ArrĂȘt Pelletier
L'arrĂȘt Pelletier est une dĂ©cision rendue le par le Tribunal des conflits français, traditionnellement considĂ©rĂ©e comme Ă©tant l'un des « grands arrĂȘts de la jurisprudence administrative » en ce qu'elle prĂ©figure la distinction entre faute de service et faute personnelle au sujet de la responsabilitĂ© de l'administration.
Distinction entre faute personnelle de l'agent public et faute de service de l'administration
C'est de cet arrĂȘt que dĂ©coule la distinction entre faute personnelle et faute de service :
- la faute personnelle est celle qui se dĂ©tache assez complĂštement du service pour que le juge judiciaire puisse en faire la constatation sans porter pour autant une apprĂ©ciation sur la marche mĂȘme de l'administration ;
- la faute de service, en revanche, est le fait de l'agent qui est tellement lié au service que son appréciation implique nécessairement un jugement sur le fonctionnement de l'administration.
Selon les formules de LaferriÚre, il y a faute de service « si l'acte dommageable est impersonnel, s'il révÚle un administrateur plus ou moins sujet à erreur » ; il y a faute personnelle s'il révÚle « l'homme avec ses faiblesses, ses passions, ses imprudences » (concl. sur T.C. , Laumonnier-Carriol, Rec. p. 437).
La responsabilitĂ© pĂ©cuniaire de l'agent ne peut ĂȘtre mise en jeu qu'en cas de faute personnelle, et elle l'est alors devant le juge judiciaire.
PortĂ©e de l'arrĂȘt
La jurisprudence a Ă©voluĂ© dans un sens plus protecteur des victimes, confrontĂ©es Ă lâinsolvabilitĂ© des agents publics, et de ces agents eux-mĂȘmes, qui peuvent ĂȘtre lâobjet de poursuites abusives : mĂȘme en cas de faute personnelle, sauf dĂ©pourvue de tout lien avec le service, la victime peut Ă©galement, comme en cas de faute de service, poursuivre lâadministration devant le juge administratif.
La validitĂ© du principe apportĂ©e par l'arrĂȘt est donc dĂ©sormais moindre qu'en 1873, le but Ă©tant d'Ă©largir la responsabilitĂ© administrative afin d'indemniser la victime ; mais cet arrĂȘt marque une Ă©tape importante dans l'histoire du droit administratif français dans sa formation en tant que branche autonome du droit, distincte du droit commun.