Assemblade
Une assemblade (du gascon assemblada) désignait autrefois une foire typique des Landes de Gascogne, mêlant marchands, commerçants, forains et visiteurs en pèlerinage sur un lieu de dévotion[1].
Assemblade | |
Foire de Bouricos, survivance de l'assemblade du 24 juin célébrant le culte de Saint Jean-Baptiste | |
Pays | France |
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Localisation | Landes de Gascogne |
Coordonnées | 44° 11′ 44″ nord, 0° 48′ 26″ ouest |
Organisateur | foire de la Saint-Jean Ă Bouricos foire de la Saint-Michel Ă Ousse-Suzan |
Présentation
L'assemblade était la journée de l'année qu'on attendait avec impatience, souvent une des rares occasions de quitter sa ferme ou sa métairie[2]. On y échangeait non seulement des marchandises, mais aussi des informations, de la main-d'œuvre, des renseignements pratiques où la santé occupait une large place. Les habitants des environs se déplaçaient en kas ou bros (charrette ou char) et une foule considérable, déversée « à pleines charrettes », envahissait les lieux[3]. La foule se rassemblait dans un mélange de profane et de sacré : la messe était célébrée autour d'une foire commerciale. Des amusements et un bal au son de la boha[4] animaient l'événement[3]. On pouvait y voir des montreurs d'ours, des combats de chiens, des forains et camelots, ou bien s'affronter au jeu du rampeau[4], dans des bagarres entre ivrognes ou entre rivaux de villages voisins. Autant d'occasions de s'amuser[2].
Au début du XIXe siècle, on dénombre une quarantaine d'assemblades[2]. Les dernières perdurent jusqu'au milieu du XXe siècle. La foire de la Saint-Jean à Bouricos ou la foire de la Saint-Michel à Ousse-Suzan en sont des subsistances. Cette dernière, attestée depuis le XIIe siècle, est inscrite à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France au titre des pratiques festives.
Origines
Dans l'Antiquité, les foires des comptoirs commerciaux romains en pays étranger sont appelées « emporium ». Elles sont presque toujours installées dans des secteurs inhabités, au voisinage d'une source sacrée. Au Moyen Age, ces foires deviennent des « assemblades » dans le sud ouest de la France[2].
Ce terme local désignait une foire réunissant à l'occasion de fêtes patronales maquignons, pèlerins, forains, bergers landais et leurs troupeaux sur un lieu de dévotion. C'était jadis un des rares moyens de rencontre entre les habitants de la Haute-Lande et jouait un rôle économique, commercial, social, médical et religieux important :
- sur le plan économique et commercial, les assemblades étaient le lieu de transactions : vente de bétail ou de marchandises notamment,
- sur le plan social, elles étaient le lieu de renouvellement des contrats de métayage, location de domestiques et d'ouvriers (appelée « louée ») et pour les femmes, hormis la messe, une des rares occasions de sortir une fois par an de l'exploitation familiale[5],
- sur le plan médical, l'assemblade permettait de se rendre à une fontaine sacrée pour y pratiquer des ablutions dans l'espoir de guérir certains maux. Cette forme rudimentaire d'hydrothérapie constituait un des rares moyens à la disposition des populations pour se soigner
- sur le plan religieux, elles étaient vouées au culte d'un saint : Ousse-Suzan est dédié à saint Michel, dont le culte a toujours été très fort en France. A Bouricos, l'assemblade a lieu le , jour de la saint Jean-Baptiste.
Notes et références
- Félix Arnaudin, Choses de l’Ancienne Grande-Lande (1921)
- Une monographie de Pontenx-les-Forges, ouvrage réalisé par la Mairie de Pontenx-les-Forges sur la base de travaux de recherches et d'enquêtes menées entre 2008 et 2010
- Fond documentaire de l'association Les Amis de Bouricos, consulté sur site le 9 juillet 2019
- Charles Daney, Dictionnaire de la Lande française, Éditions Loubatières, Portet sur Garonne, 1992
- Panneau de présentation Assemblades et foires de la Saint-Michel sur le site de Suzan