Auberge de Marie Henry
La Maison-Musée du Pouldu[1] est l'ancienne Buvette de la plage où Paul Gauguin et ses amis peintres ont pris pension à partir de 1889.
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Adresse |
10, rue des Grands Sables, 29360 Clohars-Carnoët |
Coordonnées |
47° 46′ 02″ N, 3° 32′ 46″ O |
Historique
En 1881, Henry Moret fait son premier séjour au Pouldu. Après avoir exposé du à octobre, au Café des Arts à Paris, avec ses amis, Gauguin rentre en Bretagne fin mai et, après avoir passé les premières semaines à la Pension Gloanec, ils décident de s'installer fin juin pour la période des vacances au Pouldu.
Au début de septembre, Gauguin rentre à Pont-Aven. Moret s'installe au Bas-Pouldu en septembre et y séjournera jusqu'à la fin de 1892.
C'est le que Paul Gauguin, lassé de la foule de la Pension Gloanec, vient prendre pension à la Buvette de la Plage, au Pouldu, sur la commune de Clohars-Carnoët, dans le Finistère, accompagné de Paul Sérusier et de Meyer de Haan. Henry Moret vient rejoindre l'équipe en 1890 et y passera la plus grande partie de l'année. Maxime Maufra arrive le et passe la majorité de l'année 1891 au Pouldu. Gauguin part pour Tahiti en avril 1891. De la fin juillet au début d'août 1892, Jan Verkade est au Pouldu en compagnie de Filiger, puis fin août arrive Wladyslaw Slewinski.
La patronne de l'auberge s'appelle Marie Henry (1859-1945). Yannick Doyen dira d'elle : « Une jolie brune un peu pulpeuse, à la chair rose, native de ce coin de Bretagne réputé pour la beauté de ses femmes et pour leur piété. » Charles Filiger ne tarde pas à les rejoindre, à la mi-novembre. André Gide y passe une soirée à la fin du mois d'octobre, qu'il décrit dans son livre Si le grain ne meurt. À la mi-novembre, Paul Gauguin et de Haan décorent de peintures la salle à manger de l'auberge. Gauguin peint L'Oie au-dessus de la porte[2], et La Fileuse[3] ; de Haan peint Les Teilleuses de lin[4]. Ils rivalisent pour plaire à la belle de dix ans leur cadette. C'est finalement de Haan, « un être menu, rachitique, contrefait, souffreteux, presqu'infirme[5] » qui deviendra son amant. Marie Henry détestait Gauguin, elle gardera ses 25 tableaux en paiement de sa créance de 300 francs.
Gauguin devient jaloux de son ami de Haan qui est devenu l'amant de Marie Henry. Elle est déjà fille-mère d'une petite Marie-Léa, surnommée « Mimi », dont elle taira le nom du père. Elle tombe enceinte de Meyer. C'est cette même année qu'il l'a peinte en Mère à l'enfant ou Maternité , tableau qu'elle conservera près d'elle toute sa vie. André Cariou dit qu'« elle était fille-mère en terre bretonne très catholique. Intelligente et audacieuse, elle tient seule son commerce, fait construire sa maison[6] ». De Haan ne verra jamais l'enfant qui est née en juin 1891 et qui fut prénommée Ida. Il quitte le Pouldu, laissant à Marie une dizaine de tableaux.
Marie Henry a mis sa buvette en location et emporte toutes les œuvres qu'elle peut, tableaux et sculptures laissés par les artistes en paiement de leur séjour à l'auberge. Filiger, qui reçoit de l'argent de La Rochefoucauld, peut rester au Pouldu jusqu'en 1900. En 1894, Gauguin est de retour à l'auberge. Il perd le procès intenté contre Marie Henry qui ne voulait pas lui rendre ses tableaux pour le motif que « en matière de meubles, possession vaut titre ». Il perd également le procès contre ses agresseurs de Concarneau. Il rentre à Paris. De Haan meurt en 1895.
C’est probablement Paul Poiret qui propose à Marie Henry de vendre via la galerie Barbazanges les œuvres qu’elle possède de Paul Gauguin depuis le séjour de ce dernier et d’y présenter une exposition qui rassemble 22 tableaux et 7 objets d’art (plâtre peint, bois sculpté, lithographies) qui se tient entre le 10 octobre et le 30 octobre 1919 et se nomme Paul Gauguin, exposition d’œuvres inconnues ; parmi ces œuvres, L'Autoportrait à l'auréole et au serpent (1889) fut acquise avec 14 autres du peintre par le poète et critique Francis Norgelet (1874-1936) pour un montant de 35 000 francs[7].
