ce n’est pas une invention de Corthay, puisqu’il importe un système norvĂ©gien, pays qui a le monopole dans l’industrie du poisson fumĂ©. Son objectif est d’implanter une nouvelle industrie en France. Corthay a appris les techniques du sĂ©chage du poisson grâce Ă  un ingĂ©nieur norvĂ©gien, Ă  qui il a enseignĂ© en retour les techniques pour faire de la confiture. Il y a un transfert technique entre ces deux pays, par l’intermĂ©diaire de praticiens.

Le troisième brevet porte sur un « nouveau procĂ©dĂ© de traitement des viandes pour effectuer la prĂ©paration des extraits Â»[11]. Corthay souhaite remplacer le système dĂ©veloppĂ© par Liebig en 1862, qui selon lui a un rendement trop faible et produit trop de dĂ©chets, ce qui implique une perte financière importante pour les industriels. Il propose donc une rationalisation du temps et des manipulations, ainsi qu’un meilleur rendement et une diminution des dĂ©chets. Contrairement au prĂ©cĂ©dant brevet, Corthay est l’inventeur de ce procĂ©dĂ©, qu’il expĂ©rimente dans une usine Ă  Ouaco en Nouvelle-CalĂ©donie[12].

Un Ă©crivain technique

Corthay sort en 1891 La Conserve alimentaire. TraitĂ© pratique de fabrication, produit d’une vingtaine d’annĂ©es d’expĂ©rience, comme prĂ©cisĂ© dans sa prĂ©face. Corthay revendique l’exhaustivitĂ© concernant la fabrication des conserves industrielles, ce que n’ont pas les autres traitĂ©s selon lui. De plus, il place son traitĂ© dans la lignĂ©e des grands auteurs culinaires comme Urbain Dubois, Marie-Antoine CarĂŞme et Nicolas Appert. Ce traitĂ© semble avoir connu un certain succès, puisqu’il y a eu des rĂ©Ă©ditions, dont la quatrième date de 1902, seulement une dizaine d’annĂ©es après la première parution ; des traductions en espagnol[13] et une non autorisĂ©e en anglais[14] ; ainsi que des citations dans d’autres journaux techniques comme Le journal des confiseurs-pâtissiers[15]. De plus, cet ouvrage remporte deux prix, l’un en 1893[16], l’autre en 1894[17], dans un concours de l’exposition culinaire et de l’alimentation, organisĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Cuisiniers français. Toutefois rien ne permet de savoir si les lecteurs sont des professionnels de la fabrication des conserves ou non, et si ce qui est indiquĂ© dans le traitĂ© est rĂ©ellement utilisĂ© en usines ou non.

Un rédacteur en chef

Auguste Corthay est le fondateur, le directeur, le gĂ©rant et le rĂ©dacteur en chef de La Conserve alimentaire : bulletin mensuel de vulgarisation thĂ©orique et pratique de fabrication. Ce mensuel est publiĂ© de janvier 1903 Ă  juillet 1914. C’est une revue professionnelle consacrĂ©e Ă  la conservation des aliments, en particulier grâce aux boĂ®tes de conserve. Corthay fonde ce journal pour complĂ©ter son traitĂ© de 1891, pour une durĂ©e initiale de trois ans, mais il paraĂ®t en rĂ©alitĂ© pendant douze ans. La fin de publication est brutale et coĂŻncide avec l’entrĂ©e en guerre de la France, en juillet 1914.

Auguste Corthay se prĂ©sente dans ce journal comme un praticien, un ouvrier et non comme un intellectuel : « ouvrier, nous avons Ă©tĂ©, ouvrier nous sommes et ouvrier nous resterons Â»[18]. Il met en avant son expĂ©rience passĂ©e pour justifier sa lĂ©gitimitĂ© Ă  traiter du sujet de la conserve. Il se prĂ©sente Ă©galement comme un vulgarisateur, bien que les propos du journal ne soient pas accessibles Ă  un public ignorant tout du domaine des conserves.

