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Arégonde

Arégonde (Arnegonde, Arnegundis)[2], née vers 516 et morte entre 574 et 580, est une reine des Francs. Elle est la troisième des sept épouses[1] du roi Clotaire Ier, mort en 561. C'est un des rares personnages historiques dont on ait pu identifier et étudier la tombe, ce qui explique son importance.

Arégonde
Description de cette image, également commentée ci-après
Anneau sigillaire de la reine Arégonde.

Titre

Reine des Francs

Biographie
Dynastie MĂ©rovingiens
Naissance v. 516[1]
Décès v.574/580[1]
Paris
SĂ©pulture Basilique Saint-Denis
Conjoint Clotaire Ier
Enfants Chilpéric

Elle est considérée comme la plus ancienne reine de France retrouvée à ce jour.

Histoire d'après Grégoire de Tours

Arégonde.

Si l'on en croit le chroniqueur Grégoire de Tours, la reine franque Ingonde, épouse du roi mérovingien Clotaire Ier, ayant demandé à ce dernier de trouver un mari qui soit digne de sa sœur cadette Arégonde, le roi ne trouva meilleur prétendant que lui-même et décida d'épouser sa propre belle-sœur. Ce mariage, certes proscrit par les canons ecclésiastiques, était cependant conforme aux principes polygamiques et endogamiques alors en vigueur dans les familles royales germaniques. Arégonde accéda donc au rang de reine légitime et apparaît d'ailleurs en tant que regina (c'est-à-dire reine, ou princesse au sens large du terme) dans l'œuvre de Grégoire de Tours, à l'instar des autres femmes de Clotaire.

De cette union naquit Chilpéric, futur roi des Francs de Neustrie.

Données issues des recherches sur sa sépulture

Sarcophage de la reine Arégonde dans la basilique Saint-Denis.

Sa sépulture a été découverte en 1959 dans le sarcophage numéroté 49 en la basilique Saint-Denis par Michel Fleury, archiviste paléographe. Elle contenait des vêtements préservés et des bijoux, dont son anneau nominatif (bague sigillaire portant le nom ARNEGVNDIS et un monogramme central lu comme REGINE[3]), aujourd'hui conservés au Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Il s'agit de la tombe la mieux documentée d'Europe pour le Haut Moyen Âge[4].

La date de sa mort n'Ă©tant pas connue par des textes, l'analyse archĂ©ologique du tombeau a d'abord Ă©mis deux hypothèses. Ainsi, selon Michel Fleury, qui se base sur une analyse de l'Ă©tat du squelette, elle serait morte entre 565 et 570 (Ă  l'âge d'environ 50 ans donc). Cependant, des Ă©tudes du mobilier funĂ©raire et particulièrement des pièces de vĂŞtements ont Ă©tĂ© menĂ©es plus rĂ©cemment par Patrick PĂ©rin, directeur du musĂ©e des AntiquitĂ©s nationales. Ces analyses incitent dĂ©sormais Ă  penser que le dĂ©cès doit ĂŞtre datĂ© entre 572 et 583 ; en effet, le style de certaines pièces du costume de la reine n'apparaĂ®t pas dans le monde mĂ©rovingien avant le dĂ©but du VIIe siècle. Michel Fleury en donne la description suivante : « une femme de très petite taille, âgĂ©e d'environ quarante-cinq ans, Ă  la chevelure blonde, au crâne assez rond, Ă  la mâchoire infĂ©rieure assez saillante, mais au menton effacĂ© »[5]. Les dernières recherches et en particulier les analyses de ses dents donnent son dĂ©cès vers 60 ans alors qu'elle Ă©tait très arthrosique. Elle mesurait 1,55 m[6], prĂ©sentait des sĂ©quelles de poliomyĂ©lite de l'enfance au niveau de la jambe droite (qu'elle aurait subie vers l'âge de 4 ans comme le laisse supposer un premier stress dentaire) et des signes de maladie de Forestier sans doute Ă  cause d'un diabète fort, des stress dentaires dus Ă  un accouchement difficile[4].

Elle portait un manteau de soie de Chine teint de pourpre qui indiquait son rang royal, un voile de soie à motifs jaunes et rouges (un rouge de murex et de garance), des chaussures de cuir de chevreau rouge ainsi que des bijoux (plaque-boucle, fibule et épingle) en or et argent ornés de grenats venus d'Inde, de Ceylan, de Bohême et du Portugal[7]. Elle portait ainsi un costume inspiré du style byzantin.

