Assi Youcef
Assi Youcef (en Kabyle et usuellement Ath-VuÉŁardhan, qui veut dire les gens qui ont des grandes Ă©paules) est une commune de la wilaya de Tizi Ouzou, en Kabylie au pied de la montagne du Djurdjura, Ă environ 50 km au sud-ouest du Chef-lieu de la Wilaya, et Ă 100 km d'Alger via l'autoroute est-ouest. Le Douar dâAmlouline (appellation coloniale officielle) a Ă©tĂ© rebaptisĂ© par le Colonel Mohand Oulhadj au nom du lieutenant de l'ALN, Si Youcef de son vrai nom Bouiri Boualem, nĂ© en 1927 Ă Bordj Menail, tombĂ© au champ d'honneur dans la bataille d'Athali Mohdh le 04 mai 1960[2]. La commune dâAssi Youcef a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par la loi n° 84-09 du 4 fĂ©vrier 1984 relative Ă l'organisation territoriale du pays[3].
Assi Youcef | ||||
Assi Youcef | ||||
Noms | ||||
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Nom arabe | ŰŁŰłÙ ÙÙŰłÙ | |||
Nom amazigh | ⎰┠⎱â”â”⎰â”⎷⎰┠| |||
Administration | ||||
Pays | Algérie | |||
RĂ©gion | Kabylie | |||
Wilaya | Tizi Ouzou | |||
DaĂŻra | Boghni[1] | |||
Chef-lieu | Ath Hidja (Thiyarhemmadh) | |||
Président de l'APC Mandat |
M. Mohamed Arab Amiar 2021 - 2026 |
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Code postal | 15026 | |||
Indicatif | 026 38 19 67 | |||
DĂ©mographie | ||||
Population | 17 304 hab. (2008) | |||
Densité | 658 hab./km2 | |||
GĂ©ographie | ||||
CoordonnĂ©es | 36° 30âČ 26âł nord, 4° 01âČ 07âł est | |||
Altitude | 600 Ă 900 m |
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Superficie | 26,28 km2 | |||
Localisation | ||||
Localisation de la commune dans la wilaya de Tizi-Ouzou. | ||||
Géolocalisation sur la carte : Algérie
Géolocalisation sur la carte : Algérie
Géolocalisation sur la carte : Algérie (nord)
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GĂ©ographie
Localisation
La commune d'Assi Youcef est située à environ 50 km au sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou. Elle est délimitée au nord par la commune de Mechtras, à l'est par les communes Aït Bouaddou et Tizi N'tlatha, à l'ouest par la commune de Boghni et au sud par le massif du Djurdjura qu'elle partage avec une partie de la Wilaya de Bouira.
La nature
Avec une superficie de 26,28 km2, Assi Youcef est caractérisée par des reliefs variés, abritant une faune et une flore trÚs riches. Cela explique l'integration d'une bonne partie de la commune dans le Parc national du Djurdjura (une biosphÚre reconnue par l'UNESCO depuis 1997). Au nord de la commune on trouve des plaines assez vastes exploitées notamment dans la cultures des fourrages et de l'oléiculture. Le reste représente des collines et des massifs avec un potentiel agricole et touristique non négligeable.
La commune regorge de ressources hydriques importantes, qui demeurent mal exploitĂ©es voire gaspillĂ©es. En effet, la source la plus importante, Thaburth Elanser (Porte de la source) dans le massif du Djurdjura, qui alimente la commune en eau potable est devenue insuffisante Ă cause du dĂ©veloppement dĂ©mographique d'un cĂŽtĂ© et du manque dâexploitation/mauvaise gestion de lâeau de l'autre cĂŽtĂ©. La commune est confrontĂ©e rĂ©guliĂšrement au stresse hydrique durant la pĂ©riode aoĂ»t-octobre tandis que durant le reste de lâannĂ©e des millions de mĂštres cubes d'eaux sont dĂ©versĂ©s dans la nature par le oued principal de la rĂ©gion, mais aussi via les robinets publics qui coulent Ă flots 24h/24h en dehors de la saison de sĂ©cheresse. Dans les plaines nord-est de la commune, notamment Ă Anouthen, lâeau jaillit de la terre durant une bonne partie de lâannĂ©e. Les puits dâeau dans cette partie ont Ă peine 4 Ă 6 mĂštres de profondeur.
Population
Généralités
En 1866, si l'on se fie aux données recueillies par Hanoteau et publiées dans "Kabylie et coutumes Kabyles", 1457 personnes peuplaient la localité d'Assi Youcef.
Le dernier recensement général de la population et de l'habitat effectué par l'ONS en 2008 fixait cette population à 17 304 habitants.
Au lendemain de lâindĂ©pendance, la commune autrefois appelĂ©e le village dâAmlouline comptait environ 3 000 habitants, dont un nombre trĂšs minime Ă©tait en mesure dâĂ©crire son propre nom. La commune compte aujourdâhui environ 20 000 habitants. Selon les donnĂ©es de l'Office national des Statistiques (ONS).