Références

  1. Corthay, Auguste, La Conserve alimentaire. Traité pratique de fabrication, Paris, Dentu, 1891.
  2. La Conserve alimentaire, de A1, n°1, janvier 1903 à A12, n°31, juillet 1914.
  3. Moro, Mathilde, Histoire d’un objet banal : la boîte de conserve à travers le périodique La Conserve alimentaire (1903-1914), mémoire d’histoire, Université Panthéon-Sorbonne, 2020.
  4. Bruegel Martin, "Du temps annuel au temps quotidien : la conserve appertisée à la conquête du marché, 1810-1920", Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 44, N°1, Janvier-mars 1997. p. 40-67.
  5. Corthay, Auguste, Préface de La Conserve alimentaire. Traité pratique de fabrication, Paris, Dentu, 1891, p. X.
  6. BarthĂ©lemy, Fernand, « NĂ©crologie Â», Le journal des confiseurs-pâtissiers, chocolatiers fabricant de biscuits, confitures, fruits confits, sirop, liqueurs, conserves, A5, n°44, 10 avril 1894, p. 52. « […] nous exprimons tout particulièrement nos condolĂ©ances Ă  notre cher confrère, M. Auguste Corthay, l’auteur de l’important ouvrage La Conserve alimentaire et qui dirige une des plus importantes manufactures de conserves alimentaires en Espagne Â».
  7. « Prix courant des Ă©corces […] Â», publicitĂ© dans Le journal des confiseurs-pâtissiers, chocolatiers, fabricant de biscuits, confitures, fruits confits, sirop, liqueurs, conserves, A6, n°62, octobre 1895, p. 152. « Pour renseignements, s’adresser Ă  MM. Corthay et Cie Ă  Callosa de Legura, Province d’Alicante (Espagne) Â».
  8. Corthay, Augusto, Corthay Mauricio, « Un procedimiento para la extracciĂłn del ácido hidrato de amilo de las patatas Â», Office espagnol des brevets et des marques, 5 septembre 1898, ES23053A1.
  9. Corthay, Auguste, « Dispositif de séchoir-cuiseur-fumoir, pour la préparation des conserves de poissons », INPI, 29 mai 1906, FR366654A.
  10. Par exemple : Corthay, Auguste, « La conserve alimentaire, une proposition », La Conserve alimentaire, A4, n°10, octobre 1906, p. 146.
  11. Corthay, Auguste, « Nouveau procédé de traitement des viandes pour effectuer la préparation des extraits », INPI, 19 février 1908, FR387364A.
  12. Corthay, Auguste, « Causerie Professionnelle par Nicolas Appert », La Conserve alimentaire, A6, n°3, mars 1908, p. 35. « Le Bulletin de février dernier en annonçant le prise des brevets allemands, français, américains pour le nouveau procédé de cuisson des viandes dans la chaleur concentrée et dans le vide, à la suite des essais qui ont été faits au château d’Abondant par Corthay, […] le travail fait à Abondant n’a été qu’une répétition, ou du moins le prologue de ce qui se fera dans quelques semaines en Calédonie ».
  13. « Las Conservas alimenticias », publicité dans La Conserve alimentaire, A1, n°12, décembre 1903, p. V.
  14. Corthay, Auguste, « Etude sur les ananas », La Conserve alimentaire, A9, n°31, juillet 1911, p. 482.
  15. « La Conserve alimentaire. Traité fabrique de Fabrication par Aug. Corthay », Le journal des confiseurs-pâtissiers, chocolatiers, fabricant de biscuits, confitures, fruits confits, sirop, liqueurs, conserves, A4, n°33, mai 1893, p. 51-52.
  16. « Liste des Exposants et des Récompenses », Le journal des confiseurs-pâtissiers, chocolatiers, fabricant de biscuits, confitures, fruits confits, sirop, liqueurs, conserves, A4, n°31, mars 1893, p. 29.
  17. « Palmarès de l’Exposition Culinaire et de l’Alimentation de 1894 », Le journal des confiseurs-pâtissiers, chocolatiers, fabricant de biscuits, confitures, fruits confits, sirop, liqueurs, conserves, A5, n°43, mars 1894, p.32.
  18. Corthay, Auguste, « Renseignements commerciaux et industriels », La Conserve alimentaire, A10, n°5, mai 1912, p. VII.
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