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Aqueduc de Maintenon

L'aqueduc de Maintenon est un ouvrage d'art inachevé, situé sur le domaine du château de Maintenon, franchissant la vallée de l'Eure. Il fait partie du canal de l'Eure (aqueduc de Pontgouin à Versailles) initié par Louis XIV dans le but d'alimenter en eau le château de Versailles. Débutés en 1686, les travaux seront abandonnés en 1689 en raison de l'entrée en guerre du Royaume contre la Ligue d'Augsbourg. L'aqueduc fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1875[1]. Les deux entonnoirs font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Aqueduc de Maintenon
Le franchissement de l'Eure par l'aqueduc de Maintenon.
Présentation
Type
Partie de
Fondation
Matériau
Hauteur
28,5 m
Longueur
955 m
Franchit
Permet de faire passer
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 34′ 59″ N, 1° 35′ 10″ E
Carte

Conception

Besoins en eau du château de Versailles

La transformation du château de Versailles débute en 1662[2]. Depuis que Louis XIV a décidé de transformer ce château et qu'il s'y est installé avec sa cour en 1682, la population de la ville a été multipliée par dix[3]. Les sources et les ruisseaux des alentours, peu nombreux, sont captés pour alimenter le palais mais surtout le parc avec ses fontaines et jets d'eau toujours plus nombreux.

Rapidement, le problème de l'approvisionnement en eau se pose. Plusieurs amĂ©nagements, que ce soit le dĂ©tournement de la Bièvre ou la construction de la machine de Marly sur la Seine sont effectuĂ©s mais ils se rĂ©vèlent encore insuffisants. En effet, la seule consommation des jardins s'Ă©levait Ă  32 292 muids, soit 9 500 m3 d'eau pour moins de trois heures de jeux d'eau[4].

Projets

Différents projets furent élaborés pour alimenter le château et le parc. Le premier daté de 1674, sur une idée de Riquet, qui prévoyait de détourner les eaux de la Loire, fut rapidement abandonné tout comme le second, de 1678, des frères Francine, fontainiers du Roi, qui envisageait de capter les eaux de l'Essonne. Les récents progrès de la science, et plus particulièrement l'invention d'un appareil de mesure du nivellement par l'abbé Picard avaient démontré que ces cours d'eau étaient situés sous le niveau du château de Versailles[5].

Canal de l'Eure ou canal Louis XIV

Il faut attendre 1684 pour que des Ă©tudes soient effectuĂ©es par La Hire, sous la direction de Louvois, alors surintendant des bâtiments depuis la mort de Colbert en 1683, qui dĂ©couvre que l'Eure est plus Ă©levĂ©e Ă  la hauteur de Pontgouin (Ă  environ 80 km de Versailles) ) que le château d'approximativement 80 pieds (soit 27 mètres)[6].

Une fois le projet validĂ©, Louvois espère des quantitĂ©s d'eau comprises entre 50 000 et 100 000 m3 par jour[7]. Louvois fait appel Ă  Vauban qui se fera prier avant de se rendre Ă  Versailles. Le ministre finira par le convoquer pour lui confier le chantier[3]. Vauban se met immĂ©diatement au travail, effectue des relevĂ©s et propose une canalisation enterrĂ©e, principalement pour une raison de coĂ»ts.

Très vite, les rapports entre les deux hommes se dégradent, Louvois, tout à la gloire du Roi et de la sienne, souhaitant une alternance de canalisation et d'aqueducs pour le franchissement des vallées[8]. Le point de discorde entre les deux hommes est constitué par le franchissement de la vallée de l'Eure à proximité du château de Maintenon. Vauban souhaite réaliser un « aqueduc rampant », c'est-à-dire un siphon en conduites métalliques qui franchirait la vallée en suivant le relief[9].

Mais par un courrier en date du , Louvois lui adresse une fin de non recevoir ; « il est inutile que vous pensiez Ă  un aqueduc rampant dont le Roi ne veut pas entendre parler[...] »[10]. Le Roi ayant tranchĂ©, le projet initial s'oriente vers un ouvrage d'environ 18 km de long en franchissant la vallĂ©e de l'Eure Ă  une hauteur maximale de plus de 70 mètres[11].

Vauban critique le projet et trouve l'ouvrage trop massif avec des arcades irrégulières et manquant de largeur pour que l'eau s'écoule correctement. Il propose de le redessiner afin de réduire le volume de pierres et maçonnerie nécessaire à sa construction tout en l'élargissant[12].

  • Carte et plans de l'aqueduc
  • Carte de 1687.
    Carte de 1687.
  • Projet initial (longueur 17 km, hauteur 73 m).
    Projet initial (longueur 17 km, hauteur 73 m).
  • Profil et Ă©lĂ©vation.
    Profil et élévation.

Construction

La décision prise, les travaux de construction de l'aqueduc commencent en 1686, soit deux ans après le début du creusement du canal[6] - [13].

DĂ©saffectation

Les travaux furent abandonnés en 1688 et l'aqueduc resta inachevé, seule la première rangée d'arcades étant construite.

  • L’aqueduc de Maintenon
  • Le château de Maintenon vu Ă  travers l'aqueduc, huile sur toile de François-EdmĂ©e Ricois, xixe siècle.
    Le château de Maintenon vu à travers l'aqueduc, huile sur toile de François-Edmée Ricois, xixe siècle.
  • Vue aĂ©rienne.
    Vue aérienne.
  • Vue de l'aqueduc en 2015.
    Vue de l'aqueduc en 2015.
  • Vue de l'aqueduc ou la route de Gallardon passe en dessous.
    Vue de l'aqueduc ou la route de Gallardon passe en dessous.

Notes et références

  1. « Ancien aqueduc », notice no PA00097145, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Frédéric Tiberghien, Versailles, le chantier de Louis XIV (1662-1715), Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », , 378 p. (ISBN 978-2-262-01926-6, BNF 38832016), p. 14.
  3. Bernard Pujo, Vauban, Paris, Albin Michel, , 374 p. (ISBN 978-2-226-05250-6, BNF 35420331), p. 125.
  4. Aimé Richardt, Louvois : le bras armé de Louis XVI [i.e. Louis XIV], Paris, Erti, , 332 p. (ISBN 978-2-235-02175-3, BNF 36970882), p. 165.
  5. Michèle Virol (dir.), Vauban et les voies d'eau, Paris, huitième jour, coll. « Les étoiles de Vauban », , 180 p. (ISBN 978-2-914119-91-7), p. 40-42.
  6. François Bluche, Dictionnaire du grand siècle, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de l'histoire », 1990 (édition revue et corrigée 2005), 1640 p. (ISBN 978-2-213-62144-9, BNF 40101581), p. 938
    notice de Simone Hoog
    .
  7. Michèle Virol, op. cit., p. 46
  8. Anne Blanchard, Vauban, Paris, Fayard, 1996, réédition 2007, 686 p. (ISBN 978-2-213-63410-4), p. 281-282.
  9. Luc Mary, Vauban, le maître des forteresses, L'Archipel, , p. 135.
  10. Bernard Pujo, op. cit., p. 126
  11. Michèle Virol, op. cit., p. 49
  12. Michèle Virol, op. cit., p. 50
  13. Michèle Virol, op. cit., p. 52.

Voir aussi

Bibliographie

  • J.-A. Le Roy, Travaux hydrauliques de Versailles sous Louis XIV 1684-1688, Versailles, MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, Volumes 7-8, (lire en ligne), p. 61 - 128
  • F. Evrard, Les travaux du canal de l'Eure sous Louis XIV, 1933.
  • Gabriel Despots et Jacques Galland, Histoire du canal Louis XIV de Pontgouin Ă  Maintenon, Ă©d. Cael, .
  • Michèle Virol (dir.), Vauban et les voies d'eau, Paris, huitième jour, coll. « Les Ă©toiles de Vauban », , 180 p. (ISBN 978-2-914119-91-7)

Articles connexes

Liens externes

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