Accueil🇫🇷Chercher

Article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme

L'article 3 de la Convention européenne des droits de l'homme[1] interdit aux États de pratiquer la torture, ou de soumettre une personne relevant de leur juridiction à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants. Il s'agit d'une des rares dispositions de la Convention qui ne soit pas assortie d'exceptions.

Disposition

« Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants. »

— Article 3 - Interdiction de la torture

Interprétations de la Cour européenne des droits de l'homme

La Cour européenne des droits de l'homme a reconnu, le (Soering C. Royaume-Uni), que cette disposition interdit l'extradition vers un pays étranger d'une personne si celle-ci est susceptible d'y être victime de torture. En lui-même, cet article n'interdit cependant pas à un État d'appliquer la peine de mort dans son propre territoire[2].

  • 1989, Soering contre Royaume-Uni: si le processus judiciaire de la Virginie (États-Unis) aboutissant Ă  la peine capitale est acceptable selon les standards dĂ©mocratiques de justice, l'attente dans le « couloir de la mort » lui-mĂŞme constitue un traitement inhumain et dĂ©gradant[3]. Cet arrĂŞt a Ă©tĂ© suivi depuis par de nombreux autres, tandis que la CEDH Ă©tait imitĂ©e par d'autres juridictions, Ă©tant au principe selon lequel l'extradition peut ĂŞtre refusĂ©e en cas d'absence de garanties que la peine de mort ne sera pas appliquĂ©e[3].
  • , Tomasi c. France, requĂŞte no 12850/87: constat de violation des articles 3 (interdiction des traitements inhumains ou dĂ©gradants), 5 § 3 (durĂ©e abusive de la dĂ©tention provisoire) et 6 § 1 (durĂ©e excessive de la procĂ©dure) et doit verser au requĂ©rant 700 000 francs français pour dommage ;
  • , Ahmed Selmouni c. France: constat de violation de l'article 3 (les mauvais traitements infligĂ©s pendant une garde Ă  vue constituant en l'espèce, en raison de leur gravitĂ©, des actes de torture) ainsi que de l'article 6§1 (durĂ©e excessive de la procĂ©dure pĂ©nale et civile dirigĂ©e contre les policiers qui ont infligĂ© ces traitements au requĂ©rant);
  • , Rivas c. France, requĂŞte no 59584/00: la Cour conclut, Ă  l’unanimitĂ©, Ă  la violation de l’article 3 (interdiction des traitements inhumains ou dĂ©gradants) de la Convention. La Cour alloue au requĂ©rant 15 000 euros pour dommage moral. Le requĂ©rant, âgĂ© de dix-sept ans, fait constater les violences physiques subies au cours de sa garde Ă  vue. La Cour rappelle que l’État doit fournir une explication plausible sur l'origine des blessures apparues au cours d'une garde Ă  vue.
  • , Tanış et autres c. Turquie : condamnation de la Turquie pour tortures et mauvais traitements.
  • : plusieurs condamnations de la Turquie pour des violations de cet article .
  • , Vincent c. France, requĂŞte no 6253/03: violation de l’article 3 de la Convention, Ă  raison de l’impossibilitĂ© pour le requĂ©rant, paraplĂ©gique, de circuler par ses propres moyens dans la prison de Fresnes.
  • : Gebremedhin c. France: condamnation de la France pour violation de l'art. 3 et de l'art. 13 sur le recours effectif en raison de l’absence en zone d’attente d’accès Ă  un recours de plein droit suspensif contre les dĂ©cisions de refus d’admission et de rĂ©acheminement, alors qu’il y avait des motifs sĂ©rieux de croire que le requĂ©rant courait un risque de torture ou de mauvais traitements dans l’État de destination[4]. En consĂ©quence, la loi du 20 novembre 2007 relative Ă  la maĂ®trise de l'immigration, Ă  l'intĂ©gration et Ă  l'asile a crĂ©Ă© un recours au fond suspensif contre la dĂ©cision de refus d'entrĂ©e au titre de l'asile.
  • : Kafkaris c. Chypre (Gr. Ch., req. no 21906/04): la Cour considère qu'« infliger Ă  un adulte une peine perpĂ©tuelle et incompressible d’emprisonnement excluant tout espoir d’élargissement peut soulever une question sous l’angle de l’article 3 » sauf si le droit national prĂ©voit une possibilitĂ©, mĂŞme très limitĂ©e, d’élargissement (§ 128) [5].
  • : N. contre Royaume-Uni (Req. no 26565/05). Ne constitue pas un traitement inhumain et dĂ©gradant, le fait pour un État, après avoir rejetĂ© la demande d'asile, d'expulser une personne atteinte d'une grave maladie, mĂŞme si cette dernière est susceptible de provoquer souffrances, douleur, et de rĂ©duire l'espĂ©rance de vie de l'intĂ©ressĂ© compte tenu de la quasi-impossibilitĂ© d'obtenir le traitement mĂ©dical appropriĂ© dans le pays d'origine [6].
  • : A. et autres c. Royaume-Uni (Gr. Ch., req. no 3455/05): selon la Cour, la situation des requĂ©rants (non britanniques), placĂ©s en dĂ©tention sans limites de temps sur la base de la loi relative Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  la lutte contre la criminalitĂ© et le terrorisme (en) de , n'a « pas atteint le seuil de gravitĂ© Ă©levĂ© Ă  partir duquel un traitement peut passer pour inhumain ou dĂ©gradant » (§ 134) [5].
  • : Khider c. France: la France est condamnĂ© pour traitements inhumains et dĂ©gradants. M. Khider, considĂ©rĂ© comme « dĂ©tenu particulièrement signalĂ© » (DPS), en raison de l'aide apportĂ©e Ă  la tentative d'Ă©vasion de son frère, en 2001, a changĂ© 14 fois de maisons d'arrĂŞt entre 2001 et 2008, a subi de multiples sĂ©jours Ă  l'isolement et des fouilles corporelles systĂ©matiques[7].
  • : Grande Chambre Bouyid c. Belgique: Une simple gifle d'un agent de police ne constitue pas un traitement inhumain et dĂ©gradant au sens de l'article 3 de la Convention europĂ©enne des droits de l'Homme (RequĂŞte N°23380/09).
  • : M.A c/ France "eu Ă©gard en particulier au profil du requĂ©rant qui n’est pas seulement soupçonnĂ© de liens avec le terrorisme, mais a fait l’objet, pour des faits graves, d’une condamnation en France dont les autoritĂ©s algĂ©riennes ont eu connaissance, la Cour considère qu’au moment de son renvoi en AlgĂ©rie, il existait un risque rĂ©el et sĂ©rieux qu’il soit exposĂ© Ă  des traitements contraires Ă  l’article 3 de la Convention"