La population dâAssi Youcef est rĂ©partie en 2008 comme suit :
- 0-14 ans: 21%
- 15-64 ans: 71%
- 64 ans +: 8%
Le taux dâalphabĂ©tisation est en constante Ă©volution. LâanalphabĂ©tisme touche gĂ©nĂ©ralement la tranche dâĂąge de 64 ans et plus, en particulier les femmes Ă cause du manque dâĂ©tablissements scolaires autrefois et certains dogmes liberticides Ă lâĂ©gard des femmes Ă lâĂ©poque. Selon des sources communales citĂ©es par AlgĂ©rie Presse Service, le taux de rĂ©ussites scolaire en 2011 Ă©tait prĂšs de 90% pour le cycle primaire, 75% pour le collĂšge et 86,75% pour le bac[4].
Villages de la commune
La commune d'Assi Youcef est composée principalement des villages suivants[5] :
- Ath Vouchama
- Ath Voudouala (I'zzag)
- Ath El Hadj
- Ath El Kacem
- Ath Hagoun
- Ath Hidja
- Ath Houari
- TiksraĂŻ
- Timessift
Ăconomie et infrastructure
Bien que la commune dispose d'un potentiel naturel et humain trĂšs important, elle continue de souffrir encore d'un dĂ©ficit flagrant en matiĂšre de dĂ©veloppement. Si le pouvoir central basĂ© Ă Alger accorde peu dâimportance au dĂ©veloppement local, les contributions des Ă©lus qui se sont succĂ©dĂ© Ă la tĂȘte de l'exĂ©cutif communal sont aussi trĂšs maigres.
La commune dispose d'une infrastructure modeste qui nécessite une modernisation et des investissements. Une route communale d'une longueur d'environ 5 km relie la collectivité à la route nationale n°30. Aujourd'hui un nombre important de routes agricoles sont réalisées par les citoyens, ouvrant ainsi la commune sur ses voisins, notamment d'Ath Bouaddou.
La connexion au réseau électrique est en général satisfaisante bien que certaines lignes souffrent de coupures surtout en été à cause des pics de consommation saisonniÚre.
La population locale a bénéficié en grande majorité du raccordement au gaz de ville ces derniÚres années.
En terme d'infrastructures scolaires, la commune dispose d'un lycée, trois collÚges et cinq écoles primaires. Récemment une maison de jeunes et une bibliothÚque communale ont été inaugurées.
L'activitĂ© Ă©conomique est dominĂ©e par le commerce (informel dans sa majoritĂ©); des Ă©piceries-supĂ©rettes, marchĂ© des fruits et lĂ©gumes improvisĂ© au centre dit "l'arrĂȘt".
La surface agricole utile (SAU) est de 1 490 ha[6]. La production agricole, bien qu'elle ne soit pas bien structurĂ©e reprĂ©sente une source de revenu importante pour les villageois. La plus importante branche est l'olĂ©iculture. Cependant, il y a Ă©galement une production significative de fruits de saison comme la figue, la cerise, la grenade... La production animale varie entre Ă©levage bovin, ovin, caprin et avicole. AprĂšs une pĂ©riode de dĂ©sintĂ©rĂȘt, beaucoup de jeunes, parfois universitaires, sont tournĂ©s vers la terre en fondant des exploitations agricoles prometteuses.
Un dynamisme remarquable est Ă©galement digne d'ĂȘtre signalĂ© en matiĂšre de crĂ©ation d'entreprises. Plusieurs jeunes se sont lancĂ©s dans lâentreprenariat Ă lâaide entre autres des dispositifs tels que lâANSEJ et la CNAC. On recense au 31 dĂ©cembre 2010 environ 226 MPE[6], pour la plupart des petites fabriques artisanales et semi-industrielles comme les menuiseries dâaluminium et du bois. Les femmes occupent de plus en plus de place dans la vie Ă©conomique de la rĂ©gion.
Culture et société
Religion
Pour longtemps lâislam Ă©tait la religion exclusive pratiquĂ©e dans les villages d'Assi Youcef. Un islam traditionnel mĂ©langĂ© avec des croyances locales qui remontent Ă lâĂšre chrĂ©tienne et animiste.
Des pratiques antiques sont encore visibles de nos jours. Les villageois mettent une piĂšce de monnaie sur la bouche de leur dĂ©funt avant les funĂ©railles. Cette tradition on la retrouve Ă©galement dans la mythologie grecque sous lâappellation « obole » (unitĂ© monĂ©taire dans la GrĂšce antique) qui servait Ă payer Charon (le gardien du fleuve) pour franchir le Styx aux ombres (un fleuve qui sĂ©parait le monde terrestre des enfers) .
Dans les annĂ©es 1980, les premiers Ă©tudiants de la rĂ©gion ont embrassĂ© le communisme Ă lâuniversitĂ©. Une bonne partie dâentre eux Ă©tait influencĂ©e par le matĂ©rialisme et lâathĂ©isme. Ils ont jouĂ© un rĂŽle important dans les annĂ©es 1990 dans la lutte contre lâextrĂ©misme islamiste avec des dĂ©bats de proximitĂ© au niveau des quartiers.
