Au plaisir de Sa Majesté
Au plaisir de Sa MajestĂ© (de lâanglais At Her Majestyâs pleasure si le souverain est une femme et At His Majestyâs pleasure sâil sâagit dâun homme[alpha 1]) est une locution lĂ©gale qui se rĂ©fĂšre Ă une durĂ©e indĂ©terminĂ©e de service de certains responsables nommĂ©s ou encore Ă une durĂ©e de peine indĂ©terminĂ©e de certains prisonniers.
Dâorigine britannique, lâexpression est fondĂ©e sur le principe que toute autoritĂ© lĂ©gitime de gouvernement provient de la Couronne ; elle est utilisĂ©e dans tous les royaumes du Commonwealth. Lorsque le souverain est incarnĂ© par un gouverneur gĂ©nĂ©ral, un gouverneur ou un administrateur, elle peut ĂȘtre adaptĂ©e en au plaisir du gouverneur (At the Governorâs pleasure en anglais) dans le sens oĂč il est le reprĂ©sentant personnel du monarque dans le pays, lâĂtat ou la province.
Utilisation
Service Ă la Couronne
Les personnalitĂ©s nommĂ©es par le souverain pour servir la Couronne et qui nâont pas de limite temporelle au mandat quâelles occupent servent au plaisir de Sa MajestĂ© (serve at Her Majestyâs pleasure ou serve at His Majestyâs pleasure en anglais).
Au Canada, les lieutenants-gouverneurs provinciaux Ă©tant nommĂ©s par le gouverneur gĂ©nĂ©ral, le reprĂ©sentant fĂ©dĂ©ral du monarque canadien, ils tiennent leur mandat « durant le plaisir du gouverneur gĂ©nĂ©ral » au sens de la acte de lâAmĂ©rique du Nord britannique de 1867[1] - [grec 1]. De façon similaire, les ministres australiens de la Couronne sont nommĂ©s pour servir « durant le plaisir du gouverneur gĂ©nĂ©ral » (during the pleasure of the Governor General en anglais) dâaprĂšs le Commonwealth of Australia Constitution Act 1900[grec 2].
Incarcération
La terminologie est aussi utilisĂ©e pour dĂ©crire une peine dâemprisonnement Ă durĂ©e indĂ©finie. Un juge peut ainsi dĂ©cider quâune personne soit « dĂ©tenue au plaisir de Sa MajestĂ© » pour des infractions graves ou pour une dĂ©fense fondĂ©e sur les troubles mentaux. Ce type de jugement est employĂ© en cas de risque Ă©levĂ© de rĂ©cidive ou comme substitut Ă une peine dâemprisonnement Ă perpĂ©tuitĂ© pour des dĂ©linquants juvĂ©niles.
Formes dérivées
Dans des rĂ©publiques du Commonwealth comme le Botswana, lâInde et Singapour, lâexpression utilisĂ©e est celle de « durant le plaisir du prĂ©sident » (during the Presidentâs pleasure en anglais)[2].
Ă Hong Kong, Ă la suite de la rĂ©trocession de sa souverainetĂ© Ă la Chine en 1997, la locution a Ă©tĂ© adaptĂ©e en « Ă la discrĂ©tion de lâexĂ©cutif ». Cependant, la terminologie est considĂ©rĂ©e comme incompatible avec le principe de sĂ©paration des pouvoirs consacrĂ© par la loi fondamentale hongkongaise par le juge Michael Hartmann dans lâaffaire Yau Kwong Man v. Secretary for Security en 2002[3].
En Malaisie, la terminologie adoptĂ©e est « au plaisir de lâagong [le roi] » (At the Agongâs pleasure en anglais)[4].
Aux Ătats-Unis, lâĂ©quivalent pour les nominations politiques est appelĂ© « au plaisir du prĂ©sident » (at the pleasure of the President en anglais)[5]. Il ne sâapplique pas pour les peines de prison.
Notes et références
Notes
- Lâexpression peut Ă©galement ĂȘtre abrĂ©gĂ©e en plaisir du roi (Kingâs pleasure en anglais) ou en plaisir de la reine (Queenâs pleasure en anglais).
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « At Her Majesty's pleasure » (voir la liste des auteurs).
- British North America Act 1867, Westminster, Queenâs Printer, (lire en ligne).
- Commonwealth of Australia Constitution Act 1900, Westminster, Queenâs Printer, (lire en ligne).
Références
- Jean-Pierre Maury, Acte de lâAmĂ©rique du Nord britannique, 1867, DigithĂšque MJP, (lire en ligne).
- S. Mohan, « The doctrine of âpleasureâ and some Governorsâ tenures », The Hindu,â (lire en ligne).
- Lo Pui Yin, The Judicial Construction of Hong Kongâs Basic Law: Courts, Politics and Society after 1997, Hong Kong University Press, , 580 p. (lire en ligne [PDF]), p. 55.
- M. Mageswari, « Youth to be detained at pleasure of the Agong », The Star,â (lire en ligne).
- Matt Ford, « Donald Trump and the Absolute Power Presidency », The New Republic,â (lire en ligne).