Accueil🇫🇷Chercher

Arnold Mortier

Arnold Mortier, né Arnold Mortje le à Amsterdam et mort le à Croissy-sur-Seine[1] - [2], est un journaliste, auteur dramatique et librettiste français.

Arnold Mortier
Portrait photographique de Mortier par Nadar.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Arnold Mortje
Nationalité
Activités

Il est l'oncle des journalistes et Ă©crivains Pierre Mortier et Alfred Mortier.

Biographie

Fils de commerçants hollandais arrivĂ© Ă  Paris, tout jeune, avec ses parents, Mortier proposa, vers 1865, dans les dernières annĂ©es de l’Empire, sans succès ses articles de rĂ©daction en rĂ©daction. Comme les grands journaux ne voulaient pas de lui, il persĂ©vĂ©ra en allant frapper Ă  la porte des petits, oĂą on ne payait guère, et souvent mĂŞme en bonnes paroles seulement. Se rendant compte des difficultĂ©s que son origine pourrait apporter Ă  sa carrière, il francisa son nom de « Mortje Â» en « Mortier Â» et finit par fonder des journaux avec des imprimeurs qui faisaient alors crĂ©dit[3]. Â»

Avec Barbey d’Aurevilly, Gaston Jollivet et d’autres, il inventa la Veilleuse, recueil littéraire bientôt disparu. Ensuite, il écrivit dans la Galette de Paris, dont le commanditaire s’appelait Burenu, un financier qui eut son heure et qui finit mal. La Galette de Paris ne dura que quelques mois. Ayant fait la connaissance de Gregori Ganesco, un Roumain qui traversa la presse parisienne, devint presque un homme célèbre, se fit nommer conseiller général de Seine-et-Oise avant de disparaitre, celui-ci prit Mortier en amitié, en fit le secrétaire de la rédaction du Nain jaune, dont il était alors directeur. Lorsque la chance tourna, Ganesco sombra, et Mortier se retrouva sur le pavé de Paris[3].

Edmond TarbĂ© et Henry de Pène venaient de fonder Le Gaulois. Les Ă©chos, rĂ©digĂ©s d’abord par « Octave de Parisis Â», un pseudonyme qui a fait son chemin, puis par Edgar Rodrigues, lui furent confiĂ©s. Il n’était pas riche, mais les mauvais jours Ă©taient passĂ©s. Il avait pris sa place qu’il ne devait plus quitter. Jusqu’en 1870, il fut le « Domino Â» du Gaulois, apportant dans son travail un soin, une minutie, une observation, un tact, un esprit bientĂ´t apprĂ©ciĂ©s[3].

Il a Ă©galement inaugurĂ© ce qui est devenu, par la suite et partout, la « SoirĂ©e parisienne Â», genre dont il fut l’inventeur. Après chaque première reprĂ©sentation un peu importante, il faisait un article de fantaisie, sur la composition de la salle, sur les incidents de la soirĂ©e, sur les dĂ©tails ds la mise en scène, il y joignait les anecdotes d’actualitĂ© et faisait, en un mot, lĂ  physionomie d’un théâtre regardĂ© par devant et par derrière le rideau. C’était inĂ©dit, c’était amusant, c’était intĂ©ressant le succès fut considĂ©rable. Ă€ partir de ce moment, Mortier Ă©tait classĂ© parmi les journalistes que le public aimait et connaissait[3]. Avant cela, ses chroniques, pour ĂŞtre consciencieusement faites, charpentĂ©es suivant les règles les plus strictes de la rhĂ©torique, souvent bien chevillĂ©es, manquaient de sens du public[4].

Lors de la guerre de 1870, sans cesser sa collaboration au Gaulois, bien qu’étranger, il voulut prendre sa part des dangers de sa patrie adoptive en s’engageant dans le corps des Amis de la France. Après la Commune, il entrait au Figaro, oĂą il devait rester. Il y Ă©crivit d’abord, en collaboration avec Armand Gouzien, le compte rendu fantaisiste des premières reprĂ©sentations. Ils s’étaient partagĂ© un pseudonyme, et signaient « Frou-Prou[3] Â».