Vers 1924, Marie Henry et son compagnon Henri Motheré quittent Kerfany pour se rapprocher de sa fille Léa et de son mari à Toulon. Elle met en vente à l'hôtel Drouot une partie de sa collection, conservant le reste pour ses filles et ne se séparant pas de Maternité de De Haan. C'est cette même année que l'on découvre à la Buvette de la Plage les fresques des deux peintres sous sept couches de papier peint dont Maurice Gournier fit une photographie.
Complètement remaniée dans les années 1930, la Buvette de la Plage devient le Café de la Plage. Marie Henry meurt à Pierrefeu-du-Var en 1945[1]. Ida deviendra institutrice, épousera un confrère et deviendra mère de 5 enfants. Elle conservera les tableaux de son père jusqu'en 1959.
Reconstitution
La Maison-Musée du Pouldu est la reconstitution historique de la Buvette de la Plage entreprise en 1989 dans une maison voisine, construite sur le même plan et à quelques mètres de l'originale. Les pièces sont réalisées à l'identique avec du mobilier d'époque.
Au rez-de-chaussée se trouvent la cuisine, la buvette et la salle à manger dans laquelle furent reproduites les œuvres peintes dans celle d'origine. À l'étage, la chambre de Gauguin, côté cour, celle de Marie Henry et de Meyer de Haan, la salle de bain et, sur le côté rue, la chambre de Paul Sérusier. Le sous-sol est aménagé en espace polyvalent.
- La maison de Marie Henry (la Buvette de la Plage), ou Maison-Musée du Pouldu.
- La maison de Marie Henry : vue intérieure de l'une des salles.
- La maison de Marie Henry : vue intérieure d'une autre salle.
Citations
« Les arts du maître et de ses disciples firent rapidement d'une vulgaire auberge un temple d'Apollon. »
— Armand Seguin
Pensionnaires
(liste non exhaustive)
- Charles Filiger
- Paul Gauguin
- André Gide
- Meyer de Haan
- Charles Laval, en 1889 (il va s'orienter vers un symbolisme religieux)
- Maxime Maufra
- Henry Moret
- Paul SĂ©rusier
- Wladyslaw Slewinski
- Jan Verkade
Notes et références
- « Maison-Musée du Pouldu », sur Maison-Musée du Pouldu (consulté le ).
- Aujourd'hui au musée de Quimper depuis mars 1999.
- Aujourd'hui au musée Van Gogh à Amsterdam
- Aujourd'hui dans une collection privée.
- Description donnée par la petite-fille de Marie Henry dans Le Figaro du 13 juillet 2010.
- André Cariou, directeur du Musée de Quimper.
- (en) « Villa Brune », sur Thedisappearinggauguin.com.
Voir aussi
Bibliographie
- Charles Chassé, Gauguin et le groupe de Pont-Aven, 1921.
- Collectif, Le Maître caché, Meijer de Haan, monographie, catalogue officiel de l'exposition au Musée juif d'Amsterdam, - (français-anglais) et musée d'Orsay, du à , 160 p., 120 illustrations.
- Émile Bernard, Souvenirs inédits sur l'artiste Paul Gauguin et ses compagnons lors de leurs séjours à Pont-Aven et au Pouldu, préface de René Maurice, Impr. du Nouvelliste du Morbihan, 1941, 24 p.
- Émile Bernard, Note sur l'École dite de Pont-Aven, Mercure de France, ; réédition dans Émile Bernard, Écrits sur l'Art, Paris, 1994.
- Denise Delouche, Peintres de Bretagne, découverte d'une province, S. I., Librairie C. Klicksieck, 1977, in-4°, broché, couv. ill. Histoire de la découverte de la Bretagne par les peintres de 1800 à 1860 environ, illustrations dans le texte.
- Marie Le Drian, Marie Henry, Gauguin et les autres, illustrations de Claude Huart, Éditions La Part Commune, Rennes, 2012, 128 p. (ISBN 978-2844182418).
- Mallaurie Charles, "Marie Henry (1859-1945), une bretonne en quête d'émancipation, mémoire de recherche, étude sur le genre, sous la dir. de Christine Bard, Angers, université d'Angers, 2020, 101p.
Iconographie
- 1890 : premières cartes postales (photographies de A. Waron, de Saint-Brieuc).