Notes et références

  1. « Convention européenne des droits de l'homme » [PDF], telle qu'amendée par les Protocoles n° 11 et 14, complétée par le Protocole additionnel et les Protocoles n° 4, 6, 7, 12 et 13.
  2. Droit européen et international des droits de l'homme, Frédéric Sudre, P. 251(CEDH SOERING 07/07/1989)
  3. PEINE DE MORT: UN TRAITEMENT INHUMAIN, CRUEL ET DEGRADANT, Fiacat, 2007
  4. Cédric SENELAR-GIL, « Recours juridictionnel contre une décision de non-admission sur le territoire : le référé-liberté, remède ou placebo ? Quelques réflexions sur l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 26 avril 2007 Gebremedhin c/ France »
  5. Nicolas Hervieu, (Centre de recherches et d'études sur les droits fondamentaux (CREDOF)) (2009), Lutte contre le terrorisme : état d’urgence et détention sans inculpations pénales de ressortissants étrangers, 21 février 2009
  6. Ne constitue pas un traitement inhumain et dégradant le fait d'expulser un ressortissant étranger en situation irrégulière souffrant d'une maladie, Net Iris, 30 mai 2008
  7. La France condamnée par la CEDH pour traitement inhumain en prison, AP sur le site du Nouvel Observateur, 7 juillet 2009

Voir aussi

Articles connexes

Affaires
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.