Le jour oĂą Villemessant le fit entrer au Figaro, en 1873, pour crĂ©er ses « SoirĂ©es mondaines Â», que, par la suite, tout le monde s’est mis Ă  lui prendre sans pouvoir l’égaler jamais, s’est senti entrainĂ© par son sujet, et il y a Ă©tĂ© forcĂ©ment dĂ©bordant d’imagination, d’esprit. C’est de cette pĂ©riode de sa vie d’écrivain que date une renommĂ©e qui n’a Ă©tĂ© interrompue par sa mort prĂ©maturĂ©e, Ă  44 ans[4]. Ses articles furent tellement goutĂ©s que, d’accidentels, Villemessant les rendit quotidiens ; ils devinrent, sous la direction de Mortier seul, les « SoirĂ©es parisiennes Â», et la rĂ©putation du « Monsieur de l’orchestre s’établit[3] Â».

Le pauvre petit jeune homme d’autrefois Ă©tait dĂ©sormais une puissance, avec laquelle auteurs, artistes et directeurs comptaient ; Mortier Ă©tait arrivĂ© Ă  son but et, pendant treize ans, il resta sur la brèche de l’article quotidien, dĂ©pensant activitĂ©, intelligence et travail, pour Ă©crire tous les jours un article sur des Ă©vĂ©nements qui se reproduisent continuellement et ne prĂ©sentent plus rien de nouveau au bout d’un certain temps. Mortier suffit Ă  cette tâche, il sut varier ses effets dans un cadre restreint, il accomplit ce tour de force de conserver la faveur du public en lui rĂ©pĂ©tant chaque soir la mĂŞme chose. Il avait l’art de donner du relief aux moindres Ă©vĂ©nements de coulisses, il savait relever par un tour particulier les choses les plus banales, il extirpait une observation humoristique des faits les plus rebattus[3].

Entre-temps, il faisait du théâtre, oĂą il Ă©tait Ă©galement fort apprĂ©ciĂ©. Le nombre de pièces qu’il a faites, seul ou en collaboration, est considĂ©rable ; toutes ont connu le succès et le retentissement. Un grand nombre des bons mots de ces joyeuses comĂ©dies sont passĂ©s dans la langue de la foule[4]. La première fut le Voyage dans la Lune, puis le Train de plaisir[3]. Ă€ l’OpĂ©ra, il a cosignĂ© le livret de l’opĂ©ra-bouffe Le Docteur Ox de Jacques Offenbach, crĂ©Ă© en .

La fortune venue, Mortier, désormais riche, avait pu réaliser ses rêves, et s’était fait bâtir une maison de campagne à Bougival. Au milieu de son parc, il avait une salle de spectacle où tous ceux ayant un nom dans le monde des théâtres tenaient à se faire applaudir. Cependant, malade, il faisait avec ceux de ses amis qui allaient le voir à Bougival, des projets et des combinaisons d’avenir, et croyait à un prochain rétablissement avec du repos. Au cimetière de Montmartre, où il a été inhumé, après les dernières prières récitées par le rabbin Zadoc Kahn, plusieurs discours ont été prononcés par Georges Ohnet, pour la Société des auteurs, Arsène Houssaye, au nom de la Société des gens de lettres, et Halanzier, pour la Société des artistes[5].

Publications

Notes et références

  1. Acte de décès à Croissy-sur-Seine, n° 1, vue 55/300.
  2. BNF 14653032
  3. François Oswald, « Le Monsieur de l’orchestre », Le Gaulois : littéraire et politique, no 905,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  4. Henri-F. Girard, « Arnold Mortier », L'Illustration théâtrale : comédies, féeries, opéras, vaudevilles, tragédies, concerts, ballets, no 2,‎ , p. 16 (lire en ligne, consulté le )
  5. Charles Martel, « Courrier des théâtres », Le XIXe siècle, no 4749,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.