Attentat du train Strasbourg-Paris
L'attentat du train Strasbourg-Paris est un attentat Ă la bombe perpĂ©trĂ© le dimanche sur la ligne de Paris Ă Strasbourg entre les gares de Vitry-le-François et Loisy-sur-Marne. Vers 15 h 10, le train rapide no 12 Strasbourg-Paris dĂ©raille Ă la hauteur du village de Blacy. Le dĂ©raillement est provoquĂ© par une bombe placĂ©e sous le rail et qui explose au passage du train. Selon des historiens et des journalistes, la bombe aurait Ă©tĂ© placĂ©e par lâOAS dans le contexte de la guerre d'AlgĂ©rie[1]. L'attentat fait 24 morts et 132 blessĂ©s[1] ou 28 morts et 170 blessĂ©s[2]. Il est restĂ© l'attentat le plus meurtrier commis en France, devant l'attentat de la rue Saint-Nicaise, qui fit 22 morts en 1800, jusqu'aux attentats du 13 novembre 2015 en Ile-de-France, qui ont fait 130 morts.
Attentat du train Strasbourg-Paris | ||
Localisation | Blacy | |
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CoordonnĂ©es | 48° 43âČ 45âł nord, 4° 33âČ 51âł est | |
Date | ||
Type | Attentat Ă la bombe | |
Morts | Entre 24 et 28 | |
Blessés | Entre 132 et 170 | |
Auteurs présumés | Organisation armée secrÚte | |
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Un attentat longtemps caché
En 1961, durant lâenquĂȘte, Jacques Duclos, un des dirigeants du Parti communiste français attribue lors de dĂ©bats parlementaires cet attentat Ă lâOAS, qui dans une lettre laissĂ©e au chef de gare de Vitry-le-François, menace de faire sauter la voie.
Il critique Ă©galement:
- « les affirmations officielles faites à la suite de cette catastrophe pour écarter l'éventualité d'un sabotage »,
- la longueur de l'enquĂȘte qui traine depuis plus de six mois,
- l'absence d'explications donnée à la SNCF,
- le refus d'indemnisation des victimes,
- le fait que les autorités aient tenu à écarter toute responsabilité de l'OAS[3].
La cour de cassation a estimé qu'il n'y avait aucune preuve que les auteurs de l'attentat ne fissent pas partie de la SNCF[4].
Selon le journaliste d'investigation Pierre Abramovici, cet attentat de l'OAS est « l'attentat ferroviaire restĂ© secret dâĂtat », et dĂšs le dĂ©but de l'enquĂȘte la sĂ»retĂ© parisienne Ă©carte la thĂšse de l'attentat malgrĂ© une lettre anonyme reçue par le chef de gare de Vitry-le-François plusieurs semaines avant et donnĂ©e Ă la police mais sans suite[2].
L'attentat n'est reconnu qu'en 1966 par l'Ătat qui accepte d'indemniser les victimes mais sans l'imputer Ă l'OAS[5].
Victimes
Parmi les victimes de cet attentat, on compte notamment le docteur Ămile RĂ©migy (36 ans), hĂ©matologue et directeur-adjoint du Centre RĂ©gional de Transfusion Sanguine et de RĂ©animation de Nancy[6], dont les travaux pionniers sur le traitement de l'hĂ©mophilie A par extraction du facteur VIII en exploitant le cryoprĂ©cipitĂ©[7] - [8] - [9] - [10] furent brutalement arrĂȘtĂ©s.
Commanditaire
Pour Le Parisien[11], en 2015, le doute subsiste sur le fait que le dĂ©raillement soit un attentat de lâOAS, mais plusieurs historiens, journalistes et Le Monde considĂšrent que c'est bien le cas[12] et le plus meurtrier attribuĂ© Ă l'OAS hors de l'AlgĂ©rie[1]. Pour l'historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, l'attribution de cet attentat Ă l'OAS s'est faite trĂšs tard parce que ses auteurs qui Ă©taient trĂšs jeunes n'avaient pas Ă©tĂ© tous inculpĂ©s[1]. Les historiens Jacques Delarue et Odile Rudelle mettent cet attentat, rĂ©alisĂ© Ă la date « symbolique » du jour anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, « dans le sillage » du Putsch des gĂ©nĂ©raux du [13].
Notes et références
- Duranton-Crabol 1995, p. 144
- Abramovici, Historia, 2004
- Duclos 1962
- Bulletin de la Cour de cassation 1967
- Christophe Radé, Droit du travail et responsabilité civile, L.G.D.J, , p. 295.
- « nom : REMIGY Emile », sur www.professeurs-medecine-nancy.fr
- C. Sibinga, « Emile RĂ©migy and the discovery of antiâhaemophilic activity in cryoprecipitate », Haemophilia : the official journal of the World Federation of Hemophilia,â (DOI 10.1111/j.1365-2516.1996.tb00013.x, lire en ligne)
- (en) Albert Farrugia, « Factor VIII manufactured from plasmaâthe ups and downs, and the up again: a personal journeyâpart 1: history of the development of plasma-derived factor VIII therapies », Annals of Blood, vol. 3, no 2,â (ISSN 2521-361X, lire en ligne)
- Albert Farrugia et Cees Th Smit Sibinga, « The discovery of cryoprecipitate as a modality for hemophilia A: Augmenting the allocation of credit », Transfusion, vol. 61, no 8,â , p. 2517â2518 (ISSN 1537-2995, PMID 34365667, DOI 10.1111/trf.16562, lire en ligne)
- Laurence Lacour, Le chant sacré: Une histoire du sang contaminé - 1945-1983, Stock, (ISBN 978-2-234-07292-3, lire en ligne)
- Le Parisien.fr, 7 janvier 2015
- L'attentat le plus meurtrier depuis 1961, Le Monde, 7/1/2015]
- Delarue et Rudelle 1990, p. 8
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Abramovici, « L'attentat ferroviaire restĂ© secret d'Ătat », Historia, no 689,â (lire en ligne)
- Jacques Delarue et Odile Rudelle, Lâattentat du Petit-Clamart, Paris, La Documentation française, , 96 p. (ISBN 978-2-11-002403-9)
- Jacques Duclos, « 2294. - 28 dĂ©cembre 1961. - M. Jacques Duclos expose Ă M. le ministre des travaux publics et des transports », Journal officiel de la RĂ©publique française - DĂ©bat parlementaires - SĂ©nat,â (lire en ligne)
- Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de lâOAS, Bruxelles et Paris, Ă©ditions Complexe, coll. « Questions au XXe siĂšcle », , 319 p. (ISBN 978-2-87027-542-9, BNF 35750144, prĂ©sentation en ligne)
- Jean-François Miniac, Les grandes affaires criminelles du rail, Sayat, De Borée, , 373 p. (ISBN 978-2-8129-0714-2, BNF 43757152)
- « INTERACTIF. Charlie Hebdo, un attentat sans prĂ©cĂ©dent en France », Le Parisien.fr,â (lire en ligne)
- RĂ©publique française, Cour de cassation, chambre civile 1, « Audience publique du mardi 3 octobre 1967 », Bulletin de la Cour de cassation,â (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Accident chemin de fer Paris-Strasbourg, 19 juin 1961, sur Ina.fr
- Accident Paris-Strasbourg, 19 juin 1961, sur Ina.fr