La rĂ©gion a connu des vagues dâĂ©vangĂ©lisation surtout durant les deux derniĂšres dĂ©cennies. Il nây a pas de chiffre officiel du nombre de chrĂ©tiens dans la commune, mais la communautĂ© chrĂ©tienne devienne de plus en plus visible.
Organisation politique
« L'organisation politique kabyle reprĂ©sente l'idĂ©al de la dĂ©mocratie, telle que l'ont rĂȘvĂ© nos utopistes », Joseph Ernest Renan (1823-1892), Philosophe français.
Comme dans toutes les contrĂ©es de la Kabylie, lâorganisation sociale dans la rĂ©gion est structurĂ©e selon le systĂšme suivant :
SystĂšme traditionnel ancestral
Agraw Tadart (assemblĂ©e du village) et Agraw lâaarch (assemblĂ©e de la tribu) est un systĂšme politique traditionnel ancestral qui existe jusquâĂ prĂ©sent dans cette rĂ©gion. Les villageois majeurs Ă©lisent un « Tamen » autrefois un sage dâun certain Ăąge et un « Ukil », assistant de Tamen et trĂ©sorier. Pour assurer le contrepouvoir, les deux Ă©lus qui sont compĂ©tent pour leur village, sont gĂ©nĂ©ralement issus de deux groupes qui ont, plus au moins, des intĂ©rĂȘts divergents, ils (les Ă©lus) ne sont pas rĂ©munĂ©rĂ©s et peuvent ĂȘtre dĂ©chus par lâassemblĂ©e du village Ă tout moment. Tous les villageois majeurs sont membres de lâassemblĂ©e du village de fait. Tamen convoque des rĂ©unions ordinaires (gĂ©nĂ©ralement hebdomadaires) et/ou extraordinaires (Ă lâapproche dâun Ă©vĂšnement important ou en cas dâurgence) avec un ordre de jour prĂ©dĂ©finit. Le financement de lâassemblĂ©e est assurĂ© par les cotisations des membres, des dons et des amendes.
Agraw lâaarch (Tajmait laarch) est lâassemblĂ©e qui regroupe tous les villages de la commune. Elle est composĂ©e des Temman (pluriel de Tamen) des villages dâune mĂȘme tribu et de Tamen bagraw lâaarch (Tamen Tejmaet lâaarch) (prĂ©sident de lâassemblĂ©e de la tribu).
Agraw Tadart et Agraw lâaarch sont deux institutions interdĂ©pendantes qui, avec leurs organes compĂ©tents, avaient, par le passĂ©, des rĂŽles lĂ©gislatifs, exĂ©cutifs et judiciaires. Elles votaient des lois et des rĂšgles (par tradition orale) Ă lâunanimitĂ©, ayant pour but la cohĂ©sion et la prospĂ©ritĂ© de la communautĂ©. Les rĂšgles sont gĂ©nĂ©ralement flexibles et peuvent ĂȘtre, selon la convenance, modifiĂ©es ou changĂ©es. En cas dâinfraction aux rĂšgles et selon la dangerositĂ© du fait, le contrevenant est rappelĂ© Ă lâordre, verbalisĂ©, puni par une amende, condamnĂ© Ă payer des dommages et intĂ©rĂȘts... ou Ă lâexclusion dĂ©finitive du village.
Malgré l'aspect culturel "attractif" de cette organisation politico-économico-sociale, le conservatisme, le patriarcat (les femmes n'ont toujours pas le droit de participer aux réunions) et le manque d'ouverture sur le monde et les nouvelles idées font de Tajmait une affaire de vieux. D'ailleurs, l'un des trÚs rares rÎles qui lui restent exclusifs est l'organisation des funérailles.
La loi algĂ©rienne de 1989 relative aux associations a rĂ©duit ces assemblĂ©es sĂ©culaires Ă de simples comitĂ©s de villages sans une rĂ©elle autoritĂ© morale. Les Ă©vĂšnements brutaux de 2001 en Kabylie ont portĂ© le coup de grĂące Ă ce qui a pu rĂ©sister aux temps et Ă lâacculturation.
SystĂšme politique moderne
A suivreâŠ
Notes et références
- « Décret executif n° 91-306 du 24 août 1991 fixant la liste des communes animées par chaque chef de daïra. 15 - Wilaya de Tizi Ouzoou », Journal officiel de la République Algérienne, (consulté le ), p. 1301
- « www.berberes.net - mohand oulhadj à ASSI YOUCEF », sur www.berberes.net (consulté le )
- Jornal officiel de la République algérienne N° 06/07/02/1984
- Hadj Ahmed, « Assi Youcef: L'instruction publique entre hier et aujourd'hui », APS,â
- Journal officiel de la République Algérienne, 19 décembre 1984. Décret no 84-365, fixant la composition, la consistance et les limites territoriale des communes. Wilaya de Tizi Ouzou, p. 1504 à 1510.
- Mme Hebia Mekati, Mémoire de Master académique; Dans quelle mesure le tourisme en zone de montagne peut-il contribuer au développement local de la Kabylie? Annexes