  • Ornements provenant de la parure de la reine ArĂ©gonde
  • Vue d'ensemble de la parure de la reine ArĂ©gonde.
    Vue d'ensemble de la parure de la reine Arégonde.
  • Plaque-boucle et contre-plaque de ceinture en argent, pâte de verre et grenat.
    Plaque-boucle et contre-plaque de ceinture en argent, pâte de verre et grenat.
  • Paire de fibules provenant de la parure.
    Paire de fibules provenant de la parure.
  • Boucles d'oreille provenant de la parure.
    Boucles d'oreille provenant de la parure.

Notes et références

  1. "Arégonde, reine des Francs : enquête anthropologique", Futura Science, 4 juillet 2019.
  2. nom germanique composé de arn (aigle) et de gund (bataille)(ru) « Ancient Germanic names » (consulté le ).
  3. Tombe et restes humains de la reine Arégonde.
  4. Patrick Périn, « Quand l’archéologie découvre des reines mérovingiennes oubliées. Que sait-on de Wisigarde, Bathilde ou Arégonde ? », émission le Salon noir sur France Culture, 12 décembre 2012.
  5. Georges Tessier, Le baptĂŞme de Clovis, Ă©ditions Gallimard, 1964, p. 320.
  6. Les dossiers de l'archéologie no 32, Bijoux et parures mérovingiens de la reine Arégonde, belle-fille de Clovis.
  7. Archéologia no 467, Exposition des tombes mérovingiennes de Saint-Denis.

Voir aussi

Bibliographie

  • Paule Lejeune, Les reines de France, Vernal et P. Lebaud, Paris, 1989 (ISBN 2-86594-042-X), p. 29-30.
  • Patrick PĂ©rin, Pour une rĂ©vision de la datation de la tombe d'ArĂ©gonde, Ă©pouse de Clotaire Ier, dĂ©couverte en 1959 dans la Basilique de Saint-Denis, ArchĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, tome XXI, (p. 22-50) CNRS, Paris, 1991 (ISBN 2-222-04562-2).
  • Patrick PĂ©rin, Thomas Calligaro et al., « La tombe d’ArĂ©gonde : Nouvelles analyses en laboratoire du mobilier mĂ©tallique et des restes organiques de la dĂ©funte du sarcophage 49 de la basilique de Saint-Denis. », dans Patrick PĂ©rin, Thomas Calligaro et al., AntiquitĂ©s nationales, t. 37, (lire en ligne), p. 181-206.
  • Patrick PĂ©rin, « Portrait posthume d'une reine mĂ©rovingienne. ArĂ©gonde († c.580), Ă©pouse de Clotaire Ier († 561) et mère de ChilpĂ©ric Ier († 584) », dans Le Corti nell'alto Medioevo : Spoleto, 24-29 aprile 2014, Spoleto, Fondazione Centro italiano di studi sull'Alto Medioevo, coll. « Settimane di studio della Fondazione Centro italiano di studi sull'alto Medioevo » (no 62), (ISBN 9788868090661, lire en ligne), p. 1001-1048; pl. I-XIX. [lien alternatif de tĂ©lĂ©chargement].
  • Patrick PĂ©rin, « La reconstitution du costume d’ArĂ©gonde. Nouvelles propositions. », dans Collectif, L'actualitĂ© de l'archĂ©ologie du haut Moyen-Ă‚ge en Picardie. Les apports de l'expĂ©rimentation Ă  l'archĂ©ologie mĂ©rovingienne. Actes des XXIXe journĂ©es internationales d’archĂ©ologie mĂ©rovingiennes. MusĂ©e des Temps Barbare, Marle (Aisne) 26-28 septembre 2008., vol. 1 et 2, Revue archĂ©ologique de Picardie, (DOI 10.3406/pica.2009.3159, lire en ligne), p. 69-75.
  • Bulletin de Liaison de l'AFAM no 32 de 2008 article Nouvelles propositions pour la reconstitution du costume d'ArĂ©gonde.
  • Tombes mĂ©rovingiennes de la basilique de Saint-Denis, la science au service de l'archĂ©ologie, 2009, MusĂ©e d'archĂ©ologie nationale.
Vulgarisation
  • Bernadette Arnaud, « La splendeur rĂ©vĂ©lĂ©e de la reine ArĂ©gonde », Sciences et Avenir, no 836,‎ , p. 48-51 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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