Antonio Valeriano
Antonio Valeriano (v. 1521â1605) Ă©tait un colon mexicain, Ă©rudit nahuatl et homme politique. Il collabora avec Bernardino de SahagĂșn Ă la crĂ©ation du Codex de Florence : « l'Histoire gĂ©nĂ©rale des choses de la Nouvelle-Espagne » en douze volumes[1]. Il fut gouverneur de sa ville, Azcapotzalco, puis de Tenochtitlan, dans la colonie espagnole de la Nouvelle-Espagne.
Il est connu comme Ă©tant l'auteur du Nican mopohua relatant les apparitions de la Vierge Ă Mexico en 1531 Ă l'Indien Juan Diego Cuauhtlatoatzin.
Biographie
- Naissance
Antonio Valeriano est nĂ© vers 1524 Ă Azcapotzalco. Sa date de naissance exacte est inconnue. Elle est obtenue par calcul Ă travers diffĂ©rents Ă©lĂ©ments biographiques. Mais le rĂ©sultat obtenu est incertain car il dĂ©pend de la combinaison de diverses probabilitĂ©s quant au moment et Ă lâĂąge auxquels Valeriano a commencĂ© ses Ă©tudes au CollĂšge de Santa Cruz de Tlatelolco (en) et Ă son Ăąge probable au dĂ©but de sa carriĂšre politique. Karttunen (en) positionne sa date de naissance « au dĂ©but des annĂ©es 1530 »[2], d'autres historiens l'ont mise dans les annĂ©es 1520, par exemple Miguel LeĂłn-Portilla donne une fourchette de 1522-1526[3]. Rodrigo MartĂnez Baracs suggĂšre « 1524? »[4].
- Ătudiant et universitaire
Antonio de Valeriano intĂšgre le Colegio de Santa Cruz de Tlatelolco (en) (Ă Mexico), et il est considĂ©rĂ© comme « l'Ă©lĂšve le plus accompli du collĂšge ». Comme pour les autres Ă©lĂšves du collĂšge, Valeriano a appris lâĂ©criture en nahuatl, en espagnol et en latin. Bernardino de SahagĂșn a dĂ©signĂ© Valeriano comme « l'un de mes collaborateurs ... un collĂ©gien expert en grammaire. Le principal et le plus connu d'entre eux Ă©tait Antonio de Valeriano d'Atzcapoltzalco »[5]. Il a Ă©galement Ă©tĂ© fĂ©licitĂ© par le franciscain Fra Juan Bautista, qui a prĂ©servĂ© la derniĂšre lettre que Valeriano lui a Ă©crite en latin. Valeriano y dit que « mes mains tremblent, mes yeux sont troublĂ©s et mes oreilles sont fermĂ©es » (manus namque vacillant, oculi calignant, et aures occlusae) et il signe la lettre en disant « Votre trĂšs aimant, mais indigne, Antonius Valerianus » (Tui amantissimus etsi indignus. Antonius Valerianus)[6].
Valeriano, ainsi que dâautres Ă©lĂšves et anciens Ă©lĂšves du colegio, ont apportĂ© leur collaboration aux franciscains pour la rĂ©daction de textes religieux, de dictionnaires et dâautres textes tels que le Codex de Florence, ouvrage en douze volumes de « l'Histoire gĂ©nĂ©rale des choses de la Nouvelle-Espagne »[7].
- Mariage
Il Ă©pouse Isabel Huanitzin, descendante de la lignĂ©e royale aztĂšque et sĆur de l'historien Fernando Alvarado TezozĂłmoc[8]. Il a eu des enfants, car en 1620 son petit-fils, Antonio Valeriano dit « le jeune » (en), devient Ă son tour gouverneur de Tenochtitlan.
- Gouverneur
De 1573 Ă 1599, Valeriano fut gouverneur de la partie indigĂšne de Mexico-Tenochtitlan, Ă©quivalent Ă l'actuel Azcapotzalco. Lors de son entrĂ©e en fonction en 1573, la population autochtone rĂ©sidant dans la ville Ă©tait toujours plus nombreuse que la population dâEspagnols, de mĂ©tis ou de Noirs[9].
Il meurt en 1605 et il est enterré dans le couvent des franciscains de Mexico.
Le Nican mopohua
La question de la paternitĂ© par Valeriano du texte en nahuatl connu sous le nom de Nican mopohua est devenue un sujet de controverse dans le long dĂ©bat sur l'historicitĂ© des apparitions de la Vierge Marie (sous le titre Notre-Dame de Guadalupe) Ă Juan Diego en 1531. Le Nican mopohua a Ă©tĂ© publiĂ© en 1649 par Luis Lasso de la Vega dans une publication de textes composites connus par les premiers mots de l'ouvrage : Huei tlamahuiçoltica. Dans la prĂ©face, l'auteur (Luis de la Vega), dĂ©clarant ĂȘtre l'auteur intĂ©gral de l'ouvrage (et donc du Nican Mopohua). L'attribution du Nican Mopohua Ă Valeriano (faite de longue date), est basĂ©e sur une tradition remontant aux Informations juridiques de 1666 (en) et aux affirmations de Luis Becerra Tanco puis de Don Carlos de SigĂŒenza y GĂłngora quant Ă la paternitĂ© de Valeriano et Ă sa connaissance des manuscrits (en nahuatl) qu'il a rĂ©digĂ©s[10].
Certains ont suggĂ©rĂ© que son contenu Ă©tait incompatible avec une personne (telle que Valeriano) qui entretenait des liens Ă©troits avec les franciscains[11], et dâautres ont suggĂ©rĂ© que le Huei tlamahuiçoltica soit un travail unitaire qui (malgrĂ© les objections considĂ©rables suscitĂ©es contre une telle possibilitĂ©) aurait Ă©tĂ© Ă©crit par de la Vega, avec l'aide d'un collaborateur[12]. NĂ©anmoins, le consensus gĂ©nĂ©ral parmi les Ă©rudits mexicains (ecclĂ©siastiques et laĂŻcs) reste que Valeriano est bien l'auteur du Nican mopohua[13] - [14] - [15].
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Antonio Valeriano » (voir la liste des auteurs).
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Antonio Valeriano » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- (en) Robert Ricard, The Spiritual Conquest of Mexico : An Essay on the Apostolate and the Evangelizing Methods of the Mendicant Orders in New Spain, 1523-1572, Berkeley, University of California Press, , 423 p. (ISBN 978-0-520-02760-2, présentation en ligne), p. 42,223. Publication originale en Français en 1933, traduit par Lesley Byrd Simpson.
- (es) Frances Karttunen, « From Court Yard to the Seat of Government: The Career of Antonio Valeriano, Nahua Colleague of Bernardino de SahagĂșn », Amerindia, nos 19/20,â , p. 114.
- Voir la revue de Tonantzin-Guadalupe d'Eduardo Matos Moctezuma : (es) Patrick Johansson, « RESEĂAS BIBLIOGRĂFICAS », Tonantzin-Guadalupe, vol. 33,â , p. 359-374 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Voir (es) Rodrigo MartĂnez Baracs, « De Tepeaquilla a Tepeaca, 1528-1555 », Andes, vol. 17,â , p. 370 (ou 24 du PDF) (lire en ligne, consultĂ© le )
- Ricard 1966, p. 42.
- Citations latines et traductions tirées de Ricard 1966, p. 223.
- Ricard 1966, p. 223-224.
- (es) MarĂa Castañeda de la Paz, « Historia de una casa real. Origen y ocaso del linaje gobernante en MĂ©xico-Tenochtitlan », Nuevo Mundo/Mundos Nuevos,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (es) BĂĄrbara E. Mundy, « La fuente del tianguis de San Juan de MĂ©xico-Tenochtitlan y el segundo acueducto de Chapultepec », BoletĂn de Monumentos HistĂłricos, no 32,â , p. 11 (ISSN 0188-4638, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) D. A. Brading, Mexican Phoenix : Our Lady of Guadalupe: Image and Tradition Across Five Centuries, Cambridge, Cambridge University Press, , 464 p. (ISBN 978-0-521-53160-3, OCLC 44868981), p. 117-118.
- (es) Frances Karttunen, « From Court Yard to the Seat of Government: The Career of Antonio Valeriano, Nahua Colleague of Bernardino de SahagĂșn », Amerindia, nos 19/20,â , p. 118 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) Lisa Sousa, Stafford Poole et James Lockhart, The Story of Guadalupe : Luis Laso De La Vega's Huei Tlamahuicoltica of 1649, Stanford University Press, , 160 p. (ISBN 978-0-8047-3482-0, OCLC 39455844), p. 8, 17-18, 46-47.
- (en) Burrus S. J. et Ernest J., The Oldest Copy of the Nican Mopohua : Cara Studies in Popular Devotion, Washington D.C., Center for Applied Research in the Apostolate (Georgetown University), coll. « Guadalupan Studies », (OCLC 9593292).
- (es) Edmundo O'Gorman, Luz en el origen de la imagen y culto de Nuestra Señora de Guadalupe en el Tepeyac, Mexico, Universidad Nacional Autónoma de México, , 310 p. (ISBN 978-968-83-7870-0).
- (es) Miguel LeĂłn-Portilla, Tonantzin Guadalupe : pensamiento nĂĄhuatl y mensaje cristiano en el "Nican mopohua", Mexico, El Colegio Nacional: Fondo de Cultura EconĂłmica, , 202 p. (ISBN 978-968-16-6209-7, BNF 39124747).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- (en) Robert Ricard, The Spiritual Conquest of Mexico : An Essay on the Apostolate and the Evangelizing Methods of the Mendicant Orders in New Spain, 1523-1572, Berkeley, University of California Press, , 423 p. (ISBN 978-0-520-02760-2, présentation en ligne). Publication originale en Français en 1933, traduit par Lesley Byrd Simpson.
- (es) BĂĄrbara E. Mundy, « La fuente del tianguis de San Juan de MĂ©xico-Tenochtitlan y el segundo acueducto de Chapultepec », BoletĂn de Monumentos HistĂłricos, no 32,â , p. 9-25 (ISSN 0188-4638, lire en ligne, consultĂ